Débutée en 2001 sur bornes d’arcade, exclusivement au Japon, avant d’investir les consoles, tant de salon que portables, la série Super Monkey Ball a fait beaucoup de chemin entre temps. Son développeur initial a depuis longtemps fermé ses portes, et c’est désormais au studio Ryu Ga Gotoku, aussi (et surtout) connu pour la franchise Yakuza (ou Like a Dragon) que revient la réalisation des nouveaux opus. Car non, malgré le fait que la recette n’ait que peu évolué au fil des ans, que la franchise ne se soit jamais armée d’une communication musclée pour annoncer ses sorties, Super Monkey Ball ne se porte pas mal. Au contraire même, puisqu’un tout nouvel opus exclusif à la Nintendo Switch, sous-titré Banana Rumble, débarque ce mois-ci.
Un épisode qui, à première vue, ne fait pas grand chose de plus que les autres, à savoir proposer de nombreux casse-têtes où la récupération de bananes est parfaitement accessoire, et une dimension multijoueur bien sentie. Que demander de plus, finalement, surtout quand le tout est vendu une petite cinquantaine d’euros sur l’eShop, et peut même se dénicher à dix euros de moins en version physique ? S’il ne fait aucun doute que Super Monkey Ball : Banana Rumble ne sera pas le jeu de l’année, et il n’a d’ailleurs aucune prétention allant dans ce sens, peut-il au moins aspirer à celui d’expérience rigolote et rafraîchissante de l’été ?
Conditions de test : Nous avons reçu un code Switch pour le titre, sur lequel nous avons passé un peu moins de dix heures, ce qui nous a permis de faire un bon tour de son contenu solo et de nous essayer à son multijoueur en écran scindé.
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Qu’il est bon de retrouver nos petits singes à l’orée de l’été ! D’autant plus quand ces mêmes primates s’offrent une toute nouvelle aventure. Contrairement aux deux derniers opus en date, à savoir Banana Blitz HD et Banana Mania, plutôt sympathiques au demeurant, Super Monkey Ball : Banana Rumble n’est pas une re-sortie. Comprenez par là qu’il ne s’agit ni d’un remake, ni d’un remaster, ni d’une compilation, mais bel et bien d’un tout nouvel épisode. Premier bon point, surtout pour ceux qui connaissent bien la franchise, et qui n’ont pas eu de véritable jeu inédit depuis… Banana Splitz sur PlayStation Vita, en 2012…
Douze ans, c’est long ! Mais il va sans dire que pour cette nouvelle itération, SEGA et le Ryu Ga Gotoku Studio ont mis les petits plats dans les grands… enfin, d’une certaine manière. Parce que Super Monkey Ball : Banana Rumble voit les choses en grand, avec pas moins de 200 niveaux, qui sont jouables en solitaire ou à plusieurs, jusqu’à quatre. Autant sur le même écran qu’en local multi-consoles, ou même en ligne. Excellente chose, puisque cela garanti nativement une certaine rejouabilité, et un certain potentiel de fun. D’autant qu’il suffit d’un Joy-Con pour jouer, seuls le joystick et une touche étant nécessaires.
Pour rappel, dans Super Monkey Ball, quel que soit l’épisode, vous ne contrôlez pas vos petits singes, mais le décors, que vous inclinez pour faire se mouvoir vos primates, enfermés dans de petites boules transparentes. Ce qui ne saute pas aux yeux, dans les premiers niveaux, mais devient vite évident dès lors que l’on rajoute un peu de relief à l’équation. Bien entendu, cela change énormément la manière de jouer, par rapport à un jeu de plateforme plus conventionnel, façon Super Mario 3D World par exemple. L’inertie, la force centrifuge, l’inclinaison de toute pente et la vitesse sont à prendre en compte à tout instant, sous peine de finir dans le vide.
Ainsi, si à première vue on pourrait croire que l’on fait face à un jeu de plateforme classique, il n’en est rien en réalité. Super Monkey Ball : Banana Rumble est, à l’instar de tous les autres jeux de la franchise, un condensé de casse-têtes qui mettent les nerfs à rude épreuve. Ainsi, sachez bien où vous mettez les pieds avant de craquer pour cette expérience colorée, car elle ne se destine pas, en premier lieu, aux jeunes enfants découvrant le jeu vidéo. Si un joueur occasionnel peut parfaitement prendre du plaisir sur Banana Rumble, il lui faudra néanmoins force détermination et persévérance pour voir le bout de l’aventure.
Une aventure assez riche, il faut bien l’admettre, pour un titre du genre. Celle-ci s’offre le luxe d’une petite histoire rigolote, ne volant pas bien haut mais agissant comme une soupape de décompression, avec ses jolies cinématiques, entre deux mondes. Chaque monde comprend dix niveaux, qu’il vous faudra terminer un par un pour débloquer le suivant, dans la plus pure tradition du genre. À noter qu’il vous est parfaitement possible de progresser à plusieurs, ce qui peut être facilité par une option permettant de désactiver toute collision. N’oubliez cependant pas que vous êtes chronométré, chaque casse-tête devant être bouclé en moins de 60 secondes.
Garder la pêche, ou la banane
Il n’est pas évident d’écrire une critique sur un Super Monkey Ball en évitant la redite, puisque d’une certaine manière, tous les jeux de la franchise se ressemblent énormément. Ce qui change, c’est l’inertie, qui est ici assez convaincante, et parfois quelques mécaniques de gameplay. Ici, rien de bien extraordinaire : vous contrôlez votre singe avec le joystick gauche, et pouvez utiliser un boost en appuyant sur le bouton B. À noter qu’en appuyant plus ou moins longtemps, vous pouvez faire varier la force de votre boost, et ainsi vous octroyer plus ou moins de vitesse. Jauger sa vélocité étant une des composantes indispensables dans la progression. La prise en main est donc immédiate, mais la maîtrise demandera du temps.
Le petit plus, qui rappellera de bons (ou de très mauvais, c’est selon) souvenirs à ceux qui ont possédé un jour une Nintendo Switch, c’est le gameplay façon Motion Gaming. Il est ainsi possible d’orienter simplement votre manette dans un sens comme dans l’autre pour que le décors suive la même inclinaison. Ce qui est une pure horreur dans un premier temps, ne garantissant pas la précision nécessaire à certains niveaux, surtout si vous utilisez une manette Pro plutôt qu’un simple Joy-Con. Mais il faut bien l’avouer, cette façon de jouer a quelque chose de rafraîchissant, et de toute manière, si elle ne vous convient guère, elle est parfaitement optionnelle, pouvant être activée ou non dans les paramètres.
Quant aux défauts qu’il faut bien souligner chez ce Banana Rumble, il sont là encore identiques à ce que l’on pouvait dire des précédents Super Monkey Ball. Comme chaque opus de la franchise, celui-ci ne se termine pas en bien longtemps. Même si, on ne va pas se mentir, passé un certain stade les casse-têtes vous demanderont bien plus d’investissement et de rigueur. Mais, comme toujours, le tout est pensé pour donner envie aux joueurs d’améliorer leur score, que ce soit le nombre de bananes récupérées dans les niveaux, ou le temps minimal pour terminer ces derniers. Et à ce sujet, il va sans dire que les amateurs de speedrun vont être heureux.
Parce que comme chez un Trackmania, chaque épreuve peut être réalisée de plusieurs façon différentes, mais qu’il existe chaque fois un moyen (souvent très complexe) d’arriver jusqu’à la ligne d’arrivée en une poignée de secondes. En ce qui nous concerne, nous avons quelques solides records à notre actif, notamment 7 secondes 45 sur le niveau Chemin Vague, ou 9 secondes 38 sur Bascule… mais on ne se fait aucune illusion, quelques jours après la sortie du jeu (si ce n’est le jour J), nos petits records personnels seront pulvérisés. Et c’est finalement une bonne chose, car c’est aussi ça qui donne envie de revenir sur un Super Monkey Ball.
Alors bien sûr, ce n’est pas un pré-requis pour apprécier l’expérience. D’une certaine manière, le simple fait qu’il s’agisse d’un jeu coloré au concept original dans le paysage vidéoludique est un argument solide de vente. D’autant que Banana Rumble fait beaucoup pour plaire, avec sa technique très convenable pour de la Switch, et sa bande sonore collant parfaitement avec sa période estivale de sortie. Rien qui vous restera en tête ou que vous écouterez en dehors du jeu, bien entendu, mais il est bon de noter que même à ce niveau le titre est soigné. Même si l’on n’aurait pas été contre un petit plus, comme la possibilité de changer de musique sur les niveaux, pour permettre de se départir de l’impression de redite lorsque l’on bloque longuement sur le même… Mais on chipote.
Le fruit de toutes les passions
Mais le plus gros argument de vente de cet épisode, c’est bien entendu toute sa dimension multi. Super Monkey Ball : Banana Rumble propose des parties jusqu’à 15 joueurs en ligne, à travers cinq modes différents, dans la section Bataille du menu principal, chacun ayant ses règles propres. De quoi varier un peu les plaisirs, et s’amuser un bon moment. D’autant que chacun propose plusieurs cartes plutôt sympathiques et complexes. Malheureusement, test oblige, nous n’avons pas été en mesure de nous essayer au multi. Nous ne sommes donc pas en mesure de vous dire si les serveurs fonctionnent bien, et surtout s’ils sont remplis de joueurs prêts à en découdre.
Nous avons néanmoins pu concourir face à l’ordinateur sur les différentes maps disponibles, et même comme cela, nous nous sommes bien amusés. Bien sûr, un sentiment de lassitude s’est vite installé, et touchera assurément beaucoup de joueurs solo, si ce n’est la totalité. Que ce soit sur ce mode de jeu, ou sur l’aventure principale d’ailleurs, malgré tous les efforts que cette dernière fait pour varier les situations et les décors. Encore une fois, il s’agit d’un défaut que l’on peut retrouver chez tous les opus de la franchise, et qui touchera évidemment moins les fans de la première heure que les nouveaux venus.
En revanche, nous avons essayé la coopération locale sur le mode aventure, et nous pouvons d’ores et déjà vous annoncer qu’il s’agit, à nos yeux, du meilleur aspect de cet épisode. Pas que les maps s’y prêtent toujours à merveille, loin s’en faut, et comme à chaque opus là encore. Mais se tirer la bourre dans des environnements ne se prêtant pas du tout à la confrontation a toujours quelque chose de très amusant. Et d’après notre expérience, jouer à deux est aussi un bon moyen de progresser plus efficacement dans certains niveaux complexes. Notez aussi que plusieurs singes sont jouables, chacun ayant des statistiques un brin différentes, ce qui permet là encore de varier un brin.
Enfin, pour tenter d’apporter une petite couche de contenu supplémentaire, le développeur a ajouté une boutique permettant d’acheter (avec des bananes, rassurez-vous) toutes sortes d’objets cosmétiques pour habiller nos singes. Rien de bien extraordinaire, et même parfaitement accessoire, on ne va pas se mentir. Mais la présence de ce petit plus est évidemment bonne à prendre malgré tout, d’autant qu’elle participe à son échelle à la volonté du joueur d’améliorer ses scores. Cela étant dit, il n’empêche que le contenu reste un peu chiche malgré tout.
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