Annoncé par ses créateurs, le studio allemand Grimlore Games, comme le mélange parfait entre RPG et RTS, le troisième opus de la série Spellforce a débarqué au début du mois de décembre sur nos PC. Spellforce 3 renoue avec les origines de la saga : l’histoire se déroule dans le monde fantastique d’Eo, avant le premier épisode « The Order of Down ».
Spellforce 3 propose trois modes de jeu : campagne, escarmouche et multijoueur. La campagne (jouable en solo ou en coop avec un à deux partenaires) vous tiendra en halène pendant 25 à 30 heures. Même si l’histoire entretient des liens évidents avec celles des précédents opus, il n’est pas nécessaire d’y avoir joué pour comprendre le scénario. Ce dernier, jalonné de quêtes secondaires, est classique mais bien écrit.
Vous incarnez le fils/la fille du mage renégat Isamo Tahar, l’ennemi de la nation à l’origine de la révolte des quatre maisons royales menée contre la couronne de Nortander et qui a conduit à une guerre sanglante et dévastatrice. Lors de l’ultime bataille, la reine a été sérieusement blessée et plongée dans le coma. Le royaume est à présent dirigé d’une main de fer par le Seigneur Marshal qui tente de rétablir la stabilité, notamment en interdisant l’usage de la magie. Alors que les émissaires du culte de « La Pureté », soutenus par le pouvoir en place, se lancent dans une chasse aux sorcières et exécutent les mages qui ne sont pas au service de la couronne, une épidémie mortelle de « brûlesang » se propage. En tant que membre de la Garde des loups, une unité spéciale commandée par le général Sentenza Noria, vous avez le devoir d’enquêter sur cette étrange maladie et de l’endiguer.
Sommaire
ToggleUne personnalisation limitée
Spellforce 3 se veut un mélange unique de RPG et de RTS. Commençons donc par décrire la dimension rôlistique, très présente dans le mode campagne. Après un prologue assez ennuyeux (cela dit, rares sont ceux qui ne le sont pas…), le joueur pourra personnaliser, de manière assez sommaire, l’apparence de son avatar : vous n’aurez le choix que parmi quelques visages déjà prédéfinis. Par ailleurs, vous devrez également sélectionner l’image qui vous représentera tout au long de l’aventure (qui apparaît, par exemple, lors des dialogues). Là aussi, le choix est très réduit. Il est donc tout à fait probable que vous vous retrouviez avec une illustration qui ne ressemble pas du tout à votre avatar…
Vous devrez ensuite sélectionner trois arbres de compétences (brutalité, archerie, discipline, magie blanche, magie élémentaire et magie noire) qui détermineront votre classe (bretteur, soldat, mage, inquisiteur, mage de guerre ou veilleur). À chaque montée de niveau, les héros reçoivent des points d’expérience qu’il faudra attribuer à l’une de ses caractéristiques (qui sont au nombre de cinq : force, dextérité, intelligence, volonté et constitution). Le joueur pourra également choisir une nouvelle compétence (soit active, soit passive) à développer. Ce système de création d’avatar et de progression n’est donc pas très original, ni très complexe mais demeure relativement efficace.
Au fil de vos quêtes, vous amasserez de nombreux butins comprenant de l’or, des armes, des amures, des potions et des artefacts qui viendront améliorer votre stuff. Ces équipements que propose le jeu sont, eux aussi, tout à fait banals : des épées, des dagues, des cuirasses, des boucliers, des arcs, etc.
Par ailleurs, les personnages secondaires et les PNJ sont assez bavards. Vous aurez plus d’une fois l’occasion de converser avec eux lors de dialogues à choix multiples. Ces discussions seront autant d’occasions d’en apprendre plus sur l’histoire et le monde d’Eo.
L’église au milieu du village
Le volet RTS, davantage présent dans les modes escarmouches et multi, est lui aussi assez classique et basique. Après avoir érigé un centre-ville, vous pourrez construire différents bâtiments de base tels que la scierie, la cabane de chasse, la pêcherie la tour de guet, la carrière et la caserne. Les trois premiers permettent de récolter de la matière première, à savoir la nourriture et le bois (nécessaire à toute construction). La caserne, quant à elle, sert à former de nouveau soldats. Ce n’est qu’après avoir atteint le deuxième, puis le troisième rang que vous pourrez bâtir des édifices plus développés comme la fonderie, la forge ou encore l’académie et le sanctuaire (qui permettent d’invoquer des héros). Vous devrez veiller à toujours assigner quelques porteurs (les unités de base) au centre-ville pour qu’ils se chargent du transport des matières premières. Enfin, les avant-postes vous permettront d’étendre votre territoire, tout en gardant un œil sur ce qui se passe à proximité de votre centre-ville.
Trois factions, ayant chacune une identité propre, sont jouables en mode escarmouche et multi : humains, orques ou elfes. Malheureusement, seule l’apparence des unités et des constructions diffère. Nous aurions apprécié un gameplay asymétrique, qui aurait apporté un peu de relief aux parties, comme Warcraft III le propose.
Il convient également de souligner la richesse des décors et des environnements (qui regorgent de détails). La qualité des graphismes contribuent à les mettre en valeur et les effets de lumière sont particulièrement soignés. La bande originale est, quant à elle, vraiment réussie : elle remplit parfaitement son rôle en créant une ambiance immersive, favorisée également par des doublages convaincants. Doug Cockle, qui double ici le général Noria, avait déjà prêté sa voix à Gérald De Riv dans The Witcher 3. Rappelons que le jeu est disponible en anglais et en allemand et qu’il est, en bonne partie, sous-titré en français.
Au gré de mes envies…
Spellforce 3 ne se résume pas à sa campagne : le jeu propose également un mode escarmouche, dans lequel vous pouvez affronter jusqu’à 5 IA. Vous serez libre de choisir leur niveau (de very easy à insane), la faction, la couleur, le nombre maximum de héros que l’on peut invoquer, l’abondance des ressources, les cartes (qui sont au nombre de 6 et assez variées) ainsi que l’objectif à remplir (conquête, destruction de la capitale ou domination). Cette liberté, qui vous permet de concocter une partie en fonction de vos humeurs et de vos envies, est tout à fait appréciable. Le mode multijoueur est fondé sur les mêmes principes et permet au joueur qui héberge la partie de définir les paramètres de la partie. Il est cependant regrettable que ce mode ne soit pas plus développé : nous aurions souhaité, par exemple, que le titre propose un classement des joueurs.
Évoquons maintenant les autres faiblesses de Spellforce 3. Après quelques parties, nous avons le sentiment que cet opus s’adresse avant tout aux amateurs de la série. En effet, plusieurs heures de jeu seront nécessaires afin que vous en maîtrisiez les bases et le prologue, morne et fastidieux, ne vous viendra pas beaucoup en aide. En outre, l’écran étant souvent surchargé, sa lecture n’est pas toujours aisée. Cette dernière n’est d’ailleurs pas facilitée par l’interface brouillon, un autre point faible de ce titre. Aussi, la sélection des unités est souvent laborieuse : il n’est pas rare de sélectionner un porteur qui se trouvait par hasard au milieu de vos soldats et de l’envoyer au combat (ce qui n’est pas le meilleur choix tactique, vous en conviendrez…). Enfin, notons que les temps de chargement entre deux zones sont parfois assez longs.
À sa sortie, Spellforce 3 était truffé de bugs qui rendaient le jeu tout simplement injouables : porteurs absents, dialogues qui tournaient en boucle, quêtes impossibles à valider, etc. Heureusement, les développeurs travaillent d’arrache-pied pour corriger ça et livrent des mises à jour très régulièrement.
Cet article peut contenir des liens affiliés