Bon, on va pas aller dans la dentelle aujourd’hui, car vous en avez déjà entendu parler en long, en large et en travers. The Lord of the Rings : Gollum a déjà la réputation d’être un, voire le pire jeu de l’année 2023. Forcément, chez ActuGaming, on a voulu nous en assurer, et vous donner un avis sur la situation et l’état du jeu aujourd’hui, quelques jours après la sortie du titre. Et forcément, Gollum nous avait déjà inquiétés en partie lors de notre visite chez Daedelic Entertainment en début d’année. Nous nous posions des questions notamment sur la nécessité de repousser le jeu afin de boucler le développement, même si, comme nous allons en discuter par la suite, les soucis ne sont pas uniquement d’ordre technique, mais aussi d’ordre design.
Pour rappel concernant le développement du jeu, c’est à l’origine Daedelic seul qui est chargé du projet lors de son annonce en 2019. En 2021, c’est Nacon qui rejoint le navire en devenant co-éditeur du jeu, fixant la date de sortie en 2022. Après un report de la date de sortie, le jeu arrivait au mois de mai 2023. Forcément, pendant cette période de développement, différentes vidéos et essais du jeu auront lieu, et si on se rappellera du premier trailer qui donnait de belles promesses, on aura déjà quelques doutes concernant le résultat final lors des premiers trailers de gameplay, souffrant d’un gros downgrade graphique. De plus, la communication réalisée autour du titre mettait véritablement en avant que celui-ci serait principalement centré sur l’histoire et l’aventure, et non sur l’infiltration comme il avait été au début perçu. À noter qu’un autre downgrade du jeu a été effectué… après la présentation à la presse de l’alpha.
Ce qu’il faut savoir, c’est que Daedelic Entertainement n’est pas du tout connu pour réaliser des jeux de ce type. Le développeur allemand est habituellement un concepteur d’excellents point’n’click. C’est donc l’une de leurs premières incursions dans ce type de jeu. Et concernant Nacon, eh bien l’éditeur est plutôt connu, malheureusement, pour des sorties assez controversées par l’état de leurs jeux, mais aussi par le modèle économique, reléguant presque 2K et leurs expériences sportives comme de bons élèves. Le parfait exemple récent étant la parution très compliquée de Blood Bowl 3, un jeu cassé, au modèle économique déclenchant une grosse méfiance de la part de la communauté.
Conditions de test : Le jeu a été testé sur une Xbox Series S. Il a été autant joué avec les options Performances que Qualité en jeu. Pour finir l’aventure, il faut compter entre 8 à 10h environ. Sachez cependant que nous avons dû passer quasiment 20h sur le titre, considérant un nombre de bugs nous demandant de recharger notre sauvegarde, et de très nombreux crashs, nous demandant de même recharger complètement le chapitre ou une section de chapitre car il a été impossible ensuite de récupérer de nouveau notre sauvegarde.
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ToggleJ’ai perdu mon précieux
The Lord of the Rings: Gollum nous propose d’incarner le personnage de Sméagol après les événements du Hobbit et avant ceux du Seigneur des anneaux. Plus exactement jusqu’au passage du Gouffre de Helm. Soyez rassuré, vous ne verrez rien des événements de notre communauté de l’anneau que l’on adore.
L’histoire est celle de l’errance de Gollum qui, distrait par un corbeau espion, est à la recherche de son précieux anneau, dérobé par Bilbo Baggins (Bilbon Sacquet/Bessac selon la traduction que vous préférez). Il va se faire choper par les nazguls, va finir dans un genre de goulag des orcs et va rester là-bas pendant des années. Après quoi il fait naître un oiseau, puis s’échappe, pour se faire choper par des elfes et se retrouver à faire des travaux forcés pour eux.
Oui, comme vous vous en doutez un peu, l’histoire n’est déjà pas le point fort de cette proposition vidéoludique. On a vu clairement plus original. Au niveau de l’écriture, toute une partie du jeu se veut contée, et votre progression va être rythmée par des dialogues entre Gollum et notre Magicien. C’est assez déroutant, et le souci est qu’il est par moments assez difficile de se concentrer sur les dialogues étant donné ce que l’on fait réellement avec notre manette. Au final, nous ne sommes pas du tout repartis avec une expérience satisfaisante au niveau de l’histoire en elle-même, rien de véritablement mémorable, et rien qui n’ajoute réellement au protagoniste qu’est Sméagol.
Pour parler rapidement du son dans The Lord of the Rings : Gollum, le jeu est pour le coup très bien doublé en anglais, avec un travail vocal de qualité. Au niveau des bruitages, lorsqu’ils sont intégrés de bonne manière, cela fonctionne vraiment bien. Quant aux compositions orchestrales, le travail de Jun Broome est plutôt efficace. Des fois un poil caricatural, mais efficace.
Au niveau de la fidélité de l’univers, soyez rassurés. De ce côté-là, un travail a été réalisé afin de respecter au mieux le lore du Seigneur des anneaux, et c’est sûrement l’un des points notables autour du jeu. Cependant, si vous aimez le lore et l’immersion, il faudra passer à la caisse ! Eh oui, politique de Nacon oblige, si vous souhaitez profiter du doublage des elfes en elfiques, il faudra payer un DLC. Si vous souhaitez plus de détails sur le lore, il faudra payer un DLC pour avoir le Lore Compendium. Ce genre d’option qui est normalement incluse d’office dans n’importe quel jeu sortant aujourd’hui est ici payante. Une démarche commerciale honteuse à dénoncer, à critiquer et à boycotter.
Tu louches Gollum
Parlons de l’éléphant dans la pièce. The Lord of the Rings : Gollum est un jeu à la réalisation indigne d’une production actuelle, et encore plus vendue à 60€. Les textures des environnements vont aller du passable à une descente de nazguls face à vous, digne d’un retour à la génération PlayStation 2 voire, à la rigueur, PS3.
Concernant la direction artistique, ce sera pour le coup une question de goût. De notre côté, si les environnements ont vraiment quelques idées intéressantes, les personnages souffrent véritablement. La faute notamment aux textures qui ne permettent à aucun moment de rendre hommage au travail des artistes de l’équipe de Daedelic qui ont souhaité donner leur vision de la Terre du milieu avec une inspiration aux illustrations de John Howe.
Le réel souci, face à ces deux éléments, c’est l’intégration de tout cela. Nous avons joué en mode Performances et Qualité, et en dehors de gros soucis de framerate (sur les deux modes, mais davantage poussé sur le mode Qualité), la seule différence se voit sur le travail de lumières. C’est d’ailleurs la lumière qui semble causer en jeu le plus de problèmes de stabilité. On va ainsi voir des variations de FPS ahurissantes entre 10 à 60+ fps.
Et c’est sans compter sur les soucis d’affichage, les problèmes de collisions d’éléments et tous les genres de bugs purement techniques que vous pouvez imaginer. Si vous souhaitez un showcase de bugs et plantages, Gollum est un maître étalon en la matière. Et les cinématiques ne sont pas en reste, avec un 30 FPS de base qui subit aussi des ralentissements non explicables assez fréquents. Si on doit retirer un point positif sur cette partie-là, c’est le travail d’animation de marche de Gollum. On y croit vraiment.
Que l’on se le dise, si très clairement le jeu peut gagner à avoir des mises à jour pour corriger ces soucis techniques, il ne règlera pas nombre des autres problèmes, notamment tout son design.
Ce n’est pas la bonne direction pour retrouver mon précieux !
Parlons du cœur du jeu, son gameplay. Daedalic présente tout d’abord son The Lord of the Rings : Gollum comme un jeu d’aventure drivé par l’histoire. Le jeu se présente sous la forme d’un mélange entre de la plateforme, de l’infiltration, et des choix narratifs. Nous allons un peu décortiquer l’ensemble de ces trois composantes principales du design du jeu.
Concernant la dimension narrative, qui est au final la plus légère du jeu, vous vous retrouverez à plusieurs moments à devoir faire des choix : allez-vous plutôt pencher du côté de Gollum ou bien de Sméagol ? Une fois ce choix fait, vous vous retrouverez avec plusieurs choix de dialogues, ayant pour objectif de convaincre l’autre personnalité. Malheureusement, il n’y a en fin de compte aucun impact dans ces choix en dehors de la cinématique in medias res. Nous avons par exemple décidé de tenter de tuer un personnage, et la seule conséquence a été un dialogue différent plus tard dans le jeu, mais pas d’implication de ceci dans le choix final. Et c’est vraiment dommage, car il a davantage axer l’ensemble du jeu vers du narratif, ce que Daedelic sait faire, par leur savoir-faire dans les point’n’click et donc la gestion d’un récit complet.
La seconde composante de ce Gollum – et c’est là que l’on commence à rentrer véritablement dans la partie plus compliquée du jeu, c’est l’infiltration. Et sur ce point-ci, c’est un bon en arrière de 20 ans que vous allez vivre. En termes de possibilités pures, vous pouvez vous cacher dans les herbes hautes, vous pouvez lancer une pierre, et vous pouvez étrangler certains ennemis. Forcément, ce genre de séquences de jeu ne peut que fonctionner en quinconce avec le pathfinding des ennemis et leur IA. Et sur cet aspect, c’est vraiment compliqué de prendre un plaisir quelconque. Les réactions sont vraiment bêtes, aucune réactivité, quand ils ne se plantent pas contre un mur. Très clairement, cela fait partie des pires séquences d’infiltration que nous avons pu voir ces dernières années.
Pour finir sur les composantes du jeu, la partie la plus importante, et la moins réussie de ce The Lord of the Rings : Gollum, reste la plateforme. Et ici, nous sommes partie pour une chevauchée digne des plus mauvais titres des années 2000. C’est simple, nous avons l’impression en jouant au jeu de se retrouver dans une dimension parallèle où Prince of Persia : Les sables du temps et Uncharted n’ont jamais existé. Entre la distance des sauts aléatoire, les endroits de liaison pour s’accrocher qui ne correspondent jamais totalement à ce que l’on voit visuellement…
Et le plus compliqué dans cela, c’est le temps de latence entre notre exécution manette en main de l’action, et le temps d’animation de Gollum. C’est simple, il faut quasiment une seconde après la pression du bouton d’accélération pour que cela soit pris en compte par le jeu. Cela nous transporte à l’époque des mauvais jeux de plateforme du milieu des années 2000, un vrai effet nostalgique immédiat ! Pour être plus sérieux, c’est sûrement l’une des choses les plus frustrantes du titre étant donné le nombre de fois que vous allez mourir sans aucune raison et devoir relancer le dernier checkpoint, qui, si vous avez de la chance, vous amènera avant l’un de vos derniers sauts. Si vous n’avez pas de chance, il vous redirigera quasiment face à un ennemi qui vous repère et il ne vous restera plus qu’à recommencer toute la section de niveau.
Gollum, tu m’ennuies avec ton précieux
Et le souci avec l’ensemble de ces composantes de game design est qu’elles sont intégrées dans un level design très répétitif. Cela couplé à cette narration qui est également peu originale, vous allez vous retrouver pendant un très très gros tiers du jeu à uniquement faire des travaux forcés pour les orcs ou les elfes, correspondant à 2-3 séquences de plateformes, interagir avec un objet, et c’est tout. Et lorsque ce n’est pas ces séquences, ce sont de très longues séquences de plateformes, nous amenant le plus souvent vers une séquence d’infiltration, nous ramenant ensuite sur de la plateforme. C’est quelque chose de très codifié avec aucune surprise et renouvellement d’expérience.
Les quelques séquences changeant un peu l’expérience sont des petits puzzles, que l’on compte à peine sur une main, et qui constituent environ pour chacune 20 minutes grand maximum. Ce manque de variété n’aide vraiment pas. LA séquence originale véritablement comparé au reste de l’expérience, ce sont deux séquences de poursuite, une avec une progression inversée comme dans un Crash Bandicoot par exemple, qui est un enfer à cause du mauvais système de saut, et la seconde vers l’avant au-dessus d’un chariot, qui elle, est sympathique, mais pareil, qui ne dure pas plus de 10 minutes.
Et c’est encore une fois sans parler de l’ensemble des bugs, des plantages de jeu, qui vous feront par moments refaire entièrement ces séquences de nombreuses fois pour espérer, à l’heure actuelle, ne pas se retrouver de nouveau avec un plantage en boucle, vous demandant de recommencer une nouvelle fois le chapitre. Il faut le répéter, encore, mais The Lord of the Rings : Gollum est au jour où nous sortons ce test, dans un état injouable par le nombre de bugs trop important. On se demande vraiment ce qui a poussé Nacon, le co-éditeur du jeu, à sortir le jeu dans cet état-là.
Et concernant le contenu annexe ? Il y a quelques petits objets de collectionnite à trouver dans les chapitres qui n’ont aucune utilité, et tout l’ajout de détails autour du lore est disponible uniquement en DLC… Passé donc la fin du jeu, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent en dehors des 3 variations de fin du jeu, dépendant de vos derniers choix finaux. Pour parler aussi de l’accessibilité du jeu, un sous-titrage en français est disponible (sauf pour la langue elfique si vous avez le DLC qui sera sous-titré… en elfique) où l’ensemble est traduit à 90% (il manque quelques lignes d’interaction). On retrouve la possibilité de remapper l’ensemble de nos touches, et des options de visibilité sont également disponibles.
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