La licence South Park revient en jeux vidéo avec South Park : Snow Day !. Après deux épisodes excellents, la franchise créée par Matt Stone et Trey Parker fait son retour, mais cette fois-ci sous le giron de nouvelles équipes. Effectivement, la licence n’est plus développée et éditée par Ubisoft, mais par THQ Nordic, et le développeur Question. Le studio californien a été auteur de quelques jeux honnêtes avec The BlackOut Club et The Magic Circle, qui n’ont pas vraiment marqué les esprits. Sans surprise, et depuis que le studio Obsidian n’est plus aux commandes, le résultat ici présent est une immense déception, malgré des idées intéressantes.
Conditions de test : Nous avons terminé dans la douleur South Park Snow Day en 5 heures de jeu, qui comptent les cinq chapitres actuellement disponibles et une légère vadrouille sur le mode vague. Le titre a été testé sur PC avec 32 Go de RAM, une RTX 3070 et un i5-12400 (2.50 GHz).
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ToggleTempête sans fin
Au niveau de sa narration, South Park : Snow Day ! se déroule bel et bien après les événements des deux précédents jeux. La ville de South Park est frappée par une tempête de neige qui ne s’arrête plus, forçant les habitants à rester chez eux. Cela n’empêche cependant pas Cartman et ses amis d’enfiler leurs costumes de magicien ou guerrier, et se la jouer à nouveau jeu de rôle comme dans South Park : Le Bâton de la Vérité. D’ailleurs, Cartman que l’on connaît bien, voudra bien lever le voile sur qui a lancé cette violente tempête éternelle.
Concrètement, l’histoire présentée comme telle est finalement assez peu surprenante et manque d’imagination. Bien que l’on ressente une fois encore l’écriture à la South Park qui fait mouche à chaque instant, force est de constater que les situations potaches que l’on avait eues dans les précédents opus étaient bien plus trash et inspirées que sur ce nouveau volet. Quelques gags feront quand même décrocher un sourire comme le bon nombre de références à certaines séries ou films, mais l’absence remarquée de certains personnages de la série se fait ressentir, et c’est bien dommage. Nous sommes d’ailleurs bien déçus que Question n’ait fait qu’une resucée du thème heroic fantasy abordé dans South Park : le Bâton de la vérité.
La mise en scène n’est également pas aussi fidèle que la série animée, étant donné que l’esthétique est aux antipodes des précédents jeux. Il y a bien la cinématique de début et de fin avec l’habillage de South Park, mais cela est bien insuffisant pour nous enthousiasmer. Le travail achevé est donc ici moins abouti, et même la fin du jeu manque de la folie des jeux antérieurs.
Soit dit en passant, vous contrôlerez encore « le nouveau », qui sera personnalisable via un éditeur de personnage. Ce dernier est finalement trop simpliste, et il n’y a que très peu d’éléments à personnaliser (chapeau, tunique, cape, accessoire, coiffure, visage et emotes). Néanmoins, il a le mérite d’exister.
Un gameplay aussi merdique que Monsieur Hankey
Contrairement aux précédents volets, South Park : Snow Day ! adopte un gameplay orienté Beat’em All en 3D. Votre protagoniste pourra ainsi esquiver, attaquer avec une arme au corps-à-corps et à distance, charger son attaque, ou encore utiliser deux compétences que vous aurez choisies avant de débuter votre run sur l’un des cinq chapitres disponibles. Le gameplay proposé est pour le coup très basique, avec hélas une certaine rigidité dans les déplacements comme dans les sauts, assez horribles et manquant cruellement de précision.
De plus, ce problème de rigidité n’est pas le seul défaut, car les combats sont finalement bancals. D’ores et déjà, force est de constater que les phases de baston sont hyper brouillonnes, manquent réellement de punch, et il est décevant de voir que les coups portés n’offrent pas un seul vrai impact à l’écran pour apporter un minimum de plaisir de jeu. Que ce soit avec des armes de corps-à-corps ou à distance, rien ne nous donne l’impression de vraiment toucher notre ennemi, sans compter le fait que l’on ne puisse même pas verrouiller nos adversaires. Pour ne rien arranger, les roulades ou blocages des attaques sont aussi mal ficelés, ce qui donne un résultat très moyen. On notera néanmoins l’utilité de la jauge de rage, qui servira au gameplay car cette dernière permettra d’utiliser vos compétences si elle est bien remplie.
La boucle de gameplay proposée dans South Park : Snow Day ! est quant à elle bien trop pauvre et répétitive. Dans les cinq chapitre proposés, qu’il faudra à chaque fois terminer d’une traite pour passer au suivant, vous devrez systématiquement vous battre contre divers types d’ennemis qui varient peu, et ainsi accomplir certains objectifs de mission bateaux. On regrette par ailleurs le côté linéaire du soft, alors que les deux précédents jeux South Park prônaient la liberté, et les quêtes annexes intéressantes. Le seul point intéressant du soft viendra potentiellement du endgame, avec des pactes que l’on peut activer auprès de Nichole. Ceci vous octroiera quelques récompenses cosmétiques à chaque fin de chapitre, et c’est globalement tout ce qu’il y a à se mettre sous la dent, hormis un mode vague peu grisant sur quatre pauvres cartes.
Vous l’aurez compris, il manque d’un éclair de génie pour que le titre soit réellement original, ce qui est aussi valable pour ses combats de boss. Ces derniers, qui furent originaux dans les précédents jeux, sont ici d’une classicité effrayante. En effet, il s’agira juste de les frapper et faire descendre leur barre de vie. Seulement deux boss proposent quelques subtilités et encore, le tout est aussi redondant que les décors du jeu, qui ne changent guère. Les environnements changeront parfois de manière procédurale, mais sans que cela ne soit tout le temps flagrant ou imaginatif en termes de level-design, qui n’est déjà pas très inventif.
Dimension Rogue-Lite, cartes à la con… Bien, mais peut mieux faire
Parmi les rares éclaircies qui essayent de dynamiser le gameplay, il y a dans un premier temps la dimension Rogue-Lite. Effectivement, les missions se découpent systématiquement en zone, et vous serez ainsi forcé de finir chaque chapitre d’une traite, au risque de tout recommencer de zéro si vous mourrez. En finissant une première zone de jeu après avoir accompli un objectif ou dézingué des vagues d’ennemis, vous aurez souvent Jimmy ou Henrietta qui vous proposeront au choix des carte d’amélioration.
Vous ne pourrez en choisir qu’une et il sera possible, du moins pour celles de Jimmy, de l’améliorer moyennant du papier toilette acquis lors de vos périples. Soit dit en passant, si les cartes proposées ne vous plaisent pas, il sera toujours possible de les remélanger moyennant une nouvelle fois des rouleaux de papier toilette. Le système de cartes d’amélioration lors de vos run est une excellente idée, et permet d’upgrader temporairement les dégâts de vos armes ou de vos compétences à utiliser sur le chapitre en cours.
Au rayon des autres bonnes idées, il y a les cartes à la con. Après en avoir choisie une au début du chapitre en plus d’une carte d’amélioration, l’adversaire fera de même. Cette carte à la con pourra être utilisée deux ou trois fois seulement, et l’adversaire pourra aussi l’invoquer de son côté aléatoirement lors de vos run. Cela aura pour effet de vous donner des malus comme nerfer vos armes, ou bien donner des bonus aux ennemis comme être protégés par une bulle, voire lancer des maternelles qui explosent sur vous. Cette mécanique a au moins le mérite de proposer un petit chaos jouissif, mais c’est bien la seule chose que l’on pourra apprécier.
En dehors de ça, vous aurez le loisir de vous balader dans votre QG avant chaque partie. Vous pourrez d’abord visiter l’armurerie de Token où vous pourrez choisir vos armes et pouvoirs qui sont les compétences. Là où le bât blesse, c’est dans le contenu famélique des armes à choisir (deux types d’armes à choisir pour seulement trois possibilités chacune) comme des compétences (deux à choisir pour seulement quatre possibilités chacune en tout…). Autant dire que l’on en fera vite le tour. Sachez aussi qu’un arbre de compétences basique fera son apparition et qui, moyennant de la matière sombre récoltée, vous permettra d’améliorer vos dégâts ou votre santé, par exemple. Encore une fois, les améliorations ne se voient que trop rarement, sans aller plus en profondeur.
Enfin, outre les bonus de défis qui débloquent en aval vos divers pouvoirs et armes se comptant sur les doigts de deux mains, vous aurez le bazar de tweak. Ici, il sera possible, avec des pièces de platine, d’acheter des éléments de personnalisation supplémentaires. Cela ne sera que cosmétique, et n’apportera rien de plus en matière de statistiques. Voilà encore un exemple d’idée non exploitée par le studio Question, qui aura eu a minima le mérite d’apporter une dimension coopérative jusqu’à quatre joueurs en ligne, donnant une petite once de fun. Qu’on soit clair, le QG est un élément générique, et proposant hélas trop peu de choses à faire pour que l’on y reste des heures.
Le contraste 3D affreuse et bonne VF
Dans les éléments perturbateurs de South Park : Snow Day !, la direction artistique effroyable joue un gros rôle. Alors que la cinématique de début et de fin proposait une vrai esthétique façon South Park, le titre s’embourbe par la suite dans un moteur ingame tout en 3D. Avec des animations et des textures vraiment pas terribles, le résultat est on ne peut plus désespérant. Le style graphique employé colle très peu au travail de Matt Stone et Trey Parker sur la série, et la déception est forcément de taille après avoir goûté à la fidélité d’Obsidian sur South Park: Le Bâton de la vérité et sa suite.
Pour aller plus loin, le studio Question aurait dût peut être adopter une direction artistique à la Paper Mario, afin de coller le plus possible à l’habillage de la série. Mais visiblement, les développeurs n’ont voulu n’en faire qu’à leur tête pour un résultat peu ragoutant. Au moins, le titre est déjà bien optimisé, ce qui est déjà ça de pris, et parvient parfois à être sympa graphiquement, sans plus.
Pour finir, South Park : Snow Day ! a une belle bande-son. En plus de sauter de joie sur l’apparition des vraies voix françaises excellentes de la série (c’est déjà mieux que la VF wish de South Park : L’annale du Destin), les musiques épiques collent bien au thème de l’univers heroic fantasy. Le titre aura au moins ça pour lui.
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