Soyons honnêtes quelques secondes : la licence Tortues Ninja n’est pas assez considérée d’un point de vue grand public. Mais Tribute Games, les Montréalais derrière Teenage Mutant Ninja Turtles : Shredder’s Revenge (qu’on pourra appeler TMNT : Shredder’s Revenge pour des raisons évidentes) ont bien compris tout son potentiel ludiquep. Édité en plus par Dotemu, nous avons un tout nouveau jeu 100% francophone qui est sorti le 15 juin sur Switch, PC, PlayStation 4 et Xbox One.
Teenage Mutant Ninja Turtles : Shredder’s Revenge est un beat’em’up néo-rétro qui se passe à New York avec toute la brigade des quatre Tortues Ninja, et avec en prime notre bon vieux Maître Splinter et la journaliste April. Notre preview du titre n’annonçait que du bon, mais qu’en est-il réellement ? A-t-on affaire au jeu incontournable de 2022 ? C’est ce que l’on va voir ensemble.
Conditions de test : Nous sommes allés jusqu’à la fin du jeu en à peu près 10 heures en ligne droite sur PC, en essayant tous les personnages mais en se focalisant sur Leonardo pour ses statistiques équilibrées.
Sommaire
ToggleIl est où le scénario ?
Quand on parle de néo-rétro, du côté scénario, on est plus du côté rétro que du néo. Autant vous dire qu’il y très peu d’histoire dans ce titre. Grâce aux courtes cinématiques en début ainsi qu’en fin de niveau (avec une image figée en 21/9 qui donne un aspect cinématographique plutôt agréable), on comprend que Shredder est en train de construire une sorte de monstre ultime que vous allez essayer de poursuivre tout le long du jeu. Plus basique que cela, on ne peut pas faire.
Et on vous a à peu près tout dit. Malheureusement, il y a très peu de lignes de dialogue et le jeu mériterait clairement un peu plus de fond à ce niveau-là. Il y avait un terreau parfait en termes de DA, de gameplay et de musique pour créer un univers et une histoire originale avec ce Teenage Mutant Ninja Turtles : Shredder’s Revenge, mais on ne retrouve rien de tout cela, et c’est assez dommage. On attendait un peu plus de profondeur après notre aperçu qui annonçait déjà la couleur. Et au final, le jeu ne nous implique à aucun moment au niveau de son scénario.
De plus, les quêtes annexes sont tout aussi basiques, les personnages secondaires sont nombreux, et à part « va récupérer ma cassette VHS ou mes insectes dégoûtants » (des collectables avec très peu d’intérêt), on n’aura que très peu d’interactions avec les PNJ. D’une façon plus globale, le jeu est assez vieillot dans ses mécaniques, et cela se fait ressentir jusqu’à son scénario inexistant.
Pour une fois que Shredder entraîne ses sbires
Pour continuer sur la lignée des appréhensions (cette fois-ci infondées), nous avions une légère crainte sur le fait que les ennemis soient un peu trop redondants et que les combats deviennent beaucoup trop répétitifs à la longue. En même temps, comment décliner le même sbire en plusieurs couleurs avec des capacités différentes plus de 10 fois par exemple ? Et contre toute attente, c’est bien ce tour de force que Tribute Games a réussi à faire dans Teenage Mutant Ninja Turtles : Shredder’s Revenge.
En effet, les ennemis sont tous très inspirés : les sbires de Shredder ont des variantes qui nous mettent de plus en plus en difficulté tout au long du jeu. On a par exemple des ennemis basiques à mains nues, des sbires se battant avec des pistolets ventouses, en passant par des sbires au triple kunais qui disparaissent et réapparaissent dans notre dos. Mais ils ont toujours un côté humoristique assez attachant qui les humanise un peu plus.
On peut les croiser lors de notre aventure en faisant de la cuisine, en faisant des tours de magie ou en faisant du sport. C’est toujours amusant de voir le titre se moquer de lui-même, et cette part d’humanisation chez des ennemis que l’on bat à la chaîne est agréable à découvrir. Et même en dehors des sbires de Shredder, les monstres sont particulièrement coriaces, et plus on avance dans le jeu, plus leur diversité de mouvements nous met à rude épreuve. Peut-être un peu trop d’ailleurs.
On n’évolue pas au même rythme
Malheureusement, comme on le disait, les ennemis évoluent de plus en plus en termes de diversité et de difficulté, mais de notre côté c’est le calme plat. Alors certes, il y a bien un tutoriel qui vous montre tous les combos possibles (qui sont nombreux par ailleurs) mais à part quelques techniques surpuissantes qui sont disponibles dès le début du jeu, ça y est, nous venons de faire le tour de l’entièreté du gameplay concernant les personnages jouables.
Les ennemis évoluent donc de façon conséquente en ce qui concerne la difficulté et on ressent très vite la différence dans les derniers niveaux qui sont très durs à appréhender. Là où le début du jeu était relativement facile, le mur de difficulté est bien là après quelques heures, et on ressent un vrai sentiment de frustration en n’évoluant pas au même rythme que le titre global.
Il n’y pas de renouvellement de gameplay, de nouvelles attaques en plus ou de boost de capacité comme des runes ou autres artefacts qui aurait un peu plus pimenté l’expérience. Non, rien de tout cela, il faudra se contenter du minimum vital pour arriver au bout de ce Teenage Mutant Ninja Turtles : Shredder’s Revenge.
Malgré tout, le gameplay est tout de même très soigné. Les combos sont très satisfaisants à placer et il faudra les apprendre minutieusement pour pouvoir arriver au bout du jeu. Au moins, pour ceux qui cherchaient du challenge, vous êtes au bon endroit.
Plus beau qu’un triple A
Quand on parlait de néo-rétro dans le titre du test, c’est surtout vis-à-vis du cachet artistique qui est absolument magnifique, et sur tous les plans. Les décors sont extrêmement riches en détails, et on a vraiment cette sensation que chaque endroit du jeu a été créé avec une certaine minutie et un souci du détail, et il y a très peu de redondance dans les environnements.
Pour un jeu 2D en Pixel Art, Teenage Mutant Ninja Turtles : Shredder’s Revenge est une pépite graphique très plaisante à explorer. On aurait d’ailleurs aimé avoir la possibilité de revenir en arrière dans chaque niveau pour pouvoir tout explorer, mais malheureusement, une fois que le scrolling s’est fait vers la droite, impossible de faire demi-tour. C’est tellement frustrant pour un jeu aussi beau ! C’est une mécanique forcément inhérente au genre qui pousse le joueur à refaire le niveau plusieurs fois pour tout découvrir, mais c’est tout de même assez dommage.
D’un autre côté, il y a cette ambiance dessin animé qui règne tout au long du jeu. Cette façon de découper les scènes et les niveaux, de présenter les boss, ou les fameux plans en 21/9 qu’on évoquait précédemment. Enfin, si on couple cela au thème original des tortues ninjas et aux musiques qui sont d’une pertinence rare (à tel point que la bande originale est sortie en vinyle), cela nous donne un titre presque incontournable, malgré ses faiblesses.
Cet article peut contenir des liens affiliés