Pendant longtemps, la saga Star Wars est restée confinée dans le moule des titres multijoueurs, avec plus ou moins de réussite et quelques polémiques au passage, sans parler des jeux annulés au fil des années. Mais Respawn a visiblement trouvé les bons arguments pour convaincre Electronic Arts de les laisser s’aventurer dans le terrain des AAA exclusivement solo, avec Star Wars Jedi: Fallen Order, et ce pour le plus grand plaisir des fans qui réclamaient une expérience de ce type à cor et à cri depuis le décevant Le Pouvoir de la Force II. Et si le studio a un lourd fardeau à porter, la Force est visiblement de son côté avec cet opus qui laisse augurer un nouvel espoir vidéoludique pour la saga.
Conditions de test : Nous avons terminé le jeu en mode Chevalier Jedi (Normal) en une vingtaine d’heures, en récupérant environ 70% des secrets et des coffres disséminés un peu partout. La partie a été effectuée sur une PlayStation 4 standard.
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ToggleUn Padawan pour mettre de l’ordre
Pourtant, les bases du titre avaient de quoi faire douter, puisqu’elles font d’abord état d’un risque zéro en ce qui concerne la période historique choisie pour ce Jedi: Fallen Order. Comme son titre l’indique, l’intrigue de cet opus se situe quelques temps (cinq ans précisément) après l’exécution de l’Ordre 66, qui demande d’exterminer tous les Jedi suite à la demande de l’Empereur.
Tandis que l’Empire traque les Jedi sans relâche dans toute la galaxie, le jeune Padawan Cal Kestis cache tant bien que mal son identité sur une planète miteuse, jusqu’au jour où il est contraint de révéler ses pouvoirs pour sauver une vie. Il n’en faut pas plus pour que l’Inquisition et les chasseurs de Jedi se mettent à sa poursuite, avec à leur tête la Seconde Sœur, une puissante ennemie qui maîtrise elle aussi la Force et qui rejoint la joyeuse troupe des méchants masqués charismatiques de la saga.
Bien qu’étant en fuite, Cal va devoir se mettre à la recherche d’une relique qui ne doit pas tomber dans les mains de l’Empire. Il est aidé dans sa quête par Cere, une ancienne Jedi qui s’est coupée de la Force, Greez, le pilote du Mantis et surtout le droïde BD-1, véritable touche-à-tout qui va devenir le meilleur compagnon qu’il soit. Nous n’en dirons évidemment pas plus afin de ne pas dévoiler les quelques surprises et autres références à l’univers.
La droïde-mania
D’un classicisme parfois trop poussé, le scénario de cet épisode se suit tout de même sans déplaisir, avec parfois de jolies séquences et des personnages auxquels on s’attache vite. S’il n’a pas le charisme de certains Jedi, Cal s’en sort finalement avec les honneurs, tout comme Cere qui se veut être le personnage le plus complexe du groupe.
Comme on pouvait s’y attendre, c’est surtout BD-1 qui fera l’unanimité ici, et qui perpétue avec réussite la tradition des droïdes mignons faisant office de sidekick. Le tout en étant extrêmement utile dans toute l’aventure, puisque c’est grâce à lui que Cal pourra déjouer toutes les mesures de sécurité informatiques qui lui barrent la route ou en piratant les drones adverse. Un véritable petit ange gardien en somme.
Avec une galerie de personnages comme ceux-là et une aventure à travers toute la galaxie, Jedi: Fallen Order parvient sans mal à retranscrire l’ambiance si particulière de la saga. En plus de cela, le studio a su emprunter des éléments au lore sans jamais trahir le canon, tout en ajoutant certaines pièces inédites (on pense surtout au bestiaire du jeu) qui s’assemblent à la perfection avec le gigantesque puzzle qu’est Star Wars.
Les fans de la saga devraient d’autant plus apprécier l’épopée de Cal en y décelant les multiples appels du pied effectués à l’univers étendu, principalement du côté des comics et de la deuxième trilogie (les épisodes I à III).
Praise the Force
Mais ce Star Wars Jedi: Fallen Order ne multiplie pas les clins d’œil qu’à son propre univers, mais également à d’autres licences videoludiques bien célèbres. Décrit comme un jeu d’action et d’aventure, le titre pioche allègrement dans tout ce qui a fonctionné ces dernières années dans ce genre bien précis, en allant d’un extrême à un autre. Ainsi, on se retrouve alors en face d’un savant mélange entre l’aspect grandiloquent d’un Uncharted, des énigmes à la Tomb Raider et une exigence héritée des jeux From Software.
Heureusement, on est loin de la créature de Frankenstein, et l’ensemble est plus harmonieux qu’il en a l’air. C’est surtout le côté exigeant des combats qui intriguera le plus les joueurs, surtout pour ceux qui ne seraient pas adeptes des défis les plus relevés. Oui, Jedi: Fallen Order risque de vous en faire baver avec des combats aussi techniques que spectaculaires.
Armé de son sabre-laser – dont il peut personnaliser le look à sa guise – et de la Force, Cal aura parfois bien du mal à garder le contrôle de la situation à partir du moment ou un groupe d’ennemis lui barre la route, surtout lorsque des Purge Troopers (des soldats traquant les Jedi) s’en mêleront.
Deux ou trois coups bien placés peuvent sonner le glas de cette aventure, et les imprudents sont punis à la moindre précipitation. L’esquive, la patience et la parade vont alors vite devenir le nouveau credo de notre Padawan, tout comme les différentes utilisation de la Force qui doivent être maîtrisées afin de pouvoir progresser sans trop trébucher.
Échouer souvent, tu devras
Car comme dans les Souls-like, la mort entraînera la perte de l’expérience accumulée en vous ramenant au dernier simili « feu de camp », et seul un nouvel affrontement avec l’ennemi qui vous a terrassé vous donnera accès à votre savoir perdu. Le titre évite tout de même de tomber dans la même « polémique » qui avait touché Sekiro en proposant cette fois-ci un mode Facile très accessible, qui offre une fenêtre de parade bien plus large.
C’est cependant dans les autres modes de difficulté que l’on pourra mieux saisir l’essence de ces combats. De plus, cette sensation de mort et de danger imminent participe à instaurer davantage ce sentiment d’urgence autour de la mission de Cal, qui est traqué à travers toute la galaxie par une force qui le dépasse complètement.
C’est parfois un peu brouillon, mais on prend un vrai plaisir à envoyer valser les Stormtroopers et autres créatures grâce aux pouvoirs de notre Jedi, et les joutes au sabre-laser se payent des chorégraphies qui feront jubiler tous les amateurs de cette discipline.
Les affrontement contre les boss en sont le meilleur exemple et demandent un apprentissage minutieux de leurs patterns afin de pouvoir en venir à bout. Très réussis, notamment contre les membres de l’Inquisition, ces duels donnent une véritable satisfaction lorsque l’on en vient à bout après de multiples échecs.
Les mystères de la galaxie
L’exigence des affrontements n’est pas la seule influence des titres de From Software, puisque les niveaux de Jedi: Fallen Order s’articulent autour d’un level-design similaire aux mondes proposés par le studio japonais. Pas de monde ouvert ici, mais des planètes (au nombre de cinq) qui disposent d’une très grande aire de jeu, avec toutes les zones interconnectées comme un gigantesque donjon.
On retrouve alors des tas de raccourcis à débloquer, mais aussi des secrets à trouver dans les recoins de la map, sans oublier quelques défis annexes. Autrement dit, tous les ingrédients nécessaires pour fabrique un bon metroidvania. Des mécaniques qui permettent alors au titre de s’assurer une bonne durée de vie qui avoisine les vingt heures de jeu à un rythme normal.
L’absence d’une fonction voyage rapide, qui fait gonfler le temps de jeu, pourra néanmoins se faire sentir chez les collectionneurs qui souhaitent récupérer tous les éléments de personnalisation pour Cal, BD-1, son sabre et le Mantis. Cela donne au moins une bonne excuse pour naviguer une nouvelle fois à travers ces environnements riches et réussis.
Le côté plateforme est toutefois encore perfectible, et souffre d’imprécisions lors de certains séquences, comme celles où notre personnage dévale à toute allure des pistes glissantes. Le tout s’améliore au fil de l’aventure grâce aux capacités obtenues par Cal et sa maîtrise de la Force, qui permettent de créer de nouvelles plateformes en les attirant vers soi ou en stoppant le temps.
Les énigmes proposées dans les tombeaux jouissent elles aussi de ces améliorations et deviennent plus intéressantes, à défaut d’être complexes. Crapahuter partout reste donc très satisfaisant, notamment lorsque l’on voit la qualité de la direction artistique, qui nous offre de jolis panoramas à contempler dans plusieurs types de biomes.
Le moteur cale
Le bilan serait parfait si la technique ne venait pas troubler l’équilibre. Sur PlayStation 4 standard, le titre affiche la plupart du temps un framerate constant, hormis sur deux ou trois zones, mais l’aliasing très présent terni quelque peu l’expérience.
Le travail sur les textures aurait demandé un peu plus de temps de développement, tout comme la modélisation de certains personnages qui s’avère être moyenne, voire catastrophique (on pense à vous les Wookies filiformes). Un patch serait fortement appréciable et permettrait de polir un peu certains endroits qui en auraient bien besoin, tout comme deux ou trois animations.
Le titre s’en sort mieux sur le travail sonore, où l’on retrouve toute la qualité de sound-design que l’on attend d’une production issue de la saga. La partition de Stephen Barton colle parfaitement à l’aventure et ne pourrait pas sonner plus Star Wars qu’elle ne le fait déjà, surtout lorsqu’elle est couplée aux thèmes légendaires des films.
Rendons également hommage à la VF, dont les doublages sont les seuls disponibles (à moins de toucher aux paramètres de la console). Les puristes pourront s’en plaindre, mais ce serait faire fi de l’excellent travail de l’ensemble du casting, dans lequel Adrien Larmande interprète d’ailleurs le personnage de Cal avec brio.
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