Financé sur Kickstarter en février 2019 à hauteur de presque 234.000 dollars, Summer in Mara se fait une petite place sur PC et Nintendo Switch dès le 16 juin, après avoir proposé une version démo il y a quelques jours où le prologue était dévoilé. Premier titre d’une telle envergure développé par Chibig, un petit studio espagnol tout droit venu de Valence, ce titre d’exploration vous permettra de découvrir l’univers de Mara, aussi coloré qu’il n’est fragile. En effet, l’équilibre entre les forces de la nature et la technologie à outrance est instable, et vous allez devoir donner tout votre possible pour faire pencher la balance du bon côté…
Condition de test : Nous avons pu jouer à Summer in Mara entre 15h et 20h sur la version PC, avec un processeur Intel Core i5-6300HQ, 16 Go de RAM et une carte graphique NVIDIA GeForce GTX 950M. Une grande partie des quêtes principales (Koa) et secondaires (autres personnages) ont été balayées pour pouvoir vous proposer un test en bonne et due forme.
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ToggleUne vie de rêve sous les cocotiers
À peine avez-vous lancé Summer in Mara que le cadre est posé : vous incarnez Koa, une jeune orpheline, dont on ne sait que peu de choses sur son passé. Élevée par sa grand-mère sur une île, qui sera votre foyer tout au long de l’aventure, vous voilà déjà happé par cet univers coloré et mystérieux qu’est Mara. Votre but : faire prospérer votre île, l’améliorer pour en faire un foyer accueillant et surtout découvrir tous les mystères qui se cachent dans ce petit archipel et augmenter le rayonnement de votre foyer.
À travers des composantes que l’on peut retrouver dans des jeux de farm tel Stardew Valley, le premier titre de Chibig n’est pas sans rappeler un certain My Time at Portia, sorti l’année dernière sur PC, PlayStation 4, Xbox One et Nintendo Switch.
En effet, l’interaction avec les autres personnages sera importante et surtout nécessaire pour avancer dans l’histoire à travers les quêtes qu’ils vous proposeront. Le côté récolte sera également très présent, mais beaucoup plus simple et moins exigeant que sur un Stardew Valley : la récolte est rapide et les différentes recettes vous permettant de fabriquer des objets plus élaborés seront assez peu gourmandes en ressources. Idéal pour les novices dans le genre, et pour les joueurs souhaitant profiter d’une aventure calme et relaxante, plutôt que de devoir récolter des heures pour espérer avancer dans l’aventure.
Au départ, vous n’aurez qu’une maison, qui vous servira d’atelier, de chambre à coucher et de cuisine. Vous ne pourrez pas accéder à l’intérieur de la maison, votre foyer ne vous permettra d’accéder qu’à l’interface de craft pour fabriquer les différents objets dont vous aurez besoin. Ajoutez à cette maison un tout petit potager, quelques arbres fruitiers et un petit tunnel servant de mine pour récolter les minerais et vous aurez le parfait kit de départ du petit insulaire bricoleur.
Afin d’améliorer votre île, vous pourrez construire de nouvelles bâtisses, qui vous permettront notamment de créer de nouvelles ressources ou bien élever des animaux pour produire du lait ou des œufs. Ces constructions se divisent en deux types : celles que vous pourrez mettre à l’endroit de votre choix sur votre île en toute liberté, les autres vous seront imposées. La liberté de création et le souhait de construire une île à votre image sont un peu bridées de ce côté là : l’étable, le poulailler, le potage ou même la mine ne seront constructibles qu’à des endroits prédéfinis.
Alors que pour les plus petites constructions telles que le moulin (qui vous permettra d’obtenir de la farine) ou bien le four, vous serez libre de les mettre à l’endroit de votre choix. Un peu dommage de ne pas avoir une totale liberté, mais cela reste compréhensible en tant que développeur : laisser ce choix au joueur aurait grandement compliqué les choses et aurait fait exploser le budget développement. Rappelons quand même qu’il s’agit d’un projet Kickstarter, premier titre du studio qui plus est.
Un gameplay simple, efficace mais répétitif ?
Comme évoqué précédemment, Summer in Mara vous demandera essentiellement de récolter des ressources pour fabriquer divers objets. Pour vous pousser à aller toujours plus loin dans ces récoltes, et découvrir de nouvelles ressources, un système de quêtes est proposé, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est sacrément fourni. En effet, vous aurez en tout et pour tout pas moins de 300 quêtes à réaliser en discutant avec les 20 personnages principaux du jeu.
Avec une durée de vie de 30 heures (et encore, c’est large), vous n’êtes pas prêt d’en voir le bout. Koa, notre jeune héroïne, proposera sa propre trame de quêtes, que l’on pourra définir de scénario principal avec comme fil rouge son combat contre les Élites qui seront prêts à tout pour mettre la main sur votre île et ses ressources.
Les 20 personnages non-joueurs proposeront quant à eux leurs propres quêtes, dont la trame dépendra entièrement de votre avancée dans le scénario principal, vous serez donc redirigé de temps à autre vers Koa et ses quêtes. Et c’est sur ce point que le bât blesse : il y a énormément de quêtes.
Malheureusement, cet énorme contenu peut parfois paraître comme du simple remplissage, certaines quêtes étant très similaires et vous demandant peu ou prou la même chose : « cuisine moi ci » ou « récolte moi ça ». Alors oui, Summer in Mara est essentiellement un jeu de farming et de récolte, en plus de vous permettre d’explorer cet archipel, mais l’on regrette malgré tout un manque de variété dans ces quêtes, quitte à ce qu’elles soient moins nombreuses.
Ce petit défaut ne gâche en rien l’expérience de jeu : l’univers de Summer in Mara est beau, coloré et enfantin. Les personnages sont, pour la plupart, attachants et les relations que certains entretiennent prêtent à sourire, notamment Bramm et Mayo, les Roméo et Juliette de l’histoire. Le character design, aussi simple soit-il, est visuellement agréable, surtout au niveau des courtes cinématiques (trop peu nombreuses malheureusement) et des phases de dialogues entre personnages avec ce style bande dessinée tellement efficace.
L’écologie au cœur de l’expérience vidéoludique
Les jeux vidéo traitant du thème de l’écologie ne sont pas si rares que ça, surtout depuis quelques années : ECO, Stardew Valley ou plus récemment Les Sims 4 avec sa dernière extension Écologie. Parfois évoquée avec finesse, ce thème peut parfois être évoqué avec beaucoup de lourdeur, quitte à devenir moralisateur et finalement contre-productif. Ici, dans Summer in Mara, le message est clair dès le début de votre aventure, et vous serez poussé dans ce sens tout au long de votre périple : vous pourrez récolter ce que la nature vous donne, mais attention à ne pas détruire tout un écosystème.
Vous allez être poussé à replanter autant que possible, à récupérer tout un tas de déchets pour les recycler, et à apprendre à respecter la nature et les autres personnes à travers les quêtes qui vous seront proposées. Et que dire des grands méchants du jeu : les Élites, peuple venant d’une autre planète où la technologie à outrance est reine dont le seul but est de débarquer sur de nouvelles planètes pour s’emparer des ressources naturelles et laisser les autochtones avec uniquement les yeux pour pleurer. Cette scission écologie/technologie est matière à débat, et est parfois assez caricaturale dans Summer in Mara.
Avec un jeune public en cœur de cible, ce type de message est toujours bon à passer, et le vecteur qu’est ce titre bon enfant et très accessible semble plutôt bien choisi. Loin d’être une propagande écologiste, Chibig aura au moins eu le talent d’évoquer très largement ce thème dans ce jeu d’exploration et de pouvoir permettre aux joueurs de s’interroger et de peut-être remettre en question sa façon de voir l’écologie. Sur ce point, l’objectif est rempli, et Summer in Mara vous laissera un très beau souvenir.
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