Un peu moins de 3 ans après la sortie du cinquième épisode, Rebellion remet le couvert pour un opus que nous avions déjà pu approcher lors de la Gamescom et quelques mois après via une deuxième preview. Malheureusement, le bilan de ces essais était plutôt mauvais avec une énorme impression de déjà-vu. Et si nous avions déjà constaté quelques paresses à l’époque du test de Sniper Elite 5, ces dernières se trouvent aujourd’hui exacerbées dans un jeu qui ne nous aura au final jamais convaincu.
Conditions de test : Nous avons terminé l’intégralité de la campagne (objectifs principaux et annexes) en environ 6h de jeu et en difficulté moyenne. Nous avons également testé quelques « Invasions de l’Axe » et les quelques défis de propagande débloqués. En revanche faute de joueurs, nous n’avons pas fait de partie multijoueur. Test réalisé sur Xbox Series X.
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TogglePlusieurs héros, un seul combat
La série Sniper Elite nous a rarement subjugué par son aspect narratif et cet épisode ne va pas venir chambouler ce constat. Seul changement au tableau, le protagoniste que nous allons incarner. Ici, en lieu et place de Karl Fairburne, nous incarnons l’agent spécial Harry Hawker chargé de retrouver la Résistance française afin de stopper l’armée nazie et son obscur projet menaçant les forces Alliés.
Les événements se déroulent en parallèle de ceux de Sniper Elite 5, mais aucun lien ou mention n’y est fait dans cet opus. Dommage, la narration aurait pu y gagner et proposer quelque chose de plus intéressant que ce scénario sans saveur, sans mise en scène et avec un jeu d’acteur aussi pauvre. On ne s’attardera pas non plus sur les tout derniers instants de la campagne, seul moment où l’on rencontre le « grand méchant » pour un final ridicule (tout comme c’était d’ailleurs le cas dans Sniper Elite 5).
Sniper Elite : Resistance nous propose un peu moins de dix missions (en omettant celle bloquée par l’achat d’un contenu additionnel). Ces dernières reprennent la même construction que dans Sniper Elite 5, et ce, aux collectibles près.
Ainsi, chaque mission se déroule sur une carte plus ou moins vaste avec pour chacune des objectifs principaux et annexes à accomplir avant de pouvoir s’exfiltrer. Des collectibles sont également à récupérer allant de correspondances, d’établis, de points de départ (permettant de redémarrer la mission depuis un autre endroit) ou encore des gargouilles à détruire. Comme dans l’opus précédent, la découverte de certains de ces collectibles va conditionner le déblocage de certaines armes et/ou accessoires. Une partie des joueurs risquent donc de voir ses options offensives limitées si l’exploration ne fait pas partie de leurs envies.
Seule véritable nouveauté de cet épisode, il est possible de trouver dans chaque mission une affiche de la Résistance, ce qui débloque un défi de propagande associé. L’idée est louable, mais il est dommage de brider ainsi sa seule vraie nouveauté par un jeu de recherche et d’exploration. De notre côté nous n’avons par exemple trouvé que trois de ces affiches, nous empêchant par la même occasion d’essayer tous les défis de propagande.
Ces défis peuvent prendre trois formes, mais toutes avec le même but : obtenir le plus gros score avant la fin du temps imparti. La différence se fait principalement sur l’approche à utiliser. Dans les défis de discrétion, les éliminations discrètes permettent de faire reculer le compteur de temps, quand pour les défis de combat, il faut utiliser des armes lourdes ou des explosifs. Enfin, les défis de précision récompensent eux les tirs en pleine tête.
Si ces défis apportent une touche de contenu supplémentaire, ils peinent à convaincre et à apporter une véritable nouvelle expérience face à une campagne identique, dans sa construction et sa narration, à Sniper Elite 5.
Des cartes riches en possibilités, plombées par un gameplay archaïque et une IA au rabais
Il faut donc se contenter de ce que les développeurs de chez Rebellion savent déjà faire sur la série, en bon comme en mauvais.
Du côté positif, on retrouve la qualité du level-design, offrant aux joueurs une immense liberté sur la façon d’accomplir leurs objectifs. Les lieux disposent de nombreux chemins pour aller d’un point A vers un point B ainsi que d’options pour une approche aussi bien discrète (voire pacifique) que pour une entrée plus bruyante.
Rien de nouveau cependant concernant les outils à notre disposition. On retrouve les tirs masqués, permettant lors de tirs sous couvert de bruits environnants d’éliminer des adversaires sans alerter les autres alentour. Certains de ces bruits sont présents naturellement (orage, avion ou encore canon) alors que d’autres peuvent être manuellement provoqués en sabotant des moteurs ou véhicules par exemple.
On dispose également d’un arsenal personnalisable permettant d’emporter avec soi un fusil de précision, un pistolet, une arme automatique et quelques outils (bandages, grenades, mines, etc.). Différentes armes sont disponibles par catégorie, chacune ayant des performances différentes que l’on peut ensuite ajuster avec l’ajout de certains accessoires. En progressant dans les missions et en accomplissant des objectifs et des défis, on remporte également de l’expérience que l’on peut ensuite utiliser dans un arbre de compétences. Identique à ce qui était proposé dans Sniper Elite 5, ce système, bien que classique, reste efficace et permettra d’améliorer la santé, l’endurance ou encore le nombre d’outils disponibles pour faire de l’agent spécial Harry Hawker un vrai tireur d’élite.
Pour continuer sur les aspects positifs conservés sur ce nouvel épisode, on peut aborder le plaisir et la satisfaction de l’utilisation du fusil de précision. La killcam avec la vue façon rayon X, signature de la série, est de retour et toujours aussi jouissive. Le gameplay fonctionne toujours aussi bien, avec, selon l’emplacement, la prise en compte de la distance pour contrer la retombée de la balle.
Malheureusement, ce bon feeling s’accompagne d’un côté beaucoup plus rigide lors de l’utilisation des autres armes à feu. Les gunfights en TPS accusent un gros coup de vieux et ne sont clairement plus en adéquation avec le marché actuel. Rigides, ils s’accompagnent de déplacements lourds, d’un système de couverture daté et à revoir ou encore d’un franchissement d’obstacle manquant de fluidité. Il nous est ainsi arrivé plusieurs fois de rester bloqués devant un muret sans pouvoir l’enjamber, car notre personnage n’était pas totalement aligné face au mur.
Mais le plus gros problème du jeu, déjà présent sur la série depuis plusieurs épisodes, c’est son IA. Son équilibrage est une nouvelle fois une catastrophe. Le jeu présente trois niveaux d’alerte, en blanc l’ennemi n’est pas conscient de notre présence et fait ses rondes programmées. Si l’on fait du bruit (course, tir, etc.) ou qu’un corps est découvert, les ennemis passent alors en recherche (jaune) et fouillent la zone proche. Enfin, une fois repéré l’alerte est donnée (rouge) et les soldats se déplacent vers notre dernière position connue et marquée sur la carte en essayant de nous encercler.
Sur le papier, la proposition est louable, mais elle pêche dans l’exécution. Parfois, les ennemis semblent dotés de super pouvoirs et nous détectent à travers les murs ou entendent un de leurs alliés être neutralisé à des centaines de mètres. D’autres fois, y compris en état d’alerte, ils se retrouvent bêtement accroupis derrière un mur, sans bouger, n’attendant que d’être tués.
On s’est ainsi retrouvé plusieurs fois frustré à faire l’effort de bien préparer son attaque en toute discrétion jusqu’à ce que, sans véritable raison, l’armée entière nous repère et donne l’assaut, forçant alors des affrontements en TPS peu agréables.
Enfin, visuellement, il est clair que Sniper Elite : Resistance utilise le même moteur et une bonne partie des assets de Sniper Elite 5. Techniquement déjà très vieillissant en 2022, le constat se fait encore plus amer en 2025. Bien que le titre ne soit pas laid et se laisse regarder dans sa globalité, les textures sont parfois baveuses tandis que les animations et expressions faciales sont d’un autre temps. On peut tout de même se satisfaire de ne pas avoir souffert de ralentissements lors de nos sessions.
De plus, la partie audio n’est pas spécialement mémorable, avec une bande son plutôt quelconque et peu variée ainsi qu’un doublage anglais de basse échelle qui peut faire sourire sur les accents français des Résistants.
Des modes multijoueur déjà vus
Pour allonger sa durée de vie, Sniper Elite : Resistance nous offre trois modes multijoueur (sans compter la possibilité de faire la campagne en coopération).
On retrouve tout d’abord le mode « Invasion de l’Axe », permettant à un joueur d’incarner un tireur d’élite allemand et de s’inviter dans la campagne d’un autre joueur. Tout en continuant sa mission, le joueur envahi doit parvenir à débusquer le nouveau venu et l’éliminer avant que ce dernier ne fasse de même. Nouveauté introduite dans Sniper Elite 5, ce mode offre une dose d’adrénaline fort appréciable. Il est toutefois possible de désactiver cette option pour profiter de sa campagne dans son coin.
Ensuite, on dispose des affrontements par équipe ou chacun pour soi, classique de la plupart des jeux de tir, avec le retour du match à mort à distance obligeant les joueurs à s’affronter à longue distance et par extension au fusil de précision. On a enfin le mode Survie également de retour et permettant d’affronter des vagues d’adversaires seul ou en coopération.
Ces modes multijoueur possèdent un système de niveaux, de défis et de récompenses (cosmétiques) et même un système de « Prestige » pour les plus assidus. Reste à voir si les joueurs répondront présent sur cette proposition, dans un marché toujours plus concurrentiel et où se mêlent des titres plus qualitatifs et/ou gratuits.
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