Dévoilé l’été dernier lors de la conférence Xbox + Bethesda Games Showcase, The Last Case of Benedict Fox a su attirer les regards sur lui, malgré son statut de jeu indépendant et de surcroît première production de grande envergure pour le studio polonais Plot Twist, d’ordinaire plutôt habitué aux jeux de courses avec par exemple Tacticool Champs, Drift Zone, Drift Zone Arcade et prochainement Drift Zone 2.
Édité par Rogue Games, le jeu est sorti ce 27 avril sur PC, Xbox One et Xbox Series X/S au prix de 24,99€ et se trouve à la frontière entre jeu d’action/plateforme et Metroidvania. En plus d’être une exclusivité console pour Microsoft, il est également disponible depuis son lancement sans surcoût dans le Xbox Game Pass, ce qui pourrait convaincre davantage de personnes de se laisser tenter. Encore faut-il que le jeu tienne toutes ses promesses…
Conditions de test : Nous nous sommes perdus dans les limbes de The Last Case of Benedict Fox durant exactement 20 heures et 33 minutes, le temps de terminer le jeu à 100%, histoire principale, exploration et succès inclus, le tout sur Xbox Series X via le Xbox Game Pass. Ce test est garanti sans spoiler narratif majeur.
Sommaire
ToggleLa folie n’est jamais loin, Benedict…
Nous sommes en 1925. Benedict Fox est un jeune détective autoproclamé qui parvient à retrouver les traces de son père qu’il a peu connu, au sein d’un gigantesque manoir. Malheureusement, à son arrivée, l’homme est retrouvé mort dans un couloir menant à une armurerie. Vous résumer en quelques phrases le scénario alambiqué de The Last Case of Benedict Fox sans le gâcher, n’est vraiment pas la plus simple des tâches. À dire vrai, même après avoir terminé le jeu à 100%, certaines zones d’ombre demeurent au tableau.
Voilà donc notre jeune renard en quête de réponses dans la mort de son père, mais aussi sur celle d’une certaine Mrs Floyd, la nouvelle femme du défunt. Nous ne vous dirons pas grand-chose de plus concernant l’évolution du scénario de The Last Case of Benedict Fox pour ne pas vous gâcher les éléments scénaristiques importants dans ce genre de productions alliant gameplay et narration. Tout ce que l’on peut vous dire c’est que pour trouver des réponses, Benedict va devoir faire appel aux pouvoirs du Compagnon, un être démoniaque qui ne fait qu’un avec le détective depuis sa naissance au déroulé peu commun.
Grâce aux pouvoirs grandissants du Compagnon, Benedict va pouvoir intégrer les limbes où reposent son père et Mrs Floyd, simplement en les touchant, avant de plonger dans d’horribles abymes. Les limbes constituent cet endroit entre la vie et la mort où prennent vie les souvenirs, heureux ou malheureux, mais aussi les émotions et les peurs. Vous rencontrerez çà et là d’horribles créatures, qui voudront votre peau, tandis que vous devrez trouver des évolutions pour vos armes entre deux recherches d’indices pour votre enquête sur un rituel des plus obscurs et des organisations secrètes comme l’Ordre ou l’Organisation, aux CV peu ragoûtants.
Divers objets devront être retrouvés pour faire la lumière sur votre enfance, la relation entre votre père et votre défunte mère, mais aussi sur la relation vous liant à votre Compagnon, au terme d’une histoire qui vous tiendra en haleine durant 12 à 15h environ en ligne droite, en fonction de votre mode de difficulté. Sachez que pour atteindre le 100%, 20h de jeu environ sont nécessaires. Par ailleurs, le final pourra surprendre, du moins dans son exécution. Au total, 32 succès sont à débloquer, pour beaucoup dans l’évolution normale de l’aventure, mais certains devraient vous donner plus de fil à retordre. Le menu du jeu fait d’ailleurs mention de ces succès dans une partie dédiée, mais il est dommage de ne pas avoir pensé à réserver des récompenses du type keyart ou artbook lors de la complétion de ceux-ci.
Mêlant habillement le monde réel et cartésien à celui de l’imaginaire, des cauchemars mais aussi de l’ésotérisme, Plot Twist parvient à insuffler une identité propre à The Last Case of Benedict Fox. Le tout dans un rendu à raison qualifié de lovecraftien, tendant même du côté des œuvres de Tim Burton pour le côté décalé et anguleux des visages ou des arrière-plans colorés, tentaculaires aux couleurs pastels chatoyantes ou enivrantes. La mort est également omniprésente, tout comme une panoplie de sentiments négatifs tels que la jalousie, la haine, la tristesse et autre abandon.
La meilleure direction artistique ever
Au fil de votre aventure et des couloirs labyrinthiques en 2,5D, vous rencontrerez divers personnages qui auront tous et toutes plus ou moins d’importance dans le scénario ou votre évolution : la Tatoueuse, déjà remarquée dans les différents trailers, vous aidera à gagner des compétences liées à votre Compagnon : bouclier faisant office de parade avant de contre-attaquer, plongeon sous un ennemi, charge au sol provoquant dégâts ou ouvertures de passages, tentacules pour vous hisser plus haut ou attraper un ennemi plus loin etc.. Ces compétences sont à débloquer grâce à l’obtention d’encre, ramassée sur le corps encore chaud de vos ennemis, et qu’il vous faudra récolter par centaines pour tout débloquer.
Harry, lui, est un vieil ami de votre père et qui vous a en quelque sorte élevé en son absence. Il prendra place dans le fauteuil du salon et vous tiendra la conversation pendant que vous achèterez des objets dans sa boutique : eau miraculeuse pour vous soigner, lampe torche pour les zones d’ombre, pierre de pétrification pour ne pas prendre de dégâts temporairement et autres sont de la partie. À vous de récolter des indices, trouver de nouvelles zones, faire avancer l’intrigue etc., pour récolter de l’expérience à dépenser auprès de Harry mais aussi de l’armurier.
L’armurier, lui, arrive quelques heures après le début de l’aventure et vous proposera de faire évoluer votre pistolet lance-fusées ainsi que votre baïonnette utile au corps-à-corps. Un appareil mystique à retrouver pourra aussi être amélioré, le tout en dépensant cette expérience et des éléments précis récoltés sur le terrain dans des endroits parfois très (trop ?) cachés. Enfin, Tomàs, qui a également bien connu votre père, vous donnera beaucoup de réponses mais vous demandera de l’aider à certains moments-clés de l’histoire.
Consultés à différents moments de l’aventure, ce n’est qu’à la toute fin que tout se met en place et que le rôle de chacun prend soudainement vie. Un sentiment accru par la découverte de plusieurs documents, objets ou artéfacts venant renforcer un lore sinon bien trop obscur, mais récompensant par la même occasion l’exploration des lieux. Une bien belle palette de personnages, au charisme inégal mais qui sont tous bien doublés, rendant hommage à une animation de haute volée, notamment lors des cinématiques, vraiment réussies.
Incroyable. Voilà comment il faudrait résumer le travail des développeurs de The Last Case of Benedict Fox concernant les choix réalisés pour proposer une réalisation complète, organique et magnifiquement animée. On ressent à de très nombreux moments l’amour donné par ces femmes et ces hommes à leur jeu et surtout on ressent l’immense ambition artistique qui se dégage de l’équipe polonaise.
Grâce à de multiples panoramas, parfois tous autant barrés les uns que les autres d’ailleurs, on parvient aisément à comprendre dans quel état d’esprit se trouve le souvenir ou du moins les émotions ressenties par le défunt concernant le lieu ou les événements s’y étant déroulés. Car une chose est particulièrement bien faite dans la production de Plot Twist, c’est que toutes les pièces du manoir, existant dans le monde réel donc, se retrouvent à un moment donné transformées, magnifiées mais aussi horrifiées, pour notre plus grand plaisir.
Utilisant une palette de couleurs tantôt pastelles, tantôt très sombres, sur plusieurs plans dans l’image, donnant une réelle profondeur aux environnements traversés. Nous avons par exemple pu apercevoir une gigantesque bibliothèque aux reflets dorés par une lumière chatoyante, une forêt effrayante contenant en son sein un berceau et des tentacules sortant de celui-ci, deux mains de pierre prêtes à se toucher façon Michel-Ange, etc.. Une réelle réussite, qui sauve le jeu d’une part, car de l’autre côté, le gameplay a de quoi nous provoquer quelques cauchemars.
La foire d’empoigne du gameplay inégal
Nous le disions plus haut, Benedict dispose d’un arsenal bien complet pour s’en sortir dans les limbes ténébreuses des défunts à explorer. Sa baïonnette lui étant d’une grande utilisé dans la plupart des situations, certains ennemis devront être affrontés à distance, son pistolet à fusée lui sera ici d’une très grande aide, tandis qu’il pourra être améliorés jusqu’à charger trois tirs à la suite, et même un tir pouvant créer une brèche dans les flots d’encre vous coûtant la vie autrement, créant ainsi de nouveaux passages à explorer..
Pour recharger son arme, Benedict devra aller au contact et massacrer du monstre au corps à corps, dynamisant ainsi les affrontements et créant une sortie de dépendance entre les deux armes. Nous n’avons malheureusement que peu utilisé les pétrificateurs, leur utilisation nous semblant bien trop anecdotique. En revanche, les bombes fumigènes nous ont permis de traverser quelques salles infestées, notamment pour prendre à revers nos ennemis.
En effet, certains disposant d’un bouclier ne peuvent être abattus que par l’arrière ou lorsqu’ils lèvent leur protection. Ceux-ci seront notamment présents dans des camps de l’Ordre, continuellement à votre recherche, même si l’on se demandera toujours comment ils sont parvenus à vous retrouver dans les limbes. Éliminer tous les ennemis des camps vous donnera la possibilité d’obtenir un code afin d’ouvrir un coffre à énigme contenant des artéfacts précieux pour améliorer vos armes.
Le mot énigme est par ailleurs assez central dans le gameplay de The Last Case of Benedict Fox. Car en plus de proposer une véritable structure de Metroidvania, vous demandant de faire sans cesse des allers-retours entre les diverses zones, le jeu vous proposera des tonnes d’énigmes, à la structure finissant par se ressembler à la longue, mais qui vous demanderont logique, observation de l’environnement et mémoire.
La plupart du temps, votre appareil spécial devra être utilisé pour combiner des notes prises dans votre journal et l’association de plusieurs figures pour composer un nombre permettant de valider l’épreuve. D’autres fois, un jeu d’échecs ou des pianos vous donneront du fil à retordre, quand ce ne seront pas des épreuves de vitesse avec des portes aux doigts en guise de dents, ou encore des portes vous demandant de placer des cartes de tarot à retrouver, etc.
Vous l’aurez compris, une multitude d’énigmes vous attendent, dont certaines réellement corsées, pouvant vous bloquer de bonnes dizaines de minutes. Un ensemble qui fonctionne plutôt bien, puisque l’on a envie de trouver la solution ou de réussir ces défis chronométrés pour voir ce qui se cache derrière et reconstituer une part du mystère entourant le manoir, ou encore augmenter définitivement votre vie. Une manière de rompre la monotonie inhérente au genre. À noter par ailleurs, qu’une poignée de séquences de gameplay radicalement différentes seront de la partie, provoquant même la surprise par moments, à l’instar des quelques combats contre les mini-boss du jeu.
Mini car il est vrai que le jeu n’en dispose que d’une demi-douzaine durant toute son aventure, ce qui nous a paru bien peu, surtout si on le compare à d’autres classiques du genre comme Hollow Knight pour ne citer que lui. Ces boss seront la plupart du temps bien inspirés, mais disposeront de patterns moins visibles que pour les ennemis classiques, leur réalisation tirant finalement plus vers le die & retry maladroit, avec en point d’orgue, un combat final lors de la découverte des raisons de la mort de chacun des défunts.
Cependant, on ne pourra que regretter amèrement le traitement des séquences dans l’obscurité, où la maniabilité de la lampe torche et la lisibilité ne sont que trop amoindries, rendant ces phases assez douloureuses et malheureusement obligatoires. Il en est de même pour la globalité des combats finalement, parfois brouillons du fait de la présence d’éléments du décor cachant certaines zones des plateformes à explorer. Notre personnage, devenant parfois lourd à déplacer, ne parviendra par exemple pas toujours à sauter par dessus un ennemi, faisant des combats une des parties les moins funs du titre (tout comme certaines phases de plateforme imprécises), qui heureusement se rattrape sur d’autres points.
L’occasion de signaler que les menus du jeu prévoient ces frustrations dans des options d’accessibilité exemplaires et peu communes, vous permettant à l’envie d‘alléger les combats, les faisant passer de difficiles à plus faciles ou au contraire à très ardus, avec en option une mort immédiate en cas de coup ou au contraire une invincibilité totale. Les énigmes et l’exploration ne sont pas en reste puisque les premières pourront être validées automatiquement si vous possédez tous les éléments nécessaires, tandis que la carte vous glorifiera d’icones plus détaillées de l’énigme ou l’objet bloquant contre de simples icones basiques ou pas de curseur du tout en fonction des options choisies, permettant finalement de contenter tout le monde.
Pour vous situer en temps réel dans les limbes labyrinthiques, vous disposez d’une carte accessible via le menu, plutôt bien fichue et qui se dévoilera au fur et à mesure de votre progression. À noter que celle-ci indique également la quantité d’encre non trouvée dans la zone, mais aussi le nombre de secrets (énigmes, objets etc.) à trouver, sous forme de pourcentage de complétion. Pour faciliter votre épopée, vous débloquerez à des endroits clés, une trentaine de points d’ancrage, sortes de safe zone, où vous pourrez vous téléporter vers d’autres points d’ancrage, mais aussi recharger vos équipements et vos points de vie, tandis que vous pourrez déposer l’encre amassée pour la sécuriser.
En effet, si vous mourrez pendant un combat, l’encre amassée restera sur place, à la manière d’un Souls-like, ce sera à vous d’aller à nouveau braver votre détracteur pour la récupérer. Si vous mourrez à nouveau, c’est perdu et vous devrez éliminer à nouveau les créatures exterminées plus tôt. De plus, si vous décidez de voyager rapidement sans passer par la case point d’ancrage, vous perdrez l’encre amassée également, le tout vous forçant à vous mesurer aux viles créatures.
Une progression bien gérée de cette manière, qui pousse nous le disions à la complétion des zones, celles restant à fouiller étant rougeâtres sur votre carte, bien que l’on déplore l’absence d’une mini-map en bas de l’écran pour plus de praticité. Et malheureusement, ce genre de détail ne se trouve être que le début des problèmes pour The Last Case of Benedict Fox.
Si c’était à refaire…
Si pour l’heure nous vous avons dépeint un tableau un tantinet bisounours du jeu, sachez que celui-ci nous a malheureusement déçu sur un point précis qu’il nous faudra nuancer par la suite cependant : la gestion de sa technique. En effet, dans les jours ayant suivi son lancement, The Last Case of Benedict Fox a subi de très nombreux signalements sur les réseaux sociaux, notamment concernant sa partie technique, surtout sur PC mais également sur consoles, comme ce semble être le cas avec les récents Star Wars Jedi: Survivor et Redfall, tous deux également décriés pour leur technique au lancement.
Chutes assez importantes de framerate, bugs de sauvegarde nous faisant perdre près d’une heure (!) de jeu alors que celui-ci sauvegarde automatiquement très souvent votre position (mais donc apparemment pas votre progression), errances de traduction et autres problèmes de scripts. Heureusement, notre expérience personnelle s’est contentée de quelques problèmes de fluidité lors d’une séquence en particulier (lorsque vous trouvez la boule à neige, pour vous situer si vous vous lancez dans l’aventure), et d’un bug de sauvegarde, les chutes de framerate s’étant par ailleurs intensifiées dans les jours suivants, notamment à l’approche des points d’ancrage, ce qui n’était pas le cas lors du lancement.
Vous en conviendrez, constater d’importants ralentissements chez un jeu demandant réflexes, déplacements et combats vifs est une totale hérésie. Et c’est d’ailleurs pour cela que le jeu s’est vu rapidement décrié. Plusieurs patchs ont été déployés, rendant par ailleurs l’écran de chargement interactif avec une avancée de l’enquête résumée sur un tableau, contre un mur vide la première semaine après son lancement, mais le mal était sûrement peut être déjà fait, surtout après le cas Redfall.
Mais, il faut le dire, malgré ces déconvenues, qui ne sont jamais intervenues lors d’affrontements ou scènes importantes, le jeu demeure stable, aucun crash ne fut à signaler, aucun bug bloquant ou gênant la progression n’a été constaté et les chargements nombreux entre les téléportations ont été plutôt rapides. Quelques patchs correctifs supplémentaires devraient suffire, alors il serait bon de penser à laisser une chance à ce jeu qui mérite qu’on lui accorde quelques heures.
Malgré tout, au rayon des choses qui auraient pu être mieux faites ou en tout cas davantage travaillées, on pensera notamment à la prise en main initiale du jeu. Les développeurs de Plot Twist ont saisit le parti pris de nous placer très rapidement dans le bain du gameplay, à défaut de poser davantage son univers, ce qui lui fait défaut notamment dans les premières heures, où l’on va errer sans but précis, les indications de quêtes principales et annexes étant par ailleurs très légères voire inexistantes. De plus, au fil de l’évolution des capacités de votre Compagnon, vous apprendrez davantage de mouvements, comme nous le disions avec le placage mais aussi les pièges au plafond etc., un ensemble de touches qui ne sont pas forcément toutes attribuées de manière intelligente et provoquant quelques hoquets lors d’affrontements rythmés.
Enfin, abordons l’aspect sonore du titre, proposé uniquement en voix originales sous-titrées en français. Rassurez-vous, même si l’on a abordé quelques errances de traduction, cela reste à la marge dans une poignée de phrases. Là où le titre pêche cependant, c’est sur l’absence quasi-totale de thème musical marquant, se limitant uniquement à quelques effets sonores, ou morceaux d’ambiance légers. Mention honorable par contre au sound design de certaines séquences, ainsi que des affrontements, nous permettant de repérer facilement d’où viennent les ennemis, ce qui est très appréciable.
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