Propulsé sur le devant de la scène par Microsoft qui comptait bien en faire une exclusivité Xbox et PC, The Ascent a surpris son monde lors de son annonce en mai 2020. Il faut dire que ce jeu de shoot en vue du dessus semblait déjà, à l’époque, en jeter niveau technique et univers, alors qu’il a toujours été clair qu’il s’agissait d’un projet indépendant. Le titre est en effet développé par Neon Giant, un modeste studio suédois fondé en 2018, dont c’est la toute première production.
Il aura fallu moins d’un an et demi pour que The Ascent débarque sur nos PC et nos consoles Xbox après son annonce, avec une ambition de triple A parfaitement assumée. Mais aussi une campagne de publicité assurée par Microsoft, qui lui offre une sortie day one sur son catalogue Game Pass. Reste à savoir si toutes ces bonnes intentions sont suffisantes pour faire du premier jeu de Neon Giant un succès complet.
Conditions du test : Nous avons joué une petite trentaine d’heures sur la version Xbox One du jeu. Au cours de notre session, plusieurs bugs ont compliqué notre progression, notamment un script ne se déclenchant pas, nous contraignant à relancer trois fois notre partie.
Sommaire
ToggleDe l’ambition à revendre
Entendre que The Ascent est un jeu indépendant après avoir pris une claque visuelle sur son premier trailer, lors de l’Inside Xbox de mai 2020, fit l’effet d’une claque en pleine figure. Certes, on ne s’attendait pas à ce qu’un CD Projekt Red, avec son ambition démesurée, soit derrière le projet. Néanmoins, il était déjà évident que le titre de Neon Giant visait haut, peut-être même trop. Et on ne peut guère lui en vouloir, à lui ou à son développeur d’ailleurs, puisque The Ascent s’est donné les moyens, ne serait-ce qu’avec sa collaboration avec Microsoft qui lui a offert une sortie sur le Game Pass.
Vous aurez remarqué que, jusque-là, nous avons parlé d’ambition et de communication, sans même avoir abordé le soft en lui-même ! Sachez donc que The Ascent est un jeu de shoot en vue du dessus, prenant place dans un univers cyberpunk dystopique. Le genre de décor que planteraient un Phillip Kindred Dick ou un Ridley Scott, enfin quand ce dernier pouvait encore être considéré comme visionnaire. Et les deux noms ne sont pas là par hasard, puisqu’il est absolument impossible de faire l’impasse sur les différentes inspirations de Neon Giant, à commencer par Blade Runner.
Parce qu’il aurait été facile de tacler The Ascent d’opportunisme, alors qu’un certain Cyberpunk 2077 fait couler des océans d’encre depuis plusieurs années. On pouvait aisément s’imaginer que le postulat, et l’univers du soft donc, étaient choisis dans l’optique de surfer sur cette vague de science-fiction dystopique soulevée par le jeu de CD Projekt. Pourtant, en parcourant les rues sales et les couloirs humides de la production de Neon Giant, on comprend rapidement que les petits gars sont simplement passionnés. Autant de SF que de jeu vidéo d’ailleurs.
Malgré cette passion évidente, qui se ressent beaucoup dans les différents environnements, faisant souvent écho à d’autres œuvres, ou dans les thèmes abordés par certains aspects du scénario, on ne peut pas dire que ce dernier soit une franche réussite. On aurait adoré avoir droit à quelque chose d’aussi élaboré qu’un bon roman de Alistair Reynolds ou George Orwell, mais force est de constater que The Ascent fait le strict minimum à ce niveau. On nous narre l’histoire convenue d’une société qui s’effondre sur elle-même, et au cœur de celle-ci de quelques protagonistes peu intéressants dont la vie est chamboulée… rien de bien transcendant.
Reste que le scénario se laisse suivre, notamment grâce à une mise en scène pas dégueulasse, malgré des cinématiques qui font parfois un peu taches visuellement. Et puis en dépit d’une trame principale qui n’a rien d’extraordinaire, on notera que la bonne poignée de quêtes annexes sont scénarisées, et que celles-ci font globalement très bien leur travail. Sans donner trop l’impression d’être là pour gonfler artificiellement le contenu en somme. Notons tout de même un défaut qui risque d’en gêner certains : la localisation. Parce que celle-ci n’a pas été complètement réalisée, laissant certains rares morceaux de dialogue en anglais.
Un univers plein de charme
Ce qui frappe en premier lorsqu’on lance The Ascent, c’est assurément la richesse de ses environnements. Parce que la vue du dessus n’est clairement pas utilisée par facilité, tant Neon Giant a su tirer parti de cet aspect pour offrir une profondeur surprenante aux décors. Des nombreux vaisseaux passant en arrière plan, jusqu’aux abysses insondables de la gigantesque cité que l’on peut apercevoir au loin ou sous nos pieds, tout est là pour nous offrir un sentiment d’immersion totale parfaitement grisant.
Et il faut avouer que le tout fonctionne très bien, notamment grâce à une réalisation graphique et une direction artistique toutes deux excellentes. Les développeurs ont peaufiné leur univers jusqu’à lui offrir un aspect sale et humide tangible, le tout saupoudré d’une profusion de technologies et de néons aux couleurs vives. Bref, le parfait petit attirail du jeu cyberpunk, jouissant par ailleurs d’effets visuels réussis, et de lumières parfois bluffantes. Ce merveilleux tableau est toutefois noirci par quelques problèmes techniques qui ont une fâcheuse tendance à devenir récurrents.
Parce qu’aussi beau et impressionnant soit-il de prime abord, The Ascent souffre malgré tout de ralentissements réguliers, et même de petits freezes qui surviennent aléatoirement. Généralement, tout se passe bien pendant les affrontements, bien que l’on ne soit jamais à l’abri d’un petit lag quelque peu handicapant. Mais le simple fait de se balader dans cette ville à la taille respectable, et aux nombreux passants, peut parfois poser problème, avec des décors qui mettent du temps à s’afficher, ou encore des bugs de physique qui brisent instantanément l’immersion. Quant aux temps de chargement, nous avons rarement vu aussi long au cours des dernières années !
Pour la petite anecdote, lors de notre partie nous avons par exemple été bloqués un long moment à un point donné de l’histoire. Il fallait se rendre dans une zone et tuer un certain nombre d’ennemis… malheureusement ceux-ci n’apparaissaient pas après la cinématique censée faire démarrer l’action. Il nous aura fallu relancer trois fois le jeu pour qu’enfin ce problème de script se règle de lui-même. Ce qui signifie pas loin de quinze minutes d’attente simplement pour terminer une quête. Bref, espérons que les patchs à venir corrigeront tous ces problèmes, bien qu’on ait du mal à croire que les très réguliers ralentissements puissent disparaître du jour au lendemain…
Quant à la bande sonore, nous n’avons pratiquement rien à redire. Les thèmes musicaux sont dans la veine de ce que l’on entend généralement dans les meilleurs jeux cyberpunk des dix dernières années, tout en restant plus timides que chez un Ghostrunner ou un Ruiner par exemple. Rien de bien méchant cela dit. Les doublages sont eux aussi plutôt réussis. Mais c’est surtout le sound design qui fait mouche, avec des bruits de tirs dont on ressent véritablement l’impact, ou encore une réverbération des effets sonores qui fonctionne du feu de dieu.
Parfait mélange de shoot et de RPG ?
Shooter en vue du dessus sentant bon l’hommage old schnool, le titre de Neon Giant offre des sensations très arcades et se révèle jouissif. Sa prise en main est relativement instinctive, offrant un maigre panel d’actions, restant toutefois nettement suffisant. Pas d’histoires de munitions, bien qu’il faille recharger nos armes une fois leur chargeur vide, ainsi qu’une profusion d’hémoglobine et de démembrements lorsque l’on s’attaque à nos adversaires humains ou extraterrestres. Bref, une recette pour adulte, qui se consomme comme un défouloir basique mais efficace. Pourtant The Ascent est bien plus que ça !
En effet, comme beaucoup de titres ces dix dernières années, celui-ci dispose d’une dimension de light-RPG. Comprenez que, comme dans un Assassin’s Creed : Valhalla, il est question de gain d’expérience, et donc de niveaux, débloquant progressivement des points de capacité à répartir comme bon nous semble. Heureusement, contrairement aux titres de Ubisoft, pas d’arbre de compétences à la taille ridiculement grande ici, mais une courte liste d’aptitudes pouvant être améliorées, pour un total de vingt points à dépenser dans chacune. Un système simple, mais efficace, auquel s’ajoute en toute logique une fonction d’équipement et de customisation de nos armes, là encore assez basique.
Plutôt riche, The Ascent ne tombe donc pas dans la surenchère gratuite et inutile. Son game system n’a rien de compliqué à appréhender, on comprend rapidement comment fonctionnent les différentes spécificités de son gameplay, et on ne se perd jamais dans ses menus. Une véritable qualité, à une époque où les développeurs veulent toujours insérer trop de fonctionnalités dans leurs jeux, ou encore construire des mondes trop vastes qui, par conséquent, se révèlent trop vides. Celui du titre de Neon Giant est grand, c’est un fait, mais pas trop. On ne s’y perd pas, et aucune zone ne semble avoir été délaissée au profit d’autres. Ce qui se traduit par un game design excellent et égal tout du long de l’aventure.
Quant à son contenu annexe, autrement dit les quelques quêtes que des PNJ désireront nous attribuer, elles ne sont là encore pas trop nombreuses, mais permettent malgré tout de gonfler un peu la durée de vie du titre. Ce qui pousse cette dernière à une bonne trentaine d’heures, peut-être un peu plus, pour faire le tour complet. Notez d’ailleurs qu’il sera parfois nécessaire de passer par la case « quête annexe » pour gagner un peu d’expérience. Sans ça, traverser l’histoire en ligne droite peut se révéler compliqué, puisque le niveau des ennemis grimpe plus vite que le nôtre. On pourrait aussi vous dire que le challenge est, dans l’ensemble, un brin relevé, surtout sur la fin !
Reste une limitation évidente, semblant pourtant inévitable dans ce genre de jeux : la répétitivité. En effet, nous n’avons pas eu l’impression de faire grand-chose de plus que de tirer sur tout ce qui bouge et faire des roulades pour éviter les projectiles ennemis au cours de notre partie. Alors bien sûr c’est un problème en solo, mais notez que The Ascent est conçu pour être joué à plusieurs. Jusqu’à quatre, pour être plus précis, et ce autant en ligne qu’en local sur le même écran. Une riche idée, comme toujours, qui s’accompagne là encore d’un petit hic qu’on aurait préféré éviter.
Parce que malheureusement, pour jouer en ligne, il faudra avoir un ami qui possède lui aussi le jeu. Ou bien qui est abonné au Game Pass, cela va sans dire. Pas moyen de lancer des parties avec des inconnus, ce qui est tout de même dommage pour un titre qui fonctionne aussi bien en multijoueur. Quant au local, il faudra nécessairement posséder un personnage par joueur. Ce qui signifie qu’il n’est tout simplement pas possible de lancer une partie rapide entre potes dans notre canapé ! Il faudra avant cela se taper la création d’avatar très bateau. Un détail, certes, mais qui peut avoir toute son importance.
Cet article peut contenir des liens affiliés