Disponible depuis le 22 juin, notamment sur le Game Pass, The Bookwalker : Thief Of Tales s’est discrètement montré lors du Future Game Show 2023 par le biais d’un trailer cinématique. Edité par tinyBuild, le titre est développé par le studio Do My Best qui nous propose un point’n click au concept intéressant, non sans une certaine originalité.
Le concept est simple, nous incarnons un écrivain déchu qui doit voyager à l’intérieur de livres pour y subtiliser des objets légendaires. Un pitch de départ qui peut faire penser au récent comics The Plot Holes de Sean Murphy, ou bien à celui de Garth Ennis, Marjorie Finnegan, Temporal Criminal.
Chez Murphy, une équipe de héros voyage dans des ouvrages pour réparer les erreurs, tandis qu’Ennis nous fait suivre les aventures d’une voleuse qui voyage à travers des mondes et époques différentes. Sans revendiquer une quelconque inspiration, ces résonnances nous ont parlé.
Condition de test : Nous avons joué sur Xbox Series via le Game Pass et terminé l’aventure en 6 ou 7 heures de jeu. Précisons qu’au moment de notre test, un patch était prévu mais pas déployé. Par conséquent, nous n’avons pas eu les sous-titres en français normalement disponibles, et les quelques bugs et imprécisions rencontrés seront sans doutes corrigés prochainement.
Sommaire
ToggleEtienne Quist, Bookwalker
Avant d’être le bookwalker que l’on incarne, Etienne Quist était écrivain. Il semblait avoir un certain succès mais, suite à un crime antérieur au début de l’aventure, est maintenant dans une délicate situation. Après pas mal d’années sans pouvoir exercer son art, la faute à des menottes d’un genre nouveau, il sollicite l’aide d’un mystérieux personnage.
C’est via de multiples appels téléphoniques que sont données les missions. A savoir, recevoir une valise contenant un livre dans lequel il faut voyager pour y dérober l’objet demandé. Une quête qui nous fera parcourir des ambiances comme des décors aussi divers que variés. L’artiste espère ainsi pouvoir récupérer son statut d’écrivain avant de sombrer, comme tant d’autres.
Le scénario de The Bookwalker débute sur une prémisse alléchante et nous place dans une sorte de dystopie centrée autour de la profession d’écrivain, et englobé d’une atmosphère plutôt prenante. Si l’histoire manque de clarté et peut se laisser aller à quelques maladresses dans l’écriture, elle n’en reste pas moins intrigante.
Quand bien même le manque de réponses données à la fin de l’aventure, les nombreuses questions suscitées nous invitent à combler nous-même les blancs. Si cela ne plaira pas à tout le monde et que ça peut amener de la frustration, il est possible d’y voir une certaine pertinence avec ce qu’essaye de nous raconter le jeu.
Outre les dialogues, il faudra lire les quelques papiers qui traînent dans l’appartement d’Etienne et interagir avec les PNJ dans les livres pour en apprendre toujours plus sur l’univers de The Bookwalker : Thief Of Tales. Les bonnes idées fourmillent autant que les mystères et la narration fait son chemin sans nous tenir par la main.
Le Grand Secret
Police en charge des écrivains, disparition de la télévision, sans compter les bookwalker qui, comme notre héros, peuvent voyager entre la fiction littéraire et le monde réel. On sent que derrière ce que l’on nous montre, toute une facette immergée se cache encore. Tout cela participe à la drôle d’ambiance du titre, sans compter le voisinage douteux, mention spéciale au locataire du rez-de-chaussée.
On regretta par contre une partie réelle, qui s’arpente en vue à la première personne, ne brillant ni par ses graphismes ni pour sa « personnalité ». Si le préjudice à l’ambiance globale reste mineur, on ne peut que déplorer le manque de soin apporté au lieu. Heureusement que les environnements fictifs, ceux des livres, sont bien plus convaincants et saisissants.
La rupture graphique est manifeste et plutôt bien vue compte tenu du monde réel dans lequel évolue Etienne. On sent bien le climat oppressant et suspicieux qui règne dans le réel, là où les bouquins dépaysent et apparaissent avec des mondes plus attractifs. C’est aussi l’occasion de changer de point de vue, puisque dans la fiction nous abandonnons la première personne pour une vue isométrique.
Evidemment, le faible budget alloué au projet ne peut que freiner les ambitions de Do My Best, mais les équipes ont su prioriser ce qu’il fallait. De fait, il faut saluer les intentions. The Bookwalker : Thief Of Tales a des choses à raconter et tente, parfois maladroitement, d’apporter des questionnements intelligents sur l’écriture, et l’art en général.
Zero Theorem
Le scénario cadre bien le récit pour se focaliser sur le voyage à l’intérieur des livres. D’ailleurs, en plus des histoires différentes que l’on nous raconte dans les ouvrages, ces derniers font avancer l’intrigue principal et servent à mettre en image, par la métaphore fictive, les problématiques de la réalité d’Etienne. Le scénario de The Bookwalker vaut quand même le détour.
Pour son concept déjà, mais également via ses intentions. Pour le reste, on est sur du point’n click ordinaire. Il faut résoudre des énigmes environnementales et parler à une tripotée de PNJ pour avancer dans l’histoire. Il y a des choix de dialogues ci-et-là, mais rien qui ne viendra fondamentalement changer les choses, si ce n’est celle du livre parcouru. C’est déjà ça.
Cependant, les énigmes sont peu engageantes et d’une facilité déconcertante. Comme pour nous montrer que l’intérêt premier c’est l’intrigue et rien d’autre. C’est dommage d’avoir choisi cette approche car ça enlève à l’immersion. On peine à s’impliquer entièrement dans les romans et à s’attacher aux personnages, malgré des choix moraux qui pourraient avoir plus de poids.
Parfois, on trouve des contradictions farfelues dans les dialogues, mais globalement on s’en accommode. Plus gênants sont les combats au tour par tout dont on regrette presque la présence. Bien que l’on puisse obtenir une unique capacité et augmenter d’un niveau ses techniques, l’intérêt n’est pas là. Un désir de casser la répétitivité du jeu qui, d’un livre à l’autre se structure de la même manière il est vrai, mais trop peu engageant pour fonctionner.
Etienne’s Run
L’engagement, est tout de même un souci dans The Bookwalker. Alors qu’on arrive à bien entrer dans son univers, des petits détails de ce type viennent entacher l’immersion. Les marmonnements du monde réel finissent par peser et dans les mondes fictionnels, les personnages sont sans réaction pour crédibiliser pleinement les situations. C’est dommage dans une aventure aussi courte.
Si l’on ajoute la maniabilité compliquée sur console, le protagoniste étant assez rigide et très imprécis, on a suffisamment d’arguments pour ne pas relancer une seconde partie. L’interaction avec les objets est parfois infernale pour pas grand-chose et des bugs peuvent aussi facilement survenir. Evidement, les affrontements souffrent des mêmes défauts d’animation et d’expressivité visuelle.
Pour autant, par sa faible durée de vie, The Bookwalker ne laisse pas le temps d’abandonner, et tant mieux car le voyage reste intéressant. De plus, l’absence de challenge fait qu’on voit le bout de l’aventure sans forcer. Il ne manquerait plus que ça au vu des soucis mentionnés. Les équipes savaient où se trouvaient leurs points forts à mettre en valeur.
On aurait simplement préféré que cette énergie soit déployer sur d’autres éléments. La finition n’est pas au rendez-vous, des errances techniques subsistent, sur console en tout cas. Dans ce sens, le level design, voire certains intérieurs dans un même bouquin, se ressemblent trop. La partie sonore ne convainc pas totalement non plus, même si des morceaux fonctionnent mieux que d’autres.
Cet article peut contenir des liens affiliés