Test The Magic Circle : Gold Edition – Quand le pixel se rebelle
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Rédigé par Jibenc0
Ayant déjà bénéficié d’une sortie PC l’année dernière, The Magic Circle nous revient dans une « Gold Edition » sur PS4 pour tenter de nous faire vivre une expérience peu commune, chapeautée par des dieux biens incapables !
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ToggleDe très mauvais Dieux !
Le jeu vous met dans la peau du « Héros » de ce jeu… C’est confus ? C’est normal, c’est le but du jeu. Vous incarnez donc un testeur qui évolue au sein d’un titre nommé The Magic Circle, qui a le malheur d’être à l’abandon depuis des années, car les développeurs (et le chef de projet en particulier) sont trop occupés à se quereller pour faire avancer le soft.
Le grand manitou est tellement désespéré qu’une aura de folie se dessine doucement au dessus de sa tête, une des conceptrices veut se faire virer à tout prix, quitte à saboter le jeu, et la petite dernière, une « fan-girl » prête à tout pour que le soft soit un succès font que cette équipe de bras-cassés, représentant de manière satirique l’industrie du jeu vidéo et des consommateurs d’aujourd’hui, n’arrive jamais à se mettre d’accord sur le moindre petit détail.
Résultat ? Vous vous retrouvez dans un univers en perdition, incolore, avec une quantité astronomique de bugs et vous devrez essayer de corriger le jeu « de l’intérieur » en résolvant divers casses-têtes qui sont pour la plupart loin d’être élaborés. Pour autant, vous ne serez pas seul, car le « Pro », une intelligence artificielle oubliée des créateurs, se promène toujours dans le jeu, et vous tiendra compagnie à renfort de tirades cyniques et humoristiques.
Mais le « Pro » ne sera pas le seul, puisque de manière récurrente et toujours aussi drôle, vous serez constamment le témoin des querelles des développeurs, qui sont ici représentées par des yeux géants flottants dans le ciel, comme des « Dieux » régissant le monde vidéoludique dans lequel vous êtes, mais le laissant à l’abandon volontairement. Il vous arrivera donc de tomber régulièrement sur des « notes » que ceux-ci se laissent entre eux pour critiquer tel ou tel point, comme la colorisation, le bug d’un ennemi ou d’une boîte de collision…
Bienvenue dans la matrice !
Le personnage que vous contrôlez se déplace à la première personne, et possède le pouvoir central du jeu, à savoir celui d’avoir la capacité de modifier les codes de celui-ci afin de modifier le comportement de l’environnement alentour. Ainsi, votre jauge de vie est également celle qui vous permet d’influer sur le monde : avec L2 vous « aspirez » la vie d’un élément, et avec R2 vous la « remplissez », mais vous pouvez également poser des pièges avec cette même gâchette, afin d’immobiliser les ennemis (ou les items) et de pouvoir modifier leurs lignes de code très facilement.
Ainsi, un ennemi un peu trop gênant peut devenir un redoutable allié. Vous voulez le protéger du feu et des flammes ? Qu’à cela ne tienne, prenez une pierre, copiez sa capacité « Ignifugé » et attribuez-là à votre nouveau copain. Les mélanges sont primordiaux pour avancer correctement dans le jeu. Les différentes « énigmes » (si on peut les nommer ainsi tellement elles sont simples) vous demanderont de trouver une ou plusieurs méthodes mettant en scène des créatures modifiées. Il est d’ailleurs tellement simple de reconduire un ennemi à sa cause, que vers la fin du jeu, on se retrouve littéralement avec une armée derrière soi, capable d’anéantir n’importe quel adversaire.
C’est à ce moment précis que le concept du « modifier/altérer » s’avère assez fastidieux car il devient trop long et pénible de passer par tous les menus pour changer une action. Me direz-vous, c’est cohérent avec le jeu, qui est censé être incomplet, donc les systèmes proposés sont également rudimentaires. Cependant, cela ne peut pas servir d’excuse quand on remarque le nombre de fois où nous devons effectuer ces tâches, il fallait clairement faire quelque chose de côté-là !
Tout le soft se base donc sur le fait d’animer ou non certains éléments. Le joueur évolue dans un monde pour ainsi dire « vide », et si cela n’est pas très contraignant au début, on commence à faire une overdose au bout d’une heure de jeu. Ce monde vide n’a, pour cette même raison, aucune personnalité. Non pas parce qu’il est incolore, mais bel et bien parce qu’il s’efface de lui-même, tant son existence est nulle et ne propose rien à y faire.
Et c’est là un des premiers défauts du jeu (mais pas le plus gros) : l’attente non remplie ! On vend The Magic Circle comme étant atypique, et dans lequel nous devons corriger différents bugs afin de le « réparer » de l’intérieur, mais en réalité, il n’en est rien, le seul et unique but du jeu et de se la jouer « Dresseur Pokémon » afin d’avoir les bons talents dans son équipe et de pouvoir passer les épreuves. C’est dommage, car le thème utilisé par le soft est vraiment sous-utilisé, et aurait pu amener à un gameplay plus poussif, jouissif et bien pensé, car en l’état, ce dernier est finalement très pauvre !
The Magic Circle est facile… Très facile… Trop facile !
À mon sens, ce qui a vraiment « tué » le titre : sa facilité. Alors, remettons les pendules à l’heure, le jeu est facile car très court, et très court car facile ! En effet, comptez bien trois heures pour en voir le bout (2h30 si vous rushez un peu), et sans compter les phases de dialogues qui prennent à elles seules un tiers du temps de jeu final. D’accord, les phases de dialogues sont comiques et bien écrites, mais au vu de la durée du titre, elles sont clairement là pour rallonger cette dernière…
Pour un jeu qui se revendique « réflexion », il n’en est rien. Les énigmes ne vous bloqueront pas plus de 5-10 minutes, et la progression est vraiment très simple. Il est impossible de se perdre et impossible de mourir (eh oui, le gameover n’existe pas). Pour autant, si le terme « réflexion » n’a pas de valeur dans le jeu mathématiquement parlant, elle est bien présente philosophiquement parlant !
Entre humour noir et satire sociale
Du début jusqu’à la fin, l’humour est omniprésent dans The Magic Circle ! Entre créateurs blasés et intelligence artificielle frustrée, il ne faut pas très longtemps pour comprendre que le but du jeu, outre son gameplay, est aussi de poser des interrogations au joueur qui tient la manette. « Est-ce que les fans ont vraiment tout pouvoir sur une œuvre et son créateur ? Est-ce que les créateurs travaillent par amour ou par trimestres fiscaux ? » C’est en écoutant les dialogues (et aussi en les dénichant) que cet espèce de puzzle philosophique se met en place. Sans véritablement prendre parti, le jeu (et surtout sa fin) étonne par le message qu’il cherche à transmettre.
Ainsi, tout le monde en prend pour son grade, du fan-boy persuadé que son avis vaut son pesant de cacahuètes (et il y en a beaucoup), aux développeurs, provoquant des bugs et annulant les projets lorsque ceux-ci deviennent trop difficiles. Malheureusement, si creuser cette question est passionnant et instructif, avec une durée de vie de 3 heures, on ne peut tout simplement pas s’y attarder. C’est dommage, car on se dit que The Magic Circle aurait pu être légèrement repoussé pour peaufiner ce genre de petits défauts et proposer une expérience (et une réflexion) digne des plus grands. Ironique, non ?
Un bon potentiel, mais mal exploité, et presque involontairement, en plus. The Magic Circle ne creuse pas assez son propre propos et tombe dans le piège de la durée de vie très faible ainsi que de la facilité déconcertante, et le tout au prix fort de 20€… Le postulat de départ est pourtant prometteur, mais ne rempli pas sa part du contrat, on ne peut que fortement vous conseiller d’attendre une promotion sur le soft si vous êtes quand même curieux. Pour le reste, il faut se rendre à l’évidence, le jeu est à l’image du message qu’il souhaite faire passer : inachevé !
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