Action-RPG chinois développé par Softstar Technology, le studio taïwanais qui a travaillé sur Xuan-Yuan Sword VII sorti l’année dernière, Sword and Fairy : Together Forever (The Legend of Sword and Fairy de son vrai nom), s’inscrit dans une franchise prolifique, Chinese Paladin. Celle-ci distille ses productions depuis plus de 20 ans maintenant, et s’ouvre tout juste vers l’occident. Cependant, comme pour Xuan Yuan Sword VII, le soft propose une histoire indépendante qui se détache des précédents opus, permettant ainsi à un nouveau public de découvrir la licence sans être totalement perdu.
C’est aussi l’épisode de l’émancipation, vis-à-vis de certaines bases de la franchise. L’abandon du traditionnel combat au tour par tour pour de l’action en temps réel. Ce qui n’est pas déconnant au vu de la tendance actuelle des RPG. Le titre édité par Eastasiasoft est par ailleurs déjà accessible sur PC, depuis octobre 2021, sous son nom original. Les versions consoles, sur PS4 et PS5, apportent un petit plus avec une traduction anglaise, ainsi que des tenues exclusives. Normalement, des versions physiques devraient voir le jour.
Condition de test : Jeu testé sur PS4. Nous avons terminé l’aventure principale et accompli la quasi totalité des quêtes annexes du titre, ce qui vous demandera potentiellement entre 25 et 30 heures.
Sommaire
ToggleLes Diagrammes de Wu-Lang
Il suffit de quelques minutes pour que le ton et la direction soient donnés. La franchise est réputée pour ses propensions narratives et la puissance évocatrice de son univers, Sword and Fairy : Together Forever ne trahit pas cela. Passé une introduction cinématique à visée épique, tout droit sortie du cinéma Wu Xia Pian, le jeu nous met dans la peau de Yue Qinqshu, la dernière membre de la secte Tianshi. Elle se retrouve rapidement en possession d’un fruit magique qui va créer une symbiose entre elle et Xiu Wu, une divinité bloquée dans le royaume des humains après l’échec d’une mission. Les deux guerriers vont alors tenter de combattre le mal qui règne et d’éclaircir les manigances qui ont permis aux démons de surgir sur les terres humaines. Sur fond de thématiques écologiques, martiales et humaniste.
D’autres personnages viendront grossir vos rangs, deux précisément, et vous prêter main forte au cours de l’aventure. L’histoire prend énormément de place mais n’en est pas moins déplaisante. Si les événements sont assez classiques et que l’écriture n’est pas toujours optimale, force est d’avouer qu’un vrai travail a été fait sur les personnages. Que ce soit les protagonistes ou d’autres individus secondaires, les principaux intervenant profitent de caractère bien défini et évitent le manichéisme. De surcroît, vos quatre personnages auront leur propre segment afin d’approfondir leur personnalité et leurs intentions. Le folklore chinois est bien représenté dans Sword and Fairy et cela prend du poids grâce à la direction artistique soignée du titre.
Des environnements variés et plusieurs lieux vraiment beaux, c’est un régal de parcourir le monde proposé. Il y a du détail, particulièrement sur la végétation, luxuriante et à la colorimétrie exotique, et les villes donnent une bonne impression de vie. A l’inverse des intérieurs moins inspirés, plutôt vides et génériques. D’autant plus que la technique et surtout la finition du jeu ont de gros défauts. Les textures sont très souvent désuètes et le clipping est omniprésent, même chez les ennemis qui ont la fâcheuse tendance à apparaître devant notre nez. Que dire de leur comportement figé qui les prive de toute consistance. Et ce malgré un bestiaire globalement convaincant dans le design et sa diversité, chacun appartenant d’ailleurs à une zone géographique spécifique.
Demon of the lute
Le titre n’échappe pas non plus à des faciès inexpressifs. Même si c’est en partie sauvé par l’attachement porté aux protagonistes, ainsi qu’avec la synchronisation labiale et le jeu des doubleurs qui font du bon travail. Mais ce n’est pas tout, car durant nos parties nous avons subi des désagréments techniques parfois gênants. Perte de sous-titre, quand ce ne sont pas deux morceaux de musique qui se superposent pour casser l’ambiance. Ne rendant pas toujours justice à la justesse musicale de Sword and Fairy : Together Forever. Le plus perturbant reste les écrans noirs pouvant surgir après un changement de zone ou la perte d’une sauvegarde suite à des bugs de collision. Dans ces conditions, l’immersion pourtant chère au titre en prend un sérieux coup.
Heureusement que l’œuvre arrive malgré tout à nous accrocher assez aisément. Par ailleurs, on évolue dans un monde relativement linéaire qui permet de cadenasser la progression et mieux nous impliquer dans l’univers et le level design du titre. Il est cependant regrettable de subir autant d’allers-retours, généralement pour des quêtes secondaires sans grands intérêts, quand bien même des conversations utiles au lore. Paradoxalement, ces défauts n’enlèvent pas le plaisir ressenti en jouant, dans le sens où le dépaysement fonctionne, et que Sword and Fairy : Together Forever respire la passion. Nous sommes encore un peu loin du fantasme d’une expérience qui pourrait retranscrire la magie d’un A Touch of Zen, mais les intentions sont là.
La narration est une des meilleures preuves. Nous le disions, le récit est important dans Sword and Fairy. Déjà, le jeu est très, parfois trop, bavard. Même avec les PNJ lambdas. Ceci étant, il y a quasi tout le temps un effort de fait sur la mise en scène. Alors, certes, ce n’est pas toujours pertinent et les cinématiques d’affrontements sont, bizarrement, rarement optimales dans la captation, sans omettre les cut abruptes qui mettent à mal les transitions de séquences. Pour autant, il y a des moments fonctionnant très bien, comme lors de conversations, vivantes et dynamiques. Loin du contre-champ souvent utilisé dans le jeu vidéo et qui alourdit les charges narratives. Comme sur toutes les strates du soft, de la magie se perd dans l’exécution, mais difficile de ne pas être sensible à l’envie de bien faire des studios.
The Blade
Ressenti qui va également apparaître dans le gameplay. On passe rapidement sur les placements de caméras à la limite de la catastrophe, l’action manque de lisibilité et le système de lock est des plus handicapant. Sur la forme, les combats ont de l’allure. La possibilité de contrôler un de nos quatre personnages permet de varier les plaisirs dans l’action, chacun profitant de techniques différentes et stylées. Malheureusement, compte tenu du faible challenge du titre et la forte présence de vos coéquipiers qui, pour le coup font le job, ces situations manquent cruellement de saveur. L’engouement n’y est pas vraiment.
Cela s’explique par l’absence de réels feedback et de punch dans les coups. C’est plaisant visuellement et facile à prendre en main, mais le fort potentiel du gameplay n’est pas correctement rentabilisé. Au final, il y a peu de profondeur en jeu et ce déficit sensitif devient frustrant. On dévore l’aventure qui nous maintient surtout via son intrigue. Puis, ce ne sont pas les boss qui rattraperont quoique ce soit. L’absence de créativité dans le déroulement de ces combats et les patterns bien pauvres qui leur sont alloués ne vous demanderont aucune réflexion ni skills ou réflexes particuliers. Pourtant, Sword and Fairy : Together Forever dispose de bonnes mécaniques, comme l’esquive ou encore les invocations d’entités surpuissantes sur le champ de bataille, mais tout se perd dans ce manque de saveur.
Pour le reste, RPG oblige, vous pourrez débloquer de l’équipement à améliorer, obtenir de nouvelles capacités et même participer à un mini-jeu de cartes. En outre, pour rythmer convenablement l’aventure et ne pas tomber dans une redondance excessive, les développeurs ont eu la bonne idée d’inclure des session de jeux suffisamment diversifiées. Moment plateforme, QTE, phase d’infiltration ou encore fuite en pseudo snowboard, etc.. Encore une fois, on voit que les équipes ont souhaité proposer une œuvre complète et généreuse. Même si, évidemment, chaque renouvellement de situation s’accompagne d’une exécution balbutiante.
Cet article peut contenir des liens affiliés