Il faut bien se l’avouer : renouer avec l’époque old-school du jeu vidéo est parfois chose risquée. Si certains ne parviennent pas à accrocher malgré une volonté bien présente, d’autres, cependant, nous mettent une claque phénoménale et se fraient un chemin jusqu’à nos grands cœurs de joueurs sans même prendre la peine de s’essuyer les pieds avant de rentrer. Vous l’avez compris, Super Meat Boy est de cette trempe-là !
Un steak, un pansement, un foetus… La recette gagnante !
Car oui, il n’en faut pas plus pour décrire l’histoire du jeu : le héros, Meat Boy, voit sa copine, Bandage Girl se faire kidnapper par le méchant Dr. Fetus, et dois aller la délivrer. Inutile, mais pourtant très drôle dans sa construction et dans sa manière de présenter l’histoire, elle se démarque pas son absurdité et son côté nanardesque qui est directement inspiré du tout premier Super Mario Bros., tout comme les initiales du jeu (SMB) et le genre qu’il prône, puisque le soft se revendique de la catégorie des plateformes, dirons-nous « hardcore » !
C’est donc un hommage que nous avons, manette en main, au célèbre plombier italien. Hommage, oui, mais pas que, car le titre fait continuellement référence à la sphère geek en général, que cela soit par les musiques, les cinématiques, le level-design et autres. Le soft est donc un condensé de « geekitude » transpirant l’humour à chaque secondes, qui ne manquera pas de vous faire esquisser un sourire lorsque vous remarquerez un détail amusant reprit de Castlevania ou de Street Fighter…
Et si cette impression guillerette vous saisira le temps des premiers niveaux, elle sera très vite remplacée par la vision d’un petit démon qui prend un malin plaisir à jouer avec vos nerfs. Reprenant les codes les plus ancestraux du jeu de plateforme, Super Meat Boy saura vous les faire détester ! Tout est fait pour faire rager le joueur, dans le bon sens du terme, car il se dégage de la mécanique de gameplay un côté « épique » et « grisant » lorsque l’on réussit un saut millimétré, ou que l’on zigzague de mur en mur en traversant le niveau comme une flèche !
Super Meat Boy a un Level-design et une mécanique aux petits oignons !
Tout l’intérêt du titre réside dans la manière dont sont amenés les niveaux, et, surtout, la physique relative à notre héros. En effet, celui réagissant très facilement à l’inertie, il « glisse » sur quelques pixels après un saut et changer de direction en plein jump n’est pas sans conséquences. Pour autant, aussi insignifiants soient-ils, ces détails ont une importance capitale, car si vous ne les avez pas maîtrisés, vous ne progresserez jamais dans le jeu.
La structure des différents stages et la disposition des pièges ne vous laissent pas le droit à l’erreur, mais heureusement, pour nous aider, nous pouvons nous repérer grâce aux traces de sang (de viande ?) que laisse Meat Boy derrière lui. Ainsi, il est aisé de voir à quel moment appuyer sur la touche de saut a été fatal ! Car en plus des pièges, les différentes parois et sols seront également présents pour vous donner du fil à retordre, il faut donc apprendre à glisser le long des murs en prudence, même si c’est loin d’être facile, et surtout à calculer les différents sauts, car, dans SMB, une fois le premier lancé, il est fréquent d’être pris dans une spirale de wall-jump frénétique empêchant de réfléchir correctement, et c’est d’ailleurs souvent cela qui nous perd !
Les différents mondes proposés sont généralement composés d’une vingtaine de niveaux, en comptant le Boss. Mais c’est sans compter la multitude d’à-côtés, comme les « Warp-Zones » qui sont des levels secrets que vous devez terminer en trois vies maximum, la collection de pansements, ou encore les héros déblocables faisant références à d’autres jeux indé, pour ne citer qu’eux. En mettant ces objectifs secondaires bout-à-bout, la durée de vie du titre commence à prendre énormément de poids, et l’adepte du 100% y verra un challenge de taille qui ne le laissera pas indifférent.
La bande-son, quant à elle, est juste magistrale. Typiquement ancrée dans le 8-bit des années 90, son côté dynamique, électro et fiévreux nous embarque dans des sessions de jeux absolument dantesque, et c’est une des grandes force du soft, à l’instar des graphismes. En effet, la direction artistique n’est pas sans rappeler la « vieille époque », temps béni où le jeu de plateforme était à son apogée, et présente des décors de qualités, pixelisés mais léchés, mélangeant modernité et nostalgie de ce que nous pouvons tirer du genre. Certains niveaux bonus ne manqueront pas de revêtir carrément le style 8-bit, remémorant les parties endiablées passées sur NES/Master System.
Tous ces différents éléments se combinent dans une sorte de merveilleux bordel, et son aura délicieusement frustrante se savoure dans un « tout », cohérent avec lui-même, et qui démontre une grande technicité de la part de Team Meat !
Mais souvenons-nous, si aujourd’hui le jeu est perçu comme étant très difficile, il se serait perdu dans la masse de la normalité il y a 20 ans, où une telle rigueur était demandée sur tous les types de jeux. Comme quoi, le média change, les joueurs aussi, cependant, il est toujours bon d’avoir une piqûre de rappel de temps en temps !
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