Annoncé en début d’année par Ubisoft, The Crew Motorfest est officiellement disponible pour tout le monde depuis le 14 septembre dernier sur PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One et Xbox Series X|S. Troisième épisode de la série The Crew qui fêtera son dixième anniversaire l’an prochain, celui-ci souhaite surpasser la formule proposée par l’opus de 2018 qui avait rencontré un joli succès auprès du public sur le long terme (oui, vous savez, un de ces fameux « game as a service » que beaucoup croient morts et enterrés quelques semaines seulement après leur lancement sauf qu’ils ne le sont pas tant que ça finalement !).
Autre défi de taille, il doit prouver aux joueurs et aux joueuses que le virage très Forza Horizon dans l’esprit opté par Ivory Tower (dont certains membres ont travaillé sur Test Drive Unlimited, la saga ayant inspiré la création de FH, chez Eden Games dans les années 2000) ne nuit pas trop à l’identité de la licence. Alors, après avoir mobilisé plus de 250 personnes sur son développement pendant ces cinq dernières années, le studio lyonnais est-il parvenu à atteindre tous ces objectifs ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé avec une manette DualSense sur une PlayStation 5 branchée à un téléviseur 4K (HDR désactivé) pendant environ 21h. Durant cette session, nous avons pris le temps de terminer, en solo et à notre rythme, tous les événements principaux répartis dans les quinze playlists imaginées par les développeurs, de participer à un bon nombre d’activités annexes, de challenges et d’épreuves multijoueur, ainsi que nous balader au maximum dans le monde ouvert sur terre, mer et dans les airs.
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ToggleUn contenu de lancement généreux et varié
Après nous avoir fait sillonner en long et en large les États-Unis en 2018, The Crew Motorfest prend ses quartiers sur O’ahu, l’île principale de l’archipel d’Hawaï. Au sein de cette région paradisiaque de l’océan Pacifique, nous sommes invités à créer notre avatar dans un seul et unique but : parcourir à notre guise les quatre coins de l’île dans le cadre du Motorfest, un grand festival nous donnant notamment l’opportunité de collectionner, améliorer (système de loot identique à celui de The Crew 2) et personnaliser les plus de 600 véhicules disponibles au lancement. Tout simplement.
Vous l’aurez compris, entre le contexte festif proposé et le terrain de jeu exotique choisi par les développeurs, le titre assume pleinement ses inspirations Forza Horizon sur le fond. C’est donc sur la forme qu’il cherche à se démarquer autant que possible pour se forger une vraie identité et, très sincèrement, de gros efforts ont été fournis sur ce point. Contrairement à Forza Horizon 5 qui s’appuie sur une base d’épreuves réparties de façon relativement classique pour le genre (courses sur route, sur terre, de rue, cross-country, etc.), l’expérience de jeu de Motorfest repose sur la présence de quinze playlists abordant des thématiques variées.
Découverte d’Hawaï en compagnie de Keola, notre guide touristique local, plongée dans la culture automobile japonaise, apprentissage et perfectionnement de nos techniques de drift, rétrospective de la marque Lamborghini, de l’iconique Porsche 911 et de certains modèles rétro des années 50 à 80, focus sur le marché de l’électrique haut de gamme, partenariat avec l’influenceuse australienne Supercar Blondie dédié aux concept cars… il y en a pour tous les goûts. Et, si jamais vous vous posiez la question, oui, d’autres véhicules motorisés comme les motos, les bateaux ou encore les avions ont aussi droit à leurs propres épreuves. Ces dernières sont moins nombreuses que dans The Crew 2, ce qui est un peu dommage, mais elles sont là.
Au fur et à mesure de la partie, ces playlists nous donnent la possibilité de participer à des événements majeurs, tous dotés d’une solide mise en scène portée par de jolies cinématiques, une ambiance visuelle et sonore réussie, des interlocuteurs et interlocutrices pouvant être attachants, passionnés ou trop bavards, et quelques objectifs principaux et/ou secondaires spécifiques à accomplir comme trouver son chemin à l’aide de photographies, limiter les dégâts esthétiques sur son bolide ainsi que performer dans le cadre d’un mini-championnat pour obtenir des Bucks supplémentaires (nom de l’argent dans le jeu).
N’oublions pas non plus que, plus nous progressons, plus nous débloquons d’activités annexes qui ne dépayseront pas les habitués de la saga d’Ivory Tower (slalom, fuite, radars…) et une flopée de challenges incluant, par exemple, des collectibles à localiser ou à récupérer en gardant un œil sur les points d’intérêts apparaissant sur notre mini-carte. C’est un monde ouvert à la Ubisoft après tout !
Et, attendez, ce n’est pas fini puisque divers événements multijoueur sont également au programme. Outre le Summit Contest, la compétition PvE hebdomadaire qui s’appelait le Live Summit dans The Crew 2, et le Custom Show mettant en avant notre créativité, le titre intègre la Grand Race et le Demolition Royale.
Inspiré sans l’ombre d’un doute de la Mass Race de Riders Republic, le premier est une grande course PvP en trois phases réunissant jusqu’à 28 joueurs et joueuses en piste. Un joyeux bordel qui, malheureusement, semble complètement délaisser les disciplines maritimes et aériennes. Quant au second, il s’agit d’un combat en arène mixant Demolition Derby et Battle Royale opposant huit équipes de quatre pilotes dans la lutte pour le top 1.
Alors, bien évidemment, nous sommes conscients que tout ceci ne suffira pas à satisfaire tout le monde, notamment la partie du public tiquant immédiatement à la vue de la mention « A Ubisoft Original ». La production se dote d’une identité, n’oublie pas de respecter l’ADN de The Crew mais ne semble rien révolutionner pour le genre. Toutefois, il est toujours intéressant de rappeler que Forza Horizon 5 se trouvait dans le même cas de figure le jour de sa sortie. Playground Games s’était « contenté » de reprendre toutes les idées qui avaient fonctionné dans les épisodes 3 et 4 de la série tout en poussant le curseur graphique, technique et technologique à fond. Cela lui avait permis d’être un très bon jeu mais, pour l’originalité, on repassera.
Un gameplay plus profond, libre et plaisant que par le passé
Côté gameplay, The Crew 2 avait le mérite de proposer une expérience sympathique dans l’ensemble mais elle n’était pas non plus parfaite, loin de là. La conduite arcade était souvent trop restrictive au point de brider notre plaisir de jouer. La maniabilité de plusieurs types de véhicules était parfois mal calibrée et assez frustrante. Quant à la difficulté, la manière dont elle avait été pensée était particulièrement discutable, pour ne pas dire dépassée.
Rassurez-vous, comme nous l’avions déjà constaté en juin dernier, Ivory Tower a revu sa copie dans Motorfest en apportant les améliorations et modifications nécessaires pour nous offrir une prise en main se rapprochant grandement de celle proposée par la licence de Playground Games. Autrement dit, elle se veut plus profonde et poussée dans sa conception et libre dans son approche quitte à ouvrir davantage la porte aux potentiels échecs et aux erreurs commises par les joueurs et joueuses.
Ajout d’options supplémentaires dans les aides à la conduite (et les réglages des véhicules ?), apparition d’un challenge à la carte, adapté à tous les profils et porté par une IA faisant ce que nous attendons d’elle, exploitation du retour haptique, des gâchettes adaptatives et du haut-parleur de la DualSense… Le gameplay a considérablement gagné en sensations, en « réalisme » et en immersion sans sacrifier le sentiment grisant de vitesse procuré par ce genre d’expérience.
Attention, cela ne veut pas dire pour autant que The Crew est devenu l’égal ou même le maître de Forza Horizon dans ce domaine où le premier propose encore un résultat davantage orienté arcade que le second. Cependant, il est indéniable que rouler, naviguer et voler dans ce troisième opus est bien plus plaisant que dans le précédent, et ce quelque soit le véhicule utilisé et à de rares exceptions près. Que demander de plus ?
Un voyage à Hawaï qui nous en met plein la vue ?
Sans mauvais jeu de mots, terminons ce petit tour d’horizon de The Crew Motorfest en faisant un focus sur ses performances techniques. Bien décidé à nous en mettre plein la vue, Ubisoft Ivory Tower a fourni un gros travail sur un maximum d’aspects (textures, lumière, modélisation des véhicules…) pour moderniser son moteur graphique qui, si vous avez lancé ou relancé The Crew 2 récemment, commençait à se faire un peu vieillot. Et pour être franc avec vous, le rendu final est un régal pour les yeux, sauf peut-être pour ce qui est du rendu du ciel par temps ensoleillé.
De jour comme de nuit, sous le soleil, les nuages, la pluie ou encore au cœur d’une tempête, les développeurs ont su trouver le moyen de mettre en valeur la diversité des biomes d’Hawaï. Couplé au soin apporté à la direction artistique, parcourir les villes, villages, jungles, plages, mers et pentes volcaniques de l’île d’O’ahu est un spectacle visuel convaincant que nous prenons beaucoup de plaisir à immortaliser avec le mode Photo.
Toutefois, il faut bien avouer que nous n’avons pris aucune claque durant notre session, pas même en mode Résolution (ray tracing activé). Le jeu est donc vraiment très joli, y compris en mode Performance (60 fps constant), mais il existe encore un monde d’écart entre ça et la vitrine technologique qu’était et est toujours aujourd’hui Forza Horizon 5. En même temps, pouvait-on espérer mieux de la part d’une production sortant encore sur PlayStation 4 et Xbox One en 2023 ?
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