Décidément, l’éditeur français aime bien s’adonner à de nouvelles créations dans des domaines qu’il ne connait pas forcément. C’était déjà le cas en 2014 avec l’arrivée de The Crew, un jeu de voitures dans un monde ouvert qui nous faisait parcourir les vastes étendues américaines. La créativité et l’ingéniosité du studio n’est plus à prouver et se lance désormais dans une toute autre discipline avec Steep : Les sports extrêmes. Mais cette prise de risque est-elle justifiée ? Arriverons-nous au niveau demandé des joueurs ?
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ToggleUne descente « tout schuss » !
L’entreprise des frères Guillemot a toujours aimé se lancer dans de nouveaux projets. Et sans que l’on s’y attende forcément, l’éditeur français nous a annoncé au cours de l’E3 2016, ce Steep sorti de nulle part, une nouvelle franchise qui nous emmènera au sommet des collines. Et c’est plutôt une aubaine pour le studio puisque les sports extrêmes font partie des disciplines regrettées des joueurs. Rares sont les productions qui nous proposent d’arpenter la poudreuse en ski ou en snowboard alors forcément, une annonce du genre, on ne peut pas passer à côté.
Cependant, il faut avouer que l’année 2016 nous a fait parvenir plusieurs titres du genre. Si nous étions sans véritable titre depuis SSX ou plus loin encore, la série Coolboarders, nous avons eu droit cette année à Snow ou encore Mark McMorris Infinite Air, deux titres qui ont su ravir les fans de glisse en hauteur. Mais le bémol pour ces deux jeux est qu’ils ne possédaient pas le budget d’un studio comme Ubisoft, qui peut se permettre de sortir des triples A beaucoup plus aisément, là où des productions comme Mark McMorris Infinite n’ont pas autant de flexibilité, et cela s’est bien fait ressentir, comme nous vous l’avions expliqués dans notre test à cette adresse.
Quoiqu’il en soit, ne comparons pas l’incomparable et revenons à Steep, sorti début décembre sur PC, PlayStation 4 et Xbox One, comme si le soft voulait nous préparer aux longues soirées d’hiver. Le soft nous emmène dans la région des Alpes, un véritable terrain de jeu sur lequel nous reviendrons un peu plus tard. L’exploration des Alpes a vraiment ce quelque chose d’unique et c’est très certainement un excellent choix des développeurs que de nous emmener là-bas.
Le titre nous propose principalement quatre disciplines, à savoir le ski, le snowboard, la wingsuit et le parapente, deux terrestre et deux aériennes, au gameplay bien différent. Chaque discipline aura ses propres particularités et mécaniques et vous vous en doutez, les activités seront variées et diverses, proposant ainsi à chaque sport toute une pléiade de choses à faire. Chacune d’entre elle ne procure pas les mêmes sensations et le même plaisir ludique et cette variété va rapidement se faire ressentir. Mais revenons au principe même du soft.
A peine propulsé dans le jeu, vous entendrez une petite voix dans l’oreillette qui vous dira de mettre vos gants, vos lunettes et votre bonnet pour vous lancer dans la poudreuse sans attente. Nous avons droit à une introduction plutôt sympathique qui vous mettra tout de suite dans le bain. Mais celle-ci est surtout un prétexte pour vous former et vous apprendre les bases sous la forme d’un tutoriel. Nous y apprenons ainsi le maniement des différents outils à notre disposition, comment voyager sur la carte et bien évidemment, la base du gameplay.
Alice, ça glisse…
Si très rapidement on se retrouve sur la piste à mordre la poudreuse, on prend rapidement goût à ce que l’on fait. Nos premières épreuves vont nous emmener dans les plus beaux sommets des Alpes, snowboard aux pieds, wingsuit sur le dos. La maniabilité est assez simpliste et le gameplay a du mal à se situer entre de l’arcade et de la simulation. Nous n’avons pas vraiment cette sensation de jouissance que l’on peut avoir avec les commandes arcades du soft mais d’un autre côté, le tout n’est pas assez pointu pour parler de simulation. De ce fait, s’il est difficile de catégoriser le soft de l’une ou l’autre partie, le plaisir manette en main est immédiat et le ressenti est bien là. C’est ce qui compte non ?
Ainsi, une fois le didacticiel passé, vous saurez toutes les notions à comprendre du soft. Vous aurez tous compris l’essentiel des choses à faire dans ce monde ouvert, parce que oui, Steep se veut monde ouvert : aucun temps de chargement, vous pouvez vagabonder comme bon vous semble dans les hauteurs montagneuses. Pas besoin de charger un point spécifique pour bouger, vous pouvez très bien participer à une activité et continuer la glisse tranquillement sans rentrer au bercail, commencer une course sans la terminer parce que le terrain vous plait, choisir l’ordre de ces activités sans être imposé sur la suite des événements – même si bien évidemment, la difficulté est croissante et vous demandera d’y aller mollo sur vos choix.
Bien sûr, ce monde ouvert a quelques limites inhérentes aux disciplines. On est ici dans un jeu de sports extrêmes et en pleine montagne, vous vous en doutez bien, mais la descente ne se fait que dans un sens. On se sent forcément limité, on ne peut que descendre et certains endroits vallonnés ne peuvent être abordés qu’en suivant un itinéraire de glisse bien précis. C’est un peu logique, je me vois mal monter le récit en snowboard. Cependant, les déplacements se font vraiment simplistes.
Pour ce faire, vous n’avez qu’à vous rendre sur la carte du jeu – immense, certes, mais diablement bordélique, choisir un repère où vous souhaitez vous rendre, cliquer dessus et hop, téléportation ! Le tout est sans aucun temps de chargement, notons-le. Soulignons-le même, c’est une qualité indéniable du soft que de pouvoir vadrouiller comme bon vous semble sans être bloqués par un énième temps de chargement.
Test Riders Republic – Une expérience pleine de sensations fortes et de fun
Cette map dispose d’un énorme problème et est à la limite d’être impraticable. Si la multitude de choses à faire et les dimensions de celle-ci sont louables, on s’y perd, complètement. Nous n’avons aucun filtre disponible pour y dénicher les activités ou même les différencier entre disciplines ou type d’épreuves, le rendu 3D est plus que bof et le zoom est compliqué à utiliser. Nous avons presque envie d’y aller à tâtons et de balancer cette carte, tellement compliquée à utiliser.
Pendant vos différentes épreuves et balades, vous aurez de nombreuses fois la nécessité d’utiliser vos jumelles. Celles-ci vous permettent bien sûr d’apprécier le paysage mais c’est avant tout pour dénicher Drop Zones et autres points d’intérêt. Ces spots donnent accès à de nouvelles épreuves et à de nouveaux lieux et selon l’endroit, vous aurez ainsi des activités à réaliser.
Si l’on se penche sur les disciplines en elles-mêmes, on remarquera que chaque sport à un gameplay qui lui est propre. Si bien évidemment le ski et le snowboard ont quelques points communs, manette en main, on ressent quelques différences. Le snowboard permet par exemple d’avoir un éventail de tricks bien sympathiques et des figures assez impressionnantes pendant vos descentes ou en épreuves de saut tandis que le ski met davantage l’accent sur la vitesse. Le tout se prend rapidement en main et si les possibilité de figures sont assez limitées, on prend un réel plaisir que de sauter à chaque bosse pour essayer un trick spécifique et tenter de faire... bonne figure.
Très sincèrement, le ressenti est bien là et Ubisoft peut se targuer de proposer des sensations de glisse tout bonnement géniales, des sensations moins présentes sur ces figures. Un système de scoring est bien présent mais il est parfois compliqué de le comprendre. Il vous attribuera un bonus parfois incompréhensible pour un simple saut tandis qu’un backflip ne vous donnera parfois que quelques points juste à cause d’une réception en demie-teinte.
Pour ce qui est des disciplines aériennes, c’est un peu différent. Tant au niveau des épreuves que du gameplay. La wingsuit, fidèle à elle-même, procure de véritables sensations et une bonne dose d’adrénaline. Qu’il est stressant d’être à quelques centimètres du sol pour augmenter son score dans certaines épreuves, tout particulièrement quand on voit un rocher ou une falaise approcher !
Enfin, pour le parapente, on se retrouve ici dans une discipline plus calme. Si le gameplay est un tantinet plus technique, il est bien différent des autres sports qui procurent de sacrés sensations de vitesse. Là… c’est tout autre et il est difficile d’y prendre goût quand on peut s’adonner aux joies des sports extrêmes. Au moins, on peut profiter du paysage et accéder à des lieux inaccessibles autrement.
Petit bémol, c’est l’impossibilité de changer de discipline à la volée. Qu’il aurait été jouissif de pouvoir passer du parapente ou de la wingsuit au snowboard en un coup de joystick ! Malheureusement, ce n’est pas le cas et il faudra presser la touche correspondante, attendre un petit temps, passer par un statut figé et à pied pour ensuite choisir la discipline souhaitée. C’est vraiment dommage et pourtant, on y aurait crû : la voix off qui vous accompagne tout au long de votre aventure le laissait sous-entendre quand elle nous annonce « Tu peux passer d’une discipline à une autre facilement, impressionne-nous ! ». Et… beh non. Pas possible.
Tu t’envoles, tu t’envoles, encore !
On retrouve un certain système de progression dans le jeu. Chaque activité vous permettra d’obtenir de l’argent et de l’expérience, cette dernière vous permettant de monter de niveau. Mais ce système de progression est brouillon et peu motivant. Nous ne débloquons aucune compétence ou d’aptitude en passant de niveau, celui-ci étant un prétexte pour les activités. Plus les épreuves seront difficiles, plus le niveau requis sera important. Vous devrez donc avoir suffisamment avancés pour profiter pleinement de l’univers de Steep.
Chaque palier permet également d’obtenir de nouveaux objets. Purement cosmétiques, il y en a cependant une bonne flopée à obtenir avec de l’argent du jeu… que vous pouvez également obtenir avec votre carte bleue. Des packs sont même proposés à 50€. Mais bon, Ubisoft ne propose que des éléments de personnalisation via sa boutique, on ne peut pas vraiment pointer du doigt ce genre de pratiques, laissant clairement le choix aux joueurs de dépenser ou non.
Quoiqu’il en soit, nous retrouverons des centaines et des centaines d’objets à débloquer. Premièrement, en fonction de votre réussite aux épreuves. Chaque médaille – bronze, argent, or, vous fera gagner un objet spécifique, souvent exclusif à cette activité. Deuxièmement, directement via la boutique du jeu, où vous pourrez monnayer son contenu. On y trouvera ainsi la possibilité de choisir de nouveaux gants, skis, tenues, lunettes et bien d’autres choses.
C’est un peu dommage que l’expérience gagnée ne permet pas de gagner quelque chose de plus motivant. Déjà parce que toutes les zones sont quasiment déblocables directement et que l’on sera juste bloqués activité par activité et ensuite, parce qu’obtenir des objets, c’est cool… mais pas forcément utile pour évoluer. Un système de compétences aurait été sympathique ou au moins, des équipements qui octroyaient un certain bonus à chaque niveau, comme des planches avec une meilleure maniabilité ou une wingsuit légèrement plus rapide. On aurait au moins ce côté motivant que d’avancer, surtout dans cette progression qui part en tout sens et qui n’est pas réellement suivie.
« Snow, sex and sun »
Steep propose aussi une fonctionnalité coopérative et pas des moindres : vous pouvez ainsi jouer avec vos amis ou même des inconnus et sillonner les pentes glissantes en bonne compagnie. C’est clairement une composante intéressante du soft. On se laisse clairement prendre au jeu et parcourir les Alpes en coopération, c’est quand même quelque chose ! Mais l’on peut cependant râler un peu auprès d’Ubisoft qui force légèrement cette composante multijoueur. Difficile de jouer vraiment seul quand on souhaite s’isoler avec des joueurs qui vont et viennent autour de vous.
Pour ce qui est de sa durée de vie, Steep propose un contenu loin d’être chiche. Entre ses différents points d’intérêt à découvrir, ses nombreuses activités et sa rejouabilité plutôt conséquente pour les joueurs voulant dénicher l’or dans toutes les épreuves, vous en aurez pour votre argent. N’oublions pas tous les objets de personnalisation à débloquer et vous aurez certainement plusieurs dizaines d’heures de jeu à votre actif pour tout terminer.
La bande-son est également agréable, bien qu’aucune musique ou thème est transcendant. Nous avons toujours cette fameuse voix-off qui nous parlera dans les oreilles à chaque avancée scénaristique mais jamais nous mettrons un visage dessus, comme la plupart des personnages sous-entendus. Tout comme la progression, les quelques éléments scénarisés sont brouillons et n’ont ni queue ni tête. M’enfin, avons-nous réellement besoin d’une histoire pour faire du ski ?
On notera la présence d’une fonctionnalité replay plus que présente et sponsorisée par GoPro soit dit au passage. Vous pouvez ainsi enregistrer, partager et visionner à nouveau vos exploits dans différentes épreuves avec un outil bien complet. Que ce soit en avance rapide ou avec les meilleurs moments de votre descente, cette fonctionnalité est fort sympathique et sera le prétexte de gagner un peu de réputation dans le jeu.
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