Plongeons directement dans l’ambiance de cette vision futuriste et loin d’être merveilleuse de Berlin en l’an 2048. Une sympathique cinématique d’entrée de jeu permet de comprendre rapidement l’univers dans lequel nous allons évoluer. Une ville berlinoise sombre, salle, encline à la criminalité avec une touche technologique assez importante. Dans un monde où l’on ne cuisine plus, et où un assembleur de nourriture nous imprime notre repas, rien ne semble aller. Les androïdes sont partout, la police n’est constituée que de robots, certains humains possèdent même des bras robotiques. La direction artistique est importante ici, car le style visuel utilisé est vraiment original et réussi. Le style low poly est vraiment bien amené et cela donne un cachet indéniable au titre. State of Mind aura réussi le pari risqué de ses nombreux choix, sur le plan artistique. Cependant, tout est loin d’être aussi beau dans cette nouvelle licence.
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Nous sommes très exactement en 2048, l’univers semble perdre la définition du mot « humanité ». Tout le monde ne souhaite pas nager dans le même sens, c’est le cas de notre personnage principal, Richard Nolan. Un célèbre journaliste travaillant pour The voice, sortant récemment d’un accident de voiture et qui n’a pas encore toute sa tête. Nous comprenons rapidement que Richard semble avoir mis le doigt sur quelque chose qu’il n’aurait pas dû. Notre héros n’est pas vraiment ami avec les machines, il adopte par ailleurs un style old-school dans sa façon d’être. Il semble réfractaire à l’évolution de la technologie, à en croire sa relation avec son domestique et son moyen de transport décrit comme propulsion physique par le scan, qui est en réalité un vélo. Notre homme est marié avec Tracy, ils ont un fils nommé James, qui semble très intelligent.
On comprend rapidement que l’accident était loin d’en être un, depuis, nous sommes à la recherche de réponses. Tous ses souvenirs semblent confus pour notre journaliste après cet incident, il retrouve la mémoire morceau par morceau. La première partie du jeu est très lente et sans intérêt, beaucoup pourraient décrocher. Cependant, elle est nécessaire pour mettre en route toute la mise en scène même si cela aurait pu être mieux amené. La famille Nolan est porté disparue depuis son séjour à l’hôpital, l’homme ne se rappelle de rien, pas même de la présence ou non de sa femme et son fils durant l’accident. C’est sur cette intrigue que toute notre aventure prend forme, le journaliste est loin d’imaginer l’importance du problème qui entoure ces mystérieuses disparitions.
Malgré la qualité d’une patte artistique certaine, l’univers semble parfois un peu froid et sans vie. Les différents PnJ qui nous entourent ne vaguent pas toujours à des occupations et reste planter là sans ne rien faire. Il n’est pas possible d’entendre leur conversation par exemple, on ne voit que vaguement leurs lèvres bouger, ces aspects rendent l’environnement vide voire même angoissant. On retiendra tout de même les quelques interactions comme nourrir des poissons ou acheter des clopes, mais cela reste trop rare pour être félicité. C’est un vrai manque, l’environnement et l’univers créés façon cyberpunk sont quant à eux réussis mais restent trop plats avec un manque cruel d’ambiance sonore et visuel. Tout au long de l’histoire, le sound design restera dans une thématique mystérieuse aux tendances de boîte à musique.
State of Mind donne l’impression d’inviter le joueur à s’asseoir et d’écouter sagement l’histoire qu’il lui raconte, sans qu’il puisse intervenir.
Techniquement, les animations des personnages restent très limitées, cela peut sembler quelques fois un peu dépassé. Quant aux animations faciales, elles ne suffisent pas à faire ressentir les différentes émotions par lesquelles passent nos personnages. La réalisation du titre est l’un des meilleurs aspects du jeu. La patte artistique et les dessins sont sans conteste une réussite en matière d’originalité, une vraie signature pour la licence mais la technique semble à la peine. Néanmoins, State of Mind a su créer un univers à part entière, il pousse sans cesse notre curiosité à nous intéresser aux différents mystères que cache l’aventure. On a toujours envie d’en apprendre plus sur cette version 2048 de Berlin, sa situation géopolitique ou même le mode de vie des différentes classes sociales.
Et… Action !
Rapidement, vous allez prendre possession d’un nouveau personnage. Celui-ci se nomme Adam Newman, malgré leur vie totalement différente voire même opposée, quelque chose va rapidement les rapprocher. Dès les premiers instants, une différence est notable entre les deux protagonistes. Le premier semblant vouloir rejeter l’époque avec notamment des photos de famille physiques ainsi que des jouets en bois dans la chambre d’enfant. Le second quant à lui, Adam Newman, vit dans une maison high-tech avec des photos de famille numériques ainsi que des jouets connectés pour l’enfant. Il suffit de jeter un coup d’œil par la fenêtre pour ainsi comprendre l’envie des développeurs de confronter deux visions différentes du monde en 2048. D’un côté, un environnement sain et ensoleillé tandis que l’autre entrevoit des décors sombres, sales et mal fréquentés.
De nombreuses cinématiques viendront alimenter votre expérience afin de mettre en scène le mieux possible l’histoire. Malheureusement, ces cinématiques manquent un peu de dynamisme, cela aurait pu grandement renforcer l’immersion. Il ne faut forcément pas s’attendre à une réalisation d’un triple A, vous êtes prévenus. Bien souvent, vous serez cloîtré dans votre appartement, du moins pour les deux tiers de l’aventure. La moitié du temps, vous le passez à faire des allers-retours entre une zone et votre appartement. C’est juste horrible, cette impression de tourner en rond est constante et heureusement que les temps de chargement sont incroyablement rapides car cela aurait pu pousser au suicide. L’aventure prend tout son sens à plus de la moitié du jeu, pour peu que le joueur ne se soit pas encore endormi. La première partie manque cruellement de variables dans son script.
La trame scénaristique, véritable colonne vertébrale du titre, est vraiment bien ficelée et offre pas mal de rebondissements. Elle laisse place à un gigantesque puzzle, dans lequel nous devons rassembler les pièces à l’aide de nos différents personnages jouables. Il est vrai que l’histoire que nous offre State of Mind reste intéressante et joue assez bien avec notre curiosité, mais il ne faut parfois pas oublier que c’est un jeu. Ici, nous sommes plus souvent spectateur qu’acteur et il est certain que cette oeuvre trouvera son public, mais il vaut mieux être prévenu. L’histoire aurait mérité un peu plus d’action, quelques scènes sont vraiment prenantes et émotionnellement fortes mais parfois bien trop calmes. Il faudra entre dix et quinze heures avant de voir la fin du scénario, ne laissant place à aucune rejouabilité.
Où est charlie ?
Nous progressons à travers plusieurs zones semi-ouvertes de taille moyenne voire même assez restreinte. En effet, il ne faut pas s’attendre à de vastes étendues pleines de secrets, car il est possible d’interagir avec quelques objets sans intérêt ou simplement parler à quelques PnJ afin de parfois en apprendre plus sur notre recherche. Le titre a de bonnes idées, cependant, il ne pousse pas assez le concept et se limite bien souvent au minimum. Il aurait tellement été plus plaisant de devoir chercher des indices soi-même dans l’environnement afin d’en faire nos propres déductions. Seulement, les phases de recherche n’apparaissent que sous forme de mini-jeux. Il suffira de cliquer jusqu’à trouver le bon élément, et comme si ce n’était pas assez simple, le jeu vous guide sans arrêt. State of Mind donne l’impression d’inviter le joueur à s’asseoir et d’écouter sagement l’histoire qu’il lui raconte, sans qu’il puisse intervenir.
Cela rejoint parfaitement la partie narrative du titre et le manque d’impact dans les dialogues. Il faut savoir que tout au long de l’histoire, vous serez confronté à des dialogues à choix multiples, malheureusement, sans conséquences et parfois même ridicules. Un exemple, on vous propose deux réponses, si vous choisissez la mauvaise, alors le jeu relance la même phrase en vous obligeant à cliquer sur la bonne. Cela nuit gravement à la narration et la liberté du joueur de créer sa propre aventure. On a à faire à un film interactif et non à un jeu narratif, le titre déçoit beaucoup par ses embranchements quasi inexistants. Quelques choix narratifs auront une conséquence sur la suite pouvant par exemple offrir une nouvelle possibilité lors des dialogues mais cela reste très discret.
La trame scénaristique, véritable colonne vertébrale du titre, est vraiment bien ficelée et offre pas mal de rebondissements.
Tout est loin d’être mauvais tout de même dans ce nouveau titre signé Daedalic Entertainement. Plusieurs outils technologiques sont à disposition et permettront notamment de vous aider tout au long de votre enquête. Un tableau d’affichage présent dans votre appartement, permet de servir de récapitulatif sur toutes les péripéties en cours, un outil utile et bien amené. Il permet aussi d’afficher les différents éléments, pouvant être importants, trouvés lors de vos recherches. Vous aurez aussi en votre possession, le voice-call, une sorte de téléphone permettant de recevoir des messages et projeter un hologramme lors d’un appel. Le Face Time du futur en d’autres termes, cet accessoire sera une partie majeure du gameplay. Il laissera place bien souvent à des dialogues à choix multiples ou à des échanges mystérieux. Dernier objet vraiment intéressant et qui mérite d’être relevé, le piano. Cet instrument disponible dans votre appartement reste malgré tout secondaire mais très amusant. Plutôt bien réalisé, vous pourrez pianoter quelques notes entre deux enquêtes afin de décompresser.
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