Probablement l’opus le plus controversé de toute la licence, The Legend of Zelda : Majora’s Mask fait partie d’un de ces titres qui coupent clairement avec les codes établis de la saga. Son univers obscur ainsi que sa démarche mature et profonde incite littéralement au voyage et à la réflexion psychologique. C’est donc à l’occasion de sa sortie sur la console virtuelle de la Wii U que nous replongeons avec plaisir dans l’univers de Termina !
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ToggleAube du premier Jour !
Le jeu se positionne comme étant la suite directe d’Ocarina Of Time et vous place donc dans la peau de Link enfant qui, après avoir fait ses adieux à son ami de toujours, la fée Navi, part vers des terres inconnues dans un voyage initiatique. Son périple mènera notre héros dans les contrées de Termina, un monde très étrange !
C’est dans une forêt mystérieuse, accompagné de sa fidèle Epona que va apparaître l’ennemi principal du jeu : Skull Kid. Ce petit diablotin, prompt à faire toutes sortes de farces, va dérober à Link l’Ocarina du Temps, obtenu dans OOT, et c’est à la suite d’une course-poursuite que le petit elfe va tout perdre, à commencer par sa jument fétiche, et ensuite son humanité, en se faisant changer par Skull Kid en Peste Mojo. C’est lors de sa rencontre avec un mystérieux marchand que Link découvrira que le pouvoir de ce petit diable vient en réalité du masque qu’il arbore : le Masque de Majora ! Grâce à ses nouveaux dons, celui-ci a décidé d’éradiquer la ville principale du jeu, Bourg-Clocher, en faisant s’écraser sur Terre… la Lune ! Notre héros a donc trois jours pour empêcher cela de se produire, car à la fin du dernier jour, ce sera l’apocalypse !
Ce n’est qu’en récupérant le précieux Ocarina (avec le Chant du Temps, chanson enseignée par Zelda dans OOT) qu’il sera possible de remonter le temps pour revenir à l’aube du premier jour, et ainsi poursuivre son aventure (trois jours, c’est court, quand même). Dès lors, toute la mécanique de gameplay du titre se dévoile sous nos yeux, petit à petit, et montre un potentiel de jeu absolument énorme. En effet, ce pouvoir de revenir en arrière permet de mieux cerner les habitudes des habitants de Bourg-Clocher et, surtout, il permet de connaître leur avenir. Ainsi, vous serez à-même de subvenir à leurs besoins, ou de les sauver de tel ou tel danger.
Majora’s Mask propose une aventure unique, qui va bien au-delà d’un Zelda classique !
Les PNJ prennent une place essentielle dans le scénario de Majora’s Mask, et j’irai même jusqu’à dire que jamais un seul titre de la saga n’aura réussi aussi bien à les mettre en avant, avec une écriture soignée et un rendu très personnel (les personnages qui peuplent la Vallée d’Ikana ne viendront pas me contredire).
En revanche, faire mumuse avec le temps n’est pas sans inconvénient. En effet, vous perdez systématiquement tous vos objets consommables, comme les munitions ou les potions, mais également votre argent (qu’il faut stocker à la banque au préalable sous peine de les voir s’envoler). Vous gardez en revanche votre équipement (arc, épée, bouclier, etc.). La symbolique est là : à chaque fois que revenez au premier jour, c’est un peu comme si vous recommenciez une nouvelle partie.
La gestion de ce précieux temps est donc une composante essentielle du soft. En effet, vous êtes constamment pressé par cette horloge qui vous rappelle en permanence que tout ce que vous faites n’est pas infini. Il faut alors redoubler de prudence lorsque l’on déboule dans un donjon, et faire très attention au temps qu’il reste pour ne pas avoir à tout quitter au dernier moment.
De fait, il y a une réelle sensation de progression et de puissance qui grandit, vous sentez vraiment Link évoluer et devenir plus fort. Pas forcément en terme de force physique, mais plutôt en terme de force psychologique et émotionnelle, car les différentes mésaventures que vivra notre héros n’auront pas toujours une fin heureuse, et c’est bien là que réside tout le potentiel sombre du jeu, qui laisse à chaque fois son empreinte sur le joueur.
Un gameplay efficace renforcé par un discours mature
Les voyages temporels ne sont pas l’unique attrait de The Legend of Zelda : Majora’s Mask ! En effet, Link a la capacité de vêtir différents masques durant le jeu, possédants des attributs et des effets propres. Ainsi, avec le masque du Lapin, il pourra courir très vite, et avec le masque de Brême, il pourra commander aux animaux (ce ne sont que des exemples).
Cependant, il existe quatre masques d’une importance capitale (dont un caché, que je ne citerai pas pour éviter tout spoil). Ces masques sont issus de l’âme de personnes défuntes et permettent à notre héros de se transformer en Peste Mojo, en Goron ou en Zora, ce qui change complètement la manière de jouer selon celui que vous portez.
Le gameplay « humain » n’a pas changé d’un iota depuis Ocarina of Time, une touche pour l’épée, une pour le bouclier et une pour « locker » les ennemis, mais avec la forme d’un Goron, par exemple, vous pouvez vous rouler en boule et foncer à toute allure à détruisant tout sur votre passage, ou bien asséner de violents coups de poings. De plus, les énigmes des différents donjons vous demanderont d’utiliser un peu toutes ces transformations afin de pouvoir progresser correctement. On peut regretter un inventaire tout aussi contraignant que dans l’opus précédent, car non optimisé, ce qui oblige à casser le rythme du jeu pour changer d’équipement (hormis la version 3DS qui se sert du tactile pour régler ce petit souci).
En ce sens-là, il est possible d’aborder le jeu de différentes manières, c’est d’ailleurs ce qui en fait sa plus grande force. Pourquoi ? Parce que ce gameplay plus qu’efficace, combiné à la trame dramatique du jeu, nous donne vraiment l’impression d’influer sur l’environnement du jeu. Nous sommes placés en tant qu’acteur majeur de ce monde, mais, paradoxalement, et je pense que c’est une intention volontaire de la part des créateurs : nous sommes simplement spectateurs des derniers jours de cet univers. Au final, nos actions sont invisibles aux yeux des autres et fait de nous une ombre bienveillante qui aura planée, le temps de quelques jours, sur les vies des gens de Termina !
Un contenu dense et fourni
Le titre comporte quatre donjons, et si certains crieront à l’hérésie, du fait de ce faible nombre, il faut savoir qu’en réalité, il n’en est rien ! The Legend of Zelda : Majora’s Mask possède des donjons qui se méritent, et les chemins menant jusqu’à eux sont tout aussi important que les temples en eux-même. Avant de rentrer dans une de ces antres à énigmes, vous devrez apprendre à connaître la région qui l’entoure, en connaître le peuple, et surtout, découvrir l’histoire (souvent tragique) de cet environnement. Ainsi, votre parcours vous conduira dans les Marais, dans les Montagnes, à l’Océan et, pour finir, dans la Vallée d’Ikana (la vallée des morts).
Ces divers lieux possèdent tous une essence qui leur est propre, et qui sert magnifiquement bien le scénario. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces « zones » ont bénéficié d’un travail remarquable, tant dans leur conception que dans leur écriture.
L’ambiance du soft est en dehors du temps, et en devient une perle de réflexion !
Outre ce fait, les donjons fourmillent de bonnes idées, et sont très intéressants à parcourir. Ils sont en nombre plus réduit que dans Ocarina of Time, mais sont, pour le coup, beaucoup plus grands et retors, notamment le dernier, qui mettra à l’épreuve tous les équipements et tous les masques que vous aurez acquis auparavant. Les différents items sont assez classique dans la série, vous retrouverez avec plaisir l’arc, le grappin ou encore le lance-pierre.
Et si votre soif d’exploration n’était pas comblée avec tout ça, vous pouvez compter sur les nombreuses quêtes annexes qui parsèment le jeu. Si certaines d’entres-elles se contentent d’être de simples livraisons à droite à gauche (un classique de la série), d’autres en revanche se paient le luxe d’être très bien construites, jusqu’à même nous tirer quelques larmichettes.
Sans oublier, selon que vous soyez au premier, deuxième ou dernier jour, et selon la forme que vous arborez, à savoir humain, Mojo, Goron ou Zora, les choses peuvent changer du tout au tout, et vous pouvez donc passez à côté d’un événement important. Cette information redonne alors un nouveau souffle, qui pousse à visiter et revisiter les lieux à différents moments afin d’en percer tous les secrets. De fait, l’aventure se termine en environ une trentaine d’heures (selon votre expérience et votre rapport avec les Zelda), mais en visant le 100% (sans soluce, hein ?) le jeu peut facilement avoisiner la soixantaine d’heures. Vous l’avez compris, The Legend of Zelda : Majora’s Mask ne vous prend pas par la main. Vous êtes seul, et devez comprendre seul les actions que vous devez mener, ce qui peut en rebuter plus d’un, surtout lors de la première demi-heure de jeu, qui donne la sensation d’être totalement perdu.
Concernant la technique, nous avons là le même moteur qu’Ocarina of Time, rien de nouveau sous le soleil de ce côté-là, puisque tous les PNJ d’OOT ont été repris pour l’occasion à l’identique, ainsi que le bestiaire (avec ceci-dit quelques nouveaux). Nous pouvons donc retrouver les guerrières Gerudos, reconverties en pirates, ou encore Ingo et Talon, qui ont des rôles différents pour l’occasion. Bref, de nombreuses références au frère aîné sont disposées un peu partout au sein du soft.
Cela est dû au fait que le jeu était, à la base, censé être une extension d’Ocarina of Time, mais a muté par la suite pour devenir un jeu à part entière (développé en seulement un an), le plus simple était alors de reprendre la même base de données. En revanche, le gros effort est surtout dans l’OST du soft, qui est juste magistrale. Son côté mélancolique et intemporel se marie à merveille avec le discours du titre, et sert à lui donner une portée encore plus grande. À croire que, dans l’urgence, l’équipe d’Aonuma n’était même pas consciente du diamant brut qu’elle était en train de polir…
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