On vous en parlait depuis quelque temps, le jeu vidéo narratif est en pleine phase de transition. Si certaines productions telles que What Remains of Edith Finch emprunte un chemin minimaliste, d’autre jeux à l’inverse tentent de proposer une approche différente, où les choix ont une place prépondérante dans l’immersion. On vous avait parlé d’ailleurs de Oxenfree, un jeu narratif que l’on avait adoré pour cette immersion liée à une écriture sans faille. Mais là où la difficulté réside aujourd’hui, c’est dans la maîtrise d’un tel genre vidéoludique dans la durée, notamment dans des jeux utilisant un format épisodique. Difficile de ne pas penser à Telltale Games et ses nombreuses adaptations récentes. D’autres studios s’y sont essayés tel que DontNod avec Life is Strange. Un soucis réside tout de même, où est l’impact de nos choix ? C’est ici qu’entre en scène The Council, qui de par son approche tente de renouveler tout simplement le genre.
Immersion, quand tu nous tiens
Tout commence en décembre 1792. Vous incarnez un certain Louis de Richet, français de nationalité, et membre de l’Ordre Doré, une des plus importantes sociétés secrètes. Après une introduction vous proposant de découvrir notre protagoniste principal, Louis de Richet, nous nous retrouvons sur une île perdue entre la France et l’Angleterre, appartenant à un certain Lord Mortimer. Vous arrivez sur l’île avec deux idées en tête : découvrir les secrets de l’île et retrouver votre mère, Sarah de Richet.
Divisé en cinq épisodes, The Council sépare également ses épisodes en plusieurs chapitres, appelés ici quêtes. Chaque quête vous permettra d’avancer dans l’histoire, dévoilant de nouveaux mystères, manigances ou encore vous fera progresser dans la quête pour retrouver votre mère. Avec ces quatre heures de jeu, ce premier épisode est dense. Aucun jeu narratif épisodique n’a jamais proposé un contenu si dense en un seul épisode et en cela, c’est un vrai point fort du titre. The Mad Ones, titre du premier épisode, vous propose une véritable plongée comme jamais dans ce 18e siècle en pleine transition politique mondiale.
The Council est une véritable promesse et proposition de jeu vidéo
Lorsque l’on parle d’immersion, on parle bien entendu de la capacité du jeu de nous inclure dans son monde, son époque. Rarement un jeu de cette carrure n’aura fait autant d’effort pour nous plonger dans son contexte historique. On peut le voir tout d’abord avec le nombre de personnages historiques présents dans le jeu. Que ce soit Napoléon Bonaparte, simple lieutenant à l’époque, ou George Washington, tout juste élu président des États-Unis d’Amérique, on a vraiment l’impression de (re)découvrir ces grands personnages historiques. Il est passionnant de suivre cette réécriture de l’histoire où les grands dirigeants du monde soient liés par l’Ordre Doré, véritable équivalent des franc maçon, l’occultisme en plus.
Un autre aspect, rentrant quant à lui plus sur un aspect de détails, c’est la capacité du jeu à nous inclure dans cette époque via l’art. C’est simple, se promener dans la demeure du Lord Mortimer est aussi passionnant que visiter un des plus grands musées du monde. Velasquez, Caravage, Da Vinci ou encore Rodin, la liste est trop longue et tout amateur d’art sera émerveillé à chaque fois que son regard se portera sur une œuvre. Le jeu de lumière permet d’ailleurs de donner encore plus de réalisme à l’ensemble, nous donnant une véritable impression de nous retrouver en face d’une œuvre de maître, avec des effets de reflet sur la peinture et un vrai aspect textural.
Sur le point des graphismes d’ailleurs, The Council s’en sort plutôt bien ! Le moteur graphique permet de proposer un ensemble graphique plutôt impressionnant, très poussé sur la gestion de la lumière comme nous l’avons dit précédemment. On pourra également mettre en avant la modélisation des personnages, notamment au niveau des visages. Si on a repéré quelques soucis de synchro labiale, rien de bien flagrant concernant l’ensemble. Il faudra par contre prévoir un PC plutôt correct pour le faire tourner si vous désirez y jouer sur cette plateforme.
De l’ambition au renouvellement d’un genre
Le jeu aurait déjà été une belle réussite rien que par les premiers points cités précédemment, mais Big Bad Wolf Studio va beaucoup plus loin et propose un véritable système de jeu complet, innovant, s’inspirant à la fois des jeux narratifs actuels et d’une dimension énigmes assez poussée. Pour cela, le studio s’est basé sur des concepts de game design simples, qui sont justifiés par une forme originale. Cette forme originale est celle des classes et compétences, habituellement mis en place dans un jeu de type RPG.
Très rapidement dans le jeu, vous aurez le droit entre trois classes : occultiste, détective ou diplomate. Chaque classe vous permettra d’avoir accès de façon plus rapide à leurs compétences qui leurs sont propres. A chaque montée de niveau, votre personnage obtiendra plusieurs points utilisables dans différentes compétences. Chaque compétence vous donnera ainsi un accès à la fois à de nouveaux choix de dialogue, mais également à la possibilité d’effectuer des actions supplémentaires.
Mais chaque choix ou action nécessitera l’utilisation d’une de vos compétences qui vous demandera d’utiliser des points d’efforts, une jauge qui baissera ainsi au fil de votre quête. Par chance, vous pourrez retrouver dans le jeu différentes consommables qui vous permettront de récupérer des points d’efforts, de récupérer un nouveau point dans votre jauge, ou encore pouvoir utiliser une compétence gratuitement. Mais attention à la surutilisation de cette mécanique car user et abuser des compétences ou de votre jauge d’effort aura des contraintes. Barre de temps de réponse invisible, jauge d’effort réduite. il vous faudra également utiliser un élixir afin de pouvoir soigner cet état.
The Council brille par son système de jeu
Mais toutes ses mécaniques sembleraient plutôt vides si elles n’étaient pas bien utilisées, et The Council parvient à chaque moment à renouveler son expérience pour le joueur. Avec un système de dialogue basé sur des choix, mais également de l’analyse de personnalité, il vous faudra déceler les faiblesses de vos interlocuteurs afin d’utiliser la bonne compétence pour parvenir à vos objectifs. Le jeu vous proposera d’ailleurs des passages de dialogues par étape où il vous faudra convaincre la personne en face de vous. L’ensemble se rapproche de la mécanique mise en place dans Life is Strange Before the Storm mais bien mieux utilisé car combiné avec ce système de compétences.
Le jeu ajoute en plus de cette mécanique de choix et de dialogue de nombreuses énigmes à résoudre. Ici, les énigmes vous demanderont de comprendre, de réfléchir et de résoudre par vous tout ce qui est mis en place. On ne vous tiendra pas la main pour trouver l’objet manquant, l’ordre de mise en place ou la rotation de statue. Tel un point’n’clic, The Council arrive à proposer un vrai challenge qui vous tiendra en haleine pendant l’ensemble de l’expérience de ce premier épisode.
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