Bien que la franchise n’ait rien donné de bon au cinéma depuis 2005, et sur petits écrans depuis une grosse dizaine d’années, Star Wars continue de faire vendre des produits dérivés par cargos entiers. On parle de figurines, peluches et autres DVD, mais aussi, bien sûr, de jeu vidéo. Et à ce niveau là, la liste est longue, au point qu’on aurait presque l’impression que des projets autour de la saga de Georges Lucas naissent tout le long de l’année, sans trêve. Impression renforcée par des sorties et re-sorties régulières. Dernière en date, Star Wars : Dark Forces Remaster, une maigre poignée de semaines avant le retour des Star Wars Battlefront originels.
Une surabondance qui ne fait pas peur aux détenteurs des droits, et qui, d’une certaine manière, est encouragée par les joueurs qui se ruent en bon nombre sur tout ce qui est estampillé Star Wars. Et il faut les comprendre, puisque la franchise a été adaptée à toutes les sauces sur nos PC et consoles, mais que le maître mot demeure, généralement, qualité. Star Wars : Dark Forces, quant à lui, s’essayait au DOOM-like en 1995, période propice aux expérimentations 3D. Ce qui lui permit, à l’époque, de recevoir un accueil chaleureux. Malheureusement, nous allons voir que ce qu’il était il y a trente ans ne convient plus vraiment aux standards actuels, même avec un lifting.
Conditions de test : Nous avons passé une dizaine d’heures sur le titre dans sa version Xbox Series X, ce qui fut suffisant pour voir le terme de son aventure et relancer quelques missions en mode Difficile. Ce test est garanti sans spoiler.
Sommaire
ToggleJedi Academy
Avant toute chose, il est bon de noter que Star Wars : Dark Forces Remaster est développé par Nightdive Studios. Une entreprise qui s’attache à la notion de conservation, si l’on peut dire, puisqu’elle est principalement célèbre pour son travail de restauration d’œuvres d’un autre temps. Ainsi, on lui connaît ses remasterisations de Turok et ses suites, DOOM 64 ou encore Shadow Man et System Shock. Un beau palmarès, d’une certaine manière, qui s’accompagne malheureusement de détracteurs pointant du doigt un opportunisme éhonté, et un travail de refonte minimaliste. Mais qui est dans le vrai ?
Difficile de le dire en regardant simplement les notes de ses productions, puisqu’elles oscillent entre le médiocre et le très bon. Visiblement, la planète jeu vidéo ne parvient pas à s’accorder sur ce sujet épineux. Mais s’il fallait prendre l’exemple de Star Wars : Dark Forces Remaster pour faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre, alors on parierait plutôt sur l’option opportuniste, malgré tout le respect que nous portons aux travaux et intentions du studio. Non pas que le jeu soit mauvais, loin s’en faut, mais il faut reconnaître que lifté ou non, il souffre d’un aspect fortement daté, plus que d’autres FPS de son époque.
Alors attention, le titre originellement développé par LucasArts possède bon nombre de fans, et pas seulement parmi les joueurs l’ayant découvert à l’époque de sa sortie, période la plus propice à l’apprécier. Ce que l’on veut surtout dire par là, c’est qu’il possède bien des qualités, parmi lesquelles une volonté d’étendre le lore de la franchise, en nous faisant incarner une légende (jusque-là inconnue) du combat rebelle, puis suivre les réactions de Dark Vador après certaines missions. Un petit plus très appréciable, qui peine malheureusement à convaincre aujourd’hui en raison d’une présentation austère.
Chaque mission est en effet présentée de la même manière, à savoir sous forme textuelle, dans une interface désuète et peu lisible. Il arrive qu’elles nous parviennent suite à une cinématique, plutôt impressionnante en 1995, mais là encore assez risible en 2024, malgré un travail de refonte bien visible. Chose que Nightdive Studios ne pouvait pas contrer, c’est évident, si l’intention première n’était que de partir sur une remasterisation, et non sur un remake. Réflexion qui nous a fait nous questionner sur l’intérêt de cette sortie tarifée une trentaine d’euros, dans un monde où le jeu original est encore disponible sur Steam pour une bouchée de pain…
Elite Squadron
D’autant que si le titre a acquis un statut culte au fil du temps, du moins dans certaines sphères, il semblait pourtant déjà dépassé sur plusieurs aspects en 1995. Prenez son level design, par exemple, et comparez-le à DOOM ou sa suite directe, Hexen ou encore Heretic. Chacun de ces quatre projets se veut labyrinthique. Ils vont crescendo dans cette direction à mesure que l’on progresse dans leur aventure. Star Wars : Dark Forces a lui aussi cette volonté, néanmoins les équipes de LucasArts ne désiraient visiblement pas partir sur une recette trop proche de ce que proposait déjà id Software. Ce qui donne une progression déroutante dans un premier temps, puis rébarbative à la longue.
A côté de cela, ses décors sont plutôt minimalistes, ce qui ne participe qu’à nous perdre encore plus, et inutilement, dans ses maps pourtant pas particulièrement vastes (par rapport à la concurrence). Chose que n’arrange pas cette version remasterisée, qui se contente finalement de lisser tout ce qui pouvait l’être, pour un résultat qui perd le charme de l’ancien sans gagner en beauté objective. Les réfractaires au pixel apparent seront sûrement ravis, mais les autres ne verront là qu’une version dénuée d’âme d’un jeu déjà pas bien agréable à l’œil à l’époque de sa sortie initiale. Impressionnant techniquement, certes, mais trop uniforme.
Cela étant, il faut lui reconnaître quelques bons points en matière d’immersion, à condition de parvenir à rentrer dedans malgré les écueils cités plus tôt. Par exemple, ses cinématiques sont entièrement doublées en français, et il est par ailleurs possible de changer la langue dans les options. Tous les ennemis humains ont aussi droit à leur ligne de dialogue attitrée, même si elles finissent évidemment par tourner en rond. Et d’une manière générale, l’ambiance sonore de la franchise cinématographique est retranscrite à merveille, avec notamment les bruitages typiques des différents droïdes ou des armes laser.
Dommage que cela s’accompagne encore d’un défaut notable. On parle bien entendu de la bande sonore de ce Star Wars : Dark Forces qui, déjà à l’époque, tournait tellement en boucle qu’elle finissait par taper sur le système de tout joueur possédant encore ses deux tympans. Ce qui est regrettable, car dans l’absolu ses mélodies ne sont pas mauvaises, reprenant avec des sonorités caractéristiques des années 90 les morceaux connus et appréciés de la trilogie originelle. Il semble évident qu’une refonte intégrale de l’aspect musical s’imposait, mais l’accent a visiblement été mis sur d’autres facettes du développement.
Empire at War
Beaucoup de défauts le gangrènent en profondeur, mais il faut reconnaître que sur le plan du gameplay, Star Wars : Dark Forces a plutôt bien vieilli. Plus proche d’un Quake (sortant l’année suivante) que d’un DOOM, dans la mesure où le titre de LucasArts permet de déplacer le pointeur dans toutes les directions, il offre des sensations de shoot plutôt agréables pour l’époque. Ce à quoi participe évidemment le sound design cité précédemment. Nous lui avons fait beaucoup de reproches jusque-là, mais il est vrai que l’on ne passe pas un mauvais moment à parcourir son aventure. Sauf quand son level design nous bloque bêtement.
Parce que Star Wars : Dark Forces est finalement plus à qualifier de jeu d’aventure que de DOOM-like, dans la mesure où il construit ses missions autour d’objectifs donnés, plutôt que d’une entrée et une sortie. S’il n’échappe pas au poncif des clés à ramasser, elles ne représentent pas le cœur de son expérience, qui s’axe plutôt autour de l’exploration de ses maps. Des environnements certes visuellement décevants, comme dit plus tôt, mais qui retranscrivent convenablement l’univers de la franchise, avec par dessus le marché une saveur rétro plutôt agréable. Dommage qu’on ait perdu les pixels, encore une fois.
Restent encore quelques limitations, parmi lesquelles une propension à la plateforme malgré une prise en main délicate, ce qui pousse à des chutes récurrentes et frustrantes. Heureusement, le jeu ne cherche pas à être punitif. On notera aussi qu’il arrive que l’on tombe à court de munitions, si l’on n’y prête pas attention, ce qui peut là encore être source de lassitude. À cela, les connaisseurs nous répondront certainement que les codes de triche sont nombreux et variés, et on serait tenté de leur donner raison, puisqu’ils peuvent se révéler salvateurs. Pas que le jeu soit trop difficile pour être bouclé sans, loin s’en faut, mais ils peuvent débloquer une situation en quelques secondes.
Une carte est bien disponible dans les options, mais comme chez beaucoup de titres de l’époque, sa lisibilité laisse beaucoup à désirer. Ainsi, ne comptez pas sur elle pour vous aider à vous sortir d’un mauvais pas, à trouver où aller dans une mission qui vous a complètement perdus. Dommage, là encore, que Nightdive Studios n’ait pas cherché à proposer quelque chose de plus parlant, et surtout compréhensible. Enfin cela participera à rallonger un brin l’aventure, qui n’est de toute façon pas bien longue, puisqu’il ne vous faudra pas plus de huit heures pour en voir le bout, en prenant votre temps. Heureusement, Star Wars : Dark Forces Remaster est vendu moins de trente euros.
Cet article peut contenir des liens affiliés