Richard la Ruina, grand gourou autoproclamé de la séduction, revient de plus belle avec Super Seducer 2 après un Super Seducer qui avait fait parler de lui de bien des façons. Cette publicité, qu’elle eût été bonne ou mauvaise, a permis à cette nouvelle licence de profiter d’un succès relatif. Avec un budget dix fois supérieur au précédent, que vaut cette suite ?
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Presque six mois après un premier essai concluant pour lui en terme de notoriété, Richard La Ruina a rapidement compris que le jeu vidéo pouvait être une publicité géante pour son mouvement de séduction, les « Pick-up Artist ». Et plus particulièrement pour ses propres produits puisque l’on remarque sur la page Steam de nombreux DLC (le total s’élève à une vingtaine d’euros quand le jeu solo en vaut dix). Outre la bande son et un documentaire sur les tournages ainsi que sur les retours médiatiques du premier opus, nous avons des vidéos de conseils pour séduire et le dernier livre de La Ruina. Rien avoir avec une prolongation de l’expérience de jeu donc. Même si la pratique est audacieuse, mais aussi discutable, on remarque surtout que le côté « coach en séduction » est beaucoup moins présent dans le jeu en lui-même. Super Seducer 2 dérive donc de son but premier pour surenchérir le côté humoristique de même que l’absurdité des différents choix, et ce, pour le meilleur et pour le pire.
Malgré les apparences, Super Seducer 2 délaisse le coaching en séduction pour mettre le paquet sur l’absurde et l’humour.
Cette suite profite tout de même de pas mal d’améliorations en réponse aux nombreuses critiques du premier opus. Tout d’abord, nous avons droit à plus de diversité en ce qui concerne les intervenants. En effet, Richard n’est plus seul sur le devant de la scène (il arrive tout de même à s’incruster absolument partout). Nous avons donc des hommes de différentes cultures et ethnies sans oublier les femmes qui font leur entrée dans l’exercice de la séduction « façon Richard ». Le système des choix a aussi été revu, nous avons désormais accès à plusieurs routes, et donc plusieurs fins à un scénario. Pour autant, si cette suite a voulu bien faire en corrigeant ses défauts, elle a aussi voulu trop en faire. Nous avons ainsi des épisodes totalement inégaux entre eux dont certains qui frisent la gêne ou l’ennui à de nombreux moments.
Au mauvais endroit, au bon moment
Le soft confirme donc l’approche au second degré du premier opus. On rigole toujours autant à choisir les réponses les plus débiles pour voir Richard se ridiculiser d’une façon ou d’une autre encore faut-il aimer cet humour très grivois. Surtout que Super Seducer 2 a amorcé une escalade dans les choix graveleux. Si au début cela peut faire sourire, la récurrence de ce genre de choix devient vite lourdingue au fur et à mesure que l’on enchaîne les épisodes. Pourtant, ça partait très bien. On commence avec une arrivée en grande pompe sur un tank pour bien montrer qu’on a plus de budget. Vient ensuite la drague d’une jolie blonde BCBG qui peut finir de plusieurs façons. Soit on change de partenaire pour courir après la voiture d’une mannequin russe ou alors, on envoie carrément un missile sur une convention de youtubers. Car Richard La Ruina n’hésite pas à tacler à plusieurs reprises les nombreux vidéastes qui ont testé et descendu son jeu. Honnêtement, on se dit tout d’abord que c’est drôle et de bonne guerre, mais on se rend vite compte que tout ça devient une sorte de règlement de compte un peu malsain lorsqu’il tente, par exemple, de faire culpabiliser le youtuber ProJared suite à des propos sur les femmes en lingerie du premier opus.
Super Seducer 2 est complètement déséquilibré et ne sait pas vraiment où il va. On peut rire de bon cœur comme être en plein désarroi.
Tout le jeu est marqué par cette inégalité entre les épisodes. Certains sont bons et drôles et sortent un peu du lot comme celui avec l’asiatique abordant une jeune femme dans un bar avec un Richard rond comme une queue de pelle, et d’autres qui déclenchent malaises sur malaises. Notamment celui avec le patron et sa secrétaire ou encore le fameux Mahmoud (personnage « légendaire » du premier volet qui était évoqué dans une des réponses) draguant une jeune femme de vingt ans quand ce dernier en a cinquante. Vraiment, le choix des situations est plus que discutable. Dans le premier cas cité, on ne peut s’empêcher de sentir une tension étant donné qu’il est question de séduire une de ses employés en tant que patron sur un lieu de travail. Dans Super Seducer premier du nom, nous avions presque la même chose sauf qu’il s’agissait de collègues de bureau. Ici, cette différence hiérarchique donne lieu à une succession de moments gênants. Dans un autre cas, nous avons Richard jouant un streamer Twitch qui décide de se détendre dans une boite de strip-tease alors qu’il n’arrive pas à passer le tutoriel de Cuphead. Malgré cette situation surréaliste qui aurait pu donner quelque chose de complètement barré après tout, on se questionne constamment sur le pourquoi du choix de ce lieu par la suite.
Quand à l’histoire avec Mahmoud, ce n’est pas vraiment la grande différence d’âge le problème, mais plutôt le comportement de ce dernier, et les « bons choix » qu’il faut faire pour séduire. Afficher son argent en permanence ou rabaisser un serveur sur sa condition professionnel sont quelques exemples qui laissent pantois. Nous allons éviter de trop tomber dans le jugement moral, toutefois ces ambiances plombent souvent la partie humoristique. On remarque également un scénario avec un homme écossais faisant du stand-up dans un bar, le but étant de choisir les meilleures vannes pour divertir le public. On ne sait trop quoi penser de ce moment qui n’a rien à voir avec la drague, mais qui repose sans doute sur une culture purement anglo-saxonne.
Ce que veulent les femmes
On le disait au tout début, les conseils donnés pour séduire sont encore moins pertinents que précédemment. On assiste à une succession de platitudes (soyez honnêtes et faites des compliments, quel scoop…) parsemés de quelques ficelles basiques jouant sur la psychologie. Toujours avec ce merveilleux sens de la mise en scène, nous avons droit à des commentaires de Richard accompagné d’une collaboratrice, suivant nos réponses, dans une salle avec de nombreuses personnes qui regardent dans le vide. En cas de mauvais choix, nous avons deux videurs de boîte qui « punissent » l’artiste de la drague, toujours avec ce petit côté glauque quand on voit que l’un des deux hommes tient une arme. Bien que cet avis soit purement subjectif, à écouter ce cher Richard, toutes les femmes préfèrent le yoga et les jus de fruits frais. La diversité ne s’est pas appliquée dans le profil des femmes visiblement.
Pour des conditions optimales de séduction, c’est très simple ! Offrez à une femme, quelle qu’elle soit, un cours de yoga et emmenez-là dans un bar à jus de fruits.
Il faut admettre que l’accroissement des moyens a encore augmenté la qualité de tout l’aspect visuel du jeu FMV. Sans partir dans l’analyse cinématographique, il n’y a globalement rien à dire à ce niveau-là. En revanche, on sera moins gentil avec le jeu d’acteur qui peut varier du correct au catastrophique selon les moments. Et on ne parle pas des moments drôles que le sur-jeu accentue merveilleusement. On finit par une bonne nouvelle qui est malheureusement entachée d’un gros point noir. Super Seducer 2 bénéficie enfin de textes en français, cependant les bugs d’affichage sont légion.
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