The Dark Pictures : House of Ashes est le troisième épisode de l’anthologie The Dark Pictures qui se compose également de Man of Medan et de Little Hope. Edité par le géant Bandai Namco, qui prévoit par ailleurs de changer de logo dans un avenir proche, et toujours développé par Supermassive Games, House of Ashes suit le rythme de croisière d’une sortie chaque année.
Animé par l’envie de créer des jeux d’horreur-narratifs et immersifs, les développeurs souhaitent continuer sur leur lancée avec ce nouveau volet qui reprend toute la grammaire des jeux du studio instaurée avec Until Dawn en 2015. Avec un titre produit tous les ans depuis le démarrage de la saga The Dark Pictures, difficile d’attendre autre chose qu’une bonne expérience horrifique corrigeant les erreurs des épisodes antérieurs.
Condition de test : Jeu testé sur PS4. Nous avons terminé l’aventure une première fois en 5 ou 6h, puis nous avons rejoué plusieurs parties afin d’expérimenter d’autres branches scénaristiques.
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Après avoir rencontré l’habituel Conservateur, toujours aussi réussi et sympathique à écouter, cet opus nous fait débuter son histoire en 2003, durant le conflit militaire opposant l’Irak aux Etats-Unis. Nous suivons un groupe d’individus appartenant aux Marines et à l’Air Force, et dont la mission consiste à récupérer de potentielles armes repérées. Parmi les troupes, vous trouverez 4 des 5 personnages jouables au cours du jeu : Jason Kolchek, Eric King, Rachel King et Nick Ray. Le dernier protagoniste étant Salim, un soldat irakien qui se joindra à l’aventure un peu plus tard.
Cette présentation des personnages fait suite à une courte scène introductive se déroulant bien des années avant les événements que nous allons vivre. La scène en question montre une cérémonie sumérienne qui laisse entrevoir l’horreur qui nous attend. Dès lors, le jeu nous embarque dans une longue séquence d’exposition aux relents de films de guerre et prenant soin de ressortir tous les clichés qui vont avec. L’occasion d’entamer vos premiers choix plus ou moins importants pour la suite. Une histoire qui met du temps à se lancer donc, et qui s’avèrera être un avant-goût du rythme à venir. Néanmoins, force est de constater que cette approche donne l’occasion aux développeurs de mieux développer leurs personnages comparé aux opus précédents.
Si les personnages à notre disposition sont de vrais clichés ambulants auxquels on a du mal à s’attacher, le jeu parvient à distiller quelques dialogues bien sentis. Cette première partie est aussi l’occasion de découvrir une petite nouveauté de ce volet, les positions hiérarchiques. En effet, en fonction de la place hiérarchique occupée par un personnage, les interactions et dialogues sont influencées différemment. Cependant, on ne passera pas à côté de conversations bancales et imprécises. Il arrive parfois qu’un personnage répondent un peu à côté. L’autre soucis posé par l’abondance des clichés, c’est de rendre certaines situations prévisibles, de même au niveau des réactions possibles des protagonistes.
Niveau scénario, le constat est mitigé. D’un côté, nous le disions, les personnages sont mieux approfondis que sur les autres titres estampillés The Dark Pictures, mais la caractérisation des personnages parait ici plus préjudiciable à l’univers choisi. Les développeurs semble avoir voulu miser avant tout sur l’ambiance. En nous faisant évoluer dans les ruines sumériennes on se retrouve pris dans des décors logiquement répétitifs et étroits, traduisant un sentiment de claustrophobie pertinente. Malheureusement, dans les fait la tentative n’est pas toujours une franche réussite. Brassant bon nombre d’influences, de The Ascent à la franchise Alien, le titre parvient à dépayser et à instaurer une dimension mystique intrigante. Dommage que cela manque un peu de maîtrise et que l’univers ne soit pas mieux exploité.
Voyage au bout de l’enfer
Il en ressort une expérience assez décousue avec des parties distinctes et inégales, selon nous, et qui ne rend pas justice aux intentions initiales. En outre, la dimension horrifique que l’on était en droit d’attendre dans ce House of Ashes est ici bien moins efficace que dans un Until Dawn. On ressent le souhait de Supermassive Games de tenter une autre approche de l’horreur en misant sur l’atmosphère lourde et le surnaturel, mais le jeu se perd avec une mise en scène le plus souvent bien trop banale. Les émotions et les scènes censées convoquer la peur chez les joueurs et joueuses sont encore trop souvent téléphonées et peu saisissantes. Bien que cette appréciation dépendra de chacun, pour nous le constat n’est pas des plus convaincants.
Puis, l’ambiance n’est finalement pas si efficace, malgré quelques séquences réussies, notamment dans la dernière partie avant la conclusion. La faute à une bande-son en retrait et à la mise en scène qui tire nullement partie du level design et de la direction artistique. Sans parler de l’élément le plus préjudiciable du titre, son montage raté. Le montage est primordial dans la création d’un objet filmique et ce travail est aussi présent dans le jeu vidéo lors des cinématiques particulièrement, séquences les plus ouvertement cinématographiques dans une œuvre vidéoludique. Qui plus est, dans des titres comme ceux de l’anthologie The Dark Pictures qui se veulent être des expériences narratives, le montage doit être cohérent et efficace. Ce qui n’est pas le cas ici.
Entre les coupes abondantes qui cassent le rythme du jeu en nous faisant switcher maladroitement d’une séquence de gameplay à une cinématique, ou encore les coupures impromptues qui apparaissent n’importe comment au point de parfois impacter la visibilité d’une scène, House of Ashes perturbe constamment l’immersion des joueurs et son ambiance pourtant si chère aux développeurs. Ce sont par ailleurs des problèmes plutôt récurrents dans la franchise.
Notez la présence de screamer qui, ici, nous ont paru moins envahissants qu’auparavant, même si leur intérêt, ainsi que leur mise en application, laissent souvent à désirer.
L’armée des ombres
Ce problème d’immersion peut aussi surgir de la technique. The Dark Pictures : House of Ashes accuse un manque de finition évident qui, peut-être, sera corrigé via un patch prochainement. Graphiquement mieux abouti que Man of Medan ou Little Hope, on est parfois témoins de plans réalistes du plus bel effet. Ceci étant, il n’est pas rare d’être confronté à des passages moins travaillés qui font tâche avec le reste et peuvent sortir du jeu. Il est également courant, sur PS4 du moins, d’être face à des textures qui mettent un peu de temps à s’afficher.
Les personnages ne sont pas en reste avec quelques bugs récurrents dans des mouvements, comme cette tendance à avoir des personnages à la nuque légèrement abaissée, alors que la situation ne rend pas cela nécessaire. On notera aussi que le personnage de Rachel, interprétée par l’actrice Ashley Tisdale, manque malheureusement d’expressivité. Un fait plus marqué sur elle que chez ses confrères, malgré une modélisation globale aboutie. Une tare déjà visible dans la franchise et qui mériterait d’être revue.
On alterne constamment entre le bon et le moins bon sur la technique. Heureusement que la prestation des acteurs est au niveau. Que les personnages manquent parfois d’expressivité est souvent perturbant, mais vocalement les acteurs ont su donner de leur personne pour faire vivre les dialogues. Chacun arrive à se démarquer et à rester cohérent, dans la mesure du possible, avec les enjeux des différentes scènes et la psyché censée les caractériser. Sur ce point, les studios savent y faire et le résultat est bien visible. Mention spéciale au personnage de Salim, peut-être le plus intéressant du lot, surtout en terme d’écriture. Ceci dit, prenez garde aux voix françaises, elles manquent d’intensité.
La ligne rouge
Vous l’aurez sans doute compris, The Dark Pictures : House of Ashes ne change absolument rien de la recette initiée jusqu’à présent. Les QTE sont toujours de la partie, prenez garde encore une fois car certaines séquences se déclenchent assez vite, et vous retrouverez également les phases avec l’oscillogramme réglé sur le rythme cardiaque du personnage concerné. Séquences qui offrent toujours leur petite dose de tension. Il est aussi question de récupérer quelques secrets, ainsi que des fragments de prédictions, sans parler des documents liés au lore de l’univers du jeu. Ici, la plus value est certaine puisqu’elle nous permet d’en apprendre un peu plus sur les mythes sumériens. Des mythes cosmogoniques qui résonnent avec une partie de l’histoire et participent à nourrir le voile de mystère qui plane sur le récit.
Mais vous vous en douterez au vu des défauts énumérés depuis le début de ce test, les phases d’explorations sont elles aussi mal goupillées. Toujours les mêmes défauts, les personnages sont lourds, la mobilité est fastidieuse et la caméra complique souvent la tâche. Les placements de caméra sont mal fichus et se perdent dans un désir de proximité qui pourrait faire sens, mais qui, couplé à la lourdeur des déplacements, rend l’exploration plus ennuyante qu’autre chose. Rien que le fait de se retourner dans un endroit étriqué est un calvaire. Des situations qui ne devraient pas être présente sur un troisième opus, car elles portent préjudices à la structure et à l’équilibre du jeu.
Côté choix narratifs, on reste là aussi sur les acquis avec pour seule nouveauté la position hiérarchique déjà mentionnée. Cette dernière permet de donner de la personnalité aux protagonistes, cependant il est dommage de ne pas ressentir plus de profondeur dans cette mécanique de jeu. Il y avait possibilité de mieux appréhender les rapports entre personnage et d’influencer plus encore les personnalités, ainsi que les dialogues. Mais dans l’ensemble, cela fait son petit effet. Espérons que cela soit réutilisé et amélioré pour le prochain opus.
De surcroît, au cours de nos sessions de jeu nous avons remarqué que plus qu’auparavant, dans House of Ashes les inactions, incluant les refus de prise de parole, ont une importance plus prononcée. C’est pour nous un détail contraignant, il devient plus facile de prévoir ce que le destin réserve à nos personnages, puisque systématiquement une non action engendre une conséquence positive. Le titre perd énormément en surprise et nous donne comme la mauvaise impression de mieux contrôler la vie des personnages. Enfin, sachez que bien évidemment les modes coopérations en ligne et en local sont toujours disponibles pour passer une bonne soirée à plusieurs.
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