Largement décrié pour son modèle économique plus que tangible, le lancement de Star Wars Battlefront II ne s’est pas fait sans mal, au point où la polémique est venue entacher ses ventes et surtout, ses notes globales. Mais avant de se focaliser sur ce problème, tournons-nous un peu sur tout ce que propose cette suite.
Sommaire
ToggleUne campagne solo, le minimum syndical pour un jeu Star Wars
On ne va pas prendre des pincettes, l’absence d’une campagne dans le premier Battlefront était une véritable honte. Déjà que le contenu était quasiment inexistant, le fait qu’il n’y ait pas d’aventure solo était une tare pour les fans de la série qui n’attendent qu’une chose : une histoire bien écrite et digne de la saga Star Wars. Ce doux rêve était entre les mains de feu Visceral Games, contraint à abandonner leur projet de grande envergure. Qu’à cela ne tienne, Battlefront II se tourne vers les étoiles et propose bien une campagne au scénario inédit. Point d’accroche immanquable, on se tournera donc rapidement vers celle-ci une fois le titre lancé.
Fait notable d’entrée de jeu, Star Wars Battlefront II nous fait vivre l’histoire d’Iden Versio, commandante d’une unité d’élite de l’Empire Galactique. On se retrouve donc de l’autre côté de la scène et l’on pourra en apprendre davantage sur l’Empire. Cela relève du détail pour certains mais il est vraiment appréciable de découvrir l’histoire d’un point de vue différent. Notre protagoniste sera d’ailleurs accompagnée de son Escouade Inferno composée notamment de Hask et Del, un trio plutôt réussi dans les premières minutes du jeu. Iden Versio, qui sera considérée comme l’héroïne principale, est un personnage assez abouti. Si elle ne fera jamais partie des personnes inoubliables, elle nous fait passer un bon moment et arrive à dégager un charisme respectable. Sans une once de surprise, la campagne sera aussi l’occasion de rencontrer et de jouer d’autres visages emblématiques comme Luke Skywalker ou encore Kylo Ren.
Une campagne réussie qui devrait plaire aux fans de l’univers Star Wars sans pour autant être transcendante
L’arc scénaristique prend place chronologiquement entre les films Star Wars : Le Retour du Jedi et Star Wars Le Réveil de la Force (les épisodes VI et VII). L’intrigue commence d’ailleurs directement après la destruction de l’Etoile de la Mort à laquelle on pourra assister. Plutôt bien amenée, l’histoire est correcte, bien que la campagne est en soi assez courte (cinq à six heures de jeu pour en venir à bout). Elle propose quelques révélations sympathiques et abordera des sujets clés qui devraient avoir une importance plus tard et ravira les fans de l’univers. Assurément, le fan-service est plutôt bien fourni en respectant vraiment bien à la lettre l’oeuvre initial tout en apportant quelques originalités bienvenues.
Malgré tout, on ne peut pas s’empêcher de pester contre le manque de profondeur que les scénaristes proposent. Si la narration fait le café, notamment à l’aide de doublages et de dialogues bien écrits, l’histoire en elle-même reste assez plate. Si l’on fait fi du fan-service, on voit rapidement la fin arriver et où l’histoire veut nous emmener. Que ce soit les revirements de situations, les révélations, les prises de décisions d’Iden Versio, la plupart des scènes peuvent être anticipées. On ressent un certain manque sur le plan scénaristique qui aurait pu être bien mieux amené, surtout que le tout est parsemé de quelques incohérences. Au début de l’histoire, Iden est capturée, puis après s’être évadée, elle réussira à s’infiltrer de nouveau sans bien mal comme si elle n’avait jamais été quelqu’un d’important du côté de l’Empire. Bien sûr, on vous laissera découvrir les tenants et les aboutissants de cette histoire, mais avec un peu de recul, c’est complètement idiot.
Plutôt embrasser un wookie, que de jouer à Battlefront 2 !
A côté de cela, la campagne de Star Wars Battlefront II aura au moins le mérite de nous faire traverser de nombreux lieux emblématiques, tous aussi magnifiques les uns que les autres. De la forêt luxuriante d’Endor aux confins de l’espace en passant par le désert de Jakku, les paysages sont somptueux. On peut juste regretter qu’il n’y ait pas vraiment d’endroits inédits pour le solo puisque la plupart des environnements reviendront en multijoueur, insistant encore une fois sur le fait qu’il y ait un certain manque de profondeur à cette campagne.
Mais Battlefront 2 est loin d’être dénué de défauts, même pour la courte expérience proposée. Derrière cette histoire assez intéressante, se cache un gameplay pas loin d’être insipide et des mécaniques qui nous lassent avant même d’avoir terminé le soft. On jouera alors soit à la première soit à la troisième personne et il faudra avancer à travers de nombreux niveaux au level-design peu ambitieux et à la difficulté jamais palpable. On enchaîne alors les affrontements dans des zones prédéfinies pour le combat, on court à travers des passages téléguidés et les échanges de coups sont souvent synonyme de quelques joutes sans grande saveur. Finalement, si les premières heures nous fascinent grâce à son univers, on est rapidement rattrapé par le manque de plaisir inhérent par ce gameplay pris d’un shooter quelconque.
Si les joueurs du premier Battlefront ne seront pas dépaysés, on saluera tout de même l’effort au niveau de la précision et les sensations des armes qui sont assurément meilleures. En même temps, ce n’est pas bien compliqué, le retour des armes était quasiment inexistant. Mais quoiqu’il en soit, c’est plat, sans réel intérêt. On se sent poussé à suivre un chemin couloir et les ennemis n’ont jamais rien de menaçant. Le ton est davantage joué sur la mise en scène plutôt que sur l’action en elle-même. C’est beau, ça en jette, mais les sensations ne sont pas assez présentes pour se sentir vraiment au cœur des événements qui se produisent.
Et c’est sans doute ça le principal problème de ce Star Wars Battlefront II : l’accent est mis sur le spectacle et non sur le gameplay en lui-même. Les cinématiques sont fichtrement bien fichues avec des animations qui le sont tout autant mais à trop vouloir en faire sur les effets, les développeurs ont oublié que le plus important, c’était l’immersion du joueur et le parfait équilibre entre le dépaysement et l’intégrité de ce dernier. Hors là, avec un peu de recul, on se sent souvent plus en tant que spectateur que véritable acteur. Pourtant, il ne manquait pas grand chose pour faire de cette campagne quelque chose de réussi, surtout que c’est un délice que d’entendre les thèmes musicaux fidèles à l’univers. Le sound-design est incroyablement bien réussi et l’équipe a réussi à doser correctement les bruits environnementaux, la reproduction fidèle du bruit d’un blaster et toutes ces subtilités sonores qui plairont grandement aux fans.
Un multijoueur qui n’est pas en reste
Sans grande surprise, c’est du côté du multijoueur que l’on se tournera rapidement. La campagne solo fait davantage office de mise en bouche, permettant aux fans de s’y retrouver dans l’univers Star Wars tandis que les nouveaux joueurs pourront y découvrir les mécaniques de gameplay. Mais une fois cette introduction passée, la plupart se tourneront rapidement vers la composante multijoueur qui est sans conteste l’élément central du jeu.
La diversité des modes de jeu est clairement l’un des points forts de ce nouvel opus et s’ils ne sont qu’au nombre de cinq, on se retrouve avec suffisamment de choses à faire pour s’éclater – tout du moins, essayer. Mais avant toute chose, il faut savoir que le multijoueur couvre une période plus vaste que le solo puisqu’on aura ici des environnements et des héros issus de l’ensemble des films. Que ce soit la Trilogie Initiale avec les épisodes IV, V et VI, les prologues sortis ensuite avec les épisodes I, II et III, Star Wars Battlefront II nous proposera aussi de couvrir la nouvelle Trilogie avec les épisodes VII et VIII. C’est assez insolite finalement puisqu’on y retrouvera un bon mash-up de la Guerre des étoiles avec le Nouvel Empire, le Premier Ordre, la Rébellion, la Résistance et voir Dark Maul combattre Dark Vador ou Kylo Ren ne manquera pas de faire sourire – ou grincer des dents certains puristes. Assez étonnant finalement que Disney ait autorisé ce mélange d’époques mais cela permet d’apporter de nombreux visages emblématiques, au plus grand bonheur des joueurs.
Côté décors, on y retrouve de nombreuses planètes allant des différents volets tels que Naboo, Yavin 4, Endor, Vardos, la Base Starkiller et bien d’autres. Très honnêtement, c’est bien suffisant et les paysages sont vraiment magnifiques. On voyage, tout en parcourant les parties multijoueurs et difficile d’en demander plus. Au total, si l’on compte la campagne, on se retrouve avec 18 localisations différentes, ce qui est bien plus que le premier volet qui se cantonnait à seulement quatre places vraiment différentes (si l’on fait fi bien sûr du contenu proposé dans le Season Pass). Seulement, on regrette un peu qu’avec ces destinations de rêve, on ne nous propose pas un level design plus soigné. Les cartes sont rétrécies en solo pour correspondre à cette fameuse mise en scène tandis qu’en multijoueur, c’est plat, sans réel saveur et encore moins d’originalité.
Pour le coup, Star Wars Battlefront II se rattrape grandement sur ces modes de jeu, aussi léchés que passionnants. Voici ce que l’on retrouve :
- Assaut galactique
- Combats spatiaux
- Affrontement héroïque
- Frappe
- Escarmouche
Le mode Escarmouche est un classique MME à dix contre dix tandis que l’affrontement héroïque permet à huit héros de s’affronter à travers deux équipes. Mais incontestablement, c’est le mode assaut galactique qui attirera inlassablement les joueurs. Sensiblement similaire au mode Ruée de Battlefield, il propose à quarante joueurs de s’affronter à travers différents objectifs. Un joli mélange de genres avec de la capture de zone ou encore quelques références du mode Walker Assault, présent sur le premier Battlefront mais tristement absent de ce second volet. Le mode Frappe n’est qu’une variante du mode Assaut Galactique où l’on ne sera que 16 cette fois-ci. Malgré l’effectif réduit, le mode Frappe est sensiblement meilleur que son aîné Assaut Galactique en étant plus nerveux et beaucoup plus fluide.
Mais dernière composante et pas des moindres, il s’agit des Combats Spatiaux. Un mode est consacré à ces affrontements stellaires et oui, il y a enfin des Batailles Spatiales dans Battlefront II. Hérésie de Battlefront premier du nom, il n’y avait pas de bataille spatiale, au plus grand étonnement de la communauté. Après tout, ne serait-ce pas le minimum d’avoir des combats de ce genre dans un jeu Star Wars ? Fort heureusement, les développeurs les ont bien inclus dans cette suite et il n’y a pas à dire, c’est spectaculaire. Si l’on peut compter sur 39 véhicules (y compris les aériens et terrestres), on a largement de quoi se faire plaisir et c’est un pur régal que de se retrouver aux commandes d’un X-Wing ou d’un TIE/FO. Comparativement aux véhicules aériens, le pilotage a été légèrement amélioré bien que la prise en main reste encore un peu perfectible, surtout à travers ces cartes parfois trop grandes où le moindre choc avec l’environnement signe la destruction immédiate de son vaisseau.
Tu n’es pas mon héros Luke
Passons maintenant aux choses sérieuses et parlons de ce qui fâche : les micro-transactions, la progression, et tout ce qui fait office de poubelle cosmique à ce Battlefront II. L’équipe de Dice a souhaité revenir sur la partie arcade du premier opus qui proposait des bonus récupérables sur la carte. Les jetons sont ainsi remplacés par des séries d’élimination, un peu à la manière d’un Call of Duty. Il faudra alors réaliser des kills, des bonnes actions ou jouer les objectifs pour augmenter sa jauge et si vous avez assez de crédits, vous pourrez alors opter pour l’une des classes ou héros mis à disposition lors de votre prochaine réapparition. Ce système permet tout de même d’apporter une dimension plus stratégique puisque vous pouvez opter pour la classe souhaitée selon la situation et pourquoi pas économiser pour un héros lorsque la situation devient critique.
Cela passe aussi par plusieurs niveaux par arme qu’il faudra alors débloquer grâce aux éliminations. Grosso-modo, vous aurez le choix entre quatre classes particulièrement bien ficelées (Commando, Soldat lourd, Officier, Spécialiste) qui auront sous la main un pétoire et trois cartes des étoiles à rajouter. Chaque arme aura donc trois paliers que l’on pourra débloquer notamment en tuant les adversaires sur le champ de bataille ou encore à travers les fameuses caisses de ravitaillement. C’est donc d’une débilité sans nom puisque la plupart des modes de Star Wars Battlefront II se jouent principalement sur les objectifs, là où pour améliorer ses armes il faudra faire la course aux éliminations. On est donc facilement tenté par faire n’importe quoi en bataille juste par prétexte d’avancer un peu plus vite dans sa progression et c’est bien là le souci, au vu du nombre de prérequis nécessaires pour passer de pallier.
Puis, chaque classe disposera de trois slots de Cartes des étoiles qui lui sont spécifiques qu’il faudra bien évidemment débloquer parmi les 324 disponibles à ce jour. Il y a quatre niveaux, passant de Blanc, Vert, Bleu et Violet, allant de la carte Habituelle à la carte Épique bien sûr. Les cartes Violettes sont donc bien plus fortes et peuvent par exemple reprendre les caractéristiques du carte Blanche mais avec un effet et un bonus bien plus important, parfois deux à trois fois mieux. Cela peut donc clairement créer un déséquilibre en jeu, surtout qu’il s’agit bien ici de compétences passives ou de bonus octroyés en pleine partie.
Et c’est là qu’est le problème : le joueur devra crafter inlassablement ses Cartes des étoiles pour espérer obtenir quelque chose de convenable. Il est donc possible d’augmenter le niveau d’une carte en craftant et au vu de ce qu’il est demandé, il faut absolument aimer le grind. Passer d’une carte des étoiles blanche à quelque chose de violet nécessite des dizaines d’heures de jeu, en plus des autres prérequis (avoir son compte au niveau 10 et obtenir le niveau 5 dans sa classe pour la verte, être niveau 20 et avoir sa classe niveau 25 pour la violette). Comprenez ici la nécessité d’enchaîner les parties pour augmenter son niveau mais également celle de chaque classe, auquel cas il ne sera pas possible de s’équiper de slot intéressant. Et si l’on vous expliquait que tout cela pouvait s’acquérir avec des lootboxes payantes ?
Alors bien sûr, rappelons que les micro-paiements ont été désactivés lors de la sortie du jeu. Nous ne rentrerons donc pas en profondeur dans le système puisque le système n’est aujourd’hui plus disponible. Mais il est important de le souligner, surtout quand on remarque la gronde des joueurs et de la presse lorsque nous avons été confrontés à ce système particulièrement tordu. En fait, au vu du grind intensif qu’il faut pour obtenir les équipements rares, on pouvait faire chauffer la carte bleue et obtenir de l’équipement plus facilement, créant à la fois un déséquilibre en jeu, mais soulève aussi des questions du côté de l’addiction et de l’assimilation aux jeux de hasard. Le truc, c’est que l’éditeur, Electronic Arts, a désactivé temporairement les microtransactions. Nous ne sommes donc pas à l’abri que les lootboxes reviennent dans les semaines à venir, comme à l’approche des fêtes de fin d’année une fois qu’il est prêt à débarquer sous le sapin. Nos confrères de Star Wars Gaming ont calculé, avant les modifications effectuées depuis la sortie du jeu, qu’il fallait environ 4528 heures de jeu pour 2100$ afin de tout débloquer. Oui quand même.
Non, Star Wars Battlefront II n’est pas un mauvais jeu. C’est juste un titre qui souffre atrocement de mauvaises décisions et d’un pôle marketing complètement à côté de la plaque. Les développeurs ont su reprendre les bases du premier volet pour faire enfin un jeu complet avec la présence des batailles spatiales et d’une campagne intéressante aux yeux des fans, bien que sans réelle profondeur et au gameplay insipide. Techniquement irréprochable, Star Wars Battlefront II peut aussi se targuer d’avoir un cachet visuel à couper le souffle, nous emmenant aux quatre coins de la galaxie. On peut aussi compter sur un contenu plus abouti et c’est bien là le souci : le modèle économique basé sur du grind intensif met beaucoup trop en avant des lootboxes payées plein pot. C’est un désastre et il faut parfois savoir dire non à ces éditeurs avides d’argent facile. Et même en faisant fi de ces lootboxes qui peuvent revenir à tout moment, le level-design des cartes n’est finalement pas très recherché, et l’on peut être vite découragé par cette progression déséquilibrée. Dommage, Battlefront II avait tout pour plaire et finalement, on se retrouve avec un épisode sans profondeur et sans réelle saveur.
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