Stray a déjà conquis le cœur de bon nombre d’entre nous, et ce avant même d’avoir posé nos pattes sur la manette. Il faut dire que la proposition originale du titre a de quoi immédiatement captiver tous les amoureux des chats, surtout lorsque l’on voit à quel point notre protagoniste félin a tout du matou craquant que l’on veut entendre ronronner des heures durant. Mais cela ne suffit pas pour faire un bon jeu, et Blue Twelve Studio l’a bien compris puisque Stray regorge de petites idées qui font que ce titre est loin de se reposer uniquement sur les gimmicks de son chat.
Conditions de test : Nous avons terminé Stray sur PlayStation 5 en un peu moins de six heures, en ayant récolté les 3/4 des collectibles du jeu.
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ToggleDonner sa langue au robot
On pourrait croire que vivre le quotidien d’un chat serait assurément reposant, mais pas celui que l’on incarne dans Stray. Loin de là, puisque si notre petit héros coulait des jours heureux en compagnie des siens à proximité d’une sorte de barrage, une mauvaise chute va le faire atterrir dans une ville obscure où le ciel bleu n’a pas sa place. Blessé et désormais seul, notre chat va alors arpenter les rues de cette ville pas comme les autres, où on ne trouve pas âme qui vive si ce n’est des parasites qui vont pourchasser le félin.
Commence alors une aventure dans un dédale sombre, uniquement éclairé par les néons des anciennes installations a priori humaines, et qui sont maintenant entretenues par des robots/androïdes, tous très amicaux (du moins pour la plupart), qui essayent de « vivre » tant bien que mal dans ce taudis.
Mais puisque vous êtes un chat, la communication entre vous et ces robots est forcément compliquée, jusqu’à tomber sur un petit drone répondant au nom de B12 (une référence au nom du studio), qui va vous aider à traduire le langage des androïdes tout en vous affublant d’un sac à dos pour stocker des objets. Ainsi commence votre aventure vers le sommet de la ville, dans l’espoir de retrouver l’extérieur et de comprendre pourquoi aucun humain n’est présent ici.
Inspecteur ronron
Stray se présente donc comme un jeu d’aventure relativement linéaire, dans lequel on est amené à progresser dans une suite de niveaux en résolvant des énigmes et en répondant aux divers besoins des habitants que l’on croise. Si tous les PNJ que l’on rencontre ne sont pas essentiels à notre périple, d’autres peuvent nous confier des tâches spécifiques tout en répondant à nos questions lorsqu’on leur montre un objet en particulier.
Le titre se transforme donc parfois en un vrai petit jeu d’enquête où l’on interroge tous les robots aux alentours pour trouver une destination ou le but d’un objet. Une bonne idée pour faire face à l’absence de parole de notre protagoniste (les robots ne comprennent pas le langage du « miaou » après tout), et qui sent presque l’héritage du point’n click, où chaque objet a son utilité et où l’on doit connecter les bons indices ensemble pour que le puzzle global avance.
Pour trouver tous ces objets, il va falloir explorer un peu les environs, et même si l’aventure se veut être dirigiste dans sa majeure partie, elle sait aussi nous offrir quelques moments de respirations où l’on est plus libre de notre direction. Ne vous attendez pas pour autant à des vraies grandes zones ouvertes, mais à deux reprises (voire trois), l’environnement se décloisonne un peu pour vous laisser arpenter divers quartiers et pour y rencontrer d’autres robots.
C’est d’ailleurs souvent dans ces moments précis que l’on peut mieux apprécier le génie de level-design qu’est Stray, alors que le challenge était de taille. Etant donné que l’on voit tout à hauteur de chat, la ville doit être pensée dans cette optique. Ce qui veut dire qu’un simple tuyau peut être pensé comme un moyen de prendre de la hauteur, qu’une étagère doit être aussi imaginée dans l’idée de servir de plateforme, etc.
L’art d’être un chat
Evidemment, on reste encore sur des rails ici et atteindre, par exemple, un toit, ne peut pas vraiment se faire de plein de façons différentes. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas plein de secrets à découvrir, et le jeu nous pousse à explorer chaque recoin dans le but d’y trouver des souvenirs de l’humanité, ou des objets qui pourraient nous aider dans notre quête.
C’est via ses petits passages secrets et ces suites d’énigmes que l’on apprécie vraiment Stray, qui sait utiliser les capacités de son chat de manière intelligente. Besoin d’entrée dans une pièce à la porte fermée ? Il suffit de gratter sur cette dernière pour voir si quelqu’un va en sortir. Quelque chose se trouve dans un carton ? Un coup de patte pour le faire tomber de l’étagère suffira.
Et si ces actions peuvent aboutir à la résolution d’énigmes ou à contribuer à votre avancée, ce n’est pas toujours le cas. Aussi intelligent que vous êtes, vous restez un chat, et Blue Twelve Studio a décidé de vous offrir l’opportunité de vous comporter comme tel, même sans récompense à la clé, si ce n’est pour profiter de ses superbes animations.
Vous pouvez ainsi foutre en l’air une partie de Scrabble en sautant sur le plateau, écrire n’importe quoi sur le clavier d’un PC, dormir des heures durant (pour mieux apprécier la bande-son du jeu, relativement discrète bien que réussie), ou bien affiner vos griffes sur un tapis, sans que cela serve à quelque chose. Inutile, donc indispensable, d’autant plus sur PlayStation 5 où la DualSense est utilisée intelligemment, avec des bruits de ronronnements qui sortent des haut-parleurs, ou des gâchettes adaptatives qui rendent le grattage avec vos griffes plutôt satisfaisant.
Une architecture au poil
Cela nous pousse aussi à mieux regarder le décor qui nous entoure, et sur ce point, Stray force le respect. Sur PS5, les détails de la ville sont saisissants. Le travail effectué sur l’éclairage offre de très jolies couleurs à l’ensemble, même dans la pénombre, et les panoramas nous font souvent regretter l’absence de mode Photo, même si aucune interface utilisateur ne vient nous gêner (en dehors d’un réticule que vous pouvez activer ou non). Puisque le studio a du penser ses décors à échelle de chat, l’impression de gigantisme des bâtiments fonctionne bien, et l’on remarque aussi que les détails au sol ont bénéficié d’un soin tout particulier.
On parle de technique, mais la direction artistique est tout autant à saluer. En s’inspirant de la Citadelle de Kowloon et de films comme Blade Runner, l’équipe a su donner une vraie identité à ces décors, avec certains niveaux qui sortent vraiment du lot, comme ce gigantesque arbre servant de mini-ville.
On évitera d’entrer plus loin dans les détails pour ne rien divulgacher, mais on a aussi été surpris de voir le jeu aller dans des directions sur lesquelles on ne l’attendait pas forcément, avec notamment un niveau plus typé « horreur », qui fait son effet. Le résultat graphique est donc à la hauteur des attentes, surtout pour un jeu qui ne bénéficie pas d’un énorme budget.
Court sur pattes
Ce constat aurait sans doute été différent si le jeu s’autorisait plus d’ouverture, ou s’il avait une durée de vie plus longue. Car Stray est une aventure aussi courte que prévue, sans doute pour son propre bien. Comptez environ 5 à 6 heures pour terminer l’aventure en ayant pris votre temps, et peut-être 7 à 8 heures pour en faire vraiment le tour. En années de chat, c’est pas mal, mais en vrai, pas tellement. Mais cela lui permet de garder un bon rythme, avec des situations qui parviennent à se renouveler.
On regrettera en revanche que les sauts du jeu soient automatisés. On comprend évidemment l’idée derrière cela, en rendant les phases de « parkour » plus fluides et en demandant moins de compétences aux joueurs et joueuses (le titre est vraiment accessible), mais cela occasionne quelques loupées assez frustrants. On en vient parfois à sauter sur les mauvaises plateformes au mauvais moment, ce qui nous rappelle les heures sombres des premiers Assassin’s Creed, où notre personnage ne sautait pas au bon endroit.
Pas de recyclage ici
Lors de notre aperçu, on craignait que les phases plus orientées vers l’action finissent par se ressembler, avec simplement des courses poursuites en ligne droite qui deviendraient de plus en plus difficiles. Ce n’est heureusement pas le cas, puisque Stray introduit parfois des mécaniques qui ne vous serviront que pour quelques minutes, dans des niveaux bien particulier. On fait parfois face à des microbes que l’on peut tuer, tandis qu’il faudra jouer au jeu du chat et de la souris dans d’autres circonstances (en étant paradoxalement la souris ici), ou bien se cacher d’autres ennemis avec des phases d’infiltration à d’autres moments.
Cela évite la répétition des situations tout en renouvelant l’intérêt du gameplay, même si l’on aurait aimé que le jeu soit tout de même un peu plus généreux avec encore plus d’outils différents, surtout lorsque l’on voit que la fin est un peu abrupt et manque franchement d’un climax.
On reste globalement sur notre faim concernant le récit qui nous est raconté, même en ayant récolté pas mal d’objets nous permettant de mieux comprendre ce monde. On profite néanmoins d’une belle relation d’amitié entre notre héros à quatre pattes et B12, ainsi qu’avec les divers robots que l’on va rencontrer et qui vont nous aider. Il est aussi amusant de constater que le jeu sait faire preuve d’humour avec de nombreuses références cachées un peu partout, notamment avec des robots aux noms équivoques qui font appel à la pop culture, mais on vous laissera découvrir cela par vous-même.
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