Débutée en 2010 sur Nintendo DSi, via le rudimentaire eShop de la portable aux deux écrans, la franchise SteamWorld a, entre temps, fait un sacré bout de chemin. Tournée vers le Tower Defense avec son tout premier épisode, elle ne s’est, depuis, jamais cantonnée plus de deux volets au même genre vidéoludique. Ainsi, avec SteamWorld Dig et sa suite, on découvrait un mélange de metroidvania souterrain ; avec Heist on partait sur du Tactical en vue de profil prenant principalement place dans l’espace ; et avec Quest, on s’enfonçait plutôt dans le milieu riche et touffu du RPG typé médiéval, mêlé de jeux de carte.
Bref, à défaut d’une montée brutale en popularité, la licence aura malgré tout su conquérir une joyeuse quantité de joueurs à travers le monde, se retrouvant, à un moment ou un autre, dans la recette de l’un de ses épisodes. Et c’est cette richesse de proposition qui surprend, lorsque l’on découvre SteamWorld pour la première fois. D’autant qu’à l’exception de son premier volet, nettement en deçà au niveau qualitatif en raison d’une ambition moindre, tous sont de chouettes jeux, avec un univers reconnaissable entre mille, un humour omniprésent, et des mécaniques généralement simples, utilisées avec intelligence.
L’opus qui nous intéresse aujourd’hui est le dernier en date. Il s’agit de SteamWorld Build, un jeu qui, comme son nom l’indique assez clairement, s’oriente vers le City Builder, à la manière d’un Sims City. Le tout est saupoudré de stratégie et de récupération de ressources, le rapprochant d’un Anno. Mais ce n’est pas tout, puisqu’il n’oublie pas, pour autant, l’action. Bref, bien qu’il ne soit pas réalisé par l’habituel studio Image & Form, mais plutôt par The Station, développeur méconnu, il s’annonçait tout aussi riche que ses prédécesseurs. Et avec Brjann Sigurgeirsson, papa de la série, aux commandes, on se doutait bien que l’humour serait toujours aussi percutant. Mais qu’en est-il vraiment ?
Conditions de test : Nous avons joué près de vingt heures au titre sur PC, via Steam. À noter que notre machine est loin d’être tournée vers le gaming, mais qu’elle nous a toutefois permis de faire tourner le jeu avec toutes les options au max, sans aucun problème à signaler.
Étrange mélange
Les fans de la franchise ont peut-être pris peur, en constatant que Image & Form ne travaillait pas sur cet épisode. Le développeur historique de cette étrange série est certainement retenu par un autre projet, puisque selon Thunderfull Publishing, le détenteur des droits, plusieurs jeux dans l’univers de SteamWorld sont en gestation. Alors faut-il voit Build comme un simple épisode de transition, en attendant le vrai prochain épisode ? Heureusement, loin s’en faut ! Il s’agit d’un opus à part entière, qui ne démérite guère à tous les niveaux.
Pour commencer, une fois que l’on aura choisi le décor qui recevra notre ville, SteamWorld Build nous accueille avec une petite cinématique, simple mais efficace, qui présente rapidement les enjeux. Il va être question de récupérer d’anciens artefacts, dans le but de monter une antique machine permettant de quitter la planète. Ce qui ne se fera pas sans heurt, et sans humour. Rapidement les personnages montrent leur vrai visage, ce qui a tendance à faire sourire assez facilement. Le titre n’a pas pour ambition de raconter quelque chose d’extraordinaire, et la simplicité de sa narration fonctionne finalement assez bien. D’autant qu’on ne l’attendait pas sur le plan scénaristique, étant donné son genre principal.
Néanmoins, on s’attache vite à ses différents personnages, et les dialogues ponctuant notre progression dans son aventure sont de petites bulles d’air frais que l’on consomme sans se forcer. Dommage qu’elles finissent par arriver un peu trop lentement entre chaque palier d’avancée. Parce que le système de progression du titre, somme toute assez classique, peut néanmoins frustrer, en se révélant de plus en plus lent, même lorsque l’on fait tout comme il faut. Concrètement, il va vous falloir faire monter votre population en gamme, ou en niveau de vie si vous préférez, ce qui demandera pas mal de ressources, et une organisation spécifique de votre ville.
Un concept qui est directement hérité de titres fort connus comme Anno 1800, et qui s’intègre très bien aux mécaniques classiques qu’arbore le titre de The Station. Mais comprenez qu’avec son univers mignon, presque enfantin, il laisse à croire que sa partie gestion sera moins complexe. Faut-il y voir un véritable défaut, non, bien entendu. Mais il faut néanmoins savoir où l’on met les pieds lorsque l’on souhaite se lancer. Sous ses airs de jeu de gestion pour enfant, SteamWorld Build cache en vérité une expérience riche et complète, au challenge relativement classique pour le genre qu’il représente.
Challenge qui touche aussi, et surtout, sa seconde partie. Parce qu’il n’est pas qu’un jeu de gestion de ville comme on en a vu des centaines : il propose aussi toute une partie souterraine, assez différente. Ici, il sera question de miner tout en faisant attention aux dangers potentiels, qu’ils soient naturels ou… vivants. Le titre offre alors un genre de Tower Defense très basique, mais fonctionnel, obligeant le joueur à recruter intelligemment mineurs et défenseurs pour éviter au maximum les pertes, et surtout continuer à progresser.
Simple mais efficace
Plutôt agréable à l’œil à la surface, avec ses adorables petits robots vacants à leurs occupations dans les rues de notre ville, SteamWorld Build ne vise toutefois pas la lune. Ce n’est évidemment pas ce qu’on lui demande, et il va sans dire que pouvoir le faire tourner sur toutes les configurations (ou sur Nintendo Switch, puisqu’il y est aussi prévu) est assurément agréable. Néanmoins, on aurait aimé une plus grande variété dans les décors extérieurs, et peut-être un peu plus de vie aux abords de nos bâtiments, ne serait-ce que des races animales. Parce qu’ici, en dehors de nos colons et d’un train en provenance d’autres villes, permettant l’échange de ressources, rien ne bouge.
On lui reconnaîtra toutefois une direction artistique qui fait mouche, surtout lorsque l’on zoome assez sur notre ville pour en profiter. Dommage qu’elle ne sauve guère les phases souterraines, qui souffrent de manière générale d’une certaine pauvreté. Alors certes, en creusant plus bas on finit par accéder à des décors un peu plus variés, mais il faut reconnaître que l’expérience demeure un peu trop sombre et monotone. Ce qui, certes, coule de source. Mais encore une fois, quelques fioritures n’auraient pas été de trop, histoire d’ajouter un peu de couleur et de lumière. Après tout, nous sommes sur un monde extraterrestre, alors tout est virtuellement permis.
En dehors de cela, et de sa progression un poil lente, le jeu ne commet finalement aucun véritable impair. Comme souvent dans le genre du City Builder, le tutoriel est exhaustif, permettant aux nouveaux venus de s’y retrouver aisément dans un premier temps, avant d’avoir assez pris leurs marques pour désactiver les différentes aides. Chose qui se fait simplement, au début d’une partie, en décochant la case affiliée, ou à n’importe quel moment dans les options. Bien sûr, on ne conseillera que trop de conserver les tutoriels jusqu’au dernier stade de progression des habitants, sans quoi certaines subtilités peuvent échapper à l’œil de tous types de joueurs.
Cela étant dit, si son genre le place d’office dans une position qui n’est pas évidente pour les nouveaux venus, tous ceux qui ont déjà touché à un City Builder retrouveront leurs marques en deux temps, trois mouvements. Rien de bien compliqué à appréhender puisque, comme dit plus haut, la recette est finalement très classique. Reste la partie souterraine, donc, un peu moins commune, mais assez facile à appréhender une fois que l’on a compris le fonctionnement du jeu, et son système de progression. Maintenant, reste un petit détail qui a toute son importance : il ne tiendra certainement pas sur la durée.
Comprenez par là que si SteamWorld Build est riche et complet, et qu’une partie demandera tout de même une grosse poignée d’heures pour être menée entièrement à bien, difficile de trouver l’envie d’y revenir ensuite. Pas que l’on ait passé un mauvais moment, loin de là, mais le fait que ses différents décors se ressemblent un peu trop, et n’apportent rien d’autre qu’un léger changement de skin, sans règles différentes, se révèle assez frustrant. On aurait aimé un peu plus, quelques modalités différentes pour rendre les parties à venir plus intéressantes, et surtout pour donner envie d’y revenir une fois la première bouclée.
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