Le studio gallois Wales Interactive est de retour avec un nouveau titre dans l’univers du sympathique Maid of Sker, sorti il y a plus de quatre ans. Il s’agit de Sker Ritual, qui est clairement une suite du prĂ©cĂ©dent opus des dĂ©veloppeurs. Ce nouveau volet effectue un virage Ă 360 degrĂ©s, en passant d’un survival horror Ă un bon vieux shooter Ă la sauce COD Zombies. Si la prise de risque est fortement louable afin d’apporter un vent de fraicheur Ă la franchise, il faut dire que dans l’exĂ©cution cela reste juste correct, et montrant encore l’inexpĂ©rience des dĂ©veloppeurs sur un jeu de cette trempe.
Conditions de test : Nous avons parcouru les quatre cartes de Sker Ritual en environ 6h de jeu au total. Le titre a été testé sur PC avec 32Go de RAM, une RTX 3070 et un i5-12400 (2.50 GHz).
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ToggleMaid of Sker, avec une narration et un contenu tronqué
Si vous pensiez que Sker Ritual n’est qu’un simple spin off de Maid of Sker, sachez qu’il n’en est rien. En effet, le soft se dĂ©roule plus de seize ans après les Ă©vĂ©nements du premier jeu, soit en 1914 sur l’Ă®le de Sker. Sa cinĂ©matique d’introduction nous montre la fille d’Elizabeth nommĂ©e Arianwen, vous libĂ©rer de votre prison dans un complexe. Votre objectif ? DĂ©jouer les desseins sombres de la mère d’Arianwen en Ă©radiquant les crĂ©atures rĂ´dant sur l’Ă®le de Sker, et en l’empĂŞchant de diffuser la chant de la sirène dans toute l’Angleterre.
Si le concept de reprendre la mauvaise fin de Maid of Sker est géniale, force est de constater que la trame scénaristique manque de profondeur. Quand un Maid of Sker parvenait à surprendre par son écriture et son lore, Sker Ritual ne se contente quant à lui que du strict minimum, sans aller plus loin que ça.
Il y aura bien quelques notes Ă ramasser sur les diffĂ©rentes cartes pour en apprendre plus sur ce qu’il se trame dans le jeu voire quelques courtes cinĂ©matiques Ă chaque fin de niveau, mais cela n’est vraiment pas assez pour que l’on puisse vraiment accrocher Ă son histoire, bien lĂ©gère. D’ailleurs, la toute fin du jeu laisse une fin semi-ouverte tirĂ©e par les cheveux, ce qui laisse penser que les dĂ©veloppeurs n’avaient peu ou pas d’idĂ©es sur comment bien amener l’histoire du soft.
En parlant de lĂ©gèretĂ©, le contenu aurait pu ĂŞtre quant Ă lui bien plus consĂ©quent. Le titre ne dispose que de seulement quatre cartes Ă parcourir, et finissant Ă chaque fois sur un gros combat de boss. Il est Ă©videmment possible de continuer Ă se balader sur chaque map ensuite, et effectuer quelques objectifs optionnels. C’est peu et en dehors de ça, vous aurez une personnalisation cosmĂ©tique du personnage assez peu dĂ©taillĂ©e. Force est d’admettre que Wales Interactive n’a pas rĂ©ellement Ă©toffĂ© son contenu, assez chiche. D’autant qu’une fois les maps connues par cĹ“ur, l’intĂ©rĂŞt est bien moindre si ce n’est le terminer dans une difficultĂ© supĂ©rieure.
Le presque COD Zombies qui confirme à moitié
Sker Ritual se dote d’une formule diamĂ©tralement opposĂ©e Ă Maid of Sker, pour un rĂ©sultat plus ou moins rafraĂ®chissant. Le titre reste sur une vue subjective avec des idĂ©es inspirĂ©es de COD Zombies, soit des gunfights Ă vagues avec des Ă©nigmes lĂ©gères pour continuer Ă progresser. Et il faut l’admettre, le feeling est grisant avec des combats directement fun, accessibles et tout aussi nerveux que le mode de jeu du titre d’Activision.
On regrette cependant une balistique peu engageante dans l’impact, mais il faut dire que la base posĂ©e du gameplay fonctionne, malgrĂ© une rigiditĂ© Ă©vidente comparĂ© Ă d’autres licences. Toutefois, il y a Ă disposition une belle panoplie d’armes Ă utiliser et un bestiaire suffisamment variĂ© pour offrir une certaine variĂ©tĂ© dans nos actions, bien que cela finisse par se rĂ©pĂ©ter Ă terme. Il faut Ă©galement souligner une calibration de la visĂ©e pas souvent si juste que cela, mĂŞme si cela n’enraye en rien le gameplay global, qui prĂ´ne le frĂ©nĂ©tisme et la vĂ©locitĂ©.
Pour continuer Ă comparer avec COD Zombies mĂŞme si le budget n’est Ă©videmment pas le mĂŞme, il y a ces systèmes de points et de miracles qui tiennent la route. Pour le premier, les points Ă glaner en tuant des ennemis sera le cĹ“ur du jeu. Ceux-ci vous serviront Ă ouvrir des portes pour progresser, acheter des armes via un marchand, utiliser des stations d’amĂ©liorations pour upgrader vos avantages (recharger ou vous dĂ©placer plus vite, avoir une meilleure cadence de tir etc.), rĂ©approvisionner votre arsenal mais Ă©galement vos armes afin de faire plus de dĂ©gâts. Qui plus est, les points peuvent vous donner la possibilitĂ© d’acquĂ©rir un jeton de vie, Ă utiliser sur les machines dĂ©diĂ©es une fois que vous avez passĂ© l’arme Ă gauche, et si les joueurs avec vous ne peuvent pas vous ressusciter Ă temps.
Quant aux miracles, ce seront tout simplement des bonus efficaces et utiles pour votre personnage. En progressant sur la map, vous devrez choisir un des trois miracles Ă disposition, et vous donneront accès Ă quelques bonus de dĂ©gâts Ă©lĂ©mentaires. Vous pourrez ainsi avoir droit Ă des tirs Ă©lĂ©mentaires, voire des dĂ©gâts Ă©lĂ©mentaires lorsque vous utilisez votre compĂ©tence spĂ©ciale, votre couteau ou bien votre Ă©lixir de soin qui se recharge Ă chaque seconde. Incontestablement, cette mĂ©canique de jeu s’implĂ©mente bien au titre, Ă sa propre personnalitĂ©, et reste diablement fun.
A savoir que des bonus seront à ramasser aussi sur des ennemis abattus. Ces derniers vous procureront des avantages temporaires comme des munitions infinies ou encore de tuer vos adversaires en un coup, sauf les élites. Cela permet finalement de vous sortir de situations périlleuses, notamment quand on approche la manche 20 où des ennemis élites et de grosses vagues commencent à gentiment se pointer vers vous.
Une progression hachĂ©e, peuplĂ©e d’Ă©cueils
Dans sa progression pure et dure, Sker Ritual est trop hachĂ© voire hasardeux. La faute tout d’abord Ă ce système de points pour avancer, nous forçant Ă faire notre ratio de monstres Ă trucider, afin de pouvoir ouvrir une porte et pouvoir continuer notre bonhomme de chemin. Egalement, le temps de repos entre chaque vague est d’un ridicule sans nom, ce qui fait que vous devrez systĂ©matiquement Ă©lucider les quelques puzzles gĂ©nĂ©riques Ă la volĂ©e ou dans la prĂ©cipitation. Cet ensemble donne ainsi lieu Ă une difficultĂ© mal dosĂ©e, faisant monter une mauvaise tension pour les joueurs. L’idĂ©e est pourtant bonne de base, mais assez mal exploitĂ©e en matière de game design.
Le cĂ´tĂ© multijoueur coopĂ©ratif sera aussi primordial pour apprĂ©cier tout le potentiel du soft. En effet, le bĂ©bĂ© de Wales Interactive est vĂ©ritablement barbant en solo, avec qu’on soit clair des Ă©nigmes qui seraient pratiquement impossibles Ă rĂ©aliser seul, et avec la pression d’avoir une vague nous arriver dans la figure toutes les 15 secondes. Le jeu aurait dĂ» peut-ĂŞtre adopter une formule plus digeste Ă la Left 4 Dead, oĂą les vagues arrivent alĂ©atoirement et de manière modĂ©rĂ©e, ce qui n’est jamais le cas dans Sker Ritual.
Laisser le choix aux joueurs de se focaliser sur la chasse aux monstres ou de suivre l’histoire c’est bien, mais l’Ă©quilibre n’est jamais trouvĂ©. Pour ne rien arranger, s’il est facile de trouver des joueurs, de gros bugs lors des parties ou des dĂ©connexions intempestives viennent se greffer au jeu, ce qui pourrit considĂ©rablement l’expĂ©rience. Il est Ă noter l’absence de serveurs dĂ©diĂ©s, de bots pour le mode hors ligne comme d’un chat Ă©crit ou vocal, ne facilitant pas la communication ne serait-ce pour rĂ©soudre un puzzle en cours ou qui doit faire quoi Ă l’instant T.
Concernant les objectifs de chaque maps, ne vous attendez pas Ă une rĂ©volution. Les objectifs sont clairement bateaux et incitent les joueurs Ă aller d’un point A Ă un point B. De plus, vous devrez parfois effectuer les mĂŞmes objectifs d’escorte, sĂ©curiser un point, rĂ©cupĂ©rer quatre fois des objets diffĂ©rents, enfin affronter un boss et choisir de quitter le niveau. Toutefois, on pourra au moins saluer le level-design des maps, changeant de dĂ©cors et restant dans l’ambiance morbide de Maid of Sker qui faisait dĂ©jĂ son petit effet, et proposant une certaine ingĂ©niositĂ© dans la construction.
Le système de levelling en plus d’ĂŞtre classique, manque lui aussi d’Ă©quilibrage. En progressant de niveau en niveau, vous aurez le loisir de dĂ©verrouiller de nouveaux cosmĂ©tiques pour votre protagoniste. En supplĂ©ment, vous pourrez Ă©galement obtenir des Ă©chantillons de vitriol, servant Ă amĂ©liorer les divers avantages que vous pourrez glaner via les quelques machines prĂ©sentes sur la map.
HonnĂŞte graphiquement, grandiose sur le sound design
Soyons clairs, l’aspect graphique n’est pas non plus une claque sans nom. Il s’agit du mĂŞme moteur graphique que Maid of Sker avec des textures assez datĂ©es, des animations d’un autre âge, et des effets visuels hĂ©las dĂ©passĂ©s. L’optimisation est correcte, mais peut vite parfois ĂŞtre Ă la rue avec de lĂ©gères saccades. Mais dans l’ensemble le jeu reste largement jouable, mĂŞme si nous aurions aimĂ© des graphismes plus transcendants que ça. Evidemment ce n’est pas moche, mais juste passable.
NĂ©anmoins, nous ne pourrons pas enlever la qualitĂ© artistique, qui conserve tout l’esprit de Maid of Sker. On retrouve toute cette atmosphère Ă la fois glauque et malsaine, et le bestiaire variĂ© des crĂ©atures Ă affronter fait plaisir. Cela accentue clairement le cĂ´tĂ© dĂ©rangeant dĂ©jĂ orchestrĂ© dans le prĂ©cĂ©dent volet.
Enfin, la bande-son est de très bonne facture. Le peu de doublages en VO forcent le respect, et la plupart des textes sont bien traduits en français, exceptĂ© sur certaines phrases encore en anglais. Pour les musiques une fois encore il n’y a pas Ă dire, l’esthĂ©tique sonore des mĂ©lodies reste du mĂŞme acabit que le prĂ©cĂ©dent opus, et nous offre une atmosphère aussi poĂ©tique que macabre.
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