Présenté pour la première fois lors de l’E3 2021, Soulstice sort ce mardi 20 septembre sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series X|S. Développé par les Italiens de Reply Game Studios (Joe Dever’s Lone Wolf, Theseus) et édité par Modus Games (Cris Tales, Ary and the Secret of Seasons, Trine 4…), ce beat them up est assez attendu par les fans du genre qui voient parfois en lui une sorte de successeur spirituel à plusieurs licences célèbres comme NieR, Bayonetta et surtout Devil May Cry.
Environ trois mois après nous avoir proposé une preview aussi plaisante qu’intrigante sur Steam, la version finale du AA parvient-elle à nous convaincre au point de se hisser au niveau de ces grands noms du jeu vidéo ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé avec une manette DualSense sur PlayStation 5 et un téléviseur 4K (HDR désactivé), essentiellement en configuration graphique Performance, pendant environ 17h, temps nécessaire pour terminer le jeu une fois en « Initié », l’équivalent du mode de difficulté Normal du titre. Notez qu’un New Game + est présent. Celui-ci s’active automatiquement dès que vous lancez une nouvelle partie après avoir fini votre première run (armes, combos, compétences, consommables, cristaux déjà déverrouillés conservés). Cet article est garanti sans spoilers.
Sommaire
ToggleUn récit sur fond de lien fraternel et de Corruption sans Faille ?
Pour ceux et celles qui ne seraient pas déjà au courant, Soulstice prend place dans un univers orienté dark fantasy, au sein d’un royaume sacré de Keidas ravagé par de dangereuses créatures corrompues appelées Spectres. On y suit l’histoire de Briar et Lute, deux jeunes femmes réincarnées sous la forme d’une Chimère par l’intermédiaire d’un rituel qui a doté la première d’une force et d’une résistance surhumaine tandis que la seconde a été sacrifiée pour lier son âme à celle de sa sœur en tant qu’Ombre, un esprit possédant des pouvoirs mystiques.
Après une courte mais intense séquence d’introduction mettant en scène ce duo face à diverses créatures inconnues, on apprend que celui-ci a été chargé par le mystérieux Ordre de la Lame Cendreuse d’enquêter sur l’apparition d’une étrange déchirure dans le ciel, une sorte de Faille, juste au-dessus de la cité sacrée d’Ilden. Très vite, nos protagonistes vont découvrir que la Corruption et le Chaos ont complètement souillé et anéanti celle qu’on surnommait il y a encore peu la « ville de lumière ». Comment cela a-t-il pu arriver ? Qui est responsable de ce désastre ? Pourquoi avoir décidé de provoquer un tel cataclysme ? À vous de découvrir le fin mot de l’histoire en leur compagnie.
Très intrigante de prime abord, la dimension narrative du titre est sympathique à suivre sans être transcendante pour autant. Le lore est bien travaillé, les différents personnages rencontrés disposent de leur propre personnalité, la mise en scène est réussie et les doublages audios sont de bonne qualité, mention spéciale à ceux de Stefanie Joosten (Quiet dans Metal Gear Solid V : The Pantom Pain) qui parvient à elle seule à donner habilement vie aux deux protagonistes de l’histoire quasiment sans fausse note.
Cependant, même si on a parfaitement conscience que ce n’est pas forcément dans ce domaine qu’un beat them up est le plus attendu au tournant, le scénario progresse beaucoup trop lentement durant la première grosse moitié de l’aventure. De plus, l’écriture autour de la relation fraternelle entre Briar et Lute manque peut-être un peu de profondeur et les dialogues passifs des personnages principaux sont redondants et répétitifs. Et croyez-nous, ça, c’est typiquement le genre de détails qui devient rapidement pénible à devoir supporter sur le long terme.
Un gameplay digne du rang Diamant ?
Maintenant que le décor est planté, il est temps de parler de l’aspect le plus important de tout beat them up qui se respecte : le gameplay. Contrairement à ce que son nom laisse penser encore une fois, Soulstice n’est pas un Souls-like puisqu’il puise ses inspirations dans les franchises Devil May Cry, NieR et Bayonetta et cela se voit au premier coup d’œil.
Bien que des phases de plateformes et d’énigmes simplistes soient présentes et qu’il existe des chemins « secrets » dissimulant des combats et défis annexes ainsi que diverses ressources à récupérer (améliorations de la jauge de santé maximale de Briar ou d’entropie de Lute, consommables, cristaux), l’expérience de jeu se focalise essentiellement sur une progression linéaire axée sur des affrontements nerveux, fluides et dynamiques où il faut rapidement et intelligemment enchaîner les combos afin d’obtenir le meilleur score et donc rang possible. Dans le cas présent, il s’agit du rang Diamant.
En tant que Chimère, Briar peut compter sur son épée massive, les six armes secondaires qui viendront grossir son inventaire au cours de la partie (hache, arc, fouet…) et de nouveaux enchaînements à acquérir en dépensant des cristaux rouges auprès de Layton pour enrichir au maximum sa panoplie d’actions à effectuer au combat. Sachant que le bestiaire comprend une bonne vingtaine de monstres différents et aux capacités variées, elle en aura grand besoin car ces derniers ne se laisseront pas massacrer sans réagir dans l’arène.
Et attendez, ce n’est pas fini. Comme nous l’avions remarqué en juin dernier, le studio italien n’a pas oublié d’apporter sa petite touche personnelle dans tout ça, le lien fraternel entre les deux sœurs étant aussi au cœur du gameplay.
En plus d’agir automatiquement, Lute peut attaquer ou défendre Briar du danger en usant de ses pouvoirs d’Ombre si nous appuyons au bon moment sur la touche B (barrière protectrice, ralentissement d’une offensive adverse, déviation d’un projectile…). Des compétences qui gagneront en diversité et en puissance en échangeant des cristaux bleus, toujours auprès du fameux Layton.
Notre ange gardien est également capable de générer temporairement, à notre demande, un champ de bannissement (couleur rouge – gâchette RT) ou d’évocation (couleur bleu – gâchette LT) pour nous donner l’opportunité d’éliminer des Spectres ou des Possédés, des créatures « invisibles » ou invulnérables face aux attaques classiques. Toutefois, veillez bien à garder un œil sur la jauge d’entropie située en haut à gauche de l’écran car, si vous en demandez trop à votre alliée, vous devrez vous passer de son aide durant un court instant.
Autres spécificités, en enchaînant efficacement les combos et quand l’occasion se présentera, Briar et Lute pourront déclencher une attaque synergique dévastatrice contre leurs assaillants et même faire appel aux pouvoirs spéciaux de la grande sœur (L2 + R2). Intitulée « état de ravissement », cette configuration permet aux protagonistes d’être encore plus offensives que d’habitude et les conséquences que leurs actions génèrent au combat dépendent de l’alignement spirituel de la fillette (Équilibre, Tromperie, Chaos, Mystère).
Attention, notez que déclencher cet état lorsque la jauge de vie atteint un stade critique transformera la Chimère en véritable Berserker anéantissant tout sur son passage. Dans cette situation, elle sera incontrôlable et vous devrez réussir une courte série très simple de QTE pour la ramener à la raison. Dans le cas contraire, c’est la mort qui l’attend.
Vous l’aurez compris, plutôt simples à comprendre mais pas si évidentes que ça à maîtriser si on souhaite obtenir le rang Diamant à la fin de chaque niveau, les mécaniques de jeu imaginées par les développeurs sont très satisfaisantes, grisantes et fun manette en mains. Mais, malgré tous les efforts fournis par les développeurs dans ce domaine, il est important de signaler que nous avons identifié plusieurs défauts plus ou moins frustrants, voire exaspérants, qui viennent ternir la qualité de l’expérience proposée sur le long terme.
Dans les actes 2, 3 et 4 notamment, le placement et/ou le comportement de la caméra ainsi qu’un level design discutable peuvent nuire considérablement à la bonne lisibilité de la progression et des combats, qu’une cible soit verrouillée ou pas. Côté boss, certains affrontements marquent les esprits, tandis que d’autres sont vite oubliés. Aucune liste complète des combos n’est disponible en jeu. Nous avons seulement accès à celles propres à chaque arme, ce qui signifie que tous les autres enchainements utilisables ne peuvent être déclenchés qu’au hasard puis doivent être mémorisés par la suite (ce n’est pas très pratique !). Enfin, les fonctionnalités de la DualSense ne sont quasiment pas exploitées. C’est dommage.
Une réalisation AA avec ses qualités et ses défauts
Terminons ce tour d’horizon de Soulstice en faisant un focus sur ses performances techniques. Bien que l’on ait affaire à un AA, le beat them up affiche une réalisation convaincante dans l’ensemble.
Nous n’avons constaté aucun problème concernant les animations. Le moteur graphique fait le job. L’univers dark fantasy est immersif grâce à une direction artistique soignée, quel que soit le quartier d’Ilden exploré (docks, égouts, haute ville, cathédrale…), et un character design façon manga/comics très réussi. Le sound design est de bonne qualité. Quant à la bande-son, elle profite de plusieurs thèmes musicaux rythmés et dynamiques renforçant le côté grisant des combats tout en étant agréables pour les oreilles.
Malheureusement, là encore, divers soucis rencontrés tout au long de notre session de jeu sont venus gangrener le travail abattu par Reply Game Studios. Outre les bugs visuels qui se sont manifestés dans plusieurs cinématiques et en passant d’un plan fixe à un autre, on a souvent eu trop l’impression que les Spectres pouvaient sortir de notre champ de vision pendant quelques secondes en passant à travers les textures.
Mais le principal défaut qu’on a le plus de mal à pardonner au studio, c’est l’omniprésence de cinématiques inutiles et de micro temps de chargement venant casser brièvement la fluidité de l’expérience. Une partie d’entre vous vont sans doute nous trouver très durs sur ce point mais c’est vraiment dommage de voir ça dans un titre qui a fait le choix de sortir uniquement sur PC et les consoles de salon les plus récentes.
Attendre quelques secondes entre deux chapitres ou parce qu’on change radicalement de lieu, c’est normal. Mais, être contraint de patienter juste parce qu’on ouvre une porte, qu’on monte à une échelle ou pour regarder des séquences qui n’apportent strictement rien à l’histoire ou à la mise en scène, en gros qui sont juste là pour faire joli, quel est l’intérêt ?
Autre exemple un tantinet agaçant sur le long terme : à chaque fois qu’on déclenche « l’état de ravissement » ou le mode Berserker de Briar, des cinématiques plus ou moins longues se lancent. C’est sympa pour la mise en scène dans un premier temps mais, à la longue et même si on peut les passer, ça casse trop ce sentiment de fluidité qu’on recherche en permanence dans le genre. Les développeurs n’auraient-ils pas pu les remplacer par une simple animation au bout d’un certain nombre d’utilisations ?
Pour finir (oui, promis, après on arrête de chercher la petite bête !), notez que le titre dispose de trois configurations graphiques différentes sur PS5 : Résolution (4K native/30 fps constant), Équilibré (4K dynamique/framerate oscillant entre 30 et 60 fps) et Performance (4K dynamique/60 fps constant). Comme indiqué au tout début du test, nous avons passé le plus clair de notre temps en mode Performance étant donné que les deux autres n’apportent rien de spécial sur le plan graphique et que cela a une incidence sur le dynamisme de l’expérience. Honnêtement, on se demande même s’il y avait un quelconque intérêt à les intégrer dans un jeu de type beat them up. Mais, qui sait, peut-être que ces ajouts plairont à une partie du public.
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