Parmi les titres présentés lors de la conférence Xbox Games Showcase en juillet 2020, The Gunk est assurément l’une des propositions ayant retenu l’attention des joueurs et joueuses grâce à un concept mystérieux, un gameplay diversifié et une patte graphique qui faisait mouche. Repoussé une fois pour être peaufiné, le jeu d’action-aventure développé par Image & Form, une petite équipe d’une trentaine de Suédois derrière la licence SteamWorld débutée en 2010, est édité par Thunderful Publishing qui les a rachetés en 2020.
Pour cette première grande excursion en 3D, les équipes ont choisi de s’associer à Microsoft afin de se concentrer sur un écosystème en particulier. Ainsi, The Gunk sort ce 16 décembre sur PC, Xbox One et Xbox Series X|S au prix de 24,99€ et dès le lancement dans le Xbox Game Pass. Que vaut ce premier essai d’envergure pour le studio et surtout, tient-il toutes ses promesses ?
Conditions de test : Nous avons eu l’occasion de jouer à The Gunk sur Xbox Series X. Le jeu a été terminé à 100% pour ce test.
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ToggleDe la morve de troll ?
L’histoire de The Gunk débute assez rapidement quand deux exploratrices spatiales aux dettes astronomiques, Rani et Becks, décident d’atterrir sur une planète encore inconnue en espérant trouver de quoi renflouer leurs caisses. Rapidement aux commandes de Rani, seul personnage jouable de votre aventure, il va vous falloir vous frayer un chemin sur cette planète inhabitée d’allure malade, lorsque vous tombez nez à nez avec un tas de substance violacée visqueuse que vous appellerez « Gunk », traduction pour quelque chose de crasseux.
Sans vraiment savoir ce que ce Gunk représente précisément pour la planète et ses anciens habitants, vous tentez de l’aspirer afin de faire place nette, grâce à « Poupette », un gant métallique multifonctions, nécessaire à Rani depuis une précédente exploration ayant eu raison de son avant-bras. Et c’est ainsi que la vie reprend à l’endroit même où était situé ce tas de substance collante. L’herbe repousse instantanément et les fleurs fleurissent à nouveau dans de magnifiques animations colorées. Ni une, ni deux, vous proposez à votre compère de vous poser quelques temps afin de nettoyer cette planète et d’essayer de trouver la provenance d’une énorme source d’énergie repérée par le radar de votre vaisseau.
Au fil de vos pérégrinations et découvertes, vous vous rendrez bien compte que cette planète a non seulement été habitée par une ancienne civilisation extraterrestre, mais qu’en plus, il semblerait que quelque chose se trame, alors qu’un immense vaisseau apparait au loin. Nous n’en dirons pas plus sur l’histoire du titre pour éviter de vous divulguer le sel même de son déroulement, mais il ne sera pas exclu de faire des rencontres plus ou moins courtoises.
Voici le postulat d’une épopée découpée en chapitres, qui ne vous tiendra pas en haleine plus de 5h grand maximum, une histoire au potentiel bien réel mais clairement pas assez exploité. L’histoire de The Gunk est convenue, sans réelle surprise et bien même que l’on s’attende à un rebondissement ou un retournement de situation, cela n’arrivera pas et l’histoire suit son court. La fin arrivera bien trop vite pour avoir le temps de donner un bien plus grand enjeu à ce titre pourtant au global très satisfaisant. Et bien heureusement, le gameplay est extrêmement agréable et on se prend au jeu d’un nettoyage grandeur nature extraterrestre à coup d’aspirateur multi-tâches.
C’est quel modèle d’aspirateur celui-ci ?
L’un des avantages que l’on puisse allouer à The Gunk est sa capacité à nous transporter dans son univers afin que nous même ressentions le défi et l’importance de nettoyer cette planète. Pour cela, vous aurez donc à votre disposition un gant, une sorte de main métallique que Rani contrôle à l’envi et qu’elle pourra améliorer en collectant bon nombre de matériaux, minéraux et autres objets sur le terrain.
En les combinant, Rani pourra acheter des améliorations dans l’établi du vaisseau allant d’une augmentation de la vitesse d’aspiration ou du rayon d’action, ou encore donnant l’accès à de nouvelles capacités. Pour accéder à ces améliorations, il vous faudra obligatoirement scanner votre environnement pour découvrir les espèces florales présentes ou les originalités construites, avant de revenir au vaisseau pour appliquer ces modifications, grâce à des balises aux positions savamment choisies.
Parmi ces nouvelles capacités, on retrouve notamment la possibilité d’une impulsion énergétique permettant l’ouverture de portes en visant des boutons spécifiques ou encore d’envoyer un leurre d’énergie sur le sol avant d’y attirer les petites « bestioles » hargneuses produites par le Gunk et qui vous attaqueront dès que vous croiserez leur chemin. Ces créatures, souvent au nombre de 5 ou 6 dans les arènes de combat, seront assez simples à éliminer. En utilisant la fonction d’aspiration de votre Poupette, vous pourrez les retenir et les propulser sur le sol ou contre leurs congénères afin de faire coup double (voire triple si vous aimez les trophées…). On aurait cependant aimé débloquer des capacités pour Rani elle-même, comme un double-saut qui aurait été vraiment utile tant cela peut être frustrant d’attendre de tomber pour recommencer.
Le bestiaire de The Gunk ne se composera que de trois autres types d’ennemis : des gouteurs que l’on ne retrouvera très rarement et qui feront tomber du pus qu’il vous faudra éviter, des sortes de rhinocéros qui chargent, équipés d’une boule orange sur le dos qu’il vous faudra aspirer, et des drôles de yeux qui vous enverront des boules contaminées qu’il vous faudra là aussi aspirer. Sachez que dans tous les cas, les combats ne seront qu’anecdotiques, les ennemis n’étant présents qu’en petits nombres et facilement maitrisables. Par ailleurs, « simple » est en effet le mot qui revient souvent quand l’on parle de l’aventure proposée par The Gunk.
Ne vous attendez pas par ailleurs à bénéficier d’autres armes ou moyens de lutte pour en venir à bout au fil de l’aventure. Pour débloquer chemins et autres accès fermés, vous aurez à votre disposition des graines qui ne seront disponibles que lorsque les zones seront entièrement nettoyées en Gunk, et qu’il vous faudra lancer dans des flaques « magiques » afin d’y faire pousser des champignons, seule variété disponible. D’autres types de graines permettront de s’en servir comme grenades une fois cueillies variant les plaisirs.
On regrette cependant que Becks soit si recalée au second plan et que l’on ne puisse pas effectivement utiliser les ressources amassées pour fabriquer munitions, potions et autres éléments notamment par cette dernière. D’ailleurs, la vie ne vous manquera que rarement puisque votre personnage encaissera facilement les coups. Et quand bien même vous mourez, vous réapparaissez instantanément juste à côté, permettant une très faible frustration notamment lors de phases de plateformes à la physique fragile.
L’aventure étant surtout tournée sur sa narration et la relation entre les deux amies qui ne se comprennent pas toujours quitte à s’éloigner parfois, il en oublie de proposer un quelconque challenge à ses joueurs et joueuses. Même les deux ou trois combats de plus grande envergure ne vous poseront aucun problème tant les patterns et les mécaniques seront simples à appréhender et tant la durée de ces affrontements ne sera finalement que dérisoire. Malgré tout, The Gunk parvient à nous convaincre par sa patte graphique originale et de très beaux panoramas sur cette planète qui ne demande qu’à respirer à nouveau.
Un aller simple avec Poupette
Si vous souhaitez en savoir plus sur l’univers visuel que nous propose The Gunk, sachez que le jeu est globalement constitué de deux parties : une partie découverte de la planète qui vous permettra d’entrapercevoir des paysages magnifiques, empreints d’espèces florales, curiosités de la nature et autres constructions extraterrestres, le tout baigné d’effets de lumière majestueux. La seconde partie du jeu se concentrera malheureusement uniquement à l’intérieur d’un énorme bâtiment intitulé Le Jardin dont nous vous tairons la fonction pour ne pas spoiler le scénario.
Et bien même que l’on comprend l’intérêt apporté par le jeu et la découverte de cet endroit, on ne peut que regretter de rester enfermé aussi longtemps alors que nous pensions encore plus découvrir cette planète étonnante et à la biosphère tellement délicieuse. Nous aurions aimé notamment découvrir davantage de races animales peuplant la planète par exemple. Car, alors que l’on espère un retour sur cette planète désormais revigorée afin d’y parfaire son exploration et terminer de compléter son carnet de curiosités, il n’en est rien.
En effet, après une scène de conclusion permettant l’ouverture à une suite des aventures de nos deux exploratrices de l’espace, il ne vous sera proposé que de charger une sauvegarde récente ou de lancer une nouvelle partie… en recommençant tout à zéro. Tâchez donc de prendre votre temps si vous voulez terminer le 100% du premier coup et scanner la cinquantaine d’éléments nécessaires. Sachez par la même occasion que le jeu a bénéficié d’un soin particulier sur les bugs, quasi inexistants malgré une caméra parfois imprécise dans les zones plus confinées, et bénéficie d’écrans de chargement très courts, un aspect plaisant car étant plutôt nombreux.
Nous le disions plus haut, The Gunk se concentre sur la relation entre Rani et Becks, chanceuses de connaître une amitié profonde, parfois ébranlée par les coups durs de la vie mais toujours sincère. Une des particularités délicieuses du jeu est de nous proposer une narration quasiment ininterrompue de dialogues entre les deux amies via une radio, permettant d’en apprendre plus sur elles deux, bien que l’on aurait aimé creuser ce qui les amenait sur cette planète, notamment les raisons de telles dettes ou même plus de détails sur l’événement ayant causé la perte du bras de Rani par exemple. Un mot de la modélisation des personnages, qui n’est clairement pas à la hauteur des standards actuels mais qui parvient à apporter sa petite touche qui rend l’ensemble cohérent.
Des dialogues proposés en VO et sous-titrés en français, formidablement interprétés par deux actrices au top, notamment Fiona Nova pour son rôle de Rani. Le tout magnifiquement orchestré par de jolies mélodies et un sound-design discret, plutôt mélancolique, mais parfaitement adapté à chaque situation.
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