Lancée en 2018, la licence Tennis World Tour a connu des débuts extrêmement compliqués avec un premier épisode catastrophique à tous les niveaux. Malgré le déploiement de nombreuses mises à jour et la sortie d’une édition Roland-Garros en 2019, le jeu n’est clairement pas resté dans les mémoires. Cependant, la franchise n’a pas été enterrée par Nacon (anciennement BigBen Interactive) puisque sort ce 24 septembre la « suite », Tennis World Tour 2, avec un changement majeur dans le cadre de son développement : Big Ant Studios (AO Tennis) remplace Breakpoint à la tête du projet. Une décision suffisante pour faire du titre une simulation sportive digne de ce nom ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé à la manette sur un PC possédant une mémoire vive de 8 Go de RAM et équipé d’un processeur Intel Core i5-9400F (2,9 GHz) et d’une NVIDA GeForce RTX 2060. Le jeu a tourné en configuration Ultra durant toute la phase d’essai. Celle-ci a duré un peu plus de dix heures, temps que nous avons jugé suffisant pour en faire le tour, essentiellement en mode de difficulté « Normal ».
N.B. : Le test tient désormais compte des fonctionnalités en ligne. Le paragraphe dédié est consultable en fin d’article.
Sommaire
ToggleUn gameplay réaliste et précis
Parmi les promesses faites aux joueurs et aux joueuses l’été dernier, les développeurs avaient à cœur de revoir en profondeur le gameplay afin de proposer des sensations de jeu plus réalistes. Le travail fourni se révèle payant puisque, en plus de faire désormais la distinction entre les coups précis (utilisables en appuyant brièvement sur la touche A, B, X ou Y de votre manette) et puissants (en restant appuyé sur une des touches citées précédemment puis en la relâchant), le système de timing s’avère digne d’une simulation et doit être maîtrisé à la perfection pour pouvoir surpasser une IA offrant un challenge équilibré.
Même en jouant de manière prudente en privilégiant un coup coupé placé au centre de la partie de terrain adverse, le fait de taper la balle trop tôt ou trop tard augmente considérablement les risques qu’elle finisse « Faute » ou dans le filet. La prise en main n’est pas évidente et il vous faudra plusieurs heures pour vous y habituer, surtout que réussites et échecs sont également liés aux statistiques de votre joueur. Rafael Nadal a donc bien plus le droit à l’erreur que votre avatar créé au début du mode Carrière. Un choix logique et cohérent.
Autre promesse du gameplay, la jauge de service a été revue et améliorée. Pour éviter d’enchaîner les doubles fautes, vous devez effectuer un bon lancer de balle puis un service précis ou puissant. Concernant la seconde option, votre force de frappe dépend de la hauteur à laquelle se trouve la balle au moment où vous l’a tapée.
Notez aussi que, en fonction de la surface, du climat et de l’altitude du court sur lequel vous disputez un match, des bonus et des malus peuvent s’appliquer. Même si cela n’influence pas grandement le gameplay, voir que la vitesse des échanges diffère entre une rencontre se déroulant sur terre battue et une autre sur gazon favorise l’immersion.
Pour le reste, on retrouve les coups classiques du tennis, la barre d’endurance, qui se vide et se régénère plus ou moins rapidement en fonction de l’effort fourni, et les fameuses cartes du premier épisode qui peuvent vous donner un coup de pouce plus ou moins important en fonction de leur rareté. Vous pouvez vous en procurer dans la boutique en échange de la monnaie in-game qui ne peut être obtenu qu’en jouant. Le titre n’intègre pas de microtransactions.
Une réalisation soignée
En plus de modifier et de repenser les mécaniques de la franchise, Big Ant Studios avait un autre gros chantier à gérer : la réalisation. Comparable à celle de la génération PS3/Xbox 360 il y a deux ans, celle-ci profite d’un tout nouveau moteur de jeu pour afficher un résultat tout simplement bluffant. En plus d’être particulièrement joli et d’apporter quelques détails sympathiques comme les traces et les glissades sur la terre battue, Tennis World Tour 2 ajoute plus d’animations, ce qui rend les échanges plus fluides et naturels. Même si elle reste encore perfectible, la modélisation des visages gagne en qualité. Quant à l’ambiance sonore, les applaudissements du public, le bruit de la balle quand on tape dedans et les cris des joueurs, des joueuses et des juges de ligne, gueulant « Faute ! » ou « Out ! » de manière passionnée, sont au rendez-vous. Et oui, rassurez-vous, les commentaires de Guy Forget ont été retirés.
Toutefois, ce n’est pas parce que le jeu fait peau neuve qu’il est pour autant irréprochable sur le plan technique. Au cours de la phase d’essai, quelques bugs sont venus casser légèrement l’immersion. Par exemple, nous avons été confrontés à quelques ralentissements pendant certaines cinématiques, notamment en jouant en double, et à quelques bugs visuels comme l’ombre de l’endroit précis où la balle va tomber qui apparaît au moment où le joueur tape son coup et non celui où elle s’approche du sol. Notez que cette situation a été observée uniquement pour les coups les moins puissants.
De plus, il est arrivé que l’arbitre de chaise confonde le serveur et le receveur lors d’un tie-break, que l’IA conteste une décision en faisant appel à la vidéo d’une façon pas très naturelle et que certaines animations d’un joueur en pleine course s’enclenche ou s’arrête brutalement au moment de sprinter ou lorsque la balle sort du terrain. Espérons qu’un patch day one viendra corriger tout ça.
Un contenu beaucoup trop limité
Terminons ce tour d’horizon de la simulation sportive avec un aspect tout aussi important que le gameplay et la réalisation : le contenu. Malgré quelques absents de marque comme, pour ne citer qu’eux, Novak Djokovic et Naomi Osaka, Tennis World Tour 2 se dote d’un casting plus étoffé que son prédécesseur avec la présence de 36 stars de la discipline (38 en cas de précommande), dont seulement onze joueuses. Les stades sous licence du Philippe-Chatrier, Suzanne-Lenglen, Simonne-Mathieu, Manuel Santana (Madrid) et OWL Arena (Halle), ainsi que les tournois officiels de Roland-Garros et du Tie Break Tens sont quant à eux accessibles uniquement via l’Ace Edition vendue 69,99€ (contre 49,99€ pour la version Standard).
Côté modes de jeu, les matchs en double, contre l’IA, en multi local et en ligne, ont été intégrés. A part ça, on retrouve les rencontres d’exhibition, les tournois personnalisés, l’académie de tennis pour s’entraîner, le online, dont nous ne pourrons vous parler que lorsque le titre sera officiellement commercialisé, et le mode Carrière. Vous l’aurez compris, il n’y a pas de quoi sauter au plafond d’autant plus que ce dernier n’a quasiment pas bougé depuis deux ans. Hormis l’ajout de nombreuses raquettes sous licence et de quelques éléments de personnalisation, notamment la position adoptée par le joueur/la joueuse lorsqu’on s’apprête à recevoir le service adverse qui peut être la même que celle des sportifs/sportives présents au roster, le mode ne bénéficie que d’ajustements mineurs incapables de lui donner une véritable identité.
La caractéristique « Service-Volée » a été remplacée par « Précision » au côté de celles liées à l’Attaque et la Défense. On peut enfin changer le niveau de difficulté mais les règles et la durée des matchs ne peuvent être modifiées qu’à l’intersaison (Futures et Challengers pour les rencontres courtes, International et Grand Chelem pour des parties plus réalistes). Chaque tournoi indique de manière plus détaillée l’XP et l’argent que l’on peut potentiellement engranger en y participant. Le calendrier est cohérent. Quant aux têtes de séries, bien qu’elles ne soient pas explicitement affichées, elle paraissaient correctement placées dans les tableaux des différentes compétitions que nous avons disputées.
Notez aussi que les débuts en Carrière peuvent être assez frustrants. Même si vos adversaires ont des stats proches des vôtres, les cartes en leur possession sont bien plus puissantes, pouvant créer des situations rocambolesques comme celle de vous priver de la totalité de votre jauge d’endurance avant même de disputer le premier point. On pouvait s’attendre à bien mieux de la part de Big Ant Studios. Quel gâchis !
Mise à jour : Comme promis, voici ce que réserve le jeu en ligne. Proposant une structure tout ce qu’il y a de plus classique, il est possible de disputer des parties rapides, personnalisées et classées (règle fixe en un set, trois jeux gagnants et deux jeux d’écart requis et, si égalité à 3-3, les joueurs/joueuses sont départagé(e)s avec un super tie break). Nous en avons jouées une bonne dizaine, essentiellement dans le dernier mode cité précédemment où l’objectif est on ne peut plus simple : remporter un maximum de victoires afin d’être promu au rang supérieur. Notez qu’il est également possible d’être rétrogradé si on cumule trop de défaites. Globalement, nous avons pu livrer quelques belles passes d’armes même si notre expérience de jeu a été entachée de plusieurs bugs techniques dans des situations diverses et variées (public applaudissant pendant un point, échange qui se poursuit malgré une faute, effets de téléportation des joueurs, balle qui devient trop flottante, ralentissements et même crash du jeu).
Cependant, ces impairs sont mineurs comparés à deux choix de game design particulièrement douteux. Le premier est que les tableaux de sélection des joueurs et des joueuses ne sont pas séparés. Par exemple, il est possible de faire jouer Elina Svitolina contre Rafael Nadal. Autant vous dire que nous avons passé plus de temps à courir après la balle qu’à la renvoyer. C’était assez humiliant. Second point noir, sans doute le plus aberrant : le rage quit n’est pas sanctionné ! Pas de victoire ou de défaite sur abandon. La rencontre est purement et simplement annulée. Espérons que les développeurs vont rapidement se pencher sur le problème car sinon le mode online peut très vite devenir chaotique.
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