Qui n’a jamais rêvé d’être le héros d’un jeu vidéo ? Eh bien, dans Super Intern Story, on vous propose d’être le monstre d’un jeu vidéo. Enfin, un stagiaire. C’est déjà pas mal, non ? Développé par la team parisienne de Blue Noise, le jeu s’est révélé à nous à plusieurs reprises dans le cadre de nos derniers AG French Direct, nos conférences maison mettant en avant des jeux indépendants et francophones. Alors que sa sortie est désormais d’actualité ce 26 juillet sur PC via Steam et itch.io, ainsi que sur Nintendo Switch, nous avons pu nous glisser dans la peau de Marvin, le stagiaire qui va en voir des vertes et des pas mûres.
Conditions de test : Nous avons joué les « méchants » durant une partie entière, puis nous avons rejoué plusieurs chapitres pour voir différentes conséquences, le tout pour un total de 5h de jeu sur PC via Steam avec une manette Xbox.
Monstres et Compagnie
Dans Super Intern Story, vous incarnez un alternant accomplissant un stage dans une entreprise spécialisée dans la gestion en arrière boutique des jeux vidéo. Entendez par là que Bologna Corp., la société en question, embauche du personnel capable d’enfiler des costumes pour incarner divers monstres ou adversaires, mais aussi capable d’une rapidité et efficacité hors pair pour mettre en place les salles avant l’arrivée du Héros. Et ce dans un seul but, rendre l’expérience satisfaisante pour le joueur ou la joueuse derrière son écran.
Une drôle de façon de voir l’envers du décor, donc, et de donner la parole à ces PNJ et autres objets qui poppent ou qui sont présents avant notre arrivée dans nos jeux préférés, et ainsi d’en comprendre l’origine. Bénéficiant de ce très bon postulat, Super Intern Story nous met dans la peau de Marvin, dont on ne verra jamais la véritable apparence (une manière de le rendre encore plus lambda qu’un stagiaire ne l’est déjà dans cette société), et qui va devoir traverser les différentes épreuves qui l’attendent en vue d’obtenir un poste définitif, si cela ne vous dérange pas de vous faire crier dessus H24.
L’aventure se compose de 5 chapitres distincts aux paysages différents, se déroulant à diverses périodes du stage de votre personnage, tandis que l’aventure en ligne droite se termine en 3h grand maximum. C’est un peu court, mais nous allons voir que divers éléments viendront étoffer cette durée de vie. Vous allez devoir enfiler 4 costumes différents, allant d’un sphinx à une chenille ou encore un gros monstre intitulé Barbopopo. Nous l’avons dit, votre principal objectif sera de préparer les salles avant que le héros ne débarque. Pour cela, votre employeur, que vous ne verrez jamais mais qui est omniscient, vous apportera règles sur règles, pour complexifier l’aventure au fil du temps.
Pièces à déposer, cœurs à garder pour soigner le héros, coffres à remplir, barils explosifs à préparer etc. Autant d’actions à réaliser dans les temps, sous peine de perdre des points sur les niveaux ou encore d’être carrément viré, des trophées se débloquant dès lors. Les niveaux ne durant jamais longtemps, nous n’avons pas réellement connu de difficulté particulière pour avancer, c’est peut-être d’ailleurs un premier reproche que nous avons à faire à Super Intern Story.
Concernant l’aspect visuel du titre, nous avons été agréablement surpris du minimalisme des lieux. Chaque niveau de Super Intern Story est drastiquement différent du précédent et ne propose que quelques éléments. Murs droits, trous, plateformes, tout un panel d’éléments simples, permettant de se concentrer sur nos actions prioritaires pour glaner des points et réussir les niveaux. La colorisation est agréable à l’œil, même si l’on aurait préféré davantage d’ombrage et de profondeur de champ pour mieux s’imprégner des lieux.
Les déplacements de votre « héros » sont finalement assez simples. Vous pouvez sauter, vous déplacer de gauche à droite, et interagir avec des objets principalement avec X et grâce aux gâchettes LB/RB si vous jouez à la manette. Les règles s’incrémentant au fil et à mesure et parfois même très rapidement, vous pouvez les retrouver dans le menu pause pour ne pas faire d’erreur. Par exemple, il vous est demandé de lâcher un cœur une fois que le héros vous a battu, mais seulement si celui-ci est en position critique (un cœur restant), sinon vous perdrez des points. Mais attention, si une clé est requise pour que le héros quitte le niveau, vous devrez lâcher la clé et non un cœur, etc.
On me voit plus, on me voit
Vous l’avez compris, tout sera question de rapidité, de réflexion mais aussi d’anticipation, dans la préparation des salles, mais aussi de votre inventaire personnel, pour remplir des coffres, déposer des pièces, garder un cœur ou une clé sur soi, tandis qu’il ne vous faudra pas oublier de fermer les caches secrètes, ou de ne pas laisser l’extincteur de nettoyage dans la salle. Tout pour parfaire l’illusion de niveaux prêts « comme par magie », comme nous le connaissons tous dans nos jeux au quotidien. Cachez-vous si vous ne devez pas être vus, ne tuez pas le héros si cela vous est explicitement demandé, les règles changent constamment et apportent un véritable dynamisme à l’ensemble.
Certains niveaux viendront briser cette répétition de tâches, en vous mettant dans la peau d’un préparateur devant faire visiter les lieux à un fort investisseur qu’il vous faudra chouchouter, tandis que le lendemain, vous devrez prendre les commandes d’une salle des machines, de ses trois niveaux à préparer ainsi que ses barils atomiques à ne pas faire exploser. Mention spéciale au tout dernier niveau, beaucoup plus long que les autres, et qui vous mènera dans divers chemins et styles de jeu, jusqu’à jouer vous-même un méga-boss.
Nous avons grandement apprécié l’humour, la mise en scène, la typographie aussi, tandis que la musique n’était pas en reste, simple mais parfaitement adaptée aux situations. Nous avons cependant été confrontés à un bug assez important dans le niveau où nous prenions les commandes d’une salle complexe, où le héros n’est pas apparu les trois-quarts du temps, ne permettant d’accomplir que quelques missions demandées et réduisant à néant notre score. Heureusement, cela n’a eu aucun impact sur la suite de notre aventure, puisqu’il est possible, si vous êtes bloqué, de passer les chapitres en question.
L’aventure est sympathique, entièrement en français, recèle de bonnes idées pour expliquer comment se fabrique un jeu vidéo, n’hésitant pas à jouer sur les bugs et autres ressorts scénaristiques alambiqués, mais nous avons trouvé que l’ensemble demeurait trop peu exploré en profondeur, ne faisant qu’effleurer les potentialités d’un tel univers. Rappelons cependant qu’il s’agit du tout premier jeu complet d’un studio indépendant parisien, Blue Noise, composé de seulement deux personnes de manière permanente, Martin Bousquet et Pascal Pouvereau, accompagnés de développeurs contributeurs, suite à un projet lancé lors d’une Game Jam.
A noter que l’épopée de Marvin se voit dotée de plusieurs choix assez importants, notamment concernant votre vie dans l’entreprise, et que nous l’avons vu, votre destin peut aussi être scellé si vous êtes renvoyé, vous forçant ainsi à reprendre la journée de travail du début. Ces choix seront particulièrement parlants en fin d’aventure, même si nous vous laisserons le loisir de les découvrir ainsi que leurs conséquences associées, bien fichues. On aurait aimé également pousser encore plus l’aspect « esprit d’entreprise » avec davantage de satyre de la vie en communauté ou concernant la condition de stagiaire.
Enfin, ajoutons que Super Intern Story dispose de contenus annexes, entendons par là des missions et trouvailles secondaires, qui viennent étoffer une durée de vie principale assez courte. Celles-ci représentent malgré tout notre déception majeure concernant le jeu. En effet, nous avons pu boucler l’aventure une première fois sans vraiment avoir été invité à réaliser ces contenus annexes, en ne débloquant que quelques « extras » liés à l’histoire. Mais en fouillant bien mieux les différents étages de la société en question, nous avons pu remarquer qu’un homme attendait un savoureux breuvage à l’accueil, tandis qu’un monte-charge pourrait être fort utile, quand ce n’est pas un badge octroyant l’entrée à la direction qu’il faudra dérober. Une console de jeux vous attend même en salle de repos, à vous d’en faire bon usage…
Des ajouts intéressants, et réellement bien amenés une fois confrontés à eux, mais qui sont malheureusement trop peu mis en avant lors de l’aventure principale, causant sûrement beaucoup de manqués auprès des joueurs et joueuses, sauf peut-être les chasseurs de succès. Malgré tout, nous aimerions une parution sur d’autres supports, Super Intern Story sortant exclusivement sur PC, itch.io et Nintendo Switch, car l’aventure reste agréable à parcourir et cohérente de bout en bout.
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