Presque 7 ans après son annonce officielle, Skull and Bones est enfin disponible sur console et PC. Sur ce laps de temps, les nouvelles n’ont pas été très rassurantes pour le titre d’Ubisoft Singapour, d’autant que bon nombre de projets de l’éditeur ont été annulés, si bien que l’on pensait que celui-ci passerait également à la trappe. Visiblement, la firme avait déjà trop investi dessus pour s’en débarrasser. Vendu aujourd’hui au prix fort et présenté comme un jeu AAAA (le cran au-dessus des jeux AAA, ou à très gros budget), l’idée d’adapter les batailles navales d’Assassin’s Creed Black Flag représentait un concept séduisant sur le papier, mais s’avère mal exécuté en pratique.
Conditions de test : Nous avons joué au titre durant plus de 25 heures sur PS5 en atteignant le rang Coupe-gorge. Nous avons également essayé les différentes activités qu’il propose en solo et en coopération en ligne.
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Toggle« Elle préfère la mort en mer »
En effet, l’univers des pirates exploré dans Assassin’s Creed Black Flag offrait un potentiel immense pour créer une œuvre mémorable, comme l’a prouvé Sea of Thieves avec son approche unique. Adoptant le format d’un MMO situé à l’âge d’or de la piraterie, Skull and Bones ne parvient pas à exploiter pleinement son concept pour le rendre divertissant. La principale faute du jeu réside dans sa décision de faire incarner au joueur un bateau pirate au lieu d’un pirate en chair et en os (et qui peut diriger des navires, entre autres choses).
Le titre commence d’abord par reprendre le concept d’élu destiné à devenir le seigneur pirate ultime. Il n’est pas le premier à le faire, mais dans un contexte de MMO, le fait de partager cette orientation glorieuse avec les autres joueurs est quelque peu ridicule et casse l’immersion. D’autant que la narration est quasi-inexistante et consiste en une série de missions pour grimper les échelons. En tant que survivant d’une embuscade à bord de votre navire, vous repartez de zéro pour vous faire un nom dans le monde de la piraterie. Arrivé au repaire de pirates à proximité, vous rencontrez le chef des lieux : John Scurlock.
Skull and Bones nous transporte dans une région exotique, sauvage, et riche située dans l’Océan Indien, un paradis idyllique qui sert également de champ de bataille pour des empires coloniaux, de puissantes entreprises commerciales, et des bandes de pirates sans merci luttant pour leur part du butin. Ce cadre, riche en potentiel, est malheureusement sous-exploité, le scénario se résumant principalement à des échanges avec Scurlock entre les missions. Mis à part une interaction notable avec une sorte de « version féminine de Scurlock » lors de l’arrivée au second repaire, le jeu offre peu de rencontres avec des PNJ bénéficiant d’un développement.
Les seuls personnages offrant un peu de substance sont les responsables des différents services au sein des repaires (tels que les forgerons, contrebandiers, et menuisiers), mais leurs dialogues ne s’étendent guère au-delà de leur rôle spécifique. Bien que le jeu propose régulièrement des choix de dialogue durant les conversations, ceux-ci n’ont malheureusement aucun impact sur le cours des événements. Cela est regrettable, car il est évident que certaines missions auraient pu être complétées via différentes approches.
Un concept bateau
Skull and Bones s’appuie excessivement sur son concept initial, ce qui le rend beaucoup trop redondant et répétitif. Et lorsque l’on ajoute à ça le « grind » et tous les éléments jeu-service, cela ne fait qu’enfoncer le clou. Certes, le jeu tente d’introduire une certaine variété avec de multiples activités, mais se limiter à la gestion d’un navire restreint considérablement la diversité du gameplay. Ce faisant, le jeu omet largement l’expérience véritable de la vie de pirate. Les séquences d’abordage se résument ainsi à de brèves cinématiques, et les îles à explorer ne servent essentiellement que de points de téléportation.
Bien qu’il existe des trésors à dénicher et des marchands avec qui interagir, il est clair que Skull and Bones n’a pas été pensé pour une exploration approfondie. La manipulation de notre avatar est extrêmement rigide, et les environnements sont limités. En conséquence, même les activités qui pourraient sembler novatrices, telles que les enquêtes menées à partir de rumeurs, se résument à une série de téléportations entre avant-postes à la recherche de la bonne information.
L’utilisation du voyage rapide dans Skull and Bones s’avère coûteuse sur le long terme, et dans la majorité des cas, vous préférerez éviter de naviguer. Même en mer, l’univers du jeu peine à captiver. On y rencontre certes des navires pacifiques ou hostiles, on collecte des ressources le long des côtes, et la météo peut parfois se montrer imprévisible, mais le sentiment prédominant reste celui d’un vaste vide.
Pour trouver de l’action, il est nécessaire de se diriger vers un lieu spécifique. Dans Skull and Bones, l’importance est accordée à la destination plutôt qu’au voyage lui-même. De plus, malgré un monde ouvert accessible dès le début, certaines restrictions limitent l’exploration. Des navires hostiles nettement plus puissants peuvent vous couler en un instant, imposant ainsi des frontières invisibles qui freinent l’aventure.
Quelques navires canons
Bien que le jeu soit médiocre dans son ensemble, il garde tout de même des qualités indéniables. On pense notamment à la gestion de notre navire et aux batailles navales. Le jeu offre une vaste gamme d’éléments à équiper et cosmétiques pour personnaliser son bateau, adaptant ainsi son apparence et ses capacités selon notre style de jeu ou bien selon les défis à relever. Cela inclut le choix de l’armement pour chaque côté du navire et l’ajout d’améliorations procurant des bonus passifs (augmentation des dégâts pour certains types de canons, vitesse accrue, capacité de stockage supplémentaire pour les ressources, etc.).
A la longue, on dispose même d’une flotte nous permettant de changer de navire selon les circonstances. Typiquement, Ubisoft entend par là encourager le multijoueur avec la trinité DPS/Tank/Support. Sur le plan graphique, et malgré son statut de jeu AAAA, Skull and Bones présente un rendu visuel assez standard (en tout cas sur PS5). Certains éléments comme les textures et les surfaces des îles lors de l’exploration font parfois tache, mais globalement, le jeu possède un certain cachet visuel. L’ambiance maritime est bien rendue, offrant une variété visuelle notable, notamment dans les avant-postes, qui sont riches en détails. Bien que le doublage français soit à l’image de sa narration, on salue tout de même un sound-design de qualité. Que ce soit le simple bruit des vagues, les informations criées par l’équipage ou encore les chants de pirates, l’immersion sonore est saisissante.
En matière d’activités, Skull and Bones propose énormément de choses : des évènements mondiaux, de la chasse de prime, des évènements limités, du pillage de fort ou encore de la chasse au monstre des mers. Là encore, son concept le limite uniquement à prendre son navire pour attaquer des cibles. Si la plupart de ces activités peuvent être réalisées en solo, le soft incite fortement à la coopération en proposant des récompenses accrues pour le jeu en équipe. Il n’est pas rare de croiser des navires d’autres joueurs et de faire équipe avec eux le temps d’un pillage. Notons tout de même qu’il existe un mode PVP dont le but est de prendre une carte au trésor et d’atteindre le lieu indiqué en évitant que les autres joueurs ne s’emparent de votre butin.
On n’oublie pas non plus qu’Ubisoft compte apporter du contenu au fil des saisons. À l’heure où l’on écrit ces lignes, la saison 1, Raging Tide, bat son plein.
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