En accès anticipé depuis plus d’un an et demie, Starship Troopers : Extermination est enfin disponible en version 1.0, et ce autant sur PC que sur consoles de dernière génération. Un titre qui n’a pas fait grand bruit, étrangement, tandis que d’autres lui ressemblant beaucoup, de loin, ont cartonné. On évitera de trop citer Earth Defense Force 6 et Helldivers II dans cet article, pour la simple et bonne raison que les deux jeux n’ont pas grand chose à voir, manette en mains, avec celui de Offworld. Mais il va sans dire qu’en 2024, pour les amoureux d’insectes géants et d’expériences décomplexées, il était difficile de passer à côté.
Or, Starship Troopers : Extermination arrivant en quelque sorte après la bataille, il ne va pas être facile pour lui de s’imposer, malgré ses quelques idées différentes. Parce que ce First Person Shooter coopératif ne se contente pas d’action bête et méchante, d’explosion en règle d’armées d’insectes immondes, mais propose en parallèle une mécanique de construction de bases. Reste à savoir si cette dernière lui confère un intérêt suffisant pour se démarquer, mais aussi si l’early access plutôt long dont il a fait l’objet a été bénéfique. En ce qui nous concerne, en tout cas, on reste un brin dubitatif, ce que nous allons essayer d’expliciter ici.
Conditions de test : Nous avons passé près d’une douzaine d’heures sur une version Xbox Series X fournie par l’éditeur. Ce fut suffisant pour voir une bonne partie du solo, et nous essayer à tout ce que le multi propose.
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La première chose qui nous a personnellement frappé lorsque nous nous sommes penchés sur le jeu à son lancement, c’est la présence de Casper Von Dien aux crédits. Interprète de Johny Rico, héros du film de 1997, il n’a peut-être pas la carrière rêvée, mais demeure un acteur apprécié pour certains de ses rôles. Et voir le titre pousser la fidélité jusqu’à faire appel au plus parfait représentant de Starship Troopers premier du nom a quelque chose de réjouissant. Malheureusement, cela ne va pas sans de sérieuses limitations, à commencer par une présence très en retrait.
En effet, Johny Rico n’apparaît que dans le solo de ce Starhip Troopers : Extermination. Un ajout bienvenu, apparu avec la version 1.0, et qui sur le papier fait plutôt plaisir. Mais une fois manette en mains, c’est autre chose, puisque ledit solo se contente de missions d’une banalité soporifique, autant sur le plan des objectifs que de la mise en scène pré-lancement. Ne vous attendez pas à quelque cinématique vous narrant une histoire quelconque dans l’univers du film : vous ne ferez face qu’à de longues bandes de texte doublé par Casper Von Dien, et rien de plus. Première déception, qui sera malheureusement suivie par quantité d’autres.
Enfin pour être plus exacts, notre véritable première déception s’est même située avant de prendre la manette. Puisque nous ne sommes guère habitués aux jeux multi sur Xbox, nous n’avions pas encore payé pour l’abonnement online au moment de lancer le jeu, et avions en tête de commencer par le solo avant de nous jeter dans le grand bain, le multijoueur. Or, mauvaise nouvelle pour les allergiques, non seulement la connexion internet est obligatoire pour rentrer sur le premier menu du titre, mais en plus, on ne parle pas d’une simple connexion à la Diablo IV, permettant de jouer en solitaire sans payer le Xbox Game Pass Core (ou supérieur).
Marauder
Nous ne nous sommes donc pas attardés sur le mode solo, qui ne revêt pratiquement aucun intérêt. Hormis celui de nous offrir un véritable entraînement en conditions réelles avant de nous lancer dans le multijoueur qui, lui, ne fait aucun cadeau. Parce qu’il faut y être préparé, Starship Troopers : Extermination n’est pas un jeu facile, et ça on le comprend rapidement. Ce qui est d’autant plus vrai lorsque l’on tombe sur une partie habitée par des novices, comme nous l’étions, ou des joueurs qui sont là pour s’amuser au dépend des autres, ce qui nous est arrivé à deux reprises.
Comme dit plus tôt, le titre de Offworld est orienté coopératif. Et aucun mode compétitif n’est à attendre (du moins à première vue), puisque toute l’expérience tourne autour de l’effort de guerre de notre bidasse et ses congénères. Une ambiance plutôt agréable se dégage de cet état de fait, et d’un menu dédié nous montrant grossièrement l’avancée des affrontements en fonction des points gagnés en mission. Chose que l’on retrouve chez un Helldivers II, autrement plus coûteux au développement certes, mais proposant des menus beaucoup plus engageants par la même occasion.
On notera néanmoins la possibilité bienvenue de se créer ou de rejoindre une « compagnie », autrement dit une « guilde », ce qui permettra aux plus acharnés de se faire des connaissances sur le jeu, et pourquoi pas de se la jouer « roleplay ». Un excellent point, a fortiori dans la mesure où quelle que soit la mission lancée, on évolue chaque fois en escouade de quatre, pour un total de seize joueurs, ce qui peut permettre un effet de cohésion renforcée. Bien que, nous concernant, cela n’a malheureusement pas pris. Mais peut-être sommes nous trop habitués aux récents Helldivers II et Earth Defense Force 6 (voire World Brothers 2).
Effort de guerre
On en parlait plus tôt, l’originalité première du titre réside dans la possibilité de se créer des bases permettant de résister plus efficacement aux assauts des insectes. Le procédé est relativement rudimentaire, mais fonctionne bien, et les possibilités ne sont pas bien vastes, mais permettent néanmoins de se constituer quelque chose de solide. Cela va aussi avec un système de ressources très basique, dont vous n’aurez probablement pas à vous soucier, puisque les joueurs les plus acharnés sont déjà sur le coup. Et heureusement en un sens, car les manches de préparation avant les vagues d’ennemis sont assez courtes.
Reste que les constructions ne sont possibles que sur de minuscules lopins de terre, ce qui se révèle assez frustrant en jeu. Déjà parce que faire rentrer seize joueurs dans ces petites bases est compliqué, que tous les meilleurs spots sont rapidement squattés, et que certains soldats peu scrupuleux n’hésitent pas à supprimer vos constructions si elles ne leur plaisent pas. Mais aussi parce qu’on se sent vite à l’étroit, pris au piège, quand un mur cède sous les attaques ennemies, et qu’il n’est pas évident de trouver refuge dans cet espace limité.
L’autre particularité de Starship Troopers : Extermination, c’est la persistance des cadavres d’insectes. Une idée qui, sur le papier, est plutôt géniale, puisqu’elle permet de modifier le terrain de jeu à mesure que l’on progresse dans une mission, pour un résultat qui, plus concrètement, se transforme en joyeux foutoir passé un certain temps. Puisque l’on peut grimper sur les monticules de cadavres, ils peuvent permettre de prendre de la hauteur, ou servir de protection. Mais ils gâchent aussi en bonne partie la visibilité, ce qui est plus problématique.
Alors à la manière d’un Earth Defense Force, il est sûr que cet état de fait ne plaira pas à tout le monde, mais il a néanmoins un intérêt : rajouter encore plus de bazar dans une recette déjà bien bordélique. On ne comprend pas toujours ce qui se passe à l’écran, et les explosions ainsi que les quantités ahurissantes d’ennemis dans tous les sens sont là pour s’assurer que les niveaux de difficulté les plus élevés soient les plus touchés. Mais dans un sens, c’est exactement ce que l’on attendait d’un jeu Starship Troopers.
Mais ce qu’on attendait le plus, c’était peut-être des sensations grisantes manette en mains. Or, Starship Troopers : Extermination est décevant à ce niveau, ne fournissant pas le feeling escompté en utilisant les quelques rares pétoires disponibles. Si le jeu de Offworld parvient à être jouissif par moments, ce n’est pas grâce à son gameplay, mais plutôt à ses situations, ce qui est tout de même dommage, car de fait on a tendance à s’ennuyer un peu trop vite. D’autant plus dans la mesure où seulement six classes sont disponibles, et qu’elles ne proposent pas grand chose de bien original ni d’intéressant.
Le couloir de la mort
Mais le plus gros problème du jeu, c’est assurément son manque de contenu, et le peu de missions différentes qui en découlent. Oui, plusieurs maps et biomes sont disponibles, mais on a très vite fait le tour. Et, pire, les objectifs sont toujours les mêmes, à savoir protéger une zone de vagues d’ennemis ou progresser en tuant tout ce qui bouge au sein d’un level design peu inspiré. Si le gameplay n’avait pas achevé de vous endormir, les missions y parviendront très certainement, a fortiori dans la mesure où elles durent en moyenne une trentaine de minutes, ce qui nous a semblé un peu trop long pour leur proposition limitée.
Alors oui, on s’amuse quand on est entre amis ou que l’on tombe sur des joueurs à fond dans le roleplay, ce qui nous est arrivé souvent pendant notre douzaine d’heures de jeu. Mais on est aussi souvent accablé par des bugs qui peuvent aller de simples problèmes de collision avec les monticules de cadavres d’insectes, à des choses plus graves. En ce qui nous concerne, on a carrément eu des bugs qui nous empêchaient de renaître ou d’être réanimés, ce qui nous a contraint à quitter à plusieurs reprises des missions pourtant bien engagées.
À côté de cela, si l’on apprécie l’ambiance sonore, avec des bruitages plaisants (notamment les hurlements d’insectes) et des musiques plutôt bonnes, c’est différent pour tout ce qui touche à l’aspect visuel. Starship Troopers : Extermination offre quelques sympathiques points de vue, c’est un fait, et ses biomes ne sont pas immonde. Ce qui l’est en revanche, c’est la qualité globale des textures vues de près, le framerate qui vacille rapidement, ou encore la gestion des ombres absolument catastrophique.
Reste un système de progression qui ne sauve pas les meubles, puisque beaucoup trop basique, linéaire, sans âme… et une quantité d’armes (et donc de classes) qui nous semble personnellement trop mince. On aurait aimé que l’expérience soit un peu plus personnalisable à ce niveau, et qu’il soit possible d’acquérir de nouvelles pétoires d’une manière ou d’une autre… mais remarquez, il faudrait avant tout que les sensations manette en mains soient corrigées.
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