Il n’est pas exagéré de prétendre que le marché de l’arcade a eu une influence relativement mineure sur les habitudes de consommation européennes contemporaines. Les salles dédiées étaient assez nombreuses il y a trente ou quarante ans, et certaines ont perduré un long moment, avant de se faire rattraper par le succès des machines personnelles. Pourtant, quelques noms évoqueront chez tout joueur de plus de vingt ans une série d’images très nettes. Metal Slug, Tekken, ou encore TMNT (qui se payait un nouvel opus récemment). Même constat pour The House of the Dead.
Une licence ne comportant que peu d’épisodes, mais qui a acquis un véritable statut culte avec le temps… jusqu’à ce qu’un réalisateur peu scrupuleux en tourne une adaptation cinématographique catastrophique. Et en parlant de catastrophe, puisque c’est aussi le sujet de cet article, nous avions récemment droit à un remake du premier volet, sur consoles, dont le manque de qualité n’a d’égal que la confiance qu’inspirent le studio et l’éditeur à la barre… Enfin, vous avez déjà vu la note, alors plongeons sans plus de préliminaires dans cet enfer pavé de chair en putréfaction.
Conditions du test : Nous avons joué environ six heures au titre, surtout en solo et principalement en utilisant le gyroscope, le temps de boucler l’intégralité de ses fins.
Petit bond dans le passé
Il fut une époque où il n’était pas trop compliqué de tomber sur une borne The House of the Dead II ou III. Les deux jeux ont connu leur petit succès en arcade, avec leur concept simple, accrocheur, et le multijoueur intégré sur le même écran, deux revolvers étant disponibles nativement. Enfin ça, c’était il y a près de vingt ans, peut-être même un peu plus, et il va sans dire que, depuis, les choses ont grandement changé. Malgré tout, il n’est pas bien difficile de se procurer la compilation de ces deux opus sur Nintendo Wii, une pépite de la console, ou encore l’exceptionnel The House of the Dead : Overkill, sur la même machine, qui rivalise de bonnes idées, de vulgarité et d’humour décalé.
Forcément, après un opus comme celui-ci, bien que sa sortie remonte sacrément, les attentes autour d’un retour de la série, même sous forme de remake, ne pouvaient être qu’élevées chez les fans. Réaliser une version améliorée, adaptée aux consoles actuelles, du premier volet étaient loin d’être une mauvaise idée. Ce pourrait même être le meilleur moyen de relancer l’intérêt des joueurs, d’ouvrir la porte à d’éventuelles suites… Enfin, ça, c’était dans la théorie évidemment. Parce que dans la pratique, The House of the Dead Remake se prend les pieds dans le tapis et s’affale misérablement, comme un fromage resté trop longtemps au soleil.
Mais commençons par le commencement : dans The House of the Dead, vous incarnez Thomas Rogan et l’agent G, certainement pour Gwendoline (toi aussi écris en commentaire si tu as la référence). Alors, on aimerait vous en dire plus sur le scénario. Mais celui-ci, comme dans tout Rail-Shooter old school qui se respecte, est famélique, se détaillant via de très courtes cinématiques ponctuant l’aventure. Rien de bien répréhensible de toute façon, puisque nous ne sommes pas là pour ça. Si Overkill nous a prouvé qu’il était possible de faire quelque chose à ce niveau, les second et troisième épisodes demeurent des classiques et sont pratiquement dénués de contexte.
En bref, Rail-Shooter oblige, ça fait pan-pan, ça fait boom-boom, et puisque l’on fait face à des armées de morts vivants, ça dégouline d’hémoglobine dans tous les sens. Et premier constat alarmant, le titre reste peut-être très fidèle à l’original, mais rien ne va graphiquement. La direction artistique est décevante, quoique ce point reste peut-être un peu trop subjectif. Mais surtout, la technique est ratée de bout en bout. Et on aimerait vous dire que ce n’est pas un frein dans l’appréciation du jeu… mais ce serait un mensonge éhonté !
Parce qu’en plus de ne pas être beau, ce qui n’est plus un secret à compté du moment où vous avez posé les yeux sur une seule des images de gameplay contenues dans ce test, le titre ne tourne pas de manière fluide. Il souffre de quelques ralentissements, pas toujours très irritants, mais surtout sa caméra fonctionne sur le même modèle que dans le jeu original. En d’autres termes, elle saccade, elle est trop brusque, et tout va bien trop vite. Certes, ça fonctionnait bien en 1996, mais si le titre arbore fièrement le terme Remake, on était en droit de se dire que c’était parce qu’il avait l’intention de gommer les défauts de son modèle.
The House of the Dead-ception
Mais ne nous voilons pas la face : tout fan de Rail-Shooter qui a un jour possédé une Wii sait que la technique ne fait pas tout, qu’il est parfaitement possible de prendre son pied sur un jeu franchement dégueulasse et simpliste. Alors, où est le problème dans le fond ? Eh bien, dans tout le reste à vrai dire. Puisque le titre s’avère n’être qu’une « amélioration » graphique de l’original, n’ajoutant que quelques options, et rien d’autre. Autrement dit, au niveau de son contenu, il est aussi pauvre que la version Saturn de The House of the Dead premier du nom, ce qui n’est pas peu dire.
Bien évidemment, ce n’est pas au niveau de son contenu qu’on l’attendait vraiment. Ce n’est pas la durée de vie qui fait un bon Rail-Shooter (quoique les Resident Evil de la Nintendo Wii ont cette qualité), mais bien la rejouabilité. En vérité, une simple amélioration de l’expérience de l’époque aurait suffit à faire de ce remake une petite réussite. Mais le problème majeur, c’est qu’au delà de son aspect visuel désuet au point de nous faire regretter l’original, qui conserve un certain charme old school il faut l’avouer, rien n’a été amélioré. Pire, pratiquement tout nous laisse une impression de travail bâclé.
Parce que la mise en scène n’a pas bougé d’un iota et en devient encore plus ridicule que par le passé, au point de ne même plus en être amusante. Parce que le démembrement, qui ne rend pas trop mal il est vrai, a perdu tout impact manette en main. Parce que le plaisir de jeu est rapidement sapé par un gameplay mal adapté à la machine de Nintendo. Et certainement aux autres supports qui l’accueillent d’ailleurs, puisqu’on imagine mal quelqu’un terminer cette courte mais intense aventure au joystick…
Or, même sur Nintendo Switch où la gyroscopie est possible nativement, le résultat n’est pas folichon. Il est difficile d’expliquer à quelqu’un pourquoi un gameplay aussi simpliste fonctionne mal sans lui placer la manette entre les mains. Alors on se contentera de dire qu’une impression étrange se dégage de ce gameplay au gyroscope, comme s’il avait été pensé pour le joystick, puisqu’il manque cruellement de précision et offre peu de sensations en jeu. Ce qui est quand même un comble pour un titre connu pour être sacrément jouissif !
Certes, on peut malgré tout s’amuser un petit moment sur The House of the Dead Remake, en solo, mais surtout à deux sur le même écran. Mais, même en trifouillant dans les options pour rendre l’expérience plus abordable, on s’arrêtera vite. Ce qui est dommage, car il conserve en surface les qualités de l’original : son décor kitch à souhait, sa surenchère de gore, son bestiaire varié et ses embranchements multiples. Qu’il est loin l’âge d’or des bornes d’arcade…
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