Dévoilé dans l’ombre du Nintendo Direct diffusé en février dernier, The Centennial Case: A Shijima Story est disponible depuis le jeudi 12 mai 2022 sur PC via Steam, PlayStation 4, PlayStation 5 et Switch.
Réalisé par Koichiro Ito (Metal Gear Solid V, Your Name, Les Enfants du Temps), produit par Junichi Ehera (NieR Automata) et scénarisé par Yasuhito Tachibana (série Netflix The Naked Director) au sein du studio h.a.n.d. Inc., ce jeu d’aventure et d’enquête permet à l’éditeur Square Enix de remettre un pied dans le genre du live-action/FMV moins de quatre ans après la sortie d’un certain The Quiet Man, une production tellement mauvaise qu’elle ne méritait même pas d’être qualifiée de navet.
Alors, l’éditeur japonais a-t-il eu raison de retenter sa chance dans ce domaine ou nous gratifie-t-il d’une nouvelle purge dont il a le secret ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé avec une manette DualSense sur PlayStation 5 et un téléviseur 4K pendant environ 13h, temps nécessaire pour terminer le jeu une fois en version originale japonaise sous-titrée en français. Cet article est garanti sans spoilers. Le jeu nous interdisant d’effectuer nos propres captures d’écran, toutes les images utilisées dans ce test sont issues du press kit officiel du titre.
Une enquête familiale prenante
Commençant au Japon en l’an 2022, The Centennial Case: A Shijima Story nous invite à suivre l’histoire de l’autrice de romans policiers Haruka Kagami. Alors qu’elle est en pleine séance de dédicaces en compagnie de son éditrice, elle reçoit la visite surprise d’Eiji Shijima, un chercheur sur le cycle cellulaire avec qui elle a collaboré afin de peaufiner certains détails de son dernier ouvrage.
Celui-ci lui explique que des ossements ont été déterrés près de la demeure familiale et il souhaiterait qu’elle profite de cette opportunité pour mener une enquête approfondie visant à percer les mystères entourant sa lignée. En effet, en plus d’être réputée comme maudite en raison des meurtres dont elle a été victime depuis environ un siècle, elle aurait effectué par le passé d’étranges recherches sur le tokijiku, un fruit capable d’accorder la jeunesse éternelle à ceux et celles qui en mange.
Proposant un pitch de base assez intriguant sur le papier, le récit à travers le temps concocté par les développeurs se laisse dévorer avec plaisir du début à la fin. Un grand soin a été accordé à l’écriture des personnages et des dialogues qui ne semble souffrir d’aucune incohérence et a même réussi à nous surprendre à plusieurs occasions tout au long de notre session de jeu.
La mise en scène est également convaincante. Les environnements, les décors et les costumes ont été choisis avec intelligence et nous ont paru en adéquation avec leur époque dans le but de rendre l’ensemble logique. Et surtout, les acteurs et actrices inclus au casting campent tous et toutes leurs différents rôles avec beaucoup d’habileté. Très franchement, il s’agit là d’une remarquable performance.
Quant à la mini bande originale sur laquelle a notamment travaillé Yuki Hayashi (Dragon Quest: The Adventure of Dai), chaque thème musical a été correctement intégré et mis à sa juste valeur dans le but de toujours correspondre parfaitement à l’ambiance dégagée par la scène qui se déroule sous nos yeux.
Hormis la présence de très rares plans de caméra affichant un rendu visuel moins agréable à l’œil et peut-être de deux ou trois situations pouvant nous sortir brièvement de l’intrigue, l’aventure imaginée par h.a.n.d. Inc. est une vraie réussite dans tous les domaines liés de près ou de loin à l’histoire. Chapeau bas !
Des mécaniques de jeu bien huilées ?
Contrairement à The Quiet Man qui alternait entre séquences live-action et in-game, The Centennial Case: A Shijima Story propose un gameplay bien mieux huilé nous donnant l’occasion de regarder un gros film avec lequel nous pouvons interagir en permanence. Concrètement, chaque chapitre se découpe en trois phases de jeu distinctes : Incident, Réflexion et Conclusion.
Au cours de la première, on se contente d’observer méticuleusement les événements qui se déroulent sous nos yeux tout en faisant attention à ce que les personnages se disent entre eux et en lisant attentivement les informations s’affichant à l’écran. Puis, l’enquêtrice nous emmène dans son espace de réflexion intérieur, l’équivalent du palais mental de l’iconique Sherlock Holmes, pour assembler toutes les pièces du puzzle.
Pour cela, il suffit d’associer correctement les pistes à suivre (en jaune) aux mystères (en rouge/orange), ce qui lui permet d’émettre des hypothèses. S’il semble à première vue complexe à comprendre, sachez que ce système vous paraîtra tout de suite beaucoup plus accessible dès que vous aurez remarqué la présence de symboles sur chaque tuile. Un coup de pouce très utile afin de trouver les bonnes correspondances. Problème, malgré sa simplicité, on constate que cette mécanique se révèle rapidement davantage fastidieuse à « maîtriser » à la manette qu’en usant du traditionnel combo clavier/souris. Résultat, cela a tendance à nuire au rythme du déroulement de la partie.
Pour finir, il ne reste plus qu’à exposer nos déductions aux suspects potentiels en identifiant le ou la coupable et, bien entendu, expliquer comment et pourquoi il ou elle a agit ainsi. Une phase qui, pour le coup, est plus difficile qu’elle n’y paraît. Non seulement les diverses enquêtes conçues par le studio japonais sont particulièrement bien pensées et alambiquées mais l’accusé pourra aussi tenter de se sortir du pétrin dans lequel il ou elle se trouve en tentant de mettre à mal notre raisonnement.
Si parvenir à finir le jeu n’est pas très compliqué, le faire sans commettre la moindre erreur de jugement est une tout autre paire de manches. Les développeurs ont vraiment pris un malin plaisir à imaginer des hypothèses variées dans le seul but de nous embrouiller l’esprit. Les perfectionnistes devront se montrer prudents et ne pas hésiter à revisionner des scènes ainsi que consulter plusieurs fois tous les éléments en leur possession (cartes des lieux, informations, journal de discussion…) pour résoudre chaque affaire tel Détective Conan et non pas Kogoro Mouri. Une bonne nouvelle pour ceux et celles en quête de challenge.
Bref, vous l’aurez compris, tout comme tout ce qui touche de près ou de loin à la narration et à la mise en scène, le gameplay du titre est bien huilé et efficace à un détail près. Honnêtement, le seul réel défaut qu’on peut lui reprocher est son système de « choix » hors séquences de Conclusion. On se demande bien pour quelles raisons h.a.n.d. Inc. a souhaité l’intégrer car, étant donné que l’histoire est linéaire de A à Z, toutes les décisions prises aboutissent à des conséquences totalement illusoires. Sa présence n’a donc absolument aucun intérêt. C’est dommage.
Cet article peut contenir des liens affiliés