Disponible depuis fin 2020 en exclusivité sur Google Stadia, Submerged: Hidden Depths s’est ouvert aux plateformes PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One et Xbox Series X|S le 10 mars dernier. Développé et édité par le studio australien Uppercut Games à qui l’on doit notamment City of Brass et Submerged, premier opus de la licence qui avait attiré presque autant d’admirateurs que de détracteurs lors de sa sortie en 2015, ce jeu d’aventure et d’exploration en vue à la troisième personne parvient-il à marquer positivement les esprits ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé avec une manette Xbox One sur un écran 1080p ainsi qu’un PC équipé d’un processeur Intel Core i5-9400F (2,9 GHz), d’une NVIDIA GeForce RTX 2060 et d’une mémoire vive de 16 Go de RAM. Le titre a tourné en configuration Ultra pendant un peu plus de 8 heures, temps nécessaire pour terminer le jeu une fois à 100%. Cet article est garanti sans spoilers.
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ToggleUn récit visuel minimaliste au service d’un univers contemplatif
Se présentant comme une suite stand-alone de Submerged, Submerged: Hidden Depths nous invite à suivre l’histoire de Miku. Accompagnée de son frère Taku, cette jeune fille se rend dans un monde en ruines englouti par les eaux afin de se prouver que le mystérieux pouvoir lié à son bras droit peut être utilisé pour faire le bien. Pour cela, rien de plus simple, il lui suffit de retrouver et de remettre à leur place les dix graines capables de guérir et redonner vie à la nature qui l’entoure.
Ne dépassant jamais le stade du petit conte pour enfant, le récit entièrement visuel concocté par les développeurs n’est pas déplaisant à suivre mais n’a rien d’extraordinaire non plus, essentiellement en raison de son aspect minimaliste au possible. Que ce soit dans l’écriture, la relation entre la sœur et le frère ou encore la mise en scène, la dimension narrative est très anecdotique.
Là où le jeu a quelque chose de vraiment intéressant à nous proposer, c’est dans son univers. Plutôt bien travaillés, explorer les vestiges qui s’étendent à perte de vue constitue une invitation au voyage assez réussie. Porté par une direction artistique tantôt sombre, tantôt colorée, en fonction de la météo et de l’heure de la journée ainsi qu’une ambiance sonore apaisante et relaxante pour les oreilles, le monde ouvert qui s’offre à nous regorge d’une beauté que l’on prend plaisir à immortaliser à l’aide du mode photo. Malheureusement, ce n’est pas le cas en permanence.
Pour le (dés)amour du contenu annexe
S’il est indéniable que Submerged: Hidden Depths possède un univers doté d’un certain cachet, celui-ci est victime d’un gros défaut nuisant considérablement à son côté contemplatif, Uppercut Games ayant commis l’erreur de concevoir son open-world à l’ancienne, ce qui ne plaira clairement pas à tout le monde.
Craignant sans doute que les joueurs et les joueuses pointent du doigt une carte un peu vide et/ou une durée de vie trop faible (ce qui est compréhensible dans le second cas puisque terminer le titre en ligne droite ne requiert pas plus de 3h grand maximum), le studio australien a, sans mauvais jeu de mots, submergé sa création de contenus superflus.
Notes reconstituant le passé de l’ancienne civilisation, améliorations du moteur de notre embarcation, éléments de personnalisation pour modifier la tenue et la coiffure de Miku ainsi que l’aspect de son bateau, reliques et fleurs permettant de décorer notre hub central, repères déterminés par de vieux monuments, carnet répertoriant les créatures de la faune, miradors (système équivalent aux tours/points de synchronisation dans les productions Ubisoft), le jeu compte environ 150 collectibles à dénicher au total. C’est trop, beaucoup trop !
Alors, oui, cela apporte une très légère plus-value à l’expérience qui n’en reste pas moins dénuée de challenge. Oui, cela nous incite à fouiller les lieux explorés afin de profiter au maximum des mécaniques simples mais efficaces et bien huilées en termes de game et level design. Mais était-ce nécessaire d’en abuser à ce point ?
Avec tout ce qu’il y a à récupérer, on est davantage obnubilé à l’idée de retourner chaque mètre carré du monde ouvert que de profiter de son charme. Cela se ressent également dans les phases de navigation où on passe presque plus de temps à sortir notre longue-vue et consulter notre carte pour vérifier que l’on a rien manqué aux alentours plutôt que de profiter du paysage.
Notez aussi que, occasionnellement, on a la possibilité d’incarner Taku dans le cadre d’une activité annexe mais, faute d’inspiration dans le gameplay, qui est identique à celui de Miku, et dans leur conception, on n’y prend strictement aucun plaisir.
Attention, il est important de préciser qu’on ne reproche pas aux développeurs d’avoir voulu apporter un peu de profondeur à l’univers. Ce qui nous dérange ici, c’est qu’ils ont voulu en faire trop et ce contenu supplémentaire manque d’intelligence et de subtilité dans son intégration. Non seulement on s’ennuie mais, encore une fois, ce déséquilibre dessert grandement l’aspect contemplatif de l’expérience.
C’est vraiment dommage d’autant plus que plusieurs titres avaient déjà commencé à prouver à l’époque qu’il n’était pas indispensable de surcharger une carte de collectibles en tous genres pour apprécier un monde ouvert jusqu’à vouloir s’y perdre.
Un manque de peaufinage difficile à pardonner ?
En plus de ne pas être aidé par ce surplus de contenu superflu, Submerged: Hidden Depths intègre un moteur graphique qui a montré de réelles faiblesses techniques tout au long de notre périple.
Rassurez-vous, ce n’est pas catastrophique puisque, rappelons-le, le titre dispose d’un univers profitant d’un certain cachet grâce à sa direction artistique qui offre un rendu visuel assez agréable pour les mirettes dans l’ensemble. Toutefois, c’est loin d’être parfait, la faute à pas mal de textures (végétation, surface de l’eau) manquant de travail et de finesse, au point de paraître fades et baveuses, ainsi qu’une distance d’affichage trop limitée.
Autre défaut, le jeu souffre d’un manque de peaufinage venant briser l’immersion de temps à autre. Quelques bugs de textures et d’animations, un peu de clipping et d’aliasing, de brèves saccades lors de l’exploration du monde ouvert, de rares mouvements de caméra pouvant nous désorienter, même si on a conscience d’avoir affaire à un projet indépendant, on aurait apprécié qu’Uppercut Games daigne soigner davantage la finition de son bébé, d’autant plus que cela fait déjà plus d’un an qu’il est commercialisé.
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