L’écologie est un sujet sensible. Quand le jeu vidéo s’y attelle, cela peut être maladroit ou parfois même moralisateur. Dans ce contexte, Flight School Studio nous propose ainsi Stonefly, disponible depuis le 1er juin sur PC, PlayStation 4, Xbox One, Nintendo Switch et sur les consoles de nouvelle génération via la rétro-compatibilité. Après nous avoir proposé Creature in the well en 2019, le studio possédait carte blanche pour dépeindre encore une fois un univers unique et original. Alors véritable ode à l’écologie ou aller-simple au tri sélectif ?
Conditions de test : Nous avons terminé l’intégralité du scénario du jeu dans sa version PS4 en environ 8h sur PlayStation 5 via la rétro-compatibilité.
Sommaire
TogglePetit insecte deviendra grand
Dans Stonefly, vous incarnez Annika (Ann pour les intimes) vivant dans une forêt gigantesque avec son père qui ne la considère plus beaucoup et la laisse beaucoup de côté. Pour se déplacer dans ce monde où ces personnages sont minuscules par rapport aux arbres, aux branches et même aux feuilles, ils utilisent des méchas, sortent de machines à plusieurs pattes, capables de sauter, planer etc. Alors qu’après une sortie nocturne pour aider son père, la nacelle favorite de celui-ci est dérobée, le père rejette sa fille, qui rongée par la culpabilité, décide de partir tambours battant à la recherche de cet insecte de métal nommé Chrysa, afin de récupérer la confiance de son paternel.
De prime abord, le scénario intrigue et on se prend au jeu de chercher avec Annika le moindre indice nous permettant de comprendre où est passée Chrysa. C’est alors un véritable rite initiatique d’une jeune fille, qui d’ailleurs ne sera même pas recherchée par son père, qui va devoir passer d’un insecte instable à une nacelle toute rouillée qu’il lui faudra améliorer tout au long de son périple pour en faire une véritable machine de guerre que l’on ressent réellement comme une montée en puissance. L’histoire est racontée via des bulles de dialogues et des rêves d’Annika composés d’images fixes.
La mise en scène est efficace, sans fioriture et on sent bien l’objectif du studio d’aller droit au but, sans prétention, pour raconter l’histoire qui compte vraiment pour eux. On regrettera cependant le manque de finesse dans les quelques twists du jeu et le manque d’attachement à une petite qui, bien que courageuse, ne montrera que rarement ses faiblesses de jeune enfant. La direction artistique du titre est par contre une franche réussite. Alliant des couleurs plutôt automnales, Stonefly semble comme peint à la main comme pour renforcer l’aspect féérique du titre.
L’insecte de métal prend son envol
Bien qu’étant un jeu d’action-aventure, l’essentiel du gameplay se concentrera sur de la plateforme, de feuille en feuille, des combats et de la récolte de ressources à outrance. Sachez que Stonefly contient des éléments de RPG en ce qui concerne la personnalisation, sommaire, de la machine que l’on va contrôler, bien qu’une certaine liberté dans les options que l’on peut ajouter, ou améliorer, soit présente.
Bien entendu, toute amélioration, toute nouvelle coque ou nouvelle attaque ne sera pas débloquée gratuitement. Au fil des heures qui passent, le jeu vous proposera des plans pour de nouvelles features, imaginées par Annika durant son périple. Il vous faudra retourner au camp très régulièrement pour construire et installer ces nouveautés et ainsi permettre une avancée simplifiée, on pense notamment à une coque résistant au froid, mais aussi à des attaques ou des éléments de protection comme une bulle qui vous protégera de la plupart des attaques extérieures.
L’aspect amélioration est ici grandement utilisé puisque des tonnes de plans seront ainsi disponibles, allant de la simple amélioration, au contenu obligatoire pour progresser. Pour aménager votre nacelle, vous devrez récolter des tonnes de ressources, qu’il vous faudra souvent arracher des zones gardées par des insectes qu’il vous faudra ainsi affronter. D’ailleurs, certaines zones se retrouveront confinées et ne pourront être quittées que si les ennemis présents sont éliminés, ajoutant un peu de challenge et de stress aux affrontements sur des tableaux allant jusqu’à une quinzaine de bêtes en même temps.
Sachez par contre que les combats de Stonefly ne sont ni brutaux, ni trop punitifs. On apprécie grandement l’angle pris par les développeurs en ce qui concerne l’élimination des ennemis, qui consistera uniquement en une poussée de ceux-ci hors de la plateforme ou de la feuille faisant office d’arène.
Alors que certains pourront être poussés vers la sortie facilement, d’autres demanderont plus de techniques, plusieurs touches successives ou d’atteinte de leur point faible pour être retournés sur le dos et devenir ainsi vulnérables à une poussée, demandant une vraie réactivité et une importante précision, manquant parfois dans la réponse des touches sur console. En effet, bien que l’ensemble soit facilement assimilable pour tous joueurs, on regrettera un manque de lisibilité dans l’action quand les attaques doivent se succéder et que les ennemis sont de plus en plus nombreux.
Le game-over est présent puisqu’à force de (très multiples) coups, votre nacelle pourra être renvoyée au camp et il vous faudra redémarrer le niveau. Heureusement, des points de passage sont présents pour ne pas tout retraverser car les zones traversées sont vastes bien que peu nombreuses. Néanmoins, avant de finir au garage, votre nacelle aura la possibilité de se réparer, si vous appuyez sur la touche associée, sous peine de perdre ses fonctions de saut ou de vol avant de rendre l’âme.
Au nombre de 3, les mondes de Stonefly se dévoilent progressivement et sont découpés en diverses zones qu’il vous faudra arpenter pour suivre les traces du voleur de nacelle. Pour suivre votre cheminement principal, des sortes de lucioles dorées peuvent vous indiquer le chemin sous pression d’une simple touche, le tout étant bien entendu facultatif. Chacun possède sa propre identité visuelle et des espèces d’insectes différentes pour toujours plus de variété.
Une fable écologique qui aime le farming
Il vous faudra d’énormes poches si vous souhaitez avancer dans Stonefly. La quantité d’objets et minerais à récolter est tout simplement astronomique. Peut-être même un peu trop. En effet, pour progresser aisément dans Stonefly, vous devrez acheter des améliorations à votre Mécha mais aussi pourquoi pas, vous faire exploiter (oui oui vraiment) par vos « amis » afin qu’ils puissent eux aussi poursuivre leur route.
Chaque monde de Stonefly possède ses propres ressources dédiées, vous forçant parfois à faire demi-tour pour aller chercher celles manquantes ailleurs. Le jeu se transforme ainsi petit à petit en jeu de farming plutôt qu’en fable écologique scénarisée. On pourrait d’ailleurs le reprocher aux développeurs qui ont sensiblement augmenté la durée de vie de leur titre en gonflant aisément les quantités à ramasser, devenant à la longue un peu redondant.
L’aventure n’est pas pour autant monotone puisque vous rencontrerez par exemple un groupe de voyageurs, comme vous, qu’il vous faudra aider pour qu’ils acceptent de vous aider en retour et, heureusement, on retrouve très régulièrement la possibilité de s’attaquer aux pucerons Alpha, gigantesques bêtes qu’il vous faudra traquer dans chaque monde grâce à des mouches bleues se déposant à plusieurs endroits.
Une fois la piste établie, vous pouvez vous rendre sur son dos et ainsi procéder à un véritable hold-up de ressources chronométré. Nous avons particulièrement apprécié ces moments qui ont apporté un souffle de fraîcheur dans l’aventure tandis que les combats seront de retour dans ce laps de temps limité, nous permettant de nous sauver la mise à de nombreuses reprises quand les ressources manquaient.
L’histoire ne vous occupera qu’une petite dizaine d’heures, sans réellement proposer de New Game+. Stonefly mettra tout de même à votre disposition un mode de jeu en fin de partie où il vous faudra affronter des vagues d’ennemis successives et tenter d’améliorer sans cesse son score.
Côté technique, le jeu n’a souffert d’aucun ralentissement et les chargements étaient extrêmement rapides sur PlayStation 5. Nous devons tout de même signaler quelques fautes de frappe dans la traduction ainsi que de fréquents bugs de collisions lorsque notamment nous nous rendions dans une zone où une branche ou une feuille vont littéralement cacher votre champ de vision si vous vous trouvez juste en dessous, le jeu se présentant quasi-exclusivement en vue de dessus renforçant la sensation de grandeur des environnements. Heureusement, les bugs sont rares et présents essentiellement aux limites de zones à visiter.
Enfin, la bande-son de Stonefly est tout simplement magnifique, aux douces notes organiques, parfois mélancoliques, mais toujours agréables et jamais tape-à-l’œil. Un point très positif vous permettant ainsi d’aborder cette petite aventure de la manière la plus sereine possible, pour de petites sessions entre deux séances de shooter bien bourrin.
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