Suite à une campagne Kickstarter réussie haut la main et grâce au succès rencontré sur PC et Android/ios, The Game Kitchen, les développeurs de The Last Door, avaient tous les outils en main pour proposer leur création sur nos consoles de salon. Car après plusieurs jeux de commande, le petit studio Sévillan composé de six personnes était enfin prêt à travailler sur leur propre projet. Pensé comme une série TV, avec une sortie épisodique étalée sur un an et demi, la première saison comportait quatre épisodes.
Fondée sur le même modèle, sa suite proposait elle aussi ses quatre itérations, apportant en 2016 une conclusion à l’épopée débutée plusieurs années auparavant, avec la sortie du tout premier “pilote” en 2012. Aujourd’hui, grâce à cette Collector Edition sur PS4, Switch et Xbox One, les joueurs peuvent désormais apprécier les huit épisodes d’un coup et ainsi se plonger dans cette œuvre aux relents Lovecraftien totalement assumés. Entités sordides, civilisations oubliées et cultes secrets sont au menu pour un Point & Click horrifique surprenant.
Condition du test : Joué en intégralité sur Nintendo Switch pendant 6 heures environ, le temps d’en voir la fin.
Sommaire
TogglePrécédemment dans The Last Door
Prenant place en Angleterre durant l’époque victorienne, le jeu s’ouvre sur une scène poussant le joueur à préparer méticuleusement le suicide d’un personnage dont on comprendra plus tard qu’il est l’ami d’enfance du protagoniste que l’on va incarner.
C’est avec une certaine gêne que l’on peine à récupérer une corde, que l’on attache ensuite à une poutre pour finalement donner un coup de pied fatal à la chaise. Bruit sourd, écran noir, puis générique d’introduction. Aucun doute, la création du studio The Game Kitchen respecte les codes d’une mise en scène inspirée des meilleures séries TV et continuera de s’articuler autour du même schéma tout au long des huit épisodes que contient cette Collector’s Edition.
Jeremiah Devitt, notre héros, rentre en scène après avoir reçu une mystérieuse lettre de son ami d’enfance. C’est en se rendant chez cet ancien camarade, inquiet, qu’il découvre au fur et à mesure de son exploration qu’il ne s’agit pas d’un simple coup de folie mais que les circonstances entourant la rédaction de sa mystérieuse missive sont plus complexes qu’elles n’y paraissent. Cherchant à recoller les morceaux au fil de ses pérégrinations dans ce lieu sordide, notre personnage se retrouve, malgré lui, aux prises avec des forces supérieures qui le dépassent.
L’intérêt du titre se base en grande partie sur son scénario et sa narration. Nous n’en dévoilerons donc pas plus pour ne pas gâcher certains effets de surprise et de mise en scène mais sachez que tous les ingrédients nécessaires à une bonne nouvelle d’Edgar Allan Poe ou d’Howard Phillips Lovecraft sont là.
Tantôt contemplative, tantôt oppressante la direction artistique est un petit bijou pour la rétine et surtout un pari osé pour ce type de jeu.
Même si l’écriture est réussie, avec une plume très littéraire qui convient totalement au cadre historique et pousse à s’immerger dans une ambiance d’époque, soulignons néanmoins quelques soucis au niveau de la localisation française avec parfois des oublis de traduction ou des descriptions inversées.
Rien qui n’entache le travail mis en œuvre pour coller au mieux à ses principales sources d’inspirations littéraires horrifiques : les amateurs du genre sont en terrain connu. Les premières scènes sont par ailleurs assez graphiques en terme d’horreur et pourront surprendre les plus avertis même avec le faible nombre de polygones affichés à l’écran.
C’est carré-ment beau !
Cela n’aura échappé à personne à la vue des images, The Last Door propose un parti pris et un goût très prononcé pour les (très) gros pixels rappelant ainsi des œuvres comme le tout premier Alone In the Dark qui, en son temps, avait posé les bases cubiques du survival horror tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Cependant, au-delà d’un design faussement simpliste et épuré au premier abord, le jeu fourmille de détails dans ses panoramas, regorge de couleurs magnifiques dans ses décors et retranscrit parfaitement la lumière et l’ambiance de chaque tableau. Rarement des bouillies de pixels n’avaient autant respirées l’authenticité des différentes ambiances que le joueur sera amené à traverser. Tantôt contemplative, tantôt oppressante la direction artistique est un petit bijou pour la rétine et surtout un pari osé mais au combien réussi.
Quand bien même The Last Door resterait un Point & Click au demeurant basique, proposant des mécaniques connues du genre et éculant la fameuse formule du “ramasser un item, le combiner, débloquer l’énigme suivante et ainsi de suite”, les différents casse-têtes proposés ne tombent jamais dans le simpliste.
Le cœur du titre repose quant à lui sur une ambiance d’horreur psychologique. De ce fait, si cette dernière fonctionne à merveille, c’est tout simplement que notre imaginaire de joueur est forcé de tourner à plein régime.
Une gymnastique intellectuelle qui pousse inconsciemment le joueur à s’investir pour combler les trous visuels volontairement laissés par une direction artistique au demeurant minimaliste à une époque où les graphismes flirtent avec le photo réalisme, et que le nombre de données à l’écran grimpe en flèche.
Cet effort d’imagination impose indirectement au joueur une implication, de ne plus simplement être spectateur de ce qu’il voit, augmentant ainsi l’impact visuel de certaines scènes. Bien sûr ce style ne plaira pas à tout le monde, mais il serait dommage de passer à côté de l’expérience proposée qui s’étale sur environ 6 heures, chacun des huit épisodes se terminant en à peu près 45 minutes.
Une Sonate avant le massacre
Une expérience par ailleurs magnifiée à travers une ambiance sonore irréprochable, retranscrivant à la perfection les différents environnements traversés. La musique de The Last Door est elle aussi un petit bijou avec ses mélodies oscillant entre la complainte mélancolique d’un piano et l’oppression d’un violoncelle. Signalons tout même plusieurs coupures abruptes pouvant se faire entendre entre les différents thèmes ou lorsqu’un changement de salle s’opère lors des deux premiers épisodes de la saison un. Souci totalement absent par la suite.
Notons également que deux thèmes musicaux (sur la soixantaine que compte la bande originale) souffrent de problèmes de compression sonore sur la version Switch, avec un rendu audio digne de la pire époque des mp3 piratés. Faute incompréhensible qui fait un peu tâche sur une partition totalement maîtrisée par le compositeur Carlos Viola. Il est, au passage, à prendre en considération que l’immersion se trouve renforcée au casque avec des effets stéréo saisissants de réalisme lors de certaines scènes.
Du clic à la loupe
Si le genre se savoure habituellement à la souris ou via un écran tactile, la jouabilité manette en main n’en souffre que peu. Avec deux choix de vitesse pour le curseur en alternant entre joystick gauche ou droit, vous n’aurez aucun mal à cliquer sur tous les éléments présents à l’écran. Les développeurs ont également pensé à intégrer une fonction pour se déplacer directement à l’intérieur de la pièce choisie en double cliquant une fois cette dernière déjà visitée évitant ainsi les longs déplacements du personnage, sa vitesse de marche frisant parfois la lenteur extrême.
Avec un gameplay basique, ne cassant pas les codes du genre mais néanmoins efficace, il convient de signaler que plusieurs bugs furent rencontrés lors de la réalisation de ce test. Avec notamment un inventaire qui ne se vide pas, obligeant à recharger la partie ainsi que, plus frustrant, un bug bloquant rencontré lors d’un épisode obligeant à effacer toutes les sauvegardes et à recommencer ce dernier afin de pouvoir continuer l’aventure. Gageons de notre côté que les développeurs proposent dans les jours qui viennent un patch corrigeant ces soucis plutôt handicapants.
Cet article peut contenir des liens affiliés