Après plusieurs années de développement, Star Wars Outlaws est enfin disponible sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series depuis le 30 août dernier. Chapeauté par les suédois de Massive Entertainment (The Division, Avatar: Frontiers of Pandora), en collaboration avec Lucasfilm Games et avec le soutien des studios d’Ubisoft Annecy, Bucarest, Chengdu, Milan, Montpellier, Paris, Shanghai, Toronto, RedLynx et Stockholm, il s’agit de la toute première adaptation en monde ouvert dans l’univers de la célèbre licence de science-fiction. Très attendu en conséquence, ce jeu d’action et d’aventure solo coche-t-il toutes les cases pour séduire un large public ? Réponse dans ce test garantit sans spoilers majeurs.
Conditions de test : Test réalisé à l’aide d’une édition Ultimate numérique fournie par l’éditeur et tournant sur un PC portable AORUS 17H BXF (2023) équipé d’un processeur Intel Core i7-13700H (2,4 GHz), d’une NVIDIA GeForce RTX 4080 Laptop, d’une mémoire vive de 16 Go de RAM DDR5, d’un écran LCD 17,3 pouces de résolution 1080p et d’une manette Xbox One. Notre session a duré environ 32h, temps nécessaire pour terminer la campagne principale, effectuer de nombreuses missions secondaires, participer à des activités annexes et explorer les planètes ainsi que leurs orbites à notre rythme, le tout en difficulté Normal et en configuration graphique Élevée (NVIDIA DLSS activé, ray tracing désactivé). Notez que le point de vue exposé dans cet article est celui d’une personne ayant regardé tous les films de la franchise, spin-off compris, certaines séries et joué à plusieurs adaptations tirées de la saga.
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Toggle« Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine… »
Prenant place entre les événements de l’Empire contre-attaque et du Retour du Jedi, Star Wars Outlaws nous invite à incarner la mercenaire Kay Vess. Aux côtés de Nix, son fidèle compagnon merquaal, elle vit sa vie à sa manière dans le district des ouvriers de Canto Bight, la ville côtière de Cantonica visible dans le long-métrage Les Derniers Jedis. Cependant, en se lançant constamment dans des coups trop ambitieux en solitaire, elle finit par accumuler les dettes et s’attirer les foudres du gang local.
Sur les conseils de Bram, le barman qui l’héberge, elle participe donc à une opération visant le Zerek Besh et censée lui permettre d’obtenir son ticket pour quitter la planète. Malheureusement, la situation dérape et, après avoir réussi à échapper de justesse au chef de ce dangereux groupe de la pègre nommé Sliro, elle se retrouve traquée par ce dernier dans toute la Bordure Extérieure. Afin de pouvoir acheter sa liberté, elle est désormais contrainte de travailler pour les Pykes, l’Aube Écarlate, les Hutts et le Clan Ashiga, des syndicats du crime rivaux, jusqu’à pouvoir organiser un braquage suicidaire ciblant justement celui qui a mis sa tête à prix.
Bénéficiant d’un pitch introductif accrocheur sur le papier, le niveau d’écriture global proposé par Ubisoft Massive est de bonne facture, sans être incroyable ni inoubliable pour autant. Même si elle ne parvient à nous surprendre qu’à deux ou trois occasions, la faute à des ficelles scénaristiques souvent trop évidentes à anticiper, la campagne principale reste sympathique et intéressante à suivre du début jusqu’à la fin. Elle s’intègre parfaitement à la chronologie de la saga et retranscrit avec respect cette période de la trilogie originale où l’Empire et les cartels ont la mainmise sur le quotidien des peuples de la galaxie.
Toutefois, l’arc Toshara tire un peu en longueur et celui dédié à Kijimi manque de profondeur par rapport à ce que le prologue, le chapitre final, ainsi que les actes se déroulant sur Tatooine et Akiva nous offrent sur le plan narratif. Nous regrettons également que la quête « Le Pari de Jabba » soit réservée aux possesseurs des éditions Gold et Ultimate car elle ne se démarque pas assez de la majorité des autres missions disponibles pour justifier pleinement son exclusivité à ces versions.
Concernant le casting, les personnages rencontrés au cours de l’aventure sont suffisamment nombreux, variés et charismatiques pour porter solidement une production de ce calibre, peu importe leur camp et leur importance dans le récit. Kay et Nix sortent bien évidemment davantage du lot mais nous apprécions aussi beaucoup la personnalité à la fois rationnelle et déjantée d’Ank. Pour ce qui est de la mise en scène, elle fait le job, notamment grâce à des doublages originaux et français convaincants et la présence de superbes cinématiques arrivant parfois à nous faire oublier le manque de panache et de finition de sa réalisation.
Quant à la bande-son, les musiques imaginées entre autres par Simon Koudriavtsev, Wilbert Roget II, Jon Everist, Kazuma Jinnouchi et Cody Matthew Johnson sont un régal pour les oreilles. Sincèrement, l’équipe audio a su s’inspirer avec brio des compositions de John Williams pour mettre en valeur comme il se doit l’épopée et son univers si iconique par le biais de sa dimension sonore.
Un gameplay classique mais efficace axé sur l’infiltration…
Côté gameplay, celui de Star Wars Outlaws est conforme à ce à quoi nous avions eu droit en juillet dernier. Autrement dit, il se dote de mécaniques de jeu efficaces, bien pensées et huilées dans l’ensemble, mais très classiques pour le genre action-aventure, en se focalisant essentiellement sur trois axes : l’infiltration, les combats et l’exploration.
Se déroulant uniquement à pied, le premier nous ressert une formule vue et revue depuis des années où nous progressons jusqu’à notre prochain objectif en essayant de ne pas nous faire repérer par les gardes présents dans la zone dans laquelle nous évoluons. Dans le cas contraire, cela provoque notre expulsion à l’entrée de celle-ci, un retour au dernier point de contrôle ou déclenche une escarmouche.
Afin d’éviter ces désagréments, il faut identifier avec un minimum de réflexion les différents chemins possibles en fonction des trajets empruntés par les patrouilles. Pour y parvenir, diverses approches sont disponibles comme les observer à longue distance avec nos électrojumelles, avancer en position accroupie d’abris en abris, passer par les conduits de ventilation, ainsi que demander à Nix de faire diversion, tomber ou rapporter un objet, saboter une alarme ou encore activer une grenade attachée à la ceinture d’un ennemi.
Nous pouvons également neutraliser un adversaire isolé en le prenant par surprise ou en tirant un rayon étourdissant avec notre blaster. Mais attention, ces deux actions sont plus délicates à réaliser face aux droïdes et aux soldats lourds, à l’image des Gamorréens du clan des Hutts. Dans le premier cas, un outil spécifique que nous n’avons pas débloqué durant notre session est nécessaire. Dans le second, il faut attaquer au corps-à-corps après avoir usé de notre rayon pour arriver à nos fins.
… Des combats plaisants…
Quand l’affrontement est inévitable, à pied, notre blaster nous sortira de la plupart des situations, et ce bien que Kay ne soit pas une Jedi ou une Sith mais une « simple » hors-la-loi humaine pouvant difficilement survivre face à un trop grand nombre d’ennemis (surtout s’ils appartiennent à l’Empire !). Améliorable et personnalisable tout au long de la partie, il dispose de trois modes qui ont tous leur propre utilité.
Plasma est la configuration standard capable d’abattre la majorité des gardes. Le module ionique peut paralyser ces derniers temporairement, est redoutable contre les droïdes et fait dysfonctionner un petit bouclier pendant quelques instants. Quant à Puissance, il est conçu pour nous faciliter la tâche contre les soldats lourds. Et si ce n’est pas suffisant, nous pouvons lancer une grenade, faire exploser des sortes de barils rouges, s’équiper d’une arme adverse jusqu’à vider entièrement son chargeur, faire parler nos poings ou encore user de notre montée d’adrénaline (sa jauge se remplit petit à petit lorsque notre mercenaire est sous pression).
Dans l’espace, c’est aux commandes du Trailblazer que nous livrons bataille. S’il s’agit à l’origine d’un vaisseau pensé pour le transport, il demeure assez maniable et peut être amélioré et personnalisé afin de tenir tête à des modestes flottes de pirates, de chasseurs TIE et même celles composées d’un ou deux petits croiseurs dont il faut cibler les points faibles en priorité pour espérer s’en débarrasser. Types des canons et du lance-missiles, tourelle, efficacité du bouclier, résistance de la coque, carburant et performances des moteurs, systèmes auxiliaires passifs équipés… il y a de quoi se faire plaisir pour une expérience orientée action-aventure.
En revanche, n’espérez pas participer à des combats de haute volée en speeder. Il est améliorable et personnalisable mais ne nous permet d’utiliser qu’un boost, des esquives droite et gauche, notre montée d’adrénaline et tirer parti de l’environnement autour de nous pour se défaire des appareils qui nous prennent en chasse. Concrètement, ce véhicule sert à explorer plus rapidement les planètes que lorsque nous sommes à pied et… c’est tout.
… Et une exploration riche et immersive…
En parlant d’exploration, les mondes ouverts de ce Star Wars Outlaws sont tous un réel plaisir à parcourir, et ce bien qu’ils soient loin d’être aussi vastes que ce qu’a pu nous proposer Ubisoft par le passé. Lune-savane de Toshara et son orbite jonchée de débris de vaisseaux, forêts tropicales et champs d’astéroïdes du système Akiva, canyons, déserts et dunes de sable de Tatooine, nébuleuse de Kijimi, villes de Mirogana, Mos Eisley, Myrra et Kijimi City… chaque terrain de jeu est vivant et immersif à sa façon, fidèle au lore de la franchise et joli, voire très joli, au point de nous inciter naturellement à prendre divers clichés avec le mode Photo et privilégier l’affichage cinématique permanent (celui laissant les bandes noires en haut et en bas de l’écran).
Qui plus est, les planètes, cités et espaces à notre portée sont tous susceptibles de regorger de secrets, trésors et activités à dénicher sans pour autant nous surcharger de contenu à l’excès. Le fameux système de tours à débloquer, dont l’éditeur français est pourtant à l’origine et friand depuis des années et des années, est également absent, ce qui plaira grandement à celles et ceux ne supportant pas de devoir s’y frotter à un moment ou à un autre.
Missions secondaires, annexes et contrats à honorer, caisses, coffres et ordinateurs à pirater sous formes de bips à reproduire en rythme ou Motus avec des symboles, crédits impériaux, tenues, ressources et collectibles à récupérer, marchands avec qui commercer, intermédiaires des syndicats à rencontrer, experts à aider et défis à relever afin d’améliorer les capacités de Nix, Kay, son speeder et son Trailblazer, mini-jeux sur bornes d’arcade, paris sur des courses de fathiers, parties de Sabacc, dégustation de la street food locale à coups de QTE… la durée de vie du titre a beau être moins importante que celles des précédentes grosses productions de la firme tricolore, celle-ci demeure dense, très dense.
Rappelons au passage que la grande majorité de nos actions réalisées pendant l’aventure ont un impact sur nos relations avec les Pykes, l’Aube Ecarlate, les Hutts et le Clan Ashiga, les quatre seules factions avec lesquelles nous pouvons tisser, ou pas, des liens de « confiance ». Si nous introduire dans un secteur interdit ou engager les hostilités contre leurs subalternes a peu de conséquences, les trahir dans le cadre d’une quête scénarisée ou terminer un contrat considéré comme majeur à leurs yeux peut davantage changer.
En fonction de la situation dans laquelle nous nous trouvons, il faut donc agir avec un minimum de prudence au risque de devoir faire une croix sur des avantages utiles tels que des réductions dans les échoppes affiliées, des contrats, ressources et récompenses exclusifs, ainsi qu’un libre accès à leurs districts. Dans le cas extrême où nos relations sont atroces, ces cartels enverront même des assassins nous traquer sur les planètes où ils ont une certaine présence.
… Malgré des soucis de conception et un manque de finition au lancement
Vous l’aurez compris, Star Wars Outlaws possède un bon nombre de qualités. Mais à l’image des précédentes copies rendues par Ubisoft et d’autres AAA concurrents commercialisés ces dernières années, tous les efforts fournis par Massive Entertainment sont gangrenés par des défauts de conception et soucis de finition plus ou moins gênants au lancement.
IA ennemie trop stupide ou omnisciente en infiltration et en combat, phases dans l’espace moins intéressantes qu’au sol à moins d’être particulièrement bien scriptées, redondance de l’expérience pouvant s’installer progressivement et avant même de conclure la campagne principale, bugs en tous genres, ralentissements, saccades, temps de chargement un peu longuets, collisions nous semblant tout sauf naturelles à pied et à bord d’un véhicule… une partie des problèmes répertoriés ont déjà été corrigés par le studio suédois mais nous espérons fortement que des mises à jour supplémentaires seront déployées le plus rapidement possible pour peaufiner tout ça au maximum.
Nous émettons également des doutes quant à la capacité des développeurs à avoir réussi à exploiter pleinement le potentiel graphique et technique du moteur Snowdrop. Malgré une configuration taillée à priori pour faire tourner le titre sans trop de difficultés en 1080p, les ventilateurs de notre PC portable ont été particulièrement sollicités durant notre session. Sans surprise, cela a été davantage le cas quand nous avons activé le ray tracing et le NVIDIA Reflex pendant une heure ou deux.
Tout en restant en configuration Élevée, nos pièces, carte graphique en tête, nous ont paru frôler la limite de ce qu’elles étaient en mesure d’encaisser pour un gain visuel minime. En attendant peut-être d’avoir droit à une optimisation améliorée dans les jours ou semaines à venir, notez qu’il vous faudra vraisemblablement posséder une machine puissante et dernier cri si vous souhaitez faire tourner la production à fond et dans une résolution supérieure à la nôtre.
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