Auparavant en accès anticipé sur Steam depuis février 2018, The Padre a finalement atteint sa version finale le 18 avril dernier. Le soft est produit par le studio Shotgun with Glitters, qui s’était auparavant essayé à un twin stick shooter orienté rogue-like, Moss Destruction, passé lui aussi par la case accès anticipé. Sous ses airs d’un Alone in the Dark, The Padre, prônant une atmosphère horrifique à tendance catholique, aurait finalement bien mérité un peu plus de peaufinage.
Alexander, le prêtre chasseur de démons
En soi, The Padre a un pitch que l’on passera assez vite outre. Vous êtes dans la peau de Alexander, un prêtre dont nous apprenons accessoirement qu’il est arrivé vraisemblablement quelque chose à son frère Mario. Notre héros est envoyé ensuite en mission dans un manoir où le cardinal Benedictus semble avoir disparu sans laisser de traces. C’est ainsi que vous débutez dans cette aventure horrifique où vous vous en doutez, il ne se passe pas forcément des choses très catholiques dans cet immense manoir très inquiétant. Rien de bien palpitant dans ce synopsis en somme qui n’est jamais vraiment surprenant, si ce n’est à la fin qui s’offre un petit twist, saupoudré d’un cliffhanger. Cela signifie du coup qu’une suite pour le titre de Shotgun with Glitters semble bel et bien dans les tuyaux.
Vous l’aurez compris, rien n’est véritablement transcendant dans sa trame scénaristique. Néanmoins, on pourra apprécier notre prêtre Alexander à la voix totalement virile, et sortant tantôt quelques répliques sympas, mais sans qu’elles nous marquent finalement. De nombreux clins d’œil sont notamment disséminés dans le soft – Half-Life, Dark Souls etc… – afin de donner surtout un ton humoristique au soft. Cela dit, nous avons quand même parfois l’impression que The Padre se prend à certains moments un peu trop au sérieux, laissant une impression que le jeu est tiraillé entre être rigolo, et à la fois premier degré. Tout ceci donne un mélange bizarre pas forcément agréable mais cela dit, le background global nous rappelle sans conteste les bons vieux jeux d’horreur des années 90 avec Alone in the Dark de Fédérick Raynal, ou bien encore le premier Resident Evil de Capcom.
Sinon pour l’aspect graphique, la production de Shotgun with Glitters opte pour du voxel, donnant un visuel diablement rétro au soft. Concrètement, si l’idée est vachement couillue de faire un jeu d’horreur à la sauce voxel en 3D, il faut avouer que le jeu souffle finalement le chaud et le froid dans sa réalisation. Globalement, le jeu reste visuellement acceptable, mais si on s’approche de plus près de certaines textures très clairement, ça pique les yeux et c’est pixélisé à mort. Cependant, l’atmosphère graphique de The Padre nous redonne un brin de nostalgie en nous rappelant Alone in the Dark, que l’on ne peut s’empêcher de citer étant donné que l’on est tout bonnement frappé par cette petite ressemblance. A contrario, on pourra logiquement pester sur des modèles 3D peu convaincant et mal modélisés, notamment au niveau de certains zombies qui auraient mérités bien mieux… De plus, nous pourrons vraiment souffler sur son optimisation totalement à la rue sur Nintendo Switch et ses baisses de framerate agaçantes. Evidemment, on ne compte pas également des bugs intempestifs, dont des bugs de collisions bien lourds en l’occurrence… Bref, le tout est en demi-teinte, ce qui est regrettable.
The Padre à bénir ou bannir ?
Dans l’absolu, on ne vous apprend pas que The Padre est un jeu d’aventure horrifique qui varie entre énigmes en veux-tu en voilà, exploration et quelques combats. Très honnêtement du côté des énigmes, on s’aperçoit en premier lieu qu’il s’agira en général de récupérer des objets, des clés, puis de les utiliser à certains endroits afin de déverrouiller un passage et continuer notre chemin. Egalement, le soft nous propose aussi quelques puzzles. Dans l’ensemble hélas, ils ne sont pas réellement inspirés, et ces derniers se résoudront d’une facilité trop déconcertante. Concrètement, les développeurs auraient pu se creuser la tête sur cet aspect trop générique et pas palpitant. Heureusement que le côté exploration n’est pas trop déplaisant cela dit. Vous pourrez effectivement interagir avec pas mal d’éléments de décors, et y dénicher tantôt des balles pour vos pistolets, quelques armes blanches, ou bien encore des remèdes, faisant office de kits de soin si vous êtes mal en point. Si ce côté exploration dans le manoir est plaisant, on regrettera qu’il soit finalement un peu linéaire à notre goût, avec assez peu d’embranchements différents si l’on ne compte pas les quelques passages secrets que l’on peut trouver.
Viennent ensuite les combats qui vous attendront dans The Padre. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces phases de combats contre les créatures sont tout bonnement ratées, et franchement bancales. La faute à quoi ? Tout d’abord, sachez que le jeu adopte une caméra fixe, qui zoome et dézoome automatiquement sur le personnage quand bon lui semble visiblement. Ainsi, tout ceci aura le don de logiquement fausser l’appréciation de la distance pour toucher notre ennemi à l’arme blanche comme au pistolet. La hitbox de nos adversaires est en sus globalement douteuse car il nous est arrivé que l’on touche un monstre, sans que celui-ci ne prenne des dégâts. C’est assez problématique, et sachez que les déplacements ultra lourds et rigides de notre personnage ne nous aide pas non plus à aborder les combats de manière sereine… Bienheureusement, il y a la parade infinie sur les armes blanches qui peut parfois vous aider à vous sauver le mise. Pour le pistolet ou le fusil, sachez qu’un curseur rouge apparaît sur le sol pour vous indiquer où vous tirer. Mais qu’on se le dise, ce n’est pas cela qui va vous aider à apprécier les combats, logiquement ratés de bout en bout, et don un système de verrouillage n’aurait pas été de trop finalement.
The Padre aurait pu être un jeu d’aventure horrifique rétro réussi, mais il s’embourbe dans des énigmes peu intéressantes, des combats très archaïques et surtout un paquet d’éléments de gameplay datés qui ne donne pas envie de revenir dessus.
Un autre élément de gameplay est cependant intéressant, c’est la possibilité de se muer en démon. En buvant une certaine potion d’immortalité que que vous pouvez récupérer à volonté dans des fioles via un puits, cela vous autorise à vous transformer en entité démoniaque. En somme, vous êtes invulnérable et faites des dégâts plus importants comparés à votre forme normale, plus vulnérable. Votre nouvelle forme vous permettra également de traverser des miroirs, vous amenant dans une dimension totalement parallèle et démoniaque pour le coup. Cela donne la faculté de donner un nouveau souffle au level-design, se dotant de décors pour le moins limité dans sa conception. Car en effet, il aurait été plus appréciable d’avoir quelques décors en extérieur, une suite de pièces et couloirs à parcourir. Mais bref, hormis le level design en dents de scie, la transformation en démon n’est au final que très limitée, et nous aurions aimé que cette partie démoniaque soit beaucoup mieux exploitée à part juste être invulnérable temporairement, et avoir juste la possibilité de traverser les différents miroirs du manoir.
La mort est aussi abordée de manière assez différente dans The Padre. Afin de donner plusieurs chances aux joueurs, le soft adopte la mécanique des larmes d’ange dans une fiole. A chaque mort, une larme d’ange remplit la fiole petit à petit, et vous ramène dans une salle ornée de miroirs, représentants vos derniers checkpoints. Une fois que la fiole est complètement remplie en revanche, vos sauvegardes seront définitivement effacées. On retrouve là un côté un peu sadique dans ce The Padre mais rassurez-vous, il est possible de vider partiellement cette fiole en trouvant des croix de prière, ou en trouvant notamment une salle spéciale qui la vide complètement – utilisable qu’une seule fois, ce qui logique afin de ne pas trop faciliter les choses non plus. Cette fonctionnalité marche vraiment bien, même si cela aura le don de faciliter un peu trop les choses. Du coup, vous terminerez l’aventure aisément entre 4 et 6 heures de jeu. Pour 19,99 €, ça passe encore.
L’interface de l’inventaire de The Padre n’est par contre pas un cadeau qu’on se le dise. Pour grossir le tableau, vous avez un inventaire rapide pour les armes et remèdes, et un gros inventaire pour vos notes et objets que vous ramassez pour résoudre les énigmes notamment. Les contrôles sont en premier lieu horribles pour sortir nos armes, et nous aurons à chaque fois tendance à nous battre contre l’inventaire rapide pour pouvoir en découdre avec les monstres en face de nous. Ensuite, pour les différents objets à placer, il faudra systématiquement aller dans l’inventaire, sélectionner l’objet de l’énigme, puis ensuite appuyer une touche pour poser l’objet. Un raccourci aurait été plus rapide pour effectuer cette manipulation mais non, toute cette interface de nos deux inventaires est réellement mal pensée.
Au moins, on pourra se consoler sur la bande-sonore pour finir. Les doublages du cardinal Benedictus et Alexander restent de qualité, tout comme la traduction française sans véritables fausses notes. Les musiques restent également dans le ton pour coller à l’atmosphère horrifique et pixelisée de The Padre. Vous l’aurez bien compris, le sound design du soft est loin d’être ridicule avec ses quelques notes de pianos qui arrive à retranscrire parfaitement l’ambiance parfaitement inquiétante qui se dégage de ce manoir. Cependant, on notera parfois quelques bugs de son dans les bruitages, voire sur les doublages et les musiques qui peuvent parfois s’arrêter subitement sans que l’on comprenne pourquoi. Jusqu’au bout, The Padre ne sera pas épargné par bon nombre de soucis techniques.
Cet article peut contenir des liens affiliés