Quand on est un jeu dont la sortie coïncide avec le lancement d’une nouvelle console, on se doit d’avoir des éléments caractéristiques qui ne nous feront pas passer aux oubliettes en si peu de temps qu’il n’en faut pour le dire. Avec The Pathless sorti sur PC, PS4, PS5 et Apple Arcade le 12 novembre dernier, Giant Squid Studios nous apporte une aventure censée les satelliser après le très bon Abzû sorti en 2016. Edité par Annapurna Interactive, le jeu s’est montré pour la première fois aux Game Awards 2018 et avait fait sensation avec ses paysages champêtres dans un univers ouvert aux déplacements fluides ponctués par des énigmes. La promesse est-elle tenue ?
Conditions de test : Nous avons terminé l’intégralité de l’aventure proposée par The Pathless en environ 9h de jeu en ligne droite, en omettant quelques puzzles facultatifs. Le jeu tournait sur PlayStation 5 et nous avons essayé les deux modes de résolution proposés.
Sommaire
ToggleEnvole-toi mon ami
Bienvenue sur une île que l’on croirait tout droit sortie de nos rêves. Dans de vastes étendues de plaines et montagnes, évoluent une faune et une flore en harmonie. Mais cette tranquillité préservée a été un jour bafouée par l’arrivée du Déicide, principal antagoniste de The Pathless, qui a déversé une malédiction sur l’île et ses habitants. Vous incarnez une chasseuse, de retour sur cette île pour la sauver de l’emprise du Déicide, accompagnée de son fidèle arc qui sera sa principale arme.
Peu de temps après votre arrivée sur l’île, vous prendrez toute la mesure de la tâche qui vous attend quand une sorte de divinité vous indique qu’il vous faudra combattre pour libérer ses enfants spirituels alors transformés en créatures horrifiques pour pouvoir récupérer suffisamment de pouvoirs afin de vaincre votre ennemi. Pour vous aider à cela, vous ferez la connaissance de votre compagnon de route, un aigle majestueux qui évoluera à vos côtés et qui vous servira dans de très nombreuses situations.
Le monde de The Pathless se compose de 4 larges zones (certes un peu vides), qui se débloquent au fil de votre épopée et dans lesquelles vous pouvez revenir pour poursuivre vos trouvailles. Chacune de ces zones renferme un mal incarné par un des enfants de la divinité et qui sera représenté par de grosses tempêtes rougeâtres mobiles sur la carte et qu’il vous faudra à tout prix éviter tant que vous n’aurez pas libéré suffisamment de zones sur la carte sous peine de vous retrouver à devoir éviter le regard de ces bêtes et de perdre vos cristaux obtenus.
En aparté, si vous vous approchez trop près d’une de ces tempêtes, vous rentrerez dans une zone où il vous faudra éviter d’être vu.e par l’être maléfique et vous déplacer discrètement pour récupérer votre aigle blessé. Des moments pas très intéressants et au déroulement un peu laborieux qui vous feront plus souffler lorsque vous y aurez droit que faire grimper votre adrénaline.
L’essentiel du gameplay du jeu vous demandera donc de libérer ces 4 larges zones de l’emprise de ces bêtes féroces en résolvant des dizaines d’énigmes et puzzles pour récupérer des blocs de pierre à placer au sommet d’obélisques maudits. Une fois 3 obélisques libérés, une partie de la malédiction se lève pour faire apparaître dans le monde réel ce fameux monstre que vous devrez combattre pour définitivement triompher et ramener la lumière sur la zone.
Le scénario ne vous transcendera pas de manière intense puisque au fil des heures, il sera plus facilement mis au second plan au profit d’une succession d’énigmes et d’explorations entrecoupées de cut-scenes qui ne feront pas avancer l’histoire hormis dans le dernier quart du jeu. Ce n’est clairement pas le point positif du jeu qui peine à installer un véritable challenge dans son avancée.
Mais c’est aussi un peu le sel du jeu, utiliser la méthode douce pour ne jamais presser le joueur et d’avancer vite, pour le laisser gambader à son rythme quitte à se perdre dans les forêts de collines de son univers au sein d’une histoire somme toute un peu courte et un peu sous-exploitée. Comptez environ 9h pour en voir le bout en laissant de côté les énigmes « surnuméraires » (vous octroyant des récompenses supplémentaires une fois toutes achevées).
Une boucle de gameplay novatrice mais redondante
The Pathless tire son épingle du jeu avec son gameplay au visage nouveau basé sur des mécaniques bien connues des joueurs. Le gameplay de base se compose de course et de sauts, tout cela associé à la maîtrise de l’arc, pièce maîtresse de votre personnage. En effet, l’essentiel de votre progression se fera en visant des talismans rouges flottant dans l’air sur lesquels vous devez tirer vos flèches qui éteindront automatiquement leur objectif pendant que vous courrez.
A vous de relever le défi et donc de faire la plus longue suite de talismans activés pour ne pas perdre de vitesse dans votre course et ainsi évoluer rapidement dans les zones ouvertes où les puzzles vous attendent. Le coup de main prend quelques minutes à prendre mais une fois bien maitrisé, cette nouvelle manière de se mouvoir deviendra votre seconde respiration et vous prendrez un malin plaisir à évoluer dans ces paysages verdoyants.
Les puzzles vous demanderont tantôt de faire évoluer une flèche dans des cercles ou encore de faire rebondir celles-ci sur des miroirs quand il ne s’agit pas de faire porter des pierres à votre fidèle aigle, qui sera ravi de vous aider. Chacune de ces énigmes vous demandera entre 5 et 15 min en fonction de leur complexité. On regrettera cependant un manque d’homogénéisation dans leur difficulté bien que Giant Squid soit parvenu à créer du complexe en additionnant des mécaniques de bases simplistes à l’origine.
Mais votre aigle ne vous aidera pas que pour porter des charges lourdes, puisqu’en effet, vous pourrez vous envoler grâce à ses ailes qui évolueront au fil de vos découvertes en petits cristaux jaunes disséminés un peu partout ou en résolvant d’autres énigmes. A vous d’associer vos flèches, vos sauts et votre aigle pour évoluer dans la verticalité parfois très prononcée des niveaux. N’espérez pas une carte, des déplacements rapides ou de l’aide pour les énigmes puisque le joueur est totalement laissé à l’abandon et doit lui-même trouver la solution et se repérer dans les zones.
Heureusement pour cela, dès le début de l’aventure, vous récoltez un masque spirituel vous permettant de rentrer dans le monde des esprits ayant emprisonné votre île afin de repérer les obélisques corrompes à libérer mais aussi les zones où des puzzles sont présents. Vous pouvez en plus dévoiler de plus larges zones si vous l’activez depuis les hauteurs de l’île. Une aide bienvenue et appréciable mais totalement facultative qui permet aux joueurs moins autonomes d’évoluer tout de même.
Ces mécaniques sont parsemées de combats de boss qui vous demanderont vitesse et agilité. En effet, en deux phases, les affrontements vous demanderont d’abord de poursuivre votre adversaire en usant de votre arc pour viser des points faibles présents sur leur corps. Dans un deuxième temps, ce combat se poursuivra en arène et à force d’esquive, de sauts ou de phases d’infiltration, vous devrez viser de nouveau des points faibles afin de les éliminer et libérer les zones.
Ces combats, de difficulté crescendo sont très intéressants bien que globalement trop simples. A noter cependant leur mise en scène souvent spectaculaire et qu’aucun game over n’est présent vous demandant simplement de revenir dans l’arène pour reprendre.
Une technique à double-tranchant
Pour la réalisation de ce test, nous avons eu l’opportunité de tester la version PS5 du jeu. Nous avons donc pu nous essayer aux différents modes de résolution à savoir un mode fidélité en 4K native et 30 images par seconde ou alors un mode performance en 4K upscalée et 60 images par seconde. Autant le dire tout de suite, la fluidité apportée par les déplacements de votre chasseuse est majorée par la mise en place des 60 images par seconde qui ne sacrifient vraiment pas la résolution. Une fois qu’on y a goûté, on ne comprend pas l’utilité du premier mode comparé à l’apport du second.
The Pathless bénéficie également d’aucun temps de chargement entre les niveaux sur la nouvelle console de Sony et charge en quelques secondes depuis le menu principal (moins de 10 secondes). Vous pouvez également rejoindre directement le jeu depuis les cartes d’Activités du menu principal. Nous n’avons rencontré aucun bug particulier, signe que le jeu a bénéficié d’une attention particulière.
Tous ces aspects mettent en valeur des panoramas variés provenant d’une direction artistique de qualité bien que certains environnements ressortent un peu vides de tout cela. Vous croiserez la route de quelques animaux sauvages qui évolueront malgré vos déplacements mais on regrette l’ajout de davantage de bruits de la forêt dans un univers calme, mais terriblement subtil et surtout reposant. Le jeu bénéficie de sa propre identité bien qu’empruntant des standards aux récents Zelda pour les environnements ou encore à Shadow of the Colossus pour les phases de course-poursuite.
La bande-son y est terriblement pour quelque chose et est d’une incroyable qualité, composée par Austin Wintory déjà aux partitions dans Abzû ou encore Journey, mettant en valeur des sonorités apaisantes et des sons gutturaux.
Par ailleurs, The Pathless utilise les nouvelles fonctionnalités de la DualSense à savoir les retours haptiques qui resteront cependant légèrement utilisés avec parcimonie (notamment lors de la réception de votre flèche) et depuis une très récente mise à jour, les gâchettes adaptatives sont maintenant utilisées en fonction de la tension de votre arc. On salut l’effort effectué par le studio mais bien entendu, cela reste trop anecdotique pour apporter une réelle plus-value à ce jeu qui pourtant aurait pu en bénéficier davantage.
Cet article peut contenir des liens affiliés