Ils n’en sont jamais vraiment partis depuis l’avènement de la 3D, pourtant tout indique que Goku et sa bande effectuent un retour triomphal sur nos consoles ces dernières années. Il faut dire que la licence de Akira Toriyama a engendré une toute nouvelle série animée, sous-titrée Super, ainsi que trois films, dont le récent Super Broly. À coté de cela, les jeux pleuvent évidemment sur tous les supports, des machines de salon, avec notamment Dragon Ball FighterZ, jusqu’aux téléphones mobiles avec Dokkan Battle. Bien sûr, puisque l’on parle de l’œuvre qui a popularisé le shonen (et plus généralement le manga) en dehors de l’archipel nippon, les ventes sont au rendez-vous. Il n’en fallait pas moins pour que le portage d’un jeu d’arcade très japonais sur PC et Switch finisse par atterrir en Occident.
Première déception
Imaginez un instant qu’un jeu virtuel de cartes Dragon Ball déraille, pour une raison mystérieuse, et qu’il permette soudain aux personnages de l’univers de Toriyama de venir nous rendre visite dans le monde réel. C’est une perspective sympathique, n’est-ce pas ? Dommage que, cette fois-ci, seuls les méchants soient intéressés par le voyage. Remarquez, il fallait bien un point de départ à l’histoire, n’est-ce pas ? L’ennui, et vous l’aurez sûrement compris avant que l’on parle de défauts, c’est que cet aspect scénaristique est complètement raté. Pire, il ne sert finalement, à l’instar d’une grande partie du contenu du jeu, que de prétexte à du fan service outrancier. L’occasion de croiser dans le désordre des têtes marquantes, et d’autres inespérées, issues de Dragon Ball jusqu’à Super, en passant par GT et chacun des films, mais aussi de l’univers de la série Heroes. Tous les arcs sont réunis, ce qui est une bonne nouvelle pour les fans. Seulement, cela passe par une adaptation décevante de l’œuvre dans sa globalité.
Super Dragon Ball Heroes : World Mission c’est avant tout du fan service outrancier.
Certains diront que c’était couru d’avance, et ils ont sans doute raison, puisque World Mission est l’adaptation d’un jeu de prime abord destiné aux bornes d’arcade. Et par « adaptation », comprenez simplement qu’il s’agit d’un portage bien paresseux. Passons, donc, sur son scénario à la ramasse, puisque l’on retiendra finalement l’aspect dirigiste du mode campagne, ainsi que ses quelques moments forts. Notamment de sympathiques combats de boss, ou encore l’apparition de personnages très spécifiques, que l’on n’aurait jamais imaginés rencontrer dans un jeu vidéo. Malgré le ratage coté écriture, ou la mise en scène horriblement plate, le fan prendra finalement pas mal de plaisir à avancer dans les événements. À condition, bien sûr, d’être un véritable amoureux de la première heure, qui n’aura pas pris goût à ce shonen mondialement connu en découvrant l’arc Super, ou l’un des derniers films.
Mais même en étant le plus grand fan de la Terre, plusieurs défauts sautent aux yeux, et il faut bien reconnaître qu’ils mettent des bâtons dans les roues à l’appréciation du jeu de Bandai Namco. Ce n’était un secret pour personne, puisque les différents trailers parus jusqu’ici ne cherchaient pas à le cacher : l’aspect graphique du titre est une déception. On est sur quelque chose de dépassé, qui aurait presque pu paraître sur PlayStation 2. Le cell shading est raté, certains personnages ont une sale tronche, et les effets visuels sont réduits au strict minimum. En un sens, c’est sûrement mieux ainsi, d’ailleurs, puisque malgré tout cela World Mission parvient encore, à de rares occasions, à lagger succinctement. Le pire reste certainement le cruel manque d’effort coté environnements, puisque l’on se coltinera trop souvent les mêmes décors… et vous l’aurez deviné, ils n’ont rien de très reluisants, même si certains donnent plus envie que d’autres.
Quant à l’aspect sonore du titre, j’aurais presque préféré ne pas en parler. On applaudira bien sûr la présence d’autant de doubleurs officiels japonais (une nouvelle fois), bien que leurs voix ne seront finalement présentes que succinctement en combat. Le véritable problème, et on en revient au fait qu’il s’agisse d’un portage de jeu d’arcade, c’est la musique. Les divers thèmes n’ont rien d’extraordinaire, mais on aurait pu passer outre s’ils n’étaient pas aussi récurrents. Sans être de mauvaise foi, on entend toujours la même chose, et il arrive un moment où à force de pilonner notre cervelle, les morceaux finissent par s’y incruster ou par nous faire saigner des oreilles. Reste la présence sur l’eShop de deux packs payants offrant la possibilité de préférer les musiques de l’animé. Mais à 14,99 euros pièce, c’est clairement du vol, d’autant que la description du contenu évoque des versions « abrégées »… Vous comprendrez que nous ne nous sommes pas amusés à faire chauffer la carte bleue pour vous en parler plus en détail.
Portage d’un jeu d’arcade, et ça se sent
Super Dragon Ball Heroes : World Mission, c’est en quelque sorte le mélange improbable entre Yu-Gi-Oh! Duel Links et Wario Ware. D’un coté, il s’agit d’un jeu de stratégie dans lequel il faudra utiliser des decks de sept cartes maximum, afin de faire tomber à zéro la barre de vie de l’adversaire. De l’autre, il oppose très régulièrement le joueur à des QTE, ou actions contextuelles, qu’il faut réaliser rapidement, sous peine de prendre des dégâts ou de rater son attaque. Un mélange qui a de quoi surprendre, et qui correspond finalement peu à l’image que laissait transparaître Bandai Namco avant la sortie. L’éditeur mettait beaucoup en avant l’aspect réflexion, mais soyons clairs : manette en main, nous avons plus l’impression de jouer à un recueil de mini-jeux, venant s’inscrire entre des placements de cartes avisés. Cela étant dit, n’allez pas croire qu’il s’agit d’un mauvais jeu en vous basant sur cette description, ni sur ses graphismes pauvres.
En réalité, l’aspect stratégique est bel et bien là, quelque part enfoui sous un enrobage explosif d’actions contextuelles. Ces dernières prennent une place très importante dans les affrontements, au point de vite devenir redondantes. L’ennui, c’est qu’il n’est tout simplement pas possible de les négliger. Se faisant, vous perdriez chacun de vos matchs, parce qu’il est évident que l’ordinateur ne rate jamais son coup. On se consolera, à ce niveau, en admettant qu’elles permettent de rythmer quelque peu le titre qui, sans ça, se révèle un peu mou. Notez par ailleurs que, concernant la version Switch, il est préférable de jouer en mode portable, qui permet de se servir de l’écran tactile. Un outil qui fait grandement gagner en précision, et qui rend certains QTE moins difficiles.
L’aspect stratégique est une réussite, mais les actions contextuelles à outrance empiètent beaucoup trop dessus, au point d’être parfois plus décisives.
Coté stratégie pure et dure, le titre nous sert une recette assez complexe, expliquée en détail dans une petite série de tutoriels un peu ennuyeux, mais dont le visionnage est néanmoins nécessaire. Plusieurs types de cartes sont disponibles, possédant chacune leur particularité. L’une va permettre de faire baisser l’endurance de l’adversaire, par exemple, une autre fera chuter plus vite sa barre de vie. La vraie force de ce système tenant dans le fait que chaque carte est unique. Les capacités spéciales sont légion, les effets passifs aussi, et mieux vaudra bien se renseigner sur chacune de nos trouvailles avant de décider de l’intégrer dans un deck ou non. Un point sur lequel buteront les moins patients, puisque cela représente beaucoup de lecture et de recherche. Parce que le développeur n’a pas oublié d’être généreux, intégrant plus de mille cartes au total dans ce melting pot bariolé de personnages de tous horizons.
Il faut être patient pour apprécier le titre, qui nécessitera beaucoup de lecture et de recherche pour la construction de decks.
Au final, la vraie force de Super Dragon Ball Heroes : World Mission réside dans son contenu titanesque. Outre son nombre impressionnant de cartes, donc, le titre embarque plusieurs modes de jeu, en solo comme en multijoueur. La création de deck prend par ailleurs un temps fou. En terme de durée de vie, on est sur quelque chose de très solide, justifiant finalement sans problème le tarif affiché, sur PC comme sur Swtch. Et comme si cela ne suffisait pas, le développeur a ajouté un mode de création de cartes, plutôt bien pensé et intuitif, mais surtout il permet de réaliser ses propres missions. Cette seconde possibilité est grisante, certes, mais malheureusement assez fastidieuse à réaliser. Et là encore, on conseillera de regarder les quelques vidéos de tutoriel dédiées.
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