L’année 2023 commence très bien pour les amoureux de la petite GameCube de Nintendo. Après l’annonce providentielle de Baten Kaitos I & II Remaster, ainsi que la sortie surprise de Metroid Prime Remastered, c’est un certain Tales of Symphonia qui revient d’entre les morts. Un J-RPG mythique, premier opus de la série à voir le jour par chez nous, qui aura donné envie à de nombreux joueurs d’en découvrir plus. Et ça tombe bien car, depuis, Bandai Namco a publié quasiment systématiquement les nouveaux opus de la série sur le vieux continent.
Vingt ans après sa sortie originale sur GameCube, et un an et demi après la parution de Tales of Arise qui revoyait une grande partie de la recette de la licence, Tales of Symphonia mérite-t-il toujours autant votre attention et vos deniers ? Et surtout, était-il pertinent de passer par la case remasterisation, plutôt que par un vrai remake en bonne et due forme ? C’est ce que nous allons tacher de voir aujourd’hui, dans un article empreint d’une nostalgie non dissimulée. Êtes-vous prêts à retomber en enfance, en voguant à nouveau dans Sylvarant et Tethe’alla ?
Conditions de test : Nous avons passé environ quinze heures sur la version PlayStation 4 du jeu, tournant sur PS4 Pro. Ce test est garanti sans spoiler majeur.
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Pour beaucoup de joueurs, la GameCube conserve encore aujourd’hui une aura bien particulière. Il faut dire qu’en dépit de ventes décevantes, la petite console cubique de Nintendo s’est offert un catalogue de jeux pour le moins mythiques. Super Mario Sunshine, F-Zero GX, Baten Kaitos, Skies of Arcadia, Sonic Adventure DX, Eternal Darkness, Billy Hatcher, Resident Evil Remake… et bien entendu, Tales of Symphonia. Parmi cette longue et prestigieuse liste, bon nombre ont eu droit à des portages ou remasterisations sur machines plus récentes, quand certains semblent condamnés à n’être que de bons souvenirs. Ou des pièces de collection…
Sept ans après Final Fantasy VII, qui démocratisait le genre du J-RPG en Occident, l’Europe goûtait donc à Tales of Symphonia, un Action RPG à la japonaise destiné à changer la donne. Parce que non content de compter parmi les rares et notables sorties de jeux de rôle nippons sur le vieux continent (à l’époque), le titre de Bandai Namco a été terriblement bien accueilli. Ce qu’il doit en premier lieu à son univers coloré et ses personnages attachants, qui lui confèrent au premier coup d’œil un capital sympathie non négligeable.
Mais il faut dire aussi que derrière des interactions un peu trop mièvres entre ses protagonistes, et un aspect dessin animé pour jeunes adolescents, le titre embarque un scénario diablement bien ficelé, et étonnamment mature. Colette, une jeune femme à la chevelure blonde, est l’élue de la régénération. Elle a été choisie par les anges pour mener à bien le sauvetage du monde de Sylvarant, qui dépérit lentement. À terme, son périple devrait mener à la résurrection de la déesse Martel… mais cela ne va pas exactement se passer comme prévu, et s’il y a bien quelque chose dont les fans se rappellent, c’est de retournements de situation bien sentis.
Mêlez à cela un système de combat dynamique et jouissif, et vous obtenez un titre mythique, qui a marqué de nombreux possesseurs de GameCube pour d’excellentes raisons. Ce qui explique qu’il fasse partie de cette longue liste de jeux se vendant encore à bon prix sur le net : ceux qui possèdent leur exemplaire le gardent. D’autant que le titre est long, puisqu’il faut compter une bonne cinquantaine d’heures pour en voir le bout en ligne droite, et embarque un New Game + plus intéressant que de coutume. Que demander de plus ?
Quid de cette remasterisation ?
Mais vous avez déjà vu la note attribuée à cette version remasterisée, et non, elle n’est pas aussi généreuse qu’à l’époque. Parce que Tales of Symphonia Remastered, s’il conserve toutes les qualités de l’opus original paru en 2004, est sacrément daté. Alors évidemment, ce n’est qu’un portage lifté de la version PS2 (ou plutôt PS3 d’ailleurs), et on ne pouvait guère s’attendre à quelque chose de beaucoup mieux. Mais c’est justement là tout le problème : le titre de Bandai Namco méritait un meilleur traitement, une version plus travaillée, et pourquoi pas, allons-y franchement, un remake en bonne et due forme ! Au même titre que Persona 3 Portable finalement…
On vous en parlait récemment dans l’une de nos chroniques du dimanche, qui clamait haut et fort qu’un retour de la compilation PS3 aurait été plus judicieux (surtout à ce prix !), le titre a vieilli. Et c’est normal, nombre de jeux de l’époque ont pris un coup de vieux. Le hic, c’est que cela joue en la défaveur de cette version remasterisée, qui risque fort de décevoir nombre de curieux et curieuses, et même des fans de la version originale. En premier lieu au niveau de son aspect graphique, puisque la refonte est incroyablement paresseuse. C’est même un euphémisme, certaines textures semblant avoir esquivé ladite remise aux goûts du jour…
Si le travail de remasterisation est effectivement visible, principalement parce que le titre est plus lisse, on a malgré tout l’impression tenace de tenir la version GameCube entre les mains. Les musiques ne sont pas ce qui se fait de mieux aujourd’hui (bien que plusieurs soient encore excellentes), et elles auraient mérité une petite réorchestration, car en plus de vite tourner en rond, certaines sonorités font un peu cheap. Au même titre que les bruitages d’ailleurs. Mention spéciale aux bruits de pas de notre protagoniste, qui sont sincèrement risibles aujourd’hui.
C’est évidemment au niveau de son aspect visuel que Tales of Symphonia Remastered fait le plus de peine à voir. Les couleurs criardes, saturées, côtoient des modèles 3D qui datent. Ce qui est autant valable pour le bestiaire que pour les personnages principaux, entendons-nous bien. Les textures sont, de manière générale, fort désagréables à l’œil, au même titre que les animations, qui étaient déjà un brin obsolètes il y a vingt ans. Et si à cette époque on trouvait le jeu dynamique, aujourd’hui c’est une toute autre histoire…
Un jeu culte qui méritait mieux
Mais les problèmes ne s’arrêtent pas au travail de remasterisation, finalement. Car le système de combat passe beaucoup moins bien en 2023, de manière générale. Il faut dire qu’il est difficile d’y revenir depuis que Tales of Arise est passé par là, lui qui améliorait nettement les joutes, après que la franchise se soit trop longtemps reposée sur ses lauriers. Ce que l’on retient de notre session de jeu, c’est que Tales of Symphonia paraissait beaucoup plus profond, à ce niveau, il y a vingt ans. Il aurait été bon de revoir quelque peu cet aspect, ne serait-ce que pour l’étoffer de quelques combos, ou d’un système de course libre dans les arènes, apparu chez Tales of Vesperia. Heureusement que le multijoueur (sur la même console) est encore présent…
Car en l’état, on fait trop vite le tour des possibilités. Le nombre de coups disponibles est tout bonnement risible, et les combos sont trop courts, même en utilisant des arts (attaques spéciales). Les combats flirtent donc avec le paroxysme du répétitif, et on s’ennuie rapidement, ce que le jeu doit en partie à son rythme qui a pris de larges rides. Et ce n’est pas tout, puisque le système de points acquis à la fin de chaque affrontement n’a pas été retouché non plus. Or, celui-ci s’avère assez frustrant une fois qu’on le connaît bien, ce qui va évidemment jouer en sa défaveur aux yeux des amoureux du jeu d’origine, qui ont déjà donné.
Ces points, récoltés à la sueur de notre front (quand ils ne nous sont pas carrément décomptés lors d’un combat plus difficile que les autres), seront utiles en fin de partie, au moment de lancer un New Game +. Et l’idée est excellente, entendons-nous bien, puisqu’elle change de ce qui se fait ailleurs. Ici, vous pouvez acheter différentes modifications qui changeront votre expérience de jeu. Or, pour engranger des points le plus efficacement, non seulement vous devez éviter de prendre des dégâts, mais en plus vous ne pouvez pas compter sur les arts, qui sont pourtant l’une des composantes majeures du système de combat. Là encore, ça passe moins en 2023.
Enfin, comment ne pas aborder l’histoire et la manière dont elle est racontée, pour terminer cet article ? Parce qu’elle est encore aujourd’hui la plus grande force de Tales of Symphonia, c’est indéniable, mais qu’elle souffre elle-aussi de lacunes qu’il aurait été bon de corriger. Trop bavard par moment, le titre peine parfois à garder le joueur éveillé à cause de sa mise en scène abyssale. Et si les retournements de situation en pagaille sont encore très plaisants à suivre, certaines incohérences sont quand même bien plus visible aujourd’hui… La découverte de ce périple pour la régénération du monde ne peut qu’être mémorable, mais elle le sera moins en 2023, c’est indéniable.
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