Acclamé par la critique et par les joueurs, Star Wars : Knights of the Old Republic conserve une aura toute particulière, presque divine, en témoigne son score Metacritic. Le jeu de BioWare aura même droit à son remake sur PlayStation 5, chose surprenante puisqu’à l’époque c’était bien la concurrence qui avait eu droit à sa version console. Qu’à cela ne tienne, chez Nintendo on pratique les bonds dans le passé avec une Switch qui accueille des portages à tour de bras. Et justement, ce mois-ci c’était au tour de Star Wars : Knights of the Old Republic II : The Sith Lords de débarquer sur l’eShop. L’occasion de replonger dans une aventure à l’époque dantesque, le tout pour moins de 15 euros. Suivez le guide !
Conditions de test : Nous avons joué une grosse vingtaine d’heures, autant sur une Switch classique que sur un modèle Lite. Plusieurs bugs ont compliqué notre progression, mais nous n’avons subi aucun crash.
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ToggleLes premiers pas d’Obsidian
Si le premier épisode était développé par BioWare, célèbre studio à qui l’on doit notamment les Mass Effect et la série Baldur’s Gate, déjà plutôt influent à l’époque (2003), c’est autre chose concernant sa suite. Star Wars : Knights of the Old Republic II : The Sith Lords, que l’on va se contenter d’appeler KOTOR II pour le reste de cet article, est quant à lui une production Obsidian Entertainment. Jeune studio dont c’est le tout premier travail, mais qui va par la suite nous offrir pléthore d’expériences marquantes.
Vous connaissez KOTOR II, au moins de nom, sans quoi vous ne seriez sûrement pas tombés sur cet article. Mais saviez vous que ses développeurs sont aussi ceux qui ont réalisé Neverwinter Nights 2, South Park : Le Bâton de la Vérité, ou encore Fallout : New Vegas et The Outer Worlds ? Un palmarès qui a de quoi impressionner, d’autant qu’en observant à la loupe la longue liste de projets entrepris par l’entreprise américaine, il apparaît clairement qu’il n’y a pas un seul raté. Et si ce n’est pas une première dans l’industrie, c’est tout de même d’une rareté remarquable.
D’ailleurs, le premier jeu du studio ne démérite pas, ce que nous allons tâcher de définir dans les lignes qui suivent. Mettons toutefois l’accent sur un détail important : le jeu n’était, à l’époque, pas dénué de défauts. Autrement dit, puisque c’est bien de la version Switch que l’on va parler aujourd’hui, sortie en 2022, soit 18 ans après le jeu original, il va sans dire que l’on se doit d’être un brin cassant sur certains aspects qui nous semblent difficiles à accepter aujourd’hui. Maintenant que vous voilà prévenus, nous pouvons débuter sereinement.
Une base connue, mais solide
Bien que la plupart des développeurs de chez Obsidian Entertainment n’en étaient pas à leur coup d’essai, il s’agit malgré tout du premier jeu du studio. En cela, une pression énorme pesait sur ses épaules, après le carton critique que fut Star Wars : Knights of the Old Republic. Heureusement, l’équipe ne reprend pas le travail de zéro, et conserve donc une très grosse partie de ce qu’a conçu BioWare, pour ne pas dire la totalité. Bonne ou mauvaise chose ? La réponse est mitigée !
Pour commencer, niveau gameplay rien ne bouge. On conserve une barre d’actions en bas de l’écran qui affiche chacune des possibilités réalisables en un temps donné. Lisible, ce système reste un poil austère pour l’époque, et carrément dépassé aujourd’hui. On s’en accommodera malgré tout aisément. Idem au niveau des dialogues à choix multiples, qui étaient assez mal habillés pour l’époque, mais qui conservent en contrepartie une lisibilité très correcte. Ce qui posera plus problème, c’est finalement tout le reste des éléments qu’Obsidian Entertainment aurait dû mettre à jour en 2004.
On pense, pour commencer, aux menus, qui manquent cruellement de lisibilité. Tout néophyte se lançant dans l’aventure aujourd’hui, malgré le fait que ce second volet soit plus accessible, aura fort à faire pour surmonter cet aspect vieillot et trop abondant en écrits. Il en va de même du coté de la progression de nos personnages. Certes, c’est très complet et toujours aussi plaisant quand on sait où l’on met les pieds. Autrement dit quand on connaît déjà la licence, ou que l’on est joueur de RPG depuis longtemps. Mais là encore, quelqu’un qui souhaiterait simplement découvrir KOTOR se heurterait à un mur d’informations indigestes.
Et puis, si techniquement le titre est très similaire à son grand frère, puisque pourvu du même moteur et reprenant une grosse partie de ses modèles 3D, ce n’est malgré tout pas la panacée. On aimerait vous dire qu’à l’époque, KOTOR II était très beau. Et d’une certaine façon, c’est vrai qu’il était solide. Mais c’était sans compter sur tout l’habillage. Ses animations étaient déjà dépassées et ses effets visuels aussi. Quant à ses environnements, ce second volet fait le choix d’intérieurs d’une austérité affligeante. C’est un peu comme si un jeu de plateforme se contentait de nous faire parcourir une série d’égouts : même avec toute la bonne volonté du monde, ça finit par lasser.
Narration touffue et bugs aléatoires
Dans Star Wars KOTOR II, on incarne un, ou une, Jedi à une période où ceux-ci ont quasiment disparu. On a évidemment droit au sempiternel texte jaune sur fond noir déroulé en début de partie, nous expliquant à quelle époque situer l’histoire, et quels sont les événements marquants survenus peu avant le début de l’aventure. À noter qu’une guerre a fini de dissoudre l’ordre Jedi, reléguant les chevaliers au rang de véritables parias, recherchés par diverses factions pour des raisons différentes. Mais en général, on ne leur veut pas du bien. Il en va évidemment de même pour ce qui est de notre avatar.
Passons sur l’éditeur de personnage simpliste, et intéressons nous plutôt aux débuts de l’aventure. Celle-ci prend le pari osé, mais intelligent, de nous laisser le choix de suivre son laborieux tutoriel ou non. Celui-ci est complet, longuet aussi, mais nécessaire dans le cas où vous ne connaîtriez absolument pas la franchise. Et on ne va pas se mentir, nous l’avons fait aussi, bien que le premier KOTOR était encore très frais dans notre esprit. L’ennui, c’est que la première zone que l’on explore après cette séquence de tuto non déguisée reprend elle aussi une partie des didacticiels et conseils aux néophytes que l’on a déjà eu du mal à ingurgiter plus tôt. Une redite dommageable.
On apprend rapidement que l’ordre Sith est à nos trousses, plus particulièrement un maître énigmatique, et qu’il faut donc quitter rapidement la colonie minière sur laquelle nous sommes pour ainsi dire bloqués, mais miraculeusement saufs contrairement à la totalité des employés et familles. L’occasion de prendre pleinement conscience d’un point essentiel : KOTOR II est un jeu mature, qui ne prend aucun détour pour nous parler de morts, même lorsque celles-ci sont d’une violence inouïe. Le tout avec un ton étrangement calme, ce qui a parfois de quoi dérouter ou faire sourire.
Cela n’empêche pas la narration d’être une franche réussite. Certes, elle a beaucoup vieilli, puisque ne passe que par des dialogues doublés dans un français presque monocorde. Chapeau bas aux comédiens d’ailleurs, puisque l’on sent bien que ceux-ci ont essayé de dynamiser le tout, de le rendre plus digeste, sans toutefois que le succès soit toujours au rendez-vous. On a presque l’impression, et c’est loin d’être impossible, que ceux-ci n’avaient pas accès aux images du jeu pendant les enregistrements. Enfin dans l’ensemble, cela marche tout de même plutôt bien.
Enfin cela marcherait mieux sans la palanquée de bugs qui gangrènent l’expérience, comme chez un KOTOR premier du nom. Chaque souci qui faisait du tort au jeu original est présent dans cette version de 2022. Du mixage audio aléatoire aux fautes d’orthographe et de grammaire énormes dans le texte, en passant par les animations qui ne s’effectuent pas correctement en combat ou encore les dialogues qui s’interrompent. On aurait apprécié un effort à ce niveau, ne serait-ce qu’une petite retouche çà et là. Mais il faut bien le reconnaître, à l’instar de Star Wars : Knights of the Old Republic, ce second portage pue la paresse à plein nez.
Le cœur du jeu est intact, ouf !
Pour ce qui est du reste, KOTOR II demeure une expérience sacrément riche et intéressante, à condition bien sûr d’être à même de passer outre ses différents problèmes, l’austérité de ses menus et dialogues, ou encore ses graphismes qui ont pris un énorme coup de vieux. Ce n’est pas évident, mais parvenir à s’ouvrir à cette aventure de 2004, c’est se donner la possibilité de découvrir l’une des meilleures adaptations du lore de Star Wars, le tout rythmé par une bande son tout bonnement divine, puisque reprenant les thèmes orchestraux des films.
Les combats sont un peu mous, mais le système fonctionne toujours aussi bien, notamment parce que les possibilités sont tout bonnement énormes. Bien sûr, RPG dans l’univers de Star Wars oblige, il vous faudra choisir dans quel camp vous êtes le mieux, entre la voie lumineuse et le côté obscur. Cela passe par des choix en dialogue, principalement, et quelques décisions à prendre en jeu. Globalement, vous serez plus proche de la lumière si vous êtes pondérés dans vos réponses et vos actes, et vous pencherez pour l’obscurité en favorisant la violence et la vulgarité. À réfléchir sérieusement, puisque votre inclinaison est cruciale dans la progression, certains personnages ne vous aidant que si vous êtes de leur côté, et inversement.
La construction de l’aventure est plutôt bien pensée, quoique un brin plus linéaire que ce à quoi nous habituait KOTOR, et les rebondissements du scénario s’avèrent très plaisants à découvrir. Il se dégage une ambiance assez singulière de ce jeu, que viennent magnifier toutes les démonstrations de violence et de haine dont nous sommes témoins, de près ou de loin. Le titre fait preuve d’un jusqu’au-boutisme surprenant dans les thèmes qu’il aborde.
Enfin, dans la droite lignée de Knights of the Old Republic premier du nom, KOTOR II s’offre le luxe d’un contenu tout bonnement immense, avec une durée de vie moyenne tournant dans la cinquantaine d’heures. Le tout dans un monde découpé en grosses zones, qu’il n’est pas possible d’explorer vraiment à notre guise, ce qui ne plaira clairement pas aux amoureux de l’open-world façon Assassin’s Creed Origins. Mais ce côté old school a aussi ses bons aspects, notamment dans la narration, qui est certes parfois un brin décousue, mais demeure assez présente malgré tout.
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