Annoncé à l’E3 2018 en même temps que The Elder Scrolls VI, Starfield est un jeu aux multiples enjeux. D’abord du côté de Bethesda, à savoir s’ils sont toujours capables d’accoucher d’une toute nouvelle licence ayant le niveau d’un Elder Scrolls ou d’un Fallout, et celui de Microsoft qui doit offrir un symbole fort aux joueurs Xbox en matière d’exclusivité, surtout après la débâcle Redfall. En dehors des préoccupations liées à l’industrie, Starfield a de quoi faire rêver ceux qui regardent constamment les étoiles et rêvent d’un RPG qui apporte cette sensation de découvertes et d’aventure dans le cosmos. Sans plus attendre, voici notre verdict sur le Space Opera qui aura fait couler beaucoup d’encre.
Conditions de test : Nous avons terminé le jeu sur PC via Steam et joué 110 heures en tout afin d’observer tout ce que le jeu a à offrir. Notre configuration PC était la suivante : AMD Ryzen 5 2600 3.40 GHz, 16 Go RAM DDR4, AMD Radeon RX 6700 XT. Nos paramètres graphiques étaient en intermédiaire durant tout notre périple avec une résolution en 1080p. Nous avons également eu accès en avance aux pilotes graphiques AMD.
Nous ne divulguerons aucun spoil sur l’histoire et certaines mécaniques de jeu.
Sommaire
ToggleUne époque à la fois si loin et si proche
On ne s’en rend pas forcément compte sans avoir suivi toutes les informations dévoilées par la communication autour du jeu, mais Starfield possède d’abord un lore particulièrement immersif auquel on peut s’identifier. Contrairement à d’autres Space Opera, tel que Mass Effect, le jeu ne nous embarque pas dans un futur extrêmement lointain avec des avancées technologiques folles et des civilisations bien établies, comme on en a souvent l’habitude. Il prend place dans un avenir plus ou moins proche du nôtre où l’humanité a colonisé l’espace, mais à aujourd’hui, en 2330, perdu le frisson de l’exploration.
C’est en tant que nouveau membre d’un groupe d’explorateurs hétéroclites, appelé Constellation, que vous allez entamer votre aventure dans ce réseau tentaculaire de systèmes. Un nouvel esprit de découverte motivé par l’émergence d’un mystérieux artefact donnant une grosse part de mystère à ce périple. Ce fil rouge fait surtout office de point de repère au vues de tout ce qu’il y a à voir en dehors de cette intrigue. Les villes, les PNJ, les factions, les compagnons…, Bethesda ne nous a pas déçus en matière de construction d’univers, ce qui place Starfield dans la catégorie de ces jeux qui conspuent l’ultra dirigisme et les explications à rallonge pour nous laisser libre de nos mouvements.
En conséquence, les débuts peuvent être très intimidants car on ne sait pas vraiment pas où commencer si ce n’est suivre la quête principale. Les possibilités et les quêtes annexes affluent, mais rares sont ces jeux où l’on ressent le désir d’en apprendre toujours plus en lisant consciencieusement tous les journaux numériques et dialogues de PNJ. Ce cadre audacieux mélangeant futurisme et vintage nous met ainsi dans d’excellentes conditions pour ce grand voyage dans l’inconnu. Une bonne impression qu’il faut toutefois nuancer, car la mise en pratique peut s’avérer parfois un peu plus complexe.
Quantité et qualité ?
Starfield, c’est plus de 1000 planètes à explorer dans un titre qui se place à mi-chemin entre Skyrim et No Man’s Sky. Nous sommes plongés dans un RPG assez libre et ouvert tout en profitant d’une petite dose de simulation spatiale très agréable, notamment avec l’exploration de planète et le pilotage de vaisseau. Ce mélange ambitieux s’accompagne néanmoins de concessions qui cassent parfois l’immersion. Ce qui pourra chagriner le plus, ce sont les déplacements interstellaires à base de voyages rapides extrêmement récurrents. Pour résumer, décoller de votre vaisseau à partir d’une planète vous propulse en orbite autour de celle-ci après un petit temps de chargement. Vous devez ensuite ouvrir la carte de la galaxie, puis sélectionner un système et enfin, une planète pour entamer votre voyage.
Une fois sur le système choisi, vous volez en orbite autour de celle-ci, mais vous devez passer par un autre voyage rapide pour atterrir sur cette même planète ou bien pour se placer en orbite autour d’une autre planète de ce système. Concrètement, ce qui déçoit le plus dans Starfield, ce sont les transitions et ce manque de liberté dans l’espace. Néanmoins, le rendu n’est pas catastrophique pour autant puisque la possibilité de se balader à l’intérieur de son propre vaisseau, les séquences de décollage, d’amarrage ou de bond dans l’hyperespace nous mettent tout de même bien dedans. De même que la musique qui est assez discrète en général, mais qui met d’abord l’accent sur les ambiances avec de grosses montées de volume dans les moments épiques.
Ensuite, vient le système d’exploration au sein d’une planète. Bethesda l’a annoncé assez tôt, sur les 1000 planètes que l’on peut explorer, seuls une centaine abritent la vie, cependant il est nécessaire de bien préciser les choses. Cela veut surtout dire que le contenu unique spécifiquement crée par Bethesda est dilué dans une galaxie immense avec énormément de planètes ayant des points d’intérêt récurrent qui sont disposés aléatoirement lorsque vous atterrissez dans un environnement. Attention, il ne s’agit pas de générations procédurales, mais bien d’environnements désignés par les développeurs. Vous n’allez pas marcher en errant pendant des heures sur une planète pour en faire le tour, il s’agit surtout d’un moyen de visiter plusieurs biomes, analyser la faune et la flore, récolter des matériaux et explorer des avant-postes abandonnés remplis d’ennemis.
En ce qui concerne l’ouverture de l’exploration terrestre, c’est une autre histoire. Pour expliquer les choses simplement, vous pouvez atterrir ou vous voulez sur une planète (et ainsi expérimenter plusieurs biomes). Cela va créer un point d’atterrissage qui va fabriquer une sorte de dôme d’exploration fermé autour de celui-ci. Vous pouvez avoir jusqu’à 5 points d’atterrissage sur une même planète, mais ces dômes ne sont pas liés entre eux autrement que par le voyage rapide. Jamais vous n’allez rencontrer un mur invisible (ce qui a été notre cas) en vous déplaçant naturellement.
Ce n’est pas un mauvais calcul ou une façon de mettre beaucoup de vide pour faire cache-misère car le contenu « inédit » reste extrêmement riche. Que vous le vouliez ou non, vous allez bouger énormément et cette structure vous permet d’avoir de la matière durant vos aventures. Sur nos 110 heures de jeu, l’exploration intensive de planètes « vides » doit à peine représenter 10% de notre temps de jeu. D’autant plus que cela n’est pas sans but.
Une créativité qui touche les étoiles
Microsoft et Bethesda ne l’ont pas caché longtemps, mais Starfield est un énorme appel du pied aux moddeurs. Le potentiel est immense, toutefois il y a déjà des bases solides qui permettent d’exprimer sa créativité. Le housing est bien présent, mais vous allez surtout lorgner autour de la création d’avant-poste qui vous permet de fabriquer des bases personnalisées sur n’importe quelle planète. Cela peut être une habitation, un point de farm de ressources, un lieu pour stocker de ce que vous récoltez dans vos aventures ou tout ça à la fois. Les possibilités sont énormes et c’est surtout ce cas de figure qui justifie un tant soit peu ce nombre incalculable de planètes.
Starfield a de quoi vous faire tourner la tête et impossible de tout faire en une seule partie étant donné que le système de compétences nous force à nous diversifier dans un premier temps, puis à nous spécialiser. Dans certains domaines, vous ne ferez que gratter la surface à moins de gagner en niveau ou de lancer une nouvelle partie en « New Game Plus ». On ne peut malheureusement pas rentrer dans les détails afin de ne pas gâcher quelques grosses surprises, mais sachez que ce système est audacieusement amené et va faire assurément parler après la sortie.
Pour vous donner un exemple concret, chez nous, c’est la construction de vaisseau qui s’est révélé frustrante. Les possibilités sont stupéfiantes et les manipulations sont très intuitives, mais c’est en voulant reproduire le Faucon Millenium et le Razor Crest que l’on s’est rendu compte que notre négligence vis à vis de ce domaine a été fatale. Pour revenir aux avant-postes, dépenser des points de talent là-dedans va vous permettre d’obtenir plus de constructions et de créer des réseaux pour lier vos avant-postes dans un même système et en dehors.
Heureusement, la création de personnage en début de partie est suffisamment bien conçue pour vous orienter vers ce que vous préférez. Cela signifie simplement que certaines compétences seront débloquées par défaut. En fin de compte, Starfield est très complet dans ce qu’il propose, y compris dans le domaine du RPG. Il peut être difficile d’être totalement émerveillé à ce niveau après avoir joué à Baldur’s Gate 3, mais il offre tout ce que l’on peut espérer en termes de choix et de résolution d’objectifs. Les talents que vous avez débloqués et vos liens avec les factions vous permettent de diversifier vos approches et vos choix de dialogue.
Dans l’espace, personne ne vous verra bugger
Starfield est bien un RPG Bethesda pur jus. Il y a une quantité astronomique de petites histoires, de quêtes, de donjons et d’action. Le titre est très généreux et on sent bien ces 8 années de développement qui nous offrent aujourd’hui pléthores de moments forts. On peut ainsi se retrouver dans un site abandonné et expérimenter une situation digne d’Alien ou encore infiltrer la plus grosse organisation de piraterie spatiale. On retrouve tout de même ce système, qui ne fait l’unanimité, à base de missions génériques que l’on peut effectuer à l’infini.
L’écriture est soignée et les situations sont extrêmement variées. Vous pouvez aider votre prochain comme un bon samaritain, être un opportuniste assoiffé de crédits ou incarner un parfait malfrat. Vous pouvez aussi vous faire accompagner par vos camarades de Constellation qui possèdent tous un background intéressant qui est parfois lié à l’intrigue ou au lore. Vous pouvez les assigner à votre vaisseau ou à vos avant-postes et profiter de leurs talents pour renforcer ceux qui vous font défaut et ils peuvent aussi vous accompagner durant vos expéditions et vos affrontements.
Bethesda a vraiment soigné les ambiances dans Starfield et nous pouvons en profiter pleinement grâce à un peaufinage qui contredit enfin la mauvaise réputation du studio, connu pour ses bons jeux truffés de bugs en tout genre. Les multiples reports ont été bénéfiques, l’épopée spatiale est presque sans faille. Les rares bugs que l’on a constatés étaient déjà listés dans le patch note de la mise à jour de lancement (fourni en avance par Microsoft). Notre configuration est assez moyenne et un poil en dessous de celle recommandé par l’éditeur, mais force est de constater qu’il tourne comme un charme.
Visuellement, on sent que l’on est face à un jeu Bethesda et son fameux moteur « Creation Engine » dans une version perfectionnée qui remplit son office. On a parfois cette impression bizarre de combinaison entre du « vieux Bethesda » et des graphismes « next-gen » mais on perçoit indubitablement les améliorations au niveau des jeux de lumières et des textures. Dans l’espace ou sur un satellite naturel, impossible de ne pas s’émerveiller face à ces panoramas qui font tourner le mode photo à plein régime. Les trois grandes villes du jeu ont un charme fou, mais il existe de nombreuses autres localités qui ont aussi du cachet. On remarque tout de même quelques faiblesses, notamment au niveau des visages et des expressions faciales.
Par ailleurs, notre expérience semble confirmer les raisons évoquées par Bethesda lorsque le 30 FPS a été annoncé pour les versions Xbox. L’expérience est fluide la plupart du temps avec un 60 FPS plus ou moins stable, toutefois dans certaines zones, et particulièrement au sein des villes majeures que l’on vient d’évoquer, on constate des chutes de framerate qui nous donne une moyenne entre 30 et 40 FPS.
La star du field ?
Au niveau du gameplay, Starfield embrasse l’action comme jamais. La grande variété d’armes et de combinaisons nous permet de bien nous défouler et varier les styles de jeu d’autant que l’on peut les modder à loisir (là encore il faut dépenser de précieux point pour en profiter au maximum). De plus, le studio a admirablement tiré parti de l’absence de gravité et du jet-pack, ouvrant ainsi de nombreuses options en matière de déplacements dynamiques.
D’autres mécaniques rentrent directement dans la catégorie des spoilers, mais attardons-nous sur les problèmes les plus importants du jeu qui se manifestent essentiellement dans les combats. En première position, nous l’avons l’IA des ennemis qui est tout simplement catastrophique. Soit, ils sont amorphes et font office de chair à canon, soit ils se déplacent de manière erratique sans aucune raison. C’est d’autant plus problématique et hasardeux si vous ne jurez que par la furtivité.
Il y a aussi un gros problème d’équilibrage et de challenge. N’ayant pratiquement investi aucun point de compétence dans l’arbre dédié aux combats, on pensait en baver tout au long de notre périple. Que nenni, jamais on ne s’est senti vraiment menacé et ce n’est pas faute d’avoir rapidement augmenté le niveau de difficulté. Il y a une véritable incompréhension de notre force lorsque l’on peut facilement vaincre des adversaires niveau 70 alors que nous sommes au niveau 40. On a aussi l’impression que le type de dégât que l’on inflige (par exemple, les dégâts énergétiques sont plus efficaces contre les robots) ait finalement peu d’importance. On regrette aussi le manque d’ennemi unique ou de boss réellement intimidant. Puisque l’on est en plein dans les mauvais points, il faut souligner certains éléments de l’interface beaucoup trop sobre, que ce soit l’inventaire assez chaotique ou encore les raccourcies du menu déroulant à la manette.
Le doublage français se révèle très inégale (il y a tout de même énormément de dialogues) en dehors des personnages principaux et la synchronisation labiale laisse vraiment à désirer. Pour finir sur une note positive, les combats spatiaux se révèlent plutôt jouissifs. Au début, il peut être un peu difficile de maîtriser les mécanismes et de comprendre l’importance de la masse d’un vaisseau, mais il est possible de bien s’amuser avec les manouvres d’esquives ou de couverture derrière les astéroïdes. Ici, l’équilibrage et la difficulté ont un peu plus du sens, ce qui rend la construction de vaisseau d’autant plus passionnante.
Cet article peut contenir des liens affiliés