Les jeux sortant sur plateformes mobiles et bénéficiant ensuite d’un portage de plus grande ampleur sur PC ou consoles ne sont pas légion, mais South of the Circle est l’un d’entre eux. Sorti initialement en octobre 2020 sur iOS (via Apple Arcade), le jeu s’apprête à sortir sur PC via Steam et GOG, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One, Xbox Series X|S et Nintendo Switch le 4 août prochain au prix moyen de 12,99€.
Dès lors nominé pour un Apple Design Award ainsi qu’aux DICE Awards, South of the Circle est une expérience narrative basée sur les choix et leurs conséquences développé par le studio britannique State of Play (déjà lauréat d’un BAFTA pour le jeu Lumino City) et co-édité par 11Bit Studios. Voyons ensemble ce qu’il vaut.
Conditions de test : nous avons terminé 2 fois le récit proposé par South of the Circle pour environ 5h30 de temps de jeu sur PlayStation 5 via une copie fournie par l’éditeur. Ce test vous est proposé sans spoiler narratif majeur.
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ToggleLes devoirs des grandes personnes
L’originalité de South of the Circle prévaut dans le fait que l’histoire se déroule sur plusieurs temporalités. Nous sommes à l’aube de la Guerre Froide, et Peter Hamilton, un britannique trentenaire, universitaire à Cambridge de surcroit, se retrouve au sein d’un avion en plein continent Antarctique au cœur des années 60. Après que le vol ait subi quelques déconvenues, voilà que le véhicule s’est crashé.
Vous allez devoir vous débrouiller seul pour avancer dans la tempête de neige afin de trouver de l’aide et de contacter quiconque pourrait les sortir de cette impasse. Seul car votre pilote, Floyd, s’est retrouvé la jambe coincée dans l’avion et est désormais blessé. Seul et livré à vous-même, vous allez devoir vous surpasser dans une aventure narrative qui va pousser notre personnage à se remettre en question via de très nombreux flashback qui lui rappellent les raisons de sa venue ici ainsi que tout ce qui l’a mené à qui il est aujourd’hui.
De son enfance sous l’égide d’un père difficile, à ses difficultés pour être reconnu par ses pairs universitaires du fait d’un article de fin de formation qui tarde à être publié, aux conséquences de la Guerre Froide ou encore à sa rencontre avec la jeune Clara McKittick, jeune universitaire elle aussi, et qui occupera une place très importante dans notre histoire, South of the Circle ne vous occupera pas plus de 3h30 à 4h de temps de jeu et vous promet quelques variations (au moins de 2 fins légèrement différentes selon non constatations) dans son épilogue.
Les choix et leurs conséquences
Vous devrez en effet, tout au long du récit et à chaque prise de parole de votre part, prendre de nombreuses décisions concernant d’une part l’esprit avec lequel vous souhaitez répondre à votre interlocuteur, en choisissant (la plupart du temps) parmi plusieurs styles de réponses, et d’autre part lors de choix moraux cruciaux qui seront « stockés » sur le haut de l’écran jusqu’à la résolution finale qui variera ainsi en fonction de ces choix.
Le hic, c’est que vos types de réponses sont représentés par des symboles (ils sont au nombre de 5 au total), qui peuvent aller du profil « timide, pessimiste, déprimé » à l' »enthousiaste, intéressé, curieux », en passant par « franc, fervent, affirmatif », le « paniqué, perplexe, inquiet » et enfin « attentionné, honnête, ouvert », et non par ces mots justement et qu’il vous faudra vous rappeler de ce à quoi correspond chacun des symboles qui apparaissent à l’écran associés à leur touche de manette/clavier.
Une décision qui semble étonnante tant il y aurait la place sur l’écran pour induire le joueur en temps réel sur ce qu’il compte choisir. A noter tout de même qu’il vous suffit de faire pause et d’aller trouver le menu Aide pour vous repérer mais cela cassera bien entendu l’immersion, tout en sachant que les réponses doivent être données très rapidement sous peine d’un choix automatique qui ne vous conviendra pas forcément toujours.
On se rend compte, de par ces quelques non-ajustements, que South of the Circle provient effectivement d’une plateforme mobile de prime abord, nécessitant une interface plus épurée, au détriment de ce portage qui aurait bénéficié d’un soin particulier sur ce point pour rendre l’ensemble davantage lisible.
L’essentiel du gameplay tient évidemment dans ces choix perpétuels sous forme de QTE, mais il ne nous a pas semblé pour autant que cela avait une énorme incidence sur les déroulés des événements. Les choix moraux décrits plus tôt agissent eux sur la suite et l’épilogue de votre aventure mais se comptent en une petite dizaine d’événements notables, qui viendront donc faire varier une partie de la conclusion que l’on a trouvée un peu vite expédiée.
Le reste du gameplay de South of the Circle réside en des déplacements plutôt lourds (logique vu la quantité de neige répandue sur le sol), de la conduite de véhicules ou encore de la fouille d’étagères tout au long des 3 actes qui rythment le jeu.
Une mise en scène impeccable
Vous vous doutez bien que vous ne rencontrerez pas énormément de monde dans ces terres gelées, qui seront à leur insu le théâtre d’événements douteux que vous ne tarderez pas à découvrir et les seuls contacts humains que vous aurez seront avec Floyd via des radios disséminées dans les bâtiments visités. Entre manigances et corruption, vous épopée en Antarctique censée vous aider à récolter des données pour votre article tant attendue se transformera en chemin de croix et vous mènera dans des lieux tenus secrets.
Le tout dans une narration et une mise en scène remarquable, qui n’hésite pas à mélanger les scènes et les décors, avec des transitions intelligentes et mûrement réfléchies, à tel point que l’on se demande si notre héros ne perd tout simplement pas la boule à cause du froid polaire dans lequel il évolue. Tout ce que l’on voit est-il le fruit de notre imagination ? Et a quel point êtes-vous en danger ?
Mention spéciale également au jeu d’acteur, particulièrement performant, grâce à la présence de visages connus et qui donnent vie aux personnages que l’on dirait peints à la main, comme Gwilym Lee vu dans Bohemian Rapsody, Olivia Vinall ou encore Michael Fox. Une des éléments remarquables de South of the Circle réside également dans la qualité de ses décors pouvant tout aussi bien représenter des décors gelés, des prairies verdoyantes, des villes mais aussi des forêts vivantes et autres montagnes ensoleillées. A noter que de nombreux artworks (près de 100) sont à retrouver en bonus dans un menu spécial pour apprécier le travail des artistes.
Que dire également de la bande sonore, qui souligne parfaitement les événements à l’écran et qui résument bien l’époque de South of the Circle. Sans contenir de thème récurrent que l’on retient, les musiques utilisées sonnent toujours justes et parviennent parfaitement à véhiculer les émotions voulues par les développeurs, qui plus est quand on dispose d’un jeu aux partis pris tranchés et qui n’hésite pas à aborder des thèmes forts et puissants comme l’écologie, l’égalité entre les femmes et les hommes, la géopolitique et bien entendu l’amour en toile de fond.
Restent tout de même quelques bugs de traduction avec des symboles en trop ou des vous/tu non adaptés, ainsi que de (très) rares instants de clipping qui ne viennent en rien gâcher une expérience qui n’en fait pas trop mais qui le fait plutôt bien. On regrettera également l’absence de prise en charge de la manette DualSense que l’on aurait été en droit d’attendre d’une version spécifique PlayStation 5 (retours haptiques notamment).
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