Présenté pour la première fois en 2017, Somerville est le premier projet du studio britannique Jumpship récemment racheté par Thunderful Games et dirigé par Chris Olsen en collaboration avec Dino Patti ayant quitté le studio Playdead, parent des fantastiques Limbo et Inside, après plus de 10 ans de collaboration. Bien que la filiation avec ces deux dernières productions paraisse évidente de prime abord, le fondateur du studio s’attèle régulièrement à vouloir s’affranchir de cet héritage et prétend proposer une expérience différente.
Resté remarquablement silencieux durant la fin de son développement, le jeu est enfin disponible depuis le 15 novembre sur PC via l’Epic Games Store et Steam, sur consoles Xbox exclusivement au prix de 20€, mais est aussi disponible depuis sa sortie dans le Xbox Game Pass. Somerville nous raconte l’histoire d’un père de famille devant lutter pour retrouver sa famille égarée après ce qui semble être une invasion extraterrestre. Alors, tenons-nous là le digne successeur de Inside ou encore Limbo ?
Conditions de test : Nous avons terminé l’intégralité de Somerville en 6h de jeu le temps de finir l’histoire et de rejouer quelques chapitres pour débloquer tous les trophées, sur PC en mode graphique élevé.
Sommaire
ToggleUne vie banale
Tout commence par une banale soirée familiale. Une petite famille composée d’un couple, de leur fils et de leur chien s’endorment devant la télévision quand tout à coup, le bambin s’éveille à la suite de bruits étranges venant du petit écran. Les lumières émanant de celui-ci demeurant inquiétantes, le jeune homme tente de trouver l’origine de ces lumières venant également de l’extérieur de la maison. Les bruits finissant par réveiller les parents, vous voilà aux commandes du père de famille, tentant de trouver la source de ces désagréments.
L’apocalypse. Voilà ce qui attend cette famille tranquille d’une petite ville réelle des Etats-Unis, Somerville. Le ciel déchiré par de multiples monolithes mystérieux, la famille court se mettre à l’abri jusqu’à ce que leur maison soit en partie détruite par ces choses semblant venues d’ailleurs. Un être tombe par le plafond, vous tend la main, et vous voilà plongé dans un long coma suite à une grosse décharge électrique. A votre réveil, vivant malgré tout cela, tout est silencieux et votre femme ainsi que votre enfant ont disparu.
Résigné à ne pas laisser tomber et persuadé qu’ils sont encore en vie, vous voilà en partance d’un refuge ou d’une zone sûre pour tenter de les retrouver, à travers des paysages désolés, contraint de fuir ces envahisseurs n’ayant rien de sympathique à première vue. Tel est le postulat de cette aventure étrange, cryptique, sans aucun dialogue et au dénouement parvenant à vous après presque 5h de jeu. Nous ne vous dévoilerons pas davantage d’éléments narratifs, le scénario étant au cœur de l’expérience vécue, mais aussi parce que chacun fera sa propre interprétation de l’épopée de notre papa-explorateur.
En effet, peu d’éléments sur ce qui se passe seront expliqués. Dans Somerville, aucun document, aucune coupure de journaux, émission de radio et autres dialogues furtifs ne vous donneront des indications sur ce qui se trame sur Terre, tandis que les musiques et le gameplay suffiront à eux seuls à vous faire transmettre des émotions judicieusement pensées et réfléchies par les développeurs. Mais justement, le manque d’informations ni même d’explications claires à la fin de l’aventure empêche de se sentir totalement concerné par ce qui arrive à la petite famille, avec un sentiment de « bâclage » amer.
Nous ne savons pas par exemple si nous assistons à une attaque de notre planète ou encore à une Guerre des Mondes entre deux civilisations extraterrestres ayant trouvé nos contrées agréables pour en découdre, tandis que nous peinons à réellement comprendre pourquoi notre personnage se retrouve au cœur de toute cette machination jusqu’à prendre l’ascendant au cours des 4 conclusions possibles menant toutes à un dénouement (et un trophée) différent, plus ou moins heureux.
Nous avions l’habitude avec Limbo ou encore Inside de devoir réfléchir par nous-même pour interpréter les éléments de la trame narrative ainsi que leurs conclusions souvent ouvertes à l’interprétation, mais ce coup-ci, preuve en est que nous sommes restés sur notre faim concernant cet aspect-là. Heureusement, Somerville se sauve par de multiples aspects, notamment l’originalité de son gameplay lié à des pouvoirs transmis par cette civilisation venue d’ailleurs.
Prendre la main tendue
L’une des originalités de Somerville réside en le fait que la plupart du temps, votre personnage se déplacera de la droite de l’écran vers la gauche de l’écran, là où traditionnellement c’est plutôt l’inverse qui officie dans ce genre de productions comme Little Nightmares ou encore A Juggler’s Tale entre autres. Mais rassurez-vous, histoire de contrer la monotonie, parfois votre personnage devra également aller chercher des éléments avec lesquels interagir ou encore des chemins menant à une sortie.
Nous vous le disions plus haut, votre personnage disposera à votre réveil d’un pouvoir lié à la lumière et l’électricité, qu’il peut contrôler à la demande et qui lui permettra de dissoudre une sorte de matière rocheuse extraterrestre la rendant fluide et possible à traverser. Ainsi, la quasi-totalité des scènes apocalyptiques qui vous attendent seront composées de puzzles environnementaux, jamais très compliqués mais demandant parfois une certaine réflexion pour trouver le bon outil, le bon interrupteur ou encore la bonne source de lumière pour poursuivre.
Plus tard dans l’aventure, notre aventurier se verra remettre un second pouvoir, permettant lui de solidifier les mêmes roches préalablement fluides ouvrant de nouveaux passages, puis une combinaison des deux pouvoirs utilisée seulement dans les derniers instants du jeu. Sachez également qu’il vous sera possible de vivre des séquences sous-marines plutôt réussies dans leur exécution et réellement oppressantes.
A noter que quelques petits secrets se cachent dans le décor vous demandant par exemple de rester caché dans des toilettes de chantier ou encore de rester assis sur un banc à observer le monde en désolation pour débloquer un trophée lié à cette action. A ce titre, Somerville vous pousse à explorer, prendre votre temps et tenter tout ce qui vous vient en tête afin de progresser, un peu comme votre personnage, perdu et cherchant désespérément à avancer. A noter qu’un système très robuste permettant de rejouter chaque acte de chacun des 14 chapitres vous permettra de retrouver les zones que vous auriez moins fouillées. Ne cherchez pas pour autant une rejouabilité quelconque dans l’aventure qui reste très linéaire.
A noter par ailleurs que vous serez accompagné de votre chien, durant une partie de votre aventure, sans que cela n’interfère tellement avec votre aventure au global, tandis que disséminés un peu partout dans l’environnement, vous aurez à retrouver 10 orbes extraterrestres faisant office de collectibles vous permettant de décrocher un trophée associé.
La nouvelle Guerre des Mondes ?
L’aventure de Somerville sera heureusement ponctuée par quelques phases de fuite où la moindre erreur d’appréciation pourrait vous conduire à votre perte, les envahisseurs n’hésitant pas à vous chercher grâce à leurs vaisseaux aux lumières aveuglantes, tandis que ceux à pied n’hésiteront pas à faire l’usage de leur arme de désintégration immédiate, symbole de game over. Rassurez-vous, de nombreux checkpoints sont présents et vous permettront de retenter votre chance rapidement.
Néanmoins, ces séquences de course-poursuite permettent de mettre en exergue deux bémols concernant la réalisation de Somerville : d’abord, la caméra, souvent placée assez loin de votre personnage, ne vous permettra pas toujours de lire de manière optimale l’action à l’écran, tandis que ce problème entraine un manque de visibilité des décors à traverser avec de multiples moments où votre personnage se heurtera sur des objets bloquant sa progression, la faute à un environnement en 3D mal négocié, brisant quelques fois l’immersion pourtant rendue exemplaire par les éclairages et le sound design.
C’est en effet ce qui frappe quand l’on joue à Somerville, sa capacité à imaginer un univers crédible, rendu immersif et prenant grâce à l’utilisation de lumières, panoramas et effets sonores d’une qualité telle qu’il n’a rien à envier à d’autres productions émanant de studios plus anciens et expérimentés. En effet, chapeau bas aux équipes concernant la direction artistique, enclin d’originalité avec une identité propre et quelques panoramas à couper le souffle.
Les musiques utilisées permettant également de se rendre compte de la pesanteur de la situation vécue par le papa désespéré tandis que l’on notera a contrario une hétérogénéité dans les séquences et le découpage du titre avec un petit tiers central du jeu globalement moins intéressant avant une montée en puissance dans les dernières minutes où vous devrez utiliser toutes vos compétences pour vous en sortir.
A noter que nous n’avons pas été confrontés à des bugs en particulier tandis que la technique nous a globalement séduits. On regrettera toutefois quelques indications de touche à l’écran même si le fait d’être lâché dans ce monde apocalyptique sans aucune aide et aussi réussi visuellement, a de quoi flatter notre égo et nous en mettre plein les mirettes.
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