Née en 2007 avec Shadow of Chernobyl, la licence STALKER est rapidement devenue une référence du jeu de survie et de tir en monde ouvert. Mélangeant exploration, tension et mystères dans une Zone irradiée inspirée de Tchernobyl, la série a marqué les esprits par son ambiance unique et son réalisme brutal. Après plus d’une décennie d’attente, GSC Game World reprend le flambeau avec STALKER 2: Heart of Chornobyl, promettant de réinventer l’expérience avec des graphismes modernes, une narration immersive et un monde dynamique encore plus impitoyable. Un pari globalement réussi malgré quelques grosses anomalies.
Conditions de test : nous avons terminé le titre sur PC avec un temps de jeu de 43 heures. Nous avons eu l’occasion d’explorer la Zone de fond en comble et d’effectuer moultes quêtes annexes. Nous avons joué au titre avant et après le gros patch de lancement. Notre configuration PC est la suivante : AMD Ryzen 7 5800X3D, 16Go de RAM DDR4, AMD Radeon RX 6700 XT.
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ToggleUn univers (i)radieux
La série Stalker incarne une vision unique du jeu vidéo, profondément ancrée dans la culture et l’esthétique de l’Europe de l’Est. Contrairement aux autres mondes ouverts issus des grosses productions, STALKER 2: Heart of Chornobyl privilégie une atmosphère sombre et mélancolique, évoluant dans un univers post-apocalyptique atypique, façonné par l’histoire et les traumatismes de la région. L’esthétique des paysages dévastés, les bâtiments soviétiques en ruine, et l’ambiance sonore pesante évoquent une époque marquée par l’incertitude et les tragédies du passé.
STALKER 2: Heart of Chornobyl nous plonge dans la légendaire Zone d’exclusion de Tchernobyl, un territoire dévasté par une seconde explosion nucléaire fictive survenue en 2006. Cette catastrophe a transformé la région en un lieu mystérieux et hostile, peuplé d’anomalies, de créatures mutantes et de factions rivales. Le jeu met en scène Skif, un stalker qui explore la Zone pour survivre, percer ses mystères et accomplir des missions périlleuses.
L’histoire débute alors que vous aidez le docteur Hermann à recharger un mystérieux artefact, trouvé hors de la Zone, et désormais en votre possession. Très vite, on comprend que Skif a perdu son foyer à cause d’événements mystérieux liés à la Zone. Cependant, même pour les connaisseurs de l’univers Stalker, la narration peut s’avérer confuse. Si l’histoire en elle-même n’est pas très originale, elle enrichit considérablement le lore de la franchise, au grand plaisir des fans de longue date. Le principal problème réside dans la première partie du jeu, qui se montre assez poussive.
Elle tente à la fois d’introduire les personnages et les événements, tout en familiarisant les néophytes avec l’univers. Ce compromis rend la progression trouble, et les premières heures se résument souvent à errer pour trouver un appareil ou une personne, avant que les choses sérieuses ne commencent véritablement. Par ailleurs, STALKER 2 peine à rendre ses personnages marquants ou à les développer suffisamment pour susciter un réel attachement. Cela peut être attribué au style « est-européen », souvent plus minimaliste sur cet aspect. En revanche, le jeu parvient à nous marquer régulièrement grâce à son système de choix. Ces décisions, nombreuses, offrent de véritables digressions dans les événements annexes et influencent également le déroulement du scénario principal.
Une ambiance unique
Ce qui donne tout son charme à la licence STALKER, c’est l’ambiance unique que procure la Zone, une atmosphère que l’on ne retrouve nulle part ailleurs dans les productions actuelles (mis à part la série Metro). La Zone s’inspire de l’architecture soviétique délabrée, des paysages abandonnés et de la nature qui reprend ses droits. Les villages désertés, les usines en ruines et les laboratoires souterrains offrent un sentiment d’isolement et de danger constant. Bien que ce terrain ne soit pas particulièrement propice à un monde ouvert visuellement varié, avec ses étendues souvent dégagées et quasiment dépourvues de verticalité, la direction artistique soignée et le souci du détail rendent l’exploration très enrichissante, malgré une certaine rudesse.
Même si le monde ouvert manque peut-être d’événements aléatoires véritablement originaux, chaque recoin de la Zone raconte une histoire, souvent tragique. Fouiller un souterrain pour récupérer la cache d’un stalker peut vous mener à une scène sanglante jonchée de cadavres, avant de vous retrouver submergé par une armée de rats ou un mutant surpuissant. Fidèle à la philosophie de S.T.A.L.K.E.R., qui introduit un réalisme brutal mêlant gestion des ressources, maniement réaliste des armes, dangers omniprésents, cycle jour/nuit et météo capricieuse, ce type de monde ouvert ravira les amateurs de challenge, mais ne conviendra pas forcément à ceux qui ne sont pas prêts à en baver et à être frustrés.
Chaque mission peut se transformer en véritable épreuve. Se diriger vers l’objectif d’une quête avec un paquetage complet (armes, munitions, objets de soin, etc.) peut rapidement tourner à la catastrophe si l’on croise par mégarde un mutant qui épuise une grande partie de nos munitions. Même si la dégradation des armes et des tenues est un peu trop punitive, notamment en raison du coût astronomique du système de réparation, STALKER 2: Heart of Chornobyl possède un talent qui nous force à jouer intelligemment. Par exemple, on peut attirer un mutant vers un groupe d’ennemis pour les laisser s’entretuer et économiser nos ressources, ou encore utiliser à notre avantage les nombreuses anomalies présentes dans la Zone.
L’autre facette de son ambiance incroyable réside dans des moments dignes des meilleurs jeux d’horreur. À chaque descente dans un souterrain ou lors de l’exploration d’une grotte, la tension est palpable. L’ambiance sonore joue un rôle clé dans ce sentiment : le bruit du vent, le crépitement du détecteur d’anomalies et les hurlements lointains des créatures mutantes accentuent l’immersion sans jamais surcharger l’expérience sonore. On peut également saluer les chansons slaves diffusées à la radio dans les abris ou encore les moments où l’on joue de la guitare au coin du feu. Pour profiter pleinement de cette atmosphère unique inspirée de l’Europe de l’Est, nous vous recommandons d’ailleurs d’opter pour les voix ukrainiennes.
Des bugs vraiment « game breaker » ?
Avant sa sortie officielle, il est vrai que STALKER 2: Heart of Chornobyl était un véritable festival de bugs en tout genre. Cependant, après le gros patch Day One, le jeu est tout de même bien moins casse-gueule. Néanmoins, on ne peut nier qu’à ce jour, de nombreux bugs subsistent. Certains sont simplement gênants et disparaissent après une recharge de sauvegarde, comme ce bug où un écrou bloquait la vue lors de la visée avec une arme. D’autres, en revanche, sont bien plus problématiques. Après le patch, nous n’avons pas rencontré de bugs réellement bloquants pour progresser dans l’histoire, à l’exception d’un dialogue impossible à quitter devant une base militaire (prendre une autre entrée a heureusement résolu le problème).
Le problème des bugs est toutefois bien plus préoccupant au niveau des quêtes annexes. Une porte qui refuse de s’ouvrir pour valider une quête ou des ennemis coincés dans une zone sûre et impossibles à tuer sont des exemples récurrents. On note également des bugs sonores, où les communications radios se transforment en voix donnant l’impression que le PNJ est juste à côté de nous. De plus, l’intelligence artificielle présente des lacunes, notamment lorsqu’on tente une approche discrète. Les ennemis, et particulièrement les mutants, nous repèrent de très loin et bien trop facilement. Enfin, l’optimisation reste à revoir, avec des chutes de FPS fréquentes, notamment pendant les cinématiques et à certains endroits bien précis.
Aussi bon soit-il, il est assez décevant de découvrir STALKER 2: Heart of Chornobyl dans cet état. Quelques semaines supplémentaires auraient sans doute permis de corriger la plupart des bugs les plus gênants. Certains diront, en plaisantant, qu’un jeu STALKER qui n’est pas « cassé » n’est pas un vrai STALKER. Mais blague à part, il est difficile de blâmer pleinement le studio ukrainien GSC Game World, qui a dû travailler dans des circonstances particulièrement difficiles suite à l’invasion russe en Ukraine.
Bien que l’on doive évaluer le jeu de manière professionnelle et honnête, sans céder à l’émotion, il est indéniable que STALKER 2: Heart of Chornobyl est une sorte de petit miracle car il s’agit globalement d’un très bon jeu. De plus, il rentre dans ces grosses productions qui se démarquent des autres AAA grâce à une approche unique. Cette année, de mémoire, il n’y a que Dragon’s Dogma 2 qui rentre également dans cette catégorie. En bref, si c’est votre première approche avec la franchise, on vous conseille d’attendre que le jeu se bonifie avec quelques mises à jours et correctifs. Si vous êtes sur PC, vous bénéficiez tout de même d’un plus gros avantage par rapport aux joueurs Xbox, car si l’on se fie au précédents opus, il faut s’attendre à une énorme exploitation du jeu sur la durée par la communauté du modding.
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