La série Tales of a très récemment soufflée des 25 bougies avec un Tales of Arise qui compte bien marquer cet anniversaire sous le signe du renouveau. En plus d’avoir un nouveau producteur en la personne de Yusuke Tomizawa (God Eater, Code Vein), l’Action-RPG de Bandai Namco sort en pleine période des consoles next-gen qui commencent à montrer ce qu’elles ont vraiment dans le ventre. Bandai Namco mise à fond sur cet opus pour relancer la machine et moderniser une franchise qui en avait cruellement besoin, surtout sur le plan technique. Est-ce que Tales of Arise y parvient ?
Conditions de test : Nous avons joué sur PS5 durant plus de 60 heures en difficulté modéré et avec le mode privilégiant la fluidité. Nous avons terminé le titre ainsi que tout le contenu endgame.
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Toggle« Je suis devenu roi de la planète de Dahna »
Les opus Tales of ont très souvent évoqué des thèmes assez durs (Tales of Rebirth ou Tales of Symphonia par exemple) pour ne pas rendre la narration trop naïve même si l’on reste globalement dans des histoires assez proches des shonen/anime japonais classiques. Tales of Berseria avait su nous surprendre avec une ambiance beaucoup plus sombre et où l’on jouait grossièrement un groupe de méchants. A bien des égards, Tales of Arise peut se voir comme une synthèse, mais avec quelque chose en plus qui change la donne : la maturité.
Ici, nous avons tous les habitants d’une planète (Dahna) réduits à l’esclavage par une autre (Rena) au nom d’une course à la couronne. Dans cet enfer, nous assistons à la rencontre fortuite de deux représentants de ces deux mondes : Alphen et Shionne. Le premier est un jeune homme amnésique portant un mystérieux casque impossible à enlever voulant mettre fin à ce système injuste, et de l’autre une jeune femme froide voulant éliminer tous les seigneurs reniens pour une raison inconnue. Malgré ces motivations différentes, ils vont faire équipe pour accomplir ce but commun.
Ils disposent en plus de forces complémentaires puisque Alphen est insensible à la douleur et Shionne possède une épée ardente surpuissante mais incroyablement pénible à manier puisqu’elle brûle la main et l’avant-bras au 3e degré. C’est également là qu’intervient ses arte de soin. Les autres membres interviennent durant cette quête et l’on aimerait évoquer beaucoup de choses, mais évidemment nous ne voulons pas divulgacher toute l’histoire qui mérite qu’on la suive jusqu’au bout. La licence parvient toujours à nous hameçonner avec des mystères mis en place en début de partie. Pourquoi Alphen possède un tel casque ? Pourquoi Shionne possède des épines la rendant intouchable ? Des questions qui vont en amener d’autres, puis encore d’autres jusqu’au dénouement final.
Le Tales of le plus riche en émotions
On pourra reprocher à la narration un rythme un peu rapide dans la première moitié, mais nécessaire afin d’avoir accès rapidement au groupe complet, puis quelques longueurs sur la seconde moitié, toutefois force est de constater que le développement s’effectue avec brio. Notamment grâce au fait que Tales of Arise signe là un excellent casting. Dahna n’est clairement pas un paradis et les personnages sont ainsi construits en conséquence. Chacun à sa manière peut se voir comme un paria, et le groupe ne sera pas immédiatement soudé. L’approfondissement des relations entre tous les membres fait alors partie intégrante du plaisir que l’on a à suivre cette aventure, bien plus que dans les précédents opus.
Bandai Namco a musclé les formes d’interaction pour que l’on s’attache à eux sur la longueur. Cela passe par des cut-scenes disposant d’une bien meilleure mise en scène, des dialogues constants en explorant les environnements mais aussi en combats, et bien sûr les fameux « skits » que les fans de la série connaissent bien. Le nouveau modèle, à base de mini-romans graphiques tournant avec le moteur du jeu, ne plaira pas à tout monde, mais il faut avouer que l’on s’y fait à la longue et cela apporte plus de cohérence puisque l’on garde les costumes durant ces moments.
Les feux de camp sont également un excellent moyen d’observer d’autres types de scènes au coin du feu auxquelles on rajoute des skits supplémentaires. Autant dire qu’après un petit moment, vous n’irez plus vous reposer et cuisiner dans une auberge. En bref, le rythme est bon, on n’a rarement le temps de remarquer les silences. Même la suppression des fameuses pauses victorieuses après un combat est finalement une bonne idée à laquelle on ne s’attendait pas (et que l’on remarque à peine).
Tales of Arise modernise ainsi la série en ne trahissant pas son ADN et l’on franchit clairement un cap à bien des niveaux. On passe par toutes les émotions car le RPG ne manque pas d’humour et surtout de moments riches en émotions. Nous sommes sans doute devant l’opus le plus touchant de la franchise. Le titre n’hésite pas non plus à appuyer des passages assez crus, et on ajoutera que les séquences animées de studio Ufotable tapent bien où il faut, en particulier celle en milieu de partie. Le seul bémol concerne les antagonistes qui ne bénéficient pas d’un traitement à la mesure de ces améliorations. Evidemment le tout est entièrement doublé en anglais et en japonais (sauf pour la majorité des quêtes annexes).
On avait presque oublié qu’un Tales of pouvait être très beau
Après Vesperia, la licence a souvent accusé d’un retard technique dont le poids s’est fait de plus en plus sentir opus après opus jusqu’à Berseria qui, malgré ses très nombreuses qualités, aura été plombé par un moteur graphique trop vieillissant. Avec l’Unreal Engine 4, nous avons enfin un rendu digne de ce nom qui permet de mettre en valeur tout le travail artistique accompli ici. L’autre choix cornélien de Bandai Namco aura été la tentation de céder à la mode des mondes ouverts, chose qu’ils n’ont pas fait, et à raison selon nous. Il ne faut ainsi pas s’attendre à des espaces immenses mais des « couloirs » et de vastes étendus.
Si cette optique ne plaira pas à tout le monde, elle est heureusement compensée par une plus grande verticalité et un émerveillement de tous les instants. Chaque ville, chaque zone, et chaque donjon possède une patte graphique unique et de nombreux détails qui ne laissent aucun sentiment de vide. Nous n’avons que très rarement l’impression de visiter le même décor. Tales of Arise n’est pas non plus avare en panoramas splendides et aux nombreux effets de particules. L’énergie astrale est un élément central du lore, et cela a donné aux développeurs l’opportunité de nous concocter des spectacles visuellement fabuleux.
Cet aspect contemplatif est en plus renforcé par une bande-son un peu plus effacée qu’à l’accoutumée et mettant l’accent sur les ambiances. Même si l’on retrouve l’empreinte de Motoi Sakuraba sur les thèmes de combats et dans quelques villes, on sent que le compositeur historique de la série a lui aussi changé ses habitudes (en s’inspirant un poil de ce que fait Go Shiina ?). En résumé, on aime beaucoup, et on ajoute que certaines chansons jouées à des moments bien précis ne vous laisseront pas de marbre. On apprécie également le gain en liberté de mouvement avec quasiment aucun mur invisible pour nous empêcher de sauter où l’on veut, sans oublier un voyage rapide plus pratique qui fait un bien fou.
Bien que l’on estime que ces choix offrent bien plus de qualités, ils n’échappent pas aux quelques défauts qu’on peut aisément lui reprocher. L’exploration est de ce fait assez étriquée, une impression qui se ressent en particulier dans les villes très fermées où l’on ne peut rentrer dans presque aucune habitation. Les donjons sont aussi très quelconques mais ils ne sont au moins pas pénibles à franchir. On observe aussi un léger clipping selon les endroits, dont les villes justement.
La cerise sur le gameplay
La saga Tales of est avant tout connue pour posséder un gameplay unique et sans cesse renouvelé dans le milieu des Action-RPG. Tales of Arise fait ici un gros pari en reprenant un système d’arte (les différentes techniques des personnages) fixe à assigner et un système de points d’actions à la Berseria. Typiquement, le jeu veut que vous vous concentriez sur la réalisation de combos impressionnants. L’écran est ainsi édulcoré au minimum avec aucune jauge à surveiller à part vos points d’actions. Afin de faire un maximum de dégâts et réaliser des exécutions sensationnelles en duo, le système de combat nous oblige à varier les combo au maximum sachant que répéter le même arte plusieurs fois fera drastiquement baisser son efficacité.
Le système de combat est simple mais loin d’être simpliste. On avait des craintes lorsque Bandai Namco disait vouloir rendre cette partie plus accessible, mais on sait maintenant que le compromis a été géré avec brio. Certains puristes trouveront peut-être à redire mais le gain en dynamisme est spectaculaire. Grâce à la séparation entre les arte au sol et au système d’esquive/contre, il n’y a pratiquement aucun temps mort. L’ajout de points de soin est aussi une excellente idée afin de ne pas ralentir l’action en abusant trop de ce biais. Encore une fois, les graphismes nous permettent de sublimer le tout avec une explosion d’effets et de couleurs tout en restant fluide.
Toutefois, le point qui impressionne le plus dans cette démonstration dithyrambique, c’est la particularité de chaque personnage. En plus de chacun posséder un gameplay unique, ils peuvent intervenir avec une capacité spéciale (que l’on active avec la croix directionnelle). Law peut briser les boucliers ou les ennemis à grosses carapaces, Rinwell peut voler les sorts ennemis en préparation, Shionne peut faire tomber les ennemis volant avec son fusil… Il ne s’agit pas de faire intervenir bêtement les coéquipiers, la trouvaille est assez brillante mais l’ensemble du système de combat est réellement un bijou de game design.
On mettra tout de même deux bémols à ce joli package : un système d’agression assez flou, et le moment de flottement après avoir lancé un arte mystique.
Un endgame généreux
Ce fantastique gameplay est en plus bien mis à contribution avec un contenu assez riche. Même si les objectifs des quêtes annexes varient très peu (tuer des monstres ou apporter des ingrédients), c’est l’occasion de profiter de moments plus légers et d’affronter un tas de boss supplémentaires. En parlant des boss d’ailleurs, on salue les efforts en la matière dans le mode histoire qui ajoutent un peu plus de stratégie et avec une mise en scène qui offre de jolies transitions entre certaines phases.
Même après avoir terminé l’histoire, vous ne risquez pas de vous ennuyer tant les ennemis les plus redoutables s’enchainent avec même de jolis clins d’œil qui feront plaisir aux fans. En outre, on note que le colisée est enfin de retour, et on ne crache pas sur la pêche qui se révèle être un petit ajout sympathique. Toutes ces activités ont tout de même le mérite de vous débloquer des titres supplémentaires qui vous octroient de nombreux bonus. Clairement, Bandai Namco nous livre un des contenus endgame le plus fourni de la série, et sans la lourdeur que l’on a pu connaitre parfois avec certains donjons. Et enfin dernier point, mais pas des moindre. Oui, Hootle, la mascotte hiboux est validée par la rédaction et fera sans doute le bonheur de la firme en matière de merchandising.
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