Vous souvenez-vous de cette vidéo de présentation du line-up SquareEnix à l’E3 2018? Je vous rassure, nous non plus. Cela dit, les quelques courageux qui ne se sont pas endormis devant auront sûrement retenu une seule et unique annonce : The Quiet Man. Il faut dire qu’avec ses prises de vue réelles, son héros au charisme incertain, ses trois gangstas clichés et cette transition de l’espace entre FMV et in-game, le jeu laissait beaucoup de questions en suspens. Tout laissait à penser qu’on se dirigeait droit vers le pire jeu de l’année.
Sommaire
ToggleDeaf Stranding
The Quiet Man repose sur deux choses : une narration avec des cinématique en FMV (soit en prise de vue réelle avec des acteurs) et un héros malentendant. Appuyé sur ces deux piliers, il entend bien nous raconter une histoire comme personne ne l’a jamais fait auparavant. Cela signifie qu’en dehors de la cinématique d’ouverture, le jeu est pratiquement dénué de son. À la place, le sound design tente de convertir les impactes des coups et les voix par des basses lourdes et des vibrations. L’idée est d’inviter le joueur à lire sur les lèvres des personnages pendant les cinématiques, comme le héros. On comprend sur un plan large de Manhattan qu’on est à New-York. C’est à peu près la seule utilisation qui sera faite de ce cadre.
Du côté du joueur, cette volonté de mise en scène se traduit surtout par un sentiment de consternation permanente. C’est un échec de tous les instants où la surdité du héros n’apporte absolument rien au récit. On se tape des vidéos de dizaines de minutes avec des gens qui parlent, parfois même en nous tournant le dos. Bonne chance pour essayer de comprendre ce qu’ils disent à ce moment. Bref, on abandonne très rapidement l’idée d’essayer de lire sur les lèvres, surtout que l’histoire va exactement là où on s’imagine qu’elle va.
Le tout n’est qu’un empilement de clichés porté par deux twists que tout le monde a vu venir dès les premières minutes de jeu. C’est une bête histoire d’amour et de gang avec un méchant ridicule. Pour des gangs qui dealent de la drogue en de telles quantités, on peut se demander pourquoi un seul est armé. À croire que les gangs américains sont plutôt du genre à y aller à mains nues contre un type qui fracasse de l’homme de main par dizaines.
Razzie Awards
La narration est rythmée par des flashbacks tournés avec les fils des voisins devant la maison du réalisateur. Ces flashbacks reviennent ensuite sous la forme de flash lors des combats, pour illustrer les pensées du héros dans ces moments. C’est particulièrement malaisant quand on a des gros plans des acteurs qui clignotent sous nos yeux. Surtout que ça empiète bien sûr sur la lisibilité déjà atroce du titre. Et puis cela met en avant un autre aspect désastreux du titre : son casting.
Passé le choc de la coupe de cheveux improbable du héros, on peut sincèrement se demander si ne serait-ce qu’une personne se souciait de la qualité du produit. L’acting est au summum du cliché et du surjeu. Chaque petite contrariété est décuplée par les visages déchirés des acteurs. Le héros paraît totalement perdu du début à la fin, même quand il est censé faire croire qu’il lit sur les lèvres.
Tout ça est mis en images par la crème d’un réalisateur de téléfilm M6 de 14h. Pire que tout, c’est un jeu qui se prend beaucoup trop au sérieux et qui est hyper prétentieux dans son récit. Au point de nous proposer de refaire le jeu mais avec les voix cette fois-ci. Un NG+ qui ne change strictement rien à la perception de l’histoire. Il met juste encore plus en avant le jeu d’acteur affreux et des qualités d’écriture douteuses.
The Useless Man
Avec autant de subtilité que The Quiet Man dans ses transitions fmv-jeu, on va aussi s’arrêter sur ce qui ne fonctionne pas dans le gameplay. Quoique pour faire plus simple on devrait plutôt lister ce qui marche : rien. Déjà c’est affreusement laid, à peine digne d’une PlayStation 2 en fin de vie. Il manque la moitié des animations, les personnages se téléportent dans tous les sens et c’est affreusement rigide. Les fameuses transitions entre FMV et jeu en sont d’autant plus risibles. La seule chose qui fait illusion c’est le visage figé des acteurs tout aussi peu expressif in game. Il va de soi que le jeu est également extrêmement buggé. On a bien perdu une heure de jeu avec les nombreux crashs et autres bugs de collisions.
Au cœur des problèmes, et ce n’est pas une blague, les combats. C’est la seule et unique chose qu’on nous demande de faire et pourtant c’est peut-être le pire aspect de The Quiet Man. Bugs mis de côté, le système de combat ferait passer The Bouncer pour le mètre-étalon du genre. D’ailleurs pourquoi il est violent et fort en baston notre héros ? Tout simplement parce qu’il était battu et triste quand il était enfant. Voilà. On devine un bouton pour les coups légers, un pour les coups forts et un pour les chopes. Je dis “devine” car cela ne cesse de changer au cours du jeu. Les chopes marchent environ une fois sur dix donc on oublie rapidement leur existence.
Il nous reste donc à bourrer “carré” en alternant de temps en temps avec “triangle” pour tabasser du latino et de l’afro-américain. Ah oui il y a ça aussi, les “sauvages” comme le jeu les appels sont tous issus d’une minorité, c’est cadeau. De temps à autre, les combos sont interrompus par quelque chose qui ressemble clairement à un finisher. On a même des mini-cutscene où notre héros fait clairement mordre la poussière à sa cible. Sauf qu’en fait pas du tout ! Très souvent les ennemis se relèvent comme si de rien n’était, et très souvent hors caméras bien sûr vu qu’on ne voit généralement rien à l’action. On passera aussi très vite sur les combats de boss, illogiques et agaçants. Si bien qu’on ne sait même pas comment on finit par les battre.
Cet article peut contenir des liens affiliés