La démo de Storyteller avait créé une véritable surprise avec un concept innovant qui demande de construire un récit sous la forme d’un puzzle à remettre dans le bon ordre. On connait tous par cœur la fin des contes populaires de notre enfance ou d’histoires comme Hamlet, Œdipe et on passe, mais Storyteller nous propose de reconstituer ces récits comme s’ils étaient des énigmes ou comme si nous étions le metteur en scène d’une pièce qui doit suivre un déroulement logique. En découle une proposition intelligente, pleine de bonnes idées, mais qui passe sans doute à côté de son plein potentiel.
Conditions de test : Nous avons terminé Storyteller sur Switch en environ 3 heures, le tout à 100 % avec l’intégralité des défis optionnels en plus.
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ToggleUne histoire dont on connait déjà la fin
Le principe de Storyteller est simple : chaque puzzle prend la forme d’une histoire découpée en plusieurs tableaux (de trois à huit maximums), avec des décors et des personnages à placer dans l’ordre logique pour que cela aboutisse à l’objectif indiqué. En somme, vous connaitrez déjà la fin de l’histoire que vous devrez mettre en place, mais c’est à vous de trouver son cheminement.
Par exemple, un puzzle peut vous demander de briser la malédiction d’une princesse transformée en grenouille. Vous aurez alors à votre disposition deux « décors », qui équivalent parfois à des situations, avec une scène dans la forêt et une autre où deux personnages peuvent s’embrasser. En guise de personnages, une sorcière, un prince et une princesse vous seront proposés. Vous devinez donc ce qu’il vous reste à faire, c’est-à-dire faire en sorte que la princesse soit transformée en grenouille, puisqu’elle rencontre le prince, qui l’embrassera pour rompre le sort, le tout en respectant le nombre de cases imposé par cette histoire.
Là où Storyteller fait fort, c’est dans le fait que les scènes que vous allez créer ne sont pas complétement passives. Les personnages que vous placez dans chaque cadre réagissent selon les actions que vous leur imposez, et si une réaction ne va pas dans le sens logique de l’histoire demandée, vous ne pourrez pas aboutir à la fin du puzzle. Là encore, un exemple vaut plus que mille explications : si le but de votre histoire est de marier la reine à son chevalier, il faudra d’abord faire en sorte qu’elle en tombe amoureuse, via l’ajout d’un troisième personnage qui va la kidnapper pour que son futur bien-aimé puisse la sauver.
Les ficelles se voient trop vite
Sur le papier, tout cela a l’air très simple et c’est vrai que ça l’est. Sur la cinquantaine de puzzles proposés, ce qui est malheureusement trop peu, vous en bouclerez sans doute une quarantaine avec une facilité déconcertante. D’autant plus que le dernier chapitre nous demande d’accomplir les meilleurs puzzles du titre, avec des intrigues plus alambiquées que l’on aurait aimé voir en plus grand nombre.
Le jeu ne propose qu’un véritable challenge lorsqu’il met en scène des personnages qui ne sont pas interchangeables et qui ont des réactions très spécifiques. Une duchesse refusera par exemple de prendre un pistolet pour tuer son mari, même si arrange les bonnes cases dans l’ordre, alors que le valet du couple le fera sans sourciller.
Tout se complique encore plus lorsque le jeu demande de réaliser des objectifs annexes en laissant moins de libertés dans la façon de résoudre un puzzle. Une bonne façon de repenser une histoire sous un nouvel angle tout en ajoutant un peu de difficulté à l’ensemble, même si l’on aurait aimé que le nombre d’énigmes soit plus grand. D’autant plus que parfois, la résolution de ces dernières n’est pas aidée par quelques coquilles dans la traduction française, qui peuvent aiguiller sur des mauvaises pistes ou rendre la solution un peu tirée par les cheveux.
Court mais charmant
Le jeu manque certes de contenu, mais il parvient à procurer cet effet « Eureka » à chaque fois que l’on arrive à tout agencer dans l’ordre. Une fois que l’on a bien compris les rouages de chaque situation, on peut vraiment s’amuser à créer des histoires loufoques, même dans le cadre imposé de chaque puzzle.
Tout cela parce que le jeu a l’intelligence de varier ses thématiques, avec une dizaine de genres narratifs explorés. Entre des histoires d’amour, de trahisons, de complots, de monstres, de magie et d’autres, Storyteller passe du conte pour enfants à la tragédie en quelques instants, renouvelant ainsi constamment l’expérience même si les ficelles derrière restent les mêmes.
C’est souvent très bien pensé, avec une logique implacable à l’exception de quelques rares histoires on l’on ressentirait presque le besoin d’avoir accès à un cadre supplémentaire pour mieux exposer le cheminement de l’intrigue. Tout a été parfaitement orchestré et calculé pour que les solutions soient parfois multiples, ou que tout s’enchaîne de façon inventive. Un personnage mort peut à titre d’exemple continuer à être utilisé dans les cases suivantes, mais il apparaitra alors comme un fantôme, déclenchant donc réactions différentes.
On est aussi charmé grâce à l’excellente direction artistique mise en place qui fonctionne très bien, avec des petits personnages aux drôles d’animations. Il en est de même pour les compositions musicales et le sound-design global du titre, bien que ces derniers soient discrets. Tout l’enrobage de Storyteller est soigné et nous donne envie d’enchaîner les histoires jusqu’à plus soif, même si le tout se termine très vite.
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